Introduction
La couleur de la peau est
déterminée par l’association de plusieurs
pigments différents comme
l’hémoglobine, les caroténoïdes et les
mélanines, qui sont les
pigments les plus importants. Parmis ceuxci,
on distingue les eumélanines,
responsables d’une pigmentation
brun-noir, et les
phaeomélanines, qui donnent une pigmentation
jaune-rouge. Ces deux types de
mélanines présentent des propriétés
physicochimiques et un système
de régulation différents.
La détermination de la
pigmentation cutanée est également
dépendante du nombre de
mélanocytes et de leur niveau d’activité,
du nombre, du type et du mode
de répartition des mélanosomes
dans les kératinocytes, du
taux d’élimination et/ou de dégradation
des mélanosomes, et de la
localisation en profondeur des pigments
mélaniques.
Les agents dépigmentants sont
des composés chimiques qui
présentent différents modes
d’action, selon qu’ils interviennent au
niveau tissulaire, cellulaire
ou moléculaire. Ainsi, on peut
distinguer :
– une action sur la synthèse
de mélanine, le plus souvent par des
mécanismes d’inhibition
enzymatique ;
– une action sur le
mélanocyte, par inhibition de la synthèse et de
la maturation des mélanosomes
ou par un mécanisme cytotoxique ;
– une action sur le
kératinocyte par inhibition du transfert des
mélanosomes ou activation de
leur dégradation au sein du
kératinocyte ;
– une autre stratégie fait
intervenir une modification de la cohésion
mélanocytes-kératinocytes,
avec élimination de ces derniers par un
phénomène d’exfoliation.
L’efficacité d’une
thérapeutique dépigmentante est dépendante du
mécanisme responsable de
l’hyperpigmentation.
Physiopathologie [28]
Schématiquement, deux grands
groupes d’anomalies pigmentaires
peuvent être individualisés :
celles qui résultent d’une anomalie
quantitative ou qualitative de
la répartition d’un pigment normal, et
celles qui sont liées à la
présence anormale dans la peau d’un
pigment d’origine exogène ou
endogène :
– le premier groupe comprend
les hyperpigmentations qui se
traduisent cliniquement par un
assombrissement de la coloration du
tégument, et les leucodermies
qui se caractérisent par un
éclaircissement de la
coloration de la peau.
– le second groupe comprend
des affections qui se traduisent
cliniquement par un aspect
dyschromique avec une coloration tout
à fait inhabituelle du
tégument.
HYPERPIGMENTATIONS
Une hyperpigmentation est due
à une augmentation des taux de la
mélanine ou à une anomalie de
sa répartition dans la peau. On en
distingue deux types : les
mélanodermies (coloration brun-noir du
tégument), secondaires à un
excès de mélanine au niveau de
l’épiderme, et les
cérulodermies (coloration bleu-gris du tégument),
secondaires à un excès de
mélanine au niveau du derme.
¦ Mélanodermies
Elles peuvent être acquises ou
en rapport avec des facteurs
génétiques. Elles procèdent de
deux mécanismes :
– dans les hypermélanocytoses
épidermiques, les lésions sont
secondaires à une augmentation
du nombre des mélanocytes
épidermiques produisant des
quantités excessives de mélanine au
sein de l’épiderme ; l’exemple
typique est le cas des lentigines qui
s’accompagnent également d’une
hyperplasie épidermique ;
– dans les hypermélaninoses
épidermiques, le nombre de
mélanocytes est normal et
l’élévation du taux des mélanines
épidermiques est due à une
augmentation de leur synthèse ou à une
diminution de la dégradation
et/ou de l’élimination ; les taches café
au lait sont le prototype de
ce type de processus, bien que leur
pathogénie reste méconnue.
¦ Cérulodermies
À l’état normal, le derme ne
contient pas de mélanine ou autres
pigments foncés ; sa couleur
jaune, blanche ou rose est liée à la
concentration sanguine. La
cérulodermie peut résulter de deux
mécanismes différents.
– Dans l’hypermélaninose
dermique, il existe un transfert anormal
de mélanine des mélanosomes
épidermiques vers le derme où ils
s’accumulent dans les
mélanophages sous forme de
phagolysosomes : c’est ce que
l’on appelle l’incontinence
pigmentaire. Les exemples
typiques sont le lichen plan ou
l’incontinentia pigmenti, où
l’incontinence pigmentaire est
secondaire à une interaction
entre les macrophages et les
kératinocytes appelés corps de
Civatte, qui contiennent les
mélanosomes. Ce même processus
est habituellement observé dans
les manifestations cutanées
inflammatoires, particulièrement en cas
d’atteinte des cellules
basales épidermiques ou de la jonction
dermoépidermique.
