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La circulation mésentérique comporte essentiellement la circulation  artérielle mais également la circulation veineuse et lymphatique. Elle peut être  affectée par des affections variées : sténoses, occlusions, dilatations. Le plus  souvent, les affections vasculaires mésentériques sont asymptomatiques ;  cependant, elles peuvent revêtir un caractère d'urgence extrême.
Sachant que les signes et symptômes ne sont pas spécifiques, et expliquent un  fréquent retard au diagnostic, sachant également que l'ischémie intestinale  entraîne des effets dévastateurs, il est de la plus grande importance que  l'ischémie intestinale soit évoquée devant tout signe abdominal et que tout soit  mis en oeuvre pour en affirmer (ou infirmer) le diagnostic. C'est au prix d'une  reconnaissance rapide, et d'un traitement approprié que le pronostic de ces  affections redoutables pourra être amélioré. L'occlusion artérielle aiguë,  l'ischémie mésentérique non occlusive, la thrombose veineuse mésentérique et  l'ischémie intestinale chronique sont les principales causes d'insuffisance  vasculaire mésentérique. En dépit d'une variabilité des causes, elles partagent  une même base anatomique et physiopathologique 
(tableau  I).
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La première description de thrombose mésentérique est attribuée à Antonio  Beniviene de Florence au XVe siècle. Virchow, en 1847, établit la relation entre  l'infarctus antéromésentérique et l'oblitération de l'AMS. En 1895, Elliott  rapporte le premier succès de résection intestinale pour infarctus intestinal.  En 1906, Delbet émet l'hypothèse d'une possible revascularisation chirurgicale  de l'AMS en cas d'obstruction. Klass, en 1951, est généralement crédité d'avoir  établi la faisabilité de l'embolectomie mésentérique, embolectomie réussie pour  la première fois par Stewart en 1952. Durant la décennie de 1950 à 1960, la  revascularisation mésentérique se développe : pontage aortomésentérique par De  Bakey, réimplantation de l'AMS par Mikkelsen.
En 1958, Ende 
 décrit  l'ischémie mésentérique non occlusive (IMNO), point de départ des thérapeutiques  médicales par voie régionale ou générale.
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À l'origine, le système vasculaire se développe simultanément à partir de  l'aorte ventrale et dorsale, constituant un réseau très largement anastomosé.  Les artères digestives résultent des branches ventrales de l'aorte dorsale  gauche ; fusion et régression de rameaux vasculaires ne laissent finalement que  trois branches, le tronc coeliaque, l'AMS et l'AMI, très richement anastomosées.  Ces anastomoses sont capables d'un formidable développement selon le siège, la  sévérité et la vitesse d'installation des sténoses 
. La complexité du développement rend compte également de la  grande variabilité de la vascularisation mésentérique 
.
Trois gros troncs constituent la vascularisation de l'intestin, le tronc  coeliaque, l'AMS et l'AMI. Ces trois vaisseaux sont anastomosés entre eux 
(fig  1).
Né des artères vitellines, il rejoint sa position définitive par une  migration caudale qui le mène à la face antérieure de l'aorte abdominale au  niveau du disque intervertébral D12-L1. Il naît à angle droit de l'aorte et se  termine en ses trois branches : l'artère hépatique commune, l'artère coronaire  stomachique et l'artère splénique. Cette disposition n'est trouvée en fait que  dans 55 % des cas, essentiellement du fait de la variabilité de la  vascularisation hépatique, qui trouve une source fréquente à partir de l'AMS.  Son origine est entourée par un feutrage dense, fibreux et nerveux, de nerfs  sympathiques constituant le plexus coeliaque. Elle se trouve immédiatement au  contact avec le ligament arqué du diaphragme.
Sa position définitive est en regard du corps de la première vertèbre  lombaire. Elle se dirige en bas, faisant avec l'aorte un angle de 20 à 30°. Elle  est distante de l'origine du tronc coeliaque de 5 à 15 mm. Rarement, ces deux  vaisseaux ont une origine commune et forment un tronc coeliomésentérique. L'AMS,  à son origine, est très profonde : elle passe en arrière du corps du pancréas,  surmontée par le duodénum et en avant de la veine rénale gauche et du crochet du  pancréas. La première branche de l'AMS, l'artère duodénopancréatique inférieure,  ainsi qu'une autre branche proximale, l'artère colique moyenne, sont  relativement constantes et fournissent un circuit anastomotique important avec  le tronc coeliaque et l'AMS 
. L'AMS et  ses branches vascularisent le pancréas, l'intestin grêle et la portion droite du  côlon.
Sa migration embryonnaire l'amène en regard de la troisième vertèbre  lombaire, quelque 5 cm au-dessous de l'émergence de l'AMS. Elle donne l'artère  colique inférieure gauche, le tronc des artères sigmoïdiennes, et finalement,  l'artère hémorroïdale supérieure.