L’élimination de mélanine passe par la
phagocytose, à partir de
l’endothélium des vaisseaux lymphatiques.
– Dans l’hypermélanocytose
dermique, des mélanocytes sont
présents de façon anormale
dans le derme et synthétisent des
mélanines. Ces cellules sont
entourées par une structure
membranaire et ne peuvent pas
transmettre leurs mélanosomes aux
kératinocytes ou aux cellules
dermiques. L’hypothèse pathogénique
serait une anomalie de la
migration des mélanoblastes durant la vie
embryonnaire, avec présence de
mélanocytes ectopiques dans le
derme. Néanmoins, les
mécanismes exacts demeurent mal élucidés.
Une mélanocytose dermique est
retrouvée dans le nævus de Ota, le
nævus de Ito, les macules
faciales bleues acquises et autres types
d’anomalies similaires.
HYPERCHROMIES D’ORIGINE
HÉMATIQUE
L’hémoglobine est l’autre
pigment majeur déterminant la coloration
de la peau. Elle est présente
dans les globules rouges circulant dans
le plexus dermique superficiel
et donne une pigmentation rose ou
rouge, plus occasionnellement
bleue.
À l’état normal, le derme
apparaît rose clair, in vivo. Une
augmentation du nombre ou de
la taille des vaisseaux sanguins, une
vasodilatation des vaisseaux
dermiques ou une néoformation
vasculaire entraînent une
augmentation de la quantité
d’oxyhémoglobine, qui se
traduit cliniquement par une coloration
rouge ou violette. C’est le
cas des hémangiomes ou de l’érythème
observé dans l’inflammation.
Par ailleurs, en cas de
lésions de la paroi vasculaire, il existe une
extravasation de globules
rouges dont l’hémoglobine est dégradée
localement. L’hémosidérine s’accumule
sous forme libre, mais est
rapidement phagocytée par les
macrophages. Une coloration rougebrun
de la peau peut se voir en cas
de dépôts d’hémosidérine dans
le derme. Lors de lésions
chroniques, une stimulation de la
mélanogenèse peut survenir, entraînant
une pigmentation cuivrée
ou brun foncé.
La cyanose par accumulation
locale d’hémoglobine réduite
représente également une autre
variété de cette forme.
HYPERCAROTÉNÉMIES
Elles peuvent résulter, soit
d’un trouble métabolique général ou
acquis (malabsorption,
hyperlipidémie, diabète, hypothyroïdie,
affections hépatiques,
castration testiculaire), soit de l’absorption
exagérée d’aliments riches en
lipochromes ou de médicaments
contenant du carotène. Un
dépôt excessif de carotène dans la peau
est la conséquence d’un excès
de carotène dans le sang.
DYSCHROMIES CUTANÉES LIÉES À
DES PIGMENTS
ENDOGÈNES OU EXOGÈNES
Une surcharge cutanée exogène
peut résulter :
– de la pénétration
transcutanée d’un pigment coloré (tatouage) ;
– de l’introduction par voie
systémique d’un produit, dont un ou
plusieurs composants ou
métabolites sont « thésaurisés » dans la
peau.
Une surcharge cutanée endogène
peut être secondaire :
– à l’augmentation de la
teneur sanguine d’un métabolite normal
de l’organisme, qui s’accumule
secondairement dans la peau
(ictère) ;
– à un trouble métabolique
avec dépôt dans la peau d’un métabolite
intermédiaire (alcaptonurie).
De nombreux médicaments, de
même que l’accumulation de
pigments endogènes tels que
les porphyrines, sont capables
d’induire une mélanodermie par
le biais de différents mécanismes,
comme une augmentation de la
photosensibilité et la stimulation
directe de l’activité
mélanogénique des mélanocytes.
Une pigmentation dermique à
type de cérulodermie peut être
induite par des médicaments
(minocycline, chloroquine au long
cours...) ou des métaux
lourds. C’est le cas dans :
– l’argyrie, où la coloration
grise de la peau et des muqueuses est
secondaire au dépôt de
granules d’argent dans le derme et la
membrane basale des glandes
sudorales ;
– le chrysiasis, dans lequel
la pigmentation gris-bleue ou lilas est
due à l’accumulation excessive
d’or ;
– une hyperpigmentation est
également observée chez les patients
exposés au mercure ou au
bismuth ; les anomalies pigmentaires sont
secondaires au dépôt de ces
métaux, qui entraîne une stimulation
de la mélanogenèse par un
mécanisme encore inconnu.