Elle peut se développer de façon très importante grâce à de nombreuses  anastomoses réunissant les trois artères digestives :
- - anastomoses entre le tronc coeliaque et l'AMS : le réseau anastomotique  essentiel est constitué par l'arcade pancréaticoduodénale (arcade de Rio Branco)  unissant les vaisseaux pancréaticoduodénaux supérieurs du tronc coeliaque aux  vaisseaux pancréaticoduodénaux inférieurs de l'AMS. D'autres connexions peuvent  exister entre la branche pancréatique dorsale de l'artère splénique et l'artère  colique moyenne. Occasionnellement, on trouve une communication directe entre le  tronc coeliaque et l'AMS, arcade de Bühler ;  
- - anastomose entre l'AMS et l'AMI : la principale connexion est l'arcade de  Riolan constituée par l'artère colique inférieure gauche, branche de l'AMI, et  l'artère colique supérieure gauche, branche de l'AMS. Elle est encore dénommée  artère mésomésentérique, artère anastomotique centrale du côlon, ou arcade de  Treves. L'arcade de Drummond est située plus en périphérie dans le néocôlon et  est de moindre importance ;  
- - anastomoses entre l'AMI et les artères hypogastriques : un réseau  anastomotique est constitué par les branches de l'artère hémorroïdale supérieure  (branches de l'AMI) et les artères hémorroïdales moyennes et inférieures  (branches des artères hypogastriques). Comme l'AMI est l'artère digestive la  plus fréquemment oblitérée et qu'elle se trouve souvent sacrifiée lors de la  chirurgie aortique ou colique, ses communications avec l'AMS ou les artères  hypogastriques peuvent s'avérer essentielles dans ces circonstances. 
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L'angiographie sélective biplan reste, à l'heure présente, l'examen de  référence dans les artériopathies mésentériques 
  sténosantes, chroniques ou anévrismales 
. La  découverte de sténoses ou d'occlusion est une condition nécessaire mais non  suffisante pour affirmer une ischémie chronique ; les images radiologiques  doivent être mises en relation avec les symptômes avant toute décision  chirurgicale. Lorsqu'une ischémie mésentérique aiguë est suspectée, une  angiographie mésentérique (sélective et non sélective) est indiquée en urgence,  chaque fois que possible, permettant de situer le niveau de l'occlusion :  artérielle, capillaire ou veineuse.
Il n'a pas de rôle dans le diagnostic d'ischémie intestinale chronique, dans  la mesure où il n'y a pas d'atteinte muqueuse spécifique. Il peut servir à  éliminer d'autres causes de douleurs abdominales 
. L'examen endoscopique colorectal, en revanche, s'avère très  utile pour le diagnostic, le suivi, et pour poser des indications thérapeutiques  dans l'ischémie colique aiguë, après reconstruction de l'aorte abdominale basse  
.
Cette méthode est toujours en développement dans l'évaluation de la  circulation mésentérique ; elle comporte des difficultés et des pièges, par  suite de la localisation profonde et des variations anatomiques de la  circulation mésentérique. L'obstacle créé par les gaz intestinaux,  l'impossibilité d'obtenir un angle incident satisfaisant, la difficulté  rencontrée parfois pour interpréter un examen, expliquent que l'échodoppler ne  soit performant que dans 80-90 % des explorations mésentériques. Le signal  obtenu dans le tronc coeliaque est biphasique, traduisant un réseau à basse  résistance. En présence d'une sténose significative, et après un repas, la  vélocité systolique maximale augmente nettement par rapport aux chiffres  enregistrés au repos, en l'absence de sténose et à jeun 
. S'il existe une sténose serrée du tronc coeliaque, le flux  dans l'artère hépatique commune devient turbulent, et peut s'inverser 
. Le signal obtenu dans l'AMS à jeun est triphasique  
,  traduisant un réseau à haute résistance. La vélocité systolique maximale est  significativement différente, selon que le sujet est à jeun (et sans sténose  significative), en période postprandiale, ou présente une sténose significative  à 50 % sur le trajet artériel. Le débit moyen à jeun dans l'AMS a été mesuré à  346-538 mL/s ; il peut plus que doubler après un repas 
. Ces larges écarts de mesure témoignent des difficultés  encore actuelles d'obtenir des résultats fiables et consistants ; ils dépendent  de nombreux facteurs (l'angle d'attaque du faisceau d'ultrasons, des repas  absorbés : composition, (lipides ou glucides), quantité, teneur calorique  
. Les  conclusions suivantes peuvent être formulées : une courbe de vélocimétrie  normale, un pic de vélocimétrie maximale systolique et une vélocimétrie  télédiastolique normale dans l'AMS rendent l'existence d'une sténose  hémodynamique peu vraisemblable. L'existence d'un pic de vélocimétrie systolique  supérieur à 200 cm/s dans le tronc coeliaque, et/ou une vélocimétrie  télédiastolique supérieure à 60 cm/s traduisent probablement une sténose  supérieure à 50 %. Il en est de même pour l'AMS avec des chiffres respectivement  supérieurs à 225 cm/s, respectivement et/ou supérieurs à 60 cm/s 
(fig 2 A,  B). Ces résultats ne sont fiables qu'à 80 %.
La muqueuse est la tunique digestive la plus sensible à l'ischémie  circulatoire ; tout déficit se traduit par un passage en métabolisme anaérobie  
 avec  chute du pH intramuquex 
 qui peut  être mesuré par tonométrie. La valeur ainsi obtenue a servi à déterminer un  index de gravité dans nombre de circonstances pathologiques : états de choc,  suites postopératoires, opérations cardiaques ou aortiques. Elle constitue un  bon indicateur de malperfusion tissulaire. Cependant, sa valeur et son rôle  éventuel dans l'appréciation de l'ischémie mésentérique chronique reste à  déterminer.