Certains désordres
enzymatiques héréditaires comme l’ochronose ou
l’alcaptonurie peuvent être
également responsables de cérulodermie
qui, dans ce cas, n’est pas
d’origine mélanique.
ÉPAISSEMENT CUTANÉ
Un assombrissement cutané peut
dans certains cas être secondaire à
un épaississement de
l’épiderme et du stratum corneum, ainsi qu’à
la diminution de la
translucidité du stratum corneum. Il en résulte
en effet un épaississement de
la couche de mélanine avec une
augmentation de la lumière
absorbée. Ces phénomènes se
rencontrent dans certaines
ichtyoses et kératoses séborrhéiques.
Ces différents mécanismes
pathogéniques sont importants à prendre
en considération lors de la
démarche thérapeutique. En effet, seules
certaines conditions sont
accessibles, en particulier aux agents
dépigmentants. C’est le cas
notamment de certaines
hyperpigmentations secondaires
au dépôt excessif de mélanines
dans l’épiderme. Parmi ces
dernières, le mélasma, les lentigos
actiniques, les
hyperpigmentations postinflammatoires répondent
bien à ces traitements, à la
différence des taches café au lait qui ne
donnent aucune réponse.
Les mélanoses ou mélanocytoses
dermiques ne sont pas accessibles
aux agents dépigmentants, de
même que les dyschromies
secondaires à un
épaississement cutané ou à des dépôts de
substances endogènes ou
exogènes dans le derme. Dans ces cas, il
faut avoir recours à d’autres
thérapeutiques telles que les rétinoïdes
ou les lasers.
Agents dépigmentants (tableau I)
SUBSTANCES PHÉNOLIQUES
Le mécanisme d’action des
dérivés phénoliques est mal connu.
Diverses théories ont été
proposées. L’une d’elles suggère que, du
fait de leur similarité
moléculaire avec la tyrosine, ces phénols sont
oxydés par la tyrosinase,
donnant naissance à des molécules
réactives interagissant avec
les fonctions biologiques du mélanocyte.
L’oxydation du
4-tert-butylphénol et du 4-tert-butylcatéchol donne
naissance à des quinones qui
peuvent se combiner au glutathion ou
à la cystéine. La déplétion en
glutathion qui en résulte, associée à la
longévité des métabolites
formés, pourrait expliquer les effets
mélanocytotoxiques des dérivés
phénoliques [39]. Une théorie plus
récente suggère que la
mélanocytotoxicité des dérivés phénoliques
n’est pas médiée par la
tyrosinase [42]. La mélanocytotoxicité du
4-tert-butylphénol serait due
à l’induction d’un processus
d’apoptose.
¦ Hydroquinone
Connue depuis plus de 50 ans,
c’est la molécule la plus prescrite.
Elle est la référence en
matière de traitement dépigmentant. Elle est
largement utilisée en
prescription médicale. Jusqu’à une date très
récente, elle pouvait être
présente dans les produits cosmétiques
jusqu’à une concentration
maximale de 2 %. Une décision récente
de la Communauté économique
européenne interdit maintenant
cette pratique.
Jimbow et al [16] ont été les premiers à
suggérer une action
cytotoxique de l’hydroquinone
sur les mélanocytes épidermiques.
En effet, ils retrouvaient
dans les zones traitées des stigmates
d’altération cellulaire, avec
présence de dégradation des membranes
des organites, agglomération
des granules mélaniques et
vacuolisation du cytoplasme [37].
Par la suite, d’autres équipes
ont montré que l’hydroquinone
pouvait inhiber sélectivement
le métabolisme des mélanocytes et
provoquer ainsi un blocage de
la synthèse des mélanines. Sur des
cultures cellulaires, une
inhibition de la synthèse de l’acide
désoxyribonucléique (ADN) et
de l’acide ribonucléique (ARN) a été
mise en évidence. Celle-ci
semblerait dépendante de la présence et
de l’activité de la
tyrosinase, plutôt que du contenu en mélanine de
la cellule. Le mécanisme
inhibiteur serait médié via une oxydation
de l’hydroquinone par la
tyrosinase en composants toxiques pour le
mélanocyte. En effet, elle se
présente comme un analogue structural
de la tyrosine et de la
dihydroxyphénylalanine (DOPA), même si
son affinité pour la
tyrosinase est inférieure à celles-ci [29].
L’hydroquinone agirait
également en diminuant la formation des
mélanosomes par modification
de leur structure et la synthèse des
mélanines par inhibition
compétitive avec la tyrosinase.