Il s'agit d'une technique qui mesure essentiellement le débit sanguin de la  muqueuse 
, et qui  ne permet pas d'estimer de façon valable l'ischémie transmurale. Son rôle  apparaît limité et reste à valider.
Cette technique de vidéoscopie a été proposée pour diagnostic et évaluation  de l'ischémie intestinale aiguë 
 ; mais  elle n'offre que rarement des certitudes et n'a probablement que peu  d'applications thérapeutiques.
Les examens biologiques n'ont pas de spécificité ; leur sensibilité est  insuffisante pour autoriser un diagnostic de l'ischémie à une phase précoce. Les  transits n'apportent que des signes en relation avec les conséquences de  l'ischémie mésentérique : sténoses digestives chroniques, telles les colites  ischémiques 
. La tomodensitométrie n'est pas utile dans les  affections artérielles. Elle a pu s'avérer efficace et performante dans  l'ischémie mésentérique aiguë par thrombose veineuse. Le rôle exact de  l'angiographie par scanner spiralé tridimensionnel et de l'imagerie par  résonance magnétique dans les affections artérielles mésentériques reste à  établir. À l'heure présente, il n'y a pas de tests isolés ou en association qui  permettent avec une forte probabilité (négative ou positive) de faire le  diagnostic d'ischémie mésentérique. La suspicion clinique reste l'élément  fondamental du diagnostic et doit faire réaliser une artériographie  rapide.
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Des sténoses sur le système artériel mésentérique peuvent être notées de  façon incidente lors d'un bilan effectué pour une autre pathologie. Leur  présence ne signifie pas obligatoirement une ischémie mésentérique. Ces sténoses  sont dues à l'athérosclérose dans plus de 95 % des cas. Si la prévalence d'une  atteinte artérielle mésentérique asymptomatique dans la population hospitalière  se situe entre 20 à 70 %, seule une minorité de patients (0,5 à 3,5 % d'entre  eux) présentent des lésions significatives et le plus souvent dans le territoire  de l'AMI. Une telle lésion artérielle constitue pourtant un facteur de risque  d'infarctus viscéral, tout particulièrement lors d'une intervention abdominale.  De même, une chirurgie reconstructrice mésentérique apparaît justifiée chez des  patients asymptomatiques, lorsque le bilan a mis en évidence une atteinte de  deux ou trois vaisseaux digestifs, incluant l'AMS.
La première description d'une douleur abdominale intermittente attribuée à  une ischémie intestinale est rapportée par Klein en 1921. Mikkelsen 
 introduit en 1959 le terme d'angor intestinal pour décrire  une douleur abdominale postprandiale associée à une athérosclérose chronique des  artères viscérales.

 Pathogénie
L'obstruction des artères mésentériques est d'origine athéroscléreuse dans  presque tous les cas. De rares cas ont été décrits après un traumatisme ou une  fibrodysplasie artérielle extensive, en règle chez les jeunes. Il en est de même  pour une compression par ligament arqué touchant simultanément le tronc  coeliaque et l'AMS 
. Les  lésions athéroscléreuses touchent essentiellement les ostia, souvent en  continuité avec une athérosclérose aortique. Les occlusions touchent typiquement  les premiers centimètres des troncs artériels, ce qui permet un développement  souvent extraordinaire de la circulation collatérale. C'est ainsi que des  sténoses significatives de deux, ou même de trois vaisseaux mésentériques  peuvent être parfaitement tolérées et rester asymptomatiques. Cela explique  également qu'au moins deux des trois vaisseaux doivent, en règle, être le siège  de lésions sévères pour donner une éventuelle symptomatologie (règle de  Mikkelsen 
).  Vraisemblablement qu'à jeun, les patients avec une ischémie chronique  mésentérique ont un flux sanguin mésentérique suffisant pour assurer une  viabilité de l'intestin. C'est l'augmentation du débit mésentérique requis par  la phase postprandiale qui dépasserait les capacités compensatrices de la  circulation collatérale ; la douleur serait la traduction de la libération de  substances humorales, actuellement non identifiées.

 Diagnostic
L'ischémie chronique mésentérique reste une affection rare. Elle survient  chez les patients de 50 à 70 ans, avec une prépondérance féminine peut-être  aussi nette que 3 sur 1. Fréquemment, on peut noter l'association d'autres  atteintes athéroscléreuses, coronariennes, cérébroencéphaliques ou artérielles  des membres inférieurs.
La douleur abdominale constitue le symptôme le plus fréquent. Il s'agit d'une  douleur postprandiale à type de crampe ou de colique, de siège épigastrique,  survenant précocement après les repas (de 15 à 30 minutes), se prolongeant  durant 2 à 3 heures et disparaissant progressivement. Assez rapidement, les  patients réduisent la quantité des mets ingérés, et une véritable crainte  vis-à-vis de l'alimentation s'installe (sitophobie). La réduction alimentaire  entraîne un amaigrissement qui peut dans certains cas atteindre et dépasser 10  kg en quelques mois. Une stéatorrhée a pu être notée, mais ce symptôme reste  exceptionnel.