L’hydroquinone est utilisée
habituellement à des concentrations
variant de 2 à 5%. D’après la
plupart des études, l’efficacité
dépigmentante la plus
importante est obtenue avec une
concentration de 5 %. Au-delà
(10-20 %), le risque d’effets
secondaires est supérieur ; en
deçà (2 %), l’hydroquinone est en
général insuffisamment
efficace.
Les applications se font à
raison de deux fois par jour et doivent
être poursuivies pendant une
durée prolongée (de 3 à 6 mois) afin
d’obtenir un résultat.
Habituellement, l’hypermélanose s’atténue
vers la quatrième semaine de
traitement et l’effet est maximal vers
le quatrième mois. Il est à
noter que cet effet peut être réversible ;
par conséquent, un traitement
d’entretien est souvent nécessaire.
L’hydroquinone a montré une
bonne efficacité dans le traitement du
mélasma dans sa forme
épidermique, qui représente la dermatose la
plus sensible, mais aussi dans
les hyperpigmentations en
« breloque » (dues aux
parfums) et dans les hyperpigmentations
postinflammatoires. Elle est
également utilisée comme traitement
préventif de
l’hyperpigmentation dans les suites de traitements
chirurgicaux ou par lasers.
Le traitement peut
s’accompagner d’une irritation qui peut entraîner
une hyperpigmentation
postinflammatoire secondaire si l’éviction
solaire n’est pas respectée.
L’incidence de l’irritation est dosedépendante
; pratiquement constante pour
des concentrations de
10 %, elle avoisine les 30 %
pour des concentrations de 5 % et serait
quasiment nulle pour des
concentrations de 2 % [27]. Dans certains
cas, une sensibilisation peut
se révéler, avec allergie de contact. Le
risque de survenue de ce type
de manifestation est également
dépendant du véhicule et de la
stabilité de la préparation. C’est
pourquoi, même s’il est
recommandé d’utiliser une solution
hydroalcoolique, les
préparations utilisant une crème sont souvent
mieux tolérées.
Parmi les autres effets
secondaires, le principal est l’ochronose
(pigmentation bleutée
réticulée), associée à la formation de milium
colloïde. Celle-ci
surviendrait plus volontiers chez des sujets de race
noire ayant bénéficié de
traitements prolongés, supérieurs à 1 an,
associés à une exposition
solaire intense.
Tableau I. – Principaux
cosmétiques contenant des produits dépigmentants.
Spécialité Composition
- Aïdat crème (Paraphar) Hydroquinone
2 %
- Anyt crème (L’Homme de Fer)
Méquinol 5 %
- Anyt fort crème (L’Homme de Fer)
Méquinol 8 %
- Clairodermylt (BCS) Méquinol 5 et 10 %
- Crème des 3 fleurs d’Orientt (Crème d’Orient) Hydroquinone
2 %
- Dépigmentent fort (Cosmodex) Trioxopimelate
d’éthyl
- Dermoclairt (Donavie) Extraits végétaux
concentrés en lutéoline et hétérosides 8 %, glycosat de mimosa tenuiflora 2 %
- Ethnodermt (Biopha) Extraits de busserole
(arbutine) 4 %, extraits flavoniques d’achillée millefeuille (lutéoline et
hétérosides) 10 %
- Galénict soin dépigmentant (Galénic)
Hydroquinone 2 %, vitamine C 0,25 %
- Gyno THt émulsion (Biogyne) Acide
kojique, acide alpha hydroxylé, bisabolol, extraits végétaux éclaircissants
- Leucodinine Bt (Promedica) Méquinol 10 %
- Lieract correcteur anti-taches
(Lierac) Lipoquinosomes 13,46 % (2 % d’hydroquinone active), extrait de
dimorphandra
- Mélanex duot crème sans hydroquinone
(Paraphar) Acide kojique, vitamine C, esters d’AHA
- Trio Dt (LED) Hydroquinone 2 %, AHA 12
%, dérivé ascorbate 1 %
- Dépidermt sans hydroquinone (Uriage)
Esters d’AHA 7 %, licorice 0,05 %, ascorbosilane 5 %, acide phytique 0,1 %
- Photoderm Laser SPF 100t (Bioderma) Glabridine
AHA : alpha-hydroxy-acides.
Il faut également signaler la
possibilité d’une dépigmentation en
« confettis », habituellement
limitée aux zones d’application,
réversible, d’une
hyperpigmentation temporaire en début de
traitement et de
dépigmentations unguéales transitoires.
Certaines préparations
commerciales sont disponibles et utilisent
l’hydroquinone isolément à 2 %
(Aïdat, Dépidermt, Lieract
correcteur antitaches, Galenict soin dépigmentant, Esotericat) ou à
4 % aux États-Unis (Eldoquin
Fortet).
Comme nous venons de le voir,
l’hydroquinone peut être utilisée
seule, mais aussi en
association avec d’autres agents dépigmentants
sous forme de préparations
magistrales.
La préparation la plus
efficace est celle proposée par Kligman et
Willis, et dont la formulation
est la suivante [21] :
– hydroquinone : 5 % ;
– acide rétinoïque : 0,1 % ;
– dexaméthasone : 0,1 % ;
– excipients 94,8 % : éthanol
47,40 % ; propylène glycol 47,40 %.
La combinaison de ces trois
produits de mode d’action différent
permet une forte inhibition de
la synthèse de mélanine par effet
synergique, sans destruction
des mélanocytes.
Les recommandations associées
à ce type de traitement sont les
suivantes :
– la préparation doit être
appliquée deux fois par jour, pendant
plusieurs mois (même si
l’efficacité s’observe en général à partir de
la sixième semaine) ;
– il est préférable de ne pas
utiliser une préparation de plus de
30 jours, du fait du risque de
dégradation lié à l’absence d’agents
antioxydants ;
– la préparation doit être
conservée dans un endroit frais, à l’abri
de la lumière (pot en
porcelaine) et doit être jetée en cas de
changement de coloration car
celle-ci peut être un signe de
détérioration.
Les indications habituelles
sont le mélasma, les éphélides, les
pigmentations en « breloque ».
De bons résultats ont également été
obtenus dans la dépigmentation
des peaux noires. Par ailleurs, il
semble que l’efficacité sur
les hypermélanoses postinflammatoires
soit inconstante. Un érythème
et une desquamation peuvent se voir
lors de la première semaine de
traitement, mais restent négligeables.
D’autres types de préparations
ont été proposés :
– association hydroquinone : 5
% ; acide rétinoïque : 0,1 % ;
hydrocortisone : 1 % ;
hydroxyl butyltoluène : 0,05 % ; excipient
(polyéthylènegycol) : 100 mL ;
cette association a une efficacité et une
tolérance comparables à celles
de la préparation de Kligman ;
– association hydroquinone : 4
% ; acide rétinoïque : 0,05 % ;
triamcinolone acétonide : 0,1
% (ou désonide : 0,05 %). Cette
association a été utilisée
dans certaines études, avec de bons
résultats, comme dans le
traitement préventif des
hyperpigmentations chez des
patients traités par laser resurfacing [13].
L’étude récente de Bolognia et
al a également montré la possibilité
d’une potentialisation de
l’action de l’hydroquinone par la
cystamine et la buthionine
sulfoximine. Ces deux molécules ont la
propriété d’inhiber le
glutathion, dont l’une des principales
fonctions est de protéger la
cellule contre des agents toxiques comme
l’hydroquinone. Les auteurs
suggéraient donc la possibilité d’une
association d’hydroquinone et
de cystamine ou de buthionine
sulfoximine dans le traitement
de troubles pigmentaires tels que le
mélasma ou l’hyperpigmentation
postinflammatoire [4].
Enfin, des préparations
commerciales sont disponibles comme le
TrioDt ou le Mélanex duot (hydroquinone et
alpha-hydroxy-acide).
¦ Dérivés de
l’hydroquinone
Comme pour l’hydroquinone, les
mécanismes d’action de ses
dérivés sont mal connus. Les
hypothèses, en ce qui concerne le
monobenzyléther d’hydroquinone
(MBEH), sont très proches de
celles de l’hydroquinone [8] :
– action sélective sur les
mélanocytes par l’intermédiaire de la
formation de radicaux libres ;
– inhibition compétitive de
l’activité tyrosine hydroxylase de la
tyrosinase ;
– inhibition de la synthèse de
tyrosinase ;
– réduction du transfert des
mélanosomes vers les kératinocytes par
inhibition de l’arborisation
des dendrites mélanocytaires.
En revanche, aucune
explication pathogénique n’a encore été
retrouvée pour expliquer
l’induction d’une hypomélanose d’allure
vitiligineuse.
Le MBEH est présent dans tous
les produits à base de latex ou de
caoutchouc. Cet agent est
connu pour son action dépigmentante
puissante qui peut, d’une part
s’exercer aux sites distants de son
application, d’autre part se
prolonger plusieurs mois après l’arrêt
des applications. Par
conséquent, l’utilisation du MBEH est proscrite
dans le traitement des
hypermélanoses comme le mélasma, les
éphélides et les
hyperpigmentations postinflammatoires.