L'examen physique constate l'amaigrissement ainsi que de fréquents signes  d'athérosclérose généralisée, avec souvent signes d'artériopathie des membres  inférieurs. L'auscultation d'un souffle systolique épigastrique, quoique non  spécifique, peut suggérer une sténose artérielle viscérale. Lorsque la triade  classique (douleur postprandiale précoce, amaigrissement, souffle systolique  épigastrique) est présente, le diagnostic d'ischémie chronique mésentérique doit  être évoqué, mais par ordre de fréquence, un néoplasie digestive ou une autre  pathologie gastro-intestinale est souvent suspectée. Le plus souvent, la triade  est incomplète, et même absente, la reconnaissance de l'ischémie chronique  mésentérique repose alors sur une forte suspicion clinique. Elle doit être  envisagée chez tout patient qui présente un quelconque symptôme abdominal après  avoir éliminé les autres causes. Tous les examens doivent être mis en oeuvre  pour aboutir au diagnostic.
L'échodoppler est un excellent examen de dépistage pour déterminer la  présence ou l'absence de sténose proximale du tronc coeliaque et de l'AMS. Les  limites de la méthode ont été envisagées précédemment. Dans la mesure où il  n'existe que peu de faux négatifs, l'échodoppler a un rôle certain pour éliminer  une ischémie chronique mésentérique chez des patients suspects de cette  affection. Cependant, une artériographie ne doit jamais être éliminée lorsque la  suspicion clinique est suffisante, alors que l'échodoppler s'est avéré  normal.
L'artériographie biplan comportant une injection globale et des clichés  sélectifs du tronc coeliaque, de l'AMS et de l'AMI, elle permet de déterminer  l'extension des lésions artérielles, le développement de circulation  collatérale. En règle, il existe des sténoses significatives ou des  oblitérations sur au moins deux des troncs artériels digestifs 
 (fig 3 A,  B). Pourtant, dans nombre de cas, le diagnostic d'ischémie chronique  mésentérique n'est réellement fait que rétrospectivement, lorsque les symptômes  disparaissent après chirurgie restauratrice.

 Traitement
Il n'existe pas de rapports sur l'histoire naturelle de l'ischémie chronique  mésentérique. Il existe cependant de bonnes raisons de postuler à une évolution  spontanée défavorable. Taylor 
 a  rapporté que près de 50 % des patients ayant un infarctus intestinomésentérique,  présentaient des symptômes préalables d'ischémie chronique mésentérique. De  surcroît, des patients connus pour une ischémie chronique mésentérique ont  développé un infarctus avant leur intervention programmée. L'indication  opératoire est donc impérative.
De nombreuses techniques ont été proposées pour revasculariser les artères  mésentériques, sans qu'il soit véritablement possible, à l'heure actuelle,  d'affirmer la supériorité de l'une sur l'autre. En théorie, la réparation d'une  des artères mésentériques est susceptible d'amender les symptômes compte tenu de  l'abondance de la circulation collatérale 
.  Cependant, les meilleurs résultats ont été obtenus par des revascularisations  portant sur plus d'une artère digestive.
Quatre options de revascularisation sont disponibles : l'endartériectomie  viscérale, les pontages antérogrades supracoeliaques, les pontages rétrogrades à  partir de l'aorte sous-rénale et les dilatations mésentériques endoluminales,  plus particulièrement de l'AMS. Cette dernière technique tend à se développer  
, mais ses  résultats pour l'heure restent en retrait par rapport aux techniques de  revascularisation chirurgicale. Dans un rapport récent 
,  les dilatations de l'AMS chez 13 patients ont donné un taux de succès primaire  de 91 % et une amélioration symptomatique chez 11 patients (85 %). Un patient  est décédé (8 %) et 50 % des dix survivants ont rapidement récidivé leurs  symptômes. Au prix de multiples dilatations successives, un bon résultat à long  terme n'a été obtenu que chez 46 % des patients. Ceci n'est guère étonnant si  l'on considère l'importance des lésions athéroscléreuses aortiques de voisinage.  L'utilisation de stent pourrait améliorer ces résultats. Cette technique  s'adresse principalement aux lésions peu calcifiées chez des sujets qui ont des  risques chirurgicaux importants.
L'intervention chirurgicale reste à l'heure présente la technique de choix.  Une renutrition, éventuellement par voie parentérale, a été proposée durant la  phase préopératoire.

 Techniques chirurgicales
Il s'agit d'interventions lourdes qui nécessitent un monitoring approprié.  L'endartériectomie viscérale transaortique est une intervention difficile qui  requiert une large exposition rétropéritonéale. Elle est souvent délaissée au  profit des pontages, plus aisés. Les pontages peuvent être antéro- ou  rétrogrades, utilisant du matériel prothétique 
 (Dacron
®) ou polytétrafluoroéthylène [PTFE]) ou du  matériel autogène (veine saphène) 
. Le choix  dépend de l'expérience du chirurgien, de l'extension des lésions pariétales  aortiques ou de considérations hémodynamiques. Il n'y a pas de consensus sur le  nombre de vaisseaux à revasculariser, pontages uniques 
 ou multiples. Pour l'heure, les séries ne sont pas  suffisamment étoffées, ni le recul suffisant pour donner un avantage à l'une ou  l'autre méthode. C'est la technique de revascularisation rétrograde de l'AMS qui  est la plus utilisée ; l'abord de l'aorte sous-rénale et de l'AMS  infrapancréatique est aisé : les difficultés peuvent provenir de calcifications  étendues de l'aorte et des plicatures possibles du greffon lors de la  réintégration du contenu abdominal. La revascularisation rétrograde des branches  du tronc coeliaque est plus malaisée. Les pontages antérogrades partent d'une  aorte souvent épargnée par le processus athéroscléreux. Ils peuvent être uniques  ou multiples, concerner l'AMS proximale ou sous-pancréatique, le tronc coeliaque  ou ses branches. Le flux dans un tel pontage est plus physiologique et pourrait  donner une meilleure perméabilité à terme.