Le MBEH est susceptible
d’induire des hypomélanoses pouvant
prendre un aspect vitiligoïde,
avec extension à distance des zones
traitées [22]. Ce type de complication est
observé plus fréquemment
chez les sujets présentant une
pigmentation raciale marquée.
D’autres types d’effets
secondaires ont également été décrits, comme
un prurit, une irritation avec
sensation de brûlure, une
desquamation, une
eczématisation, un oedème, une alopécie.
Commercialisé en 1958
(Leucodininet
en France et Benoquint aux
États-Unis), le MBEH a été
retiré du marché car considéré comme
trop dangereux.
La seule utilisation clinique
concerne les patients présentant un
vitiligo extensif comportant
quelques zones de peau saine qu’ils
désirent dépigmenter afin
d’obtenir une coloration de peau
uniforme [22]. Ces patients doivent bien
comprendre que la
dépigmentation est
irréversible et qu’elle nécessite une protection
solaire totale et permanente.
Certaines recommandations ont
été suggérées quant au choix des
patients à traiter avec le
MBEH :
– patients porteurs d’un
vitiligo et désirant une dépigmentation
permanente ;
– âge supérieur à 40 ans, homme
ou femme ;
– vitiligo supérieur à 50 % de
la surface cutanée ;
– acceptation du fait qu’une
repigmentation n’est dorénavant plus
possible.
Les applications d’une
préparation à 20 % de MBEH sont réalisées
une ou deux fois par jour. À
cette concentration, les effets
secondaires sont fréquents
mais rarement sévères. Une
hypopigmentation est observée
après 3 à 6 mois et une
dépigmentation totale en 1 an.
Le MMEH, également appelé
4-hydroxyanisole, parahydroxyanisole,
méthoxyphénol, méthoquinol, ou
méquinol, est un composé
phénolique testé initialement
pour son activité toxique sur les
cellules de mélanome malin,
lors de son utilisation intra-artérielle
chez l’homme [35].
Le mécanisme d’action de cette
molécule serait lié à une réaction de
peroxydation lipidique
entraînant l’altération d’organites cellulaires
et donc la destruction des
mélanocytes.
L’effet thérapeutique du
4-hydroxyanisole pourrait être le résultat
d’une oxydation de cette
molécule par la tyrosinase. Le
4-hydroxyanisole se
comporterait alors comme un substrat pour la
tyrosinase. Cette oxydation
produirait un radical libre semi quinone
qui serait responsable des
altérations membranaires au niveau du
mélanocyte, entraînant la mort
cellulaire. En fait, ces études ont été
interrompues en raison d’effets
cytotoxiques des métabolites pour le
foie et des dérivés du
4-hydroxyanisole ont été synthétisés.
Le monométhyléther
d’hydroquinone, à des concentrations de 2 à
10 %, est habituellement
préféré au MBEH en raison de la moindre
incidence d’effets secondaires.
Néanmoins, des cas d’hypomélanose
vitiligoïde identiques à ceux
du MBEH ont été décrits, justifiant les
mêmes précautions que pour
celui-ci dans le choix des
indications [27]. Il est à signaler que ces
résultats reposent uniquement
sur un faible nombre d’études
cliniques, comportant elles-mêmes
peu de patients.
Suite à la mise en évidence
des propriétés dépigmentantes de cet
agent, des essais ont été
réalisés avec des préparations topiques.
L’étude de Nair et al a évalué
les effets dépigmentants d’une
association de
4-hydroxyanisole et d’acide tout-transrétinoïque à
différentes concentrations sur
la peau de cochon du Yucatan [23]. Les
résultats montraient que, avec
des concentrations faibles, un
éclaircissement cutané était
obtenu, sans dépigmentation irréversible
et avec une irritation cutanée
locale modérée. Des essais cliniques
chez l’homme sont en cours,
avec notamment une étude évaluant
l’action d’une solution
associant 4-hydroxyanisole à 2 % et acide
rétinoïque à 0,01 % sur des
lentigines solaires. Après 24 semaines de
traitement, à raison de deux
applications par jour, il a été observé
une bonne efficacité dans
environ 70 % des cas, qui serait liée à une
action synergistique des deux
produits.
Il n’a pas été retrouvé
d’effets secondaires, en dehors d’une irritation
modérée, probablement liée à
l’acide rétinoïque.