 Résultats
La mortalité opératoire de la chirurgie élective de revascularisation dans  l'ischémie chronique mésentérique est de 4 à 12 %. Les différentes techniques  produisent d'excellents résultats précoces, et une disparition des symptômes  dans près de 95 % des cas. Après l'intervention, on assiste à une reprise rapide  de poids. Les résultats à distance (5 ans) sont durables avec absence d'angor  intestinal ou d'ischémie aiguë mésentérique dans 80 à 90 % des cas 
.

 Revascularisation viscérale couplée avec les reconstructions  aortiques
Toute chirurgie de l'aorte peut interrompre les voies de suppléance de la  vascularisation mésentérique. Un pontage de l'AMS doit être envisagé s'il existe  une sténose serrée de ce vaisseau lors du bilan préopératoire, même en l'absence  d'ischémie chronique mésentérique 
.
De même, il faut s'assurer d'une bonne vascularisation colique à la fin de  toute chirurgie de l'aorte sous-rénale. Si le reflux par l'AMI est faible, si la  pression résiduelle mesurée est inférieure à 40 mmHg, ou si les pulsations  artérielles le long des arcades coliques sont absentes, il est indiqué de  revasculariser l'AMI.
Le syndrome phrénocoeliaque ou syndrome de compression du tronc coeliaque par  le ligament arqué du diaphragme a été décrit en 1963 
 chez des patients présentant des douleurs épigastriques  vagues et une compression extrinsèque du tronc coeliaque. On a pu formuler des  réserves quant à sa réalité dans la mesure où la compression du ligament arqué  est diminuée lors de l'inspiration profonde et de la position debout. D'autre  part, une sténose isolée, asymptomatique, significative du tronc coeliaque  (extrinsèque ou intrinsèque), a pu être rapportée par certains auteurs chez 5 à  25 % des patients 
.
Les résultats du traitement chirurgical ont été inconstants. Les symptômes  attribués au syndrome sont aspécifiques. L'hypothèse d'une ischémie en présence  d'une circulation collatérale très développée défie la logique. En outre, il a  pu être mis en évidence chez un nombre non négligeable de patients un profil  psychiatrique particulier. La prévalence du syndrome phrénocoeliaque est très  rare, avec une nette prépondérance féminine (3/1).
L'aortographie de profil (en expiration) est l'examen de référence pour faire  le diagnostic.
Le traitement du syndrome phrénocoeliaque a fait appel à la libération du  tronc coeliaque par résection large du plexus fibronerveux périvasculaire ou par  reconstruction du tronc coeliaque 
. Les  résultats de cette chirurgie sont contradictoires, les meilleurs résultats étant  obtenus lorsqu'il y a eu association à un autre geste intra-abdominal  (cholécystectomie, vagotomie). La dilatation endoluminale dans cette pathologie  donne des résultats insuffisants, la gangue périvasculaire ne se prêtant pas à  une dilatation efficace.
De bons résultats peuvent être attendus dans une population définie par les  critères suivants : femme ayant un amaigrissement documenté, douleur  postprandiale, absence de pathologie psychiatrique, absence d'autre pathologie  gastro-intestinale, et présence d'une dilatation poststénotique sur le tronc  coeliaque.
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Ils ont en commun l'arrêt de la circulation capillaire mésentérique. En  l'absence de traitement, ils évoluent vers la nécrose intestinale. Il s'agit le  plus souvent d'une occlusion de l'AMS : embolie ou thrombose sur athérosclérose  préexistante, ou état d'hypoperfusion secondaire à une autre cause. L'incidence  est de 0,1 à 0,36 % de toutes les admissions hospitalières. D'autres causes,  telles que les artérites inflammatoires ou les thrombocytoses sont très  rares.
Afin de détecter une ischémie intestinale, il est nécessaire d'évoquer ce  diagnostic de parti pris devant tout symptôme abdominal. Une douleur abdominale  violente est un mode de début fréquent. Initialement, la douleur est  paroxystique à type de crampe ; elle devient continue dans un deuxième temps et  s'accompagne parfois d'une émission de selle impérieuse. Souvent, le tableau est  moins caractéristique. Lorsque cette pathologie concerne des sujets âgés, près  30 % d'entre eux se présentent avec une confusion mentale aiguë et une douleur  abdominale vague 
. Il  n'existe aucune corrélation entre les symptômes, l'examen physique et les  examens biologiques.
En effet, au début, l'examen clinique est souvent très pauvre, sans éléments  d'orientation. Les radiographies sans préparation de l'abdomen ont surtout une  valeur d'orientation à la recherche d'une autre pathologie digestive  (perforation d'un organe creux).
L'artériographie mésentérique est toujours la meilleure technique et est à  effectuer dès que le diagnostic est évoqué. Elle confirme le diagnostic et  oriente vers l'étiologie (embolie, thrombose, ischémie mésentérique non  occlusive). Dans certains cas, un traitement est institué immédiatement par le  cathéter d'artériographie : thrombolytique dans une embolie ou thrombose  distale, vasodilatateur dans une ischémie mésentérique non occlusive. Une  artériographie n'est véritablement utile qu'au stade précédant l'infarctus  intestinal.
L'intestin peut tolérer une réduction de près de 75 % de son apport artériel,  ce durant près de 12 heures, sans que des destructions cellulaires puissent être  détectées au microscope optique 
. Si  l'ischémie est totale, l'installation des lésions est plus rapide, et une  ischémie de 4 heures aboutit à des dégâts irréversibles. La muqueuse est la  tunique la plus vulnérable, elle est altérée en premier ; ultérieurement, les  lésions ischémiques touchent la musculeuse, puis la séreuse. Ainsi, lors de  l'exploration peropératoire, il faut se souvenir que les lésions muqueuses sont  toujours plus étendues que les dégâts apparents.
En réponse à l'ischémie, on note tout d'abord une phase de vasodilatation. En  l'absence d'augmentation du débit suit une phase de vasoconstriction étendue à  la circulation collatérale, ce qui réduit encore le débit sanguin et entraîne un  cercle vicieux. Les premières altérations sont perceptibles dans la muqueuse, au  microscope électronique. Il s'agit d'atteintes mitochondriales et du réticulum  endoplasmique. Suit une phase d'augmentation de la perméabilité capillaire, avec  oedème extracellulaire. Sont notées à une phase plus tardive, une desquamation  des villosités intestinales, une nécrose de la couche épithéliale, l'apparition  de cellules inflammatoires et l'irruption de bactéries dans les zones de  nécrose. Les lésions atteignent la sous-muqueuse avec oedèmes et hémorragie,  puis elles s'étendent à la musculeuse aboutissant à l'infarctus transmural.
Le rétablissement précoce de la circulation artérielle est essentiel.  Cependant, la reperfusion après une période d'ischémie prolongée peut accentuer  les dégâts pariétaux. Ces lésions de reperfusion sont dues à la peroxydation des  structures cellulaires (lipides membranaires, acides nucléiques, enzymes...) et  formation de radicaux libres (anion superoxyde, peroxyde d'hydrogène, et surtout  radical hydroxyle) à partir de la dégradation des purines par la xanthine  oxydase. L'activation des neutrophiles par les conditions pro-inflammatoires  accentue les lésions cellulaires par libération de protéases qui détruisent la  paroi vasculaire.
Elle survient volontiers chez l'homme entre 50 et 70 ans, et représente un  tiers des syndromes d'ischémie aiguë mésentérique. L'occlusion brutale de l'AMS  ne laisse pas à la circulation collatérale le temps de se développer et rend  compte de l'ischémie rapide et sévère rencontrée dans l'embolie. Une douleur  abdominale brutale chez un cardiaque est très évocatrice. Les arythmies  cardiaques, les cardiomyopathies, les valvulopathies, l'infarctus myocardique,  sont source de thrombose intracardiaque avec embolie potentielle. Cinq pour cent  des emboles d'origine cardiaque migrent dans les vaisseaux viscéraux et la vaste  majorité d'entre eux dans l'AMS 
 par suite  de son origine oblique et de son grand calibre. D'autres sources emboliques  telles que les embolies paradoxales ou embolies athéroaortiques ont été  rapportées. Il existe des cas sans source décelable.
Le diagnostic est fait par l'artériographie 
(fig 4).  Elle montre l'embolie et son aspect souvent caractéristique d'arrêt en cupule  concave. Suivant sa taille, l'embole se bloque plus ou moins précocement, mais  souvent 3 à 8 cm après l'origine de l'AMS, proche de l'artère colique moyenne,  ménageant les toutes premières branches duodénopancréatiques et jéjunales. Il  n'y a pas de circulation collatérale visible. Une autre embolie est présente  dans 1/5 des cas (artères viscérales, rénales, des membres inférieurs). Lorsque  les patients sont vus tardivement, ils se présentent au stade d'abdomen aigu et  d'infarctus intestinal. C'est en cours d'intervention que l'extension de la  nécrose intestinale est évaluée, ainsi que le niveau de l'embole par la  palpation. Une AMS calcifiée et sans pulsations fait plutôt évoquer une  thrombose sur artérite.
Le seul traitement efficace consiste en l'embolectomie avant la survenue de  l'infarctus intestinal. Il est accompagné d'une réanimation intensive pré-,  per-, et postopératoire : correction de l'hypovolémie secondaire à la  séquestration de liquides, lutte contre l'acidose et les troubles  hydroélectrolytiques. Sont également indispensables une antibiothérapie à large  spectre, une aspiration nasogastrique. Le débit urinaire est contrôlé, ainsi que  les constantes hémodynamiques (Swan-Ganz, cathéter artériel...). Une  héparinothérapie peut être débutée si le diagnostic est évoqué.
L'embolectomie est en règle aisée. L'AMS est abordée dans le mésentère  immédiatement en dessous du pancréas. La palpation localise le niveau de  l'oblitération. Par une artériotomie, on procède à l'extraction de l'embole  distal et de la thrombose secondaire jusqu'à obtention d'un reflux satisfaisant.  L'extraction de la portion proximale de l'embole est accompagnée par un puissant  jet pulsatile.