Malgré tout, les voies de
recherche concernant les agents dérivés de
ce produit s’orientent plus
vers le traitement du mélanome que vers
la dépigmentation.
Actuellement, trois
présentations sont disponibles sur le marché :
Any crèmet 5 et 8 % ; Clairodermylt 5 et 10 % ; Leucodinine Bt
10 %.
¦ Composés soufrés
La combinaison de phénol et de
cathécol avec le soufre a abouti à la
formation de nouveaux agents
mélanotoxiques, parmi lesquels : le
4-S-cystéaminylphénol
(4-S-CAP), le 4-S-cystéinylphénol (4-S-CP) et
leurs dérivés catécholiques [1]. Dans les premières études
sur l’effet
dépigmentant du 4-S-CAP,
certaines anomalies ont été retrouvées
au niveau des mélanocytes
épidermiques :
– diminution du nombre des
mélanocytes fonctionnels ;
– diminution du nombre de
mélanosomes synthétisés dans les
mélanocytes et de leur
transfert aux kératinocytes ;
– destruction des membranes
des organites des mélanocytes.
Aucune de ces anomalies n’a
été retrouvée dans les kératinocytes,
ce qui était en faveur d’une
action spécifique sur le mélanocyte.
Par la suite, d’autres études
ont confirmé les propriétés
dépigmentantes du 4-S-CAP,
dont l’action s’exerce de façon sélective
sur les mélanocytes
fonctionnels, sièges d’une synthèse active de
mélanine, et dans lesquels ils
agissent comme substrat de la
tyrosinase. Néanmoins, il
était associé deux effets secondaires
majeurs : d’une part une
irritation de la peau, d’autre part une
interaction du 4-S-CAP avec la
tyrosinase mais aussi avec la
monoaminoxydase, entraînant la
formation d’un aldéhyde
cytotoxique [30].
Pour pallier ce type
d’inconvénients, la synthèse de dérivés à partir
de cet agent a été réalisée et
il semble que le N-acétyl-4-S-CAP soit
le plus efficace [17]. Celui-ci se comporte comme
un substrat
uniquement pour la tyrosinase
et affecte seulement les mélanocytes
synthétisant la mélanine de
façon active. Son mécanisme d’action
exact est encore peu connu.
La destruction des cellules de
mélanome par les analogues soufrés
de la tyrosine s’effectuerait
par le biais d’un effet cytostatique
spécifique (inhibition de la
synthèse d’ADN), suivi d’un effet
cytotoxique du fait d’un
stress oxydatif dû à l’oxydation de
l’analogue soufré médié par la
tyrosinase [33].
Le N-acétyl-4-S-CAP est
facilement oxydable et par conséquent
instable en tant qu’agent
topique. Pour pallier cela, un dérivé plus
stable a été synthétisé, le
N-2,4-acétoxyphényl thioéthyl acétamide,
qui est converti en
N-acétyl-4-S-CAP après application au niveau de
la peau. L’étude réalisée par
Jimbow et al montrait en microscopie
optique une diminution du
nombre des mélanocytes fonctionnels,
une diminution des mélanosomes
transférés aux kératinocytes et
une détérioration sélective
des mélanocytes [15].
Malgré tout, il s’agirait d’un
effet plutôt cytostatique que
cytotoxique, puisque la
dépigmentation obtenue dans la peau et sur
les cheveux est réversible.
Le N-acétyl-4-S-CAP est un
produit performant, rapidement soluble
dans l’eau et de faible
toxicité dans les expérimentations animales.
Il n’entraîne pas de
dépigmentation permanente de la peau car il
n’agit que sur les mélanocytes
fonctionnels.
Les doses létales moyennes de
4-S-CAP et de N-acétyl-4-S-CAP sont
respectivement de 400 mg/kg et
1 400 mg/kg.
Des cas d’inefficacité dans le
mélasma ont été rapportés dans une
étude à la présence d’une
mélanose dermique avec mélanophages
dermiques.
Néanmoins, l’intérêt de ce
type de préparation est qu’il paraît plus
sûr que l’hydroquinone et ses
dérivés dans le traitement des
hyperpigmentations
épidermiques [17].
AUTRES AGENTS COURAMMENT
EMPLOYÉS
¦ Acide rétinoïque
Il semblerait que l’acide
rétinoïque puisse agir à différents niveaux
en ce qui concerne les
hyperpigmentations épidermiques.
En effet, cet agent possède la
propriété d’inhiber la synthèse des
mélanines, très probablement
par une action directe sur les
mélanocytes. L’étude de Roméro
et al [34] a montré que la stimulation
par les ultraviolets (UV)B de
l’activité enzymatique et de la synthèse
de tyrosinase était inhibée
par les rétinoïdes.