Après restauration de la circulation dans l'AMS, il est essentiel de  s'assurer de la viabilité de l'intestin. Lorsque la coloration est redevenue  normale, le péristaltisme actif et les arcades bordantes sont pulsatiles,  l'intestin est manifestement viable. Les zones franchement nécrotiques sont  aisément identifiées. C'est dans les situations intermédiaires qu'une  délimitation peut s'avérer difficile, sachant que les lésions muqueuses sont  plus étendues que celles visibles au niveau de la musculeuse. Aucune méthode  actuelle ne permet la délimitation avec certitude, ce qui incite, si une  résection intestinale est nécessaire, à la réaliser en zone manifestement saine  et contractile. L'incertitude sur la qualité de l'intestin laissé en place peut,  dans certains cas, inciter à un second-look au bout de 24 à 36 heures. Après  l'intervention, une réanimation intensive est poursuivie pour équilibrer les  paramètres vitaux et améliorer la perfusion d'éventuelles zones marginales. Dans  ces situations limites, on a pu proposer l'administration de vasodilatateurs par  voie générale mais également par voie locale, par le cathéter d'angiographie  laissé en place.
Des embolies mésentériques distales ne peuvent pas faire l'objet de  restaurations artérielles. Elles justifient un traitement médical ;  l'exploration chirurgicale est de règle dès l'apparition de signes  péritonéaux.
Les thrombolytiques n'ont été que rarement employés pour cette indication.  Les résultats restent mitigés car ils nécessitent un certain temps avant de  restaurer la lumière artérielle et par ailleurs, ils entraînent un risque élevé  d'hémorragie à point de départ muqueux. En outre, l'absence de laparotomie peut  entraîner la méconnaissance de lésions pariétales irréversibles pouvant conduire  à la perforation ou la sténose ischémique secondaire.
Une embolectomie rapide couplée à une réanimation efficace permet d'obtenir  la survie de plus de 60 % des patients 
. La mortalité reste toutefois significative, due  essentiellement aux complications systémiques de l'ischémie intestinale et des  pathologies associées. Les facteurs essentiels de mauvais pronostic sont : le  retard du diagnostic, la nécessité d'une résection digestive associée.
La deuxième cause d'ischémie aiguë mésentérique est constituée par la  thrombose aiguë sur une artériopathie chronique mésentérique. Les patients  peuvent, inconstamment, manifester des signes en rapport avec l'ischémie  chronique mésentérique. Celle-ci peut être symptomatique ou non. La thrombose  aiguë survient chez des sujets souvent âgés de plus de 60 ans. L'occlusion aiguë  peut entraîner un tableau caractéristique mais également une douleur non  spécifique, insidieuse, simulant et aboutissant à une péritonite. Le plus  souvent, on retrouve une athérosclérose diffuse (coronarienne et  périphérique).
Lorsqu'une artériographie est effectuée, il est mis en évidence une occlusion  proximale de l'AMS interrompant également les pancréaticoduodénales et jéjunales  proximales. À la laparotomie, on trouve en règle une ischémie intestinale sévère  étendue de l'angle de Treitz jusqu'à la moitié du côlon transverse. Il n'y a pas  de pouls perçu dans l'AMS proximale. Le traitement de la thrombose aiguë  mésentérique est décevant. Lorsqu'une résection intestinale étendue est  nécessaire, le décès est la règle. Les thrombectomies chirurgicales sont  rarement efficaces. Une revascularisation chirurgicale, lorsqu'elle est  possible, donne les meilleurs résultats, associée à une résection plus ou moins  importante de l'intestin et aux diverses mesures de réanimation. Quelles que  soient les mesures entreprises, la mortalité reste élevée, et voisine de 80 à 90  % 
.
Son incidence est mal appréciée, mais elle pourrait représenter jusqu'à un  tiers des syndromes d'ischémie aiguë mésentérique 
. Il existe une égale répartition par sexe et l'âge moyen  dépasse 70 ans.
Une vasoconstriction mésentérique sévère et prolongée dépasse les capacités  d'adaptation circulatoire de l'intestin, entraîne une réduction de la  circulation capillaire, qui aboutit à un cercle vicieux d'ischémie locorégionale  et de bactériémie. La vasoconstriction est souvent déclenchée, mais non  toujours, par un état de bas débit circulatoire. Même si la cause provocatrice  est levée, l'ischémie mésentérique non occlusive peut évoluer pour son propre  compte.
Les causes provocatrices les plus fréquentes sont : infarctus du myocarde,  insuffisance cardiaque, chirurgie lourde, hémorragie abondante,  hémoconcentration, administration de digitaliques, de catécholamines,  infections.
Le diagnostic est authentifié par l'artériographie mésentérique, qui doit  être effectuée chaque fois que le diagnostic est suspecté. À cet égard, il  convient de tenir compte de tout symptôme abdominal : la douleur est souvent  insidieuse, et son début progressif.
L'artériographie révèle une AMS proximale normale, une vasoconstriction  souvent sévère du tronc et des branches proximales, et l'absence d'injection des  branches périphériques. Le traitement consiste à injecter des vasodilatateurs  directement dans le lit artériel mésentérique grâce au cathéter d'artériographie  laissé en place. Il associe des mesures habituelles de réanimation et un  traitement anticoagulant, ainsi que le traitement, si possible, de la pathologie  inductrice. Si l'ischémie mésentérique non occlusive ne peut être levée à temps,  elle aboutit à l'infarctus entéromésentérique et à la péritonite. Il s'agit  d'une affection grave, au pronostic sévère, dont le taux de mortalité est de 70  à 100 %. Ce taux peut être réduit à 50 % par un traitement médical agressif,  approprié 
.
Ce chapitre pourrait ne pas être mentionné ici, cependant, dans leurs formes  aiguës, les thromboses veineuses mésentériques peuvent donner un tableau  d'ischémie aiguë mésentérique et simuler une occlusion artérielle. Elles  représentent de 5 à 21 % de tous les cas d'ischémie aiguë mésentérique  
.
Il existe fréquemment des facteurs prédisposants 
. On peut relever des états d'hypercoagulabilité (déficit en  antithrombine III, en protéine S, protéine C, anticoprs anticardiolipine,  résistance à la protéine C activée) ou des états pathologiques tels que :  hypertension portale, maladies inflammatoires abdominales, traumatismes  abdominaux, antécédents de thrombose veineuse profonde 
(tableau  II).
Le symptôme essentiel est une douleur abdominale tenace, pouvant évoluer  depuis quelques jours, voire quelques semaines. Nausée, ballonnement abdominal,  anorexie, sont des signes d'accompagnement. L'examen physique est en règle très  pauvre. À condition d'y penser, le diagnostic peut être effectué par la  tomodensitométrie ou l'angiographie 
 en montrant  soit le thrombus qui occupe la lumière veineuse ou l'absence de temps veineux de  retour après opacification de l'AMS.
Le traitement repose sur les moyens de réanimation cardiocirculatoire,  l'administration de vasodilatateurs par voie locale ou générale et  l'anticoagulation. Les tentatives chirurgicales de thrombectomie mésentérique se  sont avérées être des échecs. Le traitement thrombolytique n'a guère de place.  Sous réserve d'une bonne prise en charge, l'évolution peut être favorable ; la  mortalité s'établit entre 20 et 40 % selon les séries.
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Il doit être rapide, efficace, et institué précocement. Ceci implique que  l'hypothèse d'une ischémie mésentérique soit toujours présente devant tout  symptôme abdominal et chaque fois qu'aucune autre cause n'a pu être documentée.  L'analyse du tableau vasculaire doit orienter le diagnostic schématiquement vers  l'ischémie chronique chez le patient artéritique, vers l'embolie mésentérique  chez tout patient suspect ou porteur d'une maladie à potentiel embolique.
Dans cette perspective, l'angiographie reste l'examen de référence à réaliser  au plus vite, devant tout symptôme abdominal évocateur ou non.
Il s'ajoute au traitement chirurgical (embolie mésentérique) ou est utilisé à  titre isolé (ischémie mésentérique non occlusive). Il associe des  vasodilatateurs (papavérine, phénoxybenzamine, prostaglandine E, tolazoline, ou  adénosine triphosphate...) administrés par voie générale ou par voie locale (par  le cathéter d'angiographie) et des anticoagulants. D'autres médications ont pu  être utilisées : catécholamines dans les cas de bas débit circulatoire,  chélateurs de radicaux libres pour lutter contre les lésions de reperfusion  (diméthyl-thio-urée, diméthylsulfoxyde).
Une laparotomie est indiquée au moindre doute. L'intervention a pour but de  restaurer la circulation mésentérique et de lever l'ischémie intestinale.  L'intestin est attentivement examiné et toute portion intestinale manifestement  nécrotique est réséquée. Il faut savoir que l'ischémie muqueuse est  potentiellement plus étendue que l'ischémie de la musculeuse, ce qui rend  difficile l'appréciation exacte de l'extension des lésions. S'il persiste un  doute, on a pu proposer une laparotomie itérative après 24 à 36 heures  (second-look) pour ne pas laisser évoluer une zone nécrotique qui se  délimiterait après une première intervention insuffisante.
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En 1970, Stanley 
 et  Deterling 
 ont  colligé près de 1 500 anévrismes mésentériques. Il s'agit de lésions  relativement rares, souvent multifocales 
, le plus  souvent asymptomatiques 
 et de  diagnostic difficile. Lors de radiographie systématique 
(fig 5),  la prévalence des anévrismes de l'artère mésentérique atteint 12/1 000  
. Des  anévrismes peuvent également être notés sur l'artère splénique et le tronc  coeliaque. La complication essentielle est la rupture qui surviendrait dans 13 %  des cas 
. La  rupture est en règle inopinée et associée avec une forte mortalité, justifiant  en cela un traitement chirurgical rapide de tout anévrisme artériel splanchnique  diagnostiqué. Chaque fois que possible, il faut supprimer l'anévrisme avec  rétablissement de la circulation 
. Dans  certaines situations, un tel rétablissement est difficile, et seule une  exclusion peut être envisagée. Il faut alors au préalable avoir établi  l'existence d'une bonne circulation de suppléance. Des tentatives récentes ont  fait état de traitement par voie endovasculaire (embolisation) 
 ou d'exclusion par voie laparoscopique 
.