Par ailleurs, l’acide
rétinoïque est capable de stimuler le transfert
des mélanosomes vers les
kératinocytes et d’accélérer le turnover
épidermique entraînant une
augmentation de l’élimination des
mélanines [11]. Ce mécanisme d’action
intervient, en particulier, dans
les hyperpigmentations liées à
une dyskératinisation (ichtyoses,
acanthosis nigricans), qu’il
soit utilisé sous forme topique ou en
prise orale.
Initialement, l’acide
rétinoïque était utilisé en association avec
l’hydroquinone dont il
facilitait la pénétration épidermique et qu’il
protégeait des phénomènes
oxydatifs. Ainsi, Pathak et al [32]
rapportaient d’excellents
résultats chez des patients porteurs d’un
mélasma épidermique ou mixte,
traités par une association
comportant 2 % d’hydroquinone
et 0,05 ou 0,1 % d’acide rétinoïque
en solution hydroalcoolique.
Par la suite, l’acide
rétinoïque a prouvé son efficacité en
monothérapie dans différents
tableaux d’hyperpigmentation
épidermique.
En ce qui concerne le mélasma,
Griffiths et al ont été parmi les
premiers à démontrer l’intérêt
de l’acide rétinoïque, dans une étude
randomisée portant sur 38
femmes présentant un mélasma du
visage. À la fin du
traitement, 13 des 19 patientes traitées par
application quotidienne
d’acide rétinoïque à 0,1 % montraient une
amélioration clinique
significative confirmée par l’examen
colorimétrique et par
l’histologie, mettant en évidence une
diminution du pigment
épidermique [11].
Les effets secondaires
associés à l’acide rétinoïque topique sont
fréquents mais minimes,
souvent à type d’irritation avec érythème
et, parfois, desquamation
modérée.
D’autres études ont été
réalisées, soulignant l’intérêt de l’acide
rétinoïque topique à 0,1 %
dans le mélasma, en particulier chez des
sujets à peau noire ou
asiatiques [5, 20]. Bulengo-Ransby et al ont
étudié de façon randomisée
l’effet de cet agent chez des patients à
peau noire présentant des
lésions postinflammatoires
hyperpigmentées. Après 40
semaines de traitement, les sujets traités
par acide rétinoïque
montraient un éclaircissement significatif des
lésions pigmentées avec, à un
degré moindre, un éclaircissement de
la peau normale.
L’acide rétinoïque topique a
également prouvé son efficacité dans le
traitement des lentigines
solaires et du vieillissement photo-induit,
mais aussi dans le traitement
des hyperpigmentations
postinflammatoires secondaires
à l’acné ou aux abrasions
cutanées [12].
En conclusion, l’acide
rétinoïque peut être utilisé seul ou en
association, en particulier :
acide rétinoïque 0,005 %, bétaméthasone
valériate 0,1 %, hydroquinone
2 % [10], ou plus récemment acide
rétinoïque 0,1 %, hydroquinone
5 %, hydrocortisone 1 % (utilisée à
raison de deux fois par
semaine pendant 4 semaines).
¦ Vitamine C
La vitamine C inhibe la
mélanogenèse en réduisant les métabolites
intermédiaires quinoniques de
cette voie métabolique. De plus,
l’adjonction de vitamine
éclaire la mélanine noire en réduisant les
mélanines oxydées.
La difficulté d’utiliser la
vitamine C résulte de son oxydation rapide
et de sa dénaturation en
solution aqueuse.
De ce fait, de nombreux esters
de la vitamine C ont été testés à visée
thérapeutique. Le L-ascorbate
phosphate de magnésium stable a été
utilisé en crème à 10 % pour
le traitement de différentes
hypermélanoses [18]. Une étude ouverte non
contrôlée a porté sur
34 patientes atteintes de
mélasma, de lentigos actiniques,
d’éphélides, de nævus de Ota
et sur 25 patientes indemnes de
troubles pigmentaires. Une
décoloration significative a été obtenue
chez 16 des 28 patientes
atteintes de mélasma ou de lentigos
actiniques. Sur la peau
japonaise saine, le produit testé a induit un
éclaircissement discret chez
deux patientes seulement.
L’acide ascorbique est
couramment associé à d’autres principes actifs
dépigmentants dans les
cosmétiques (Galénict, Quinodermt,
Trio Dt).
¦ Acide azélaïque
L’acide azélaïque est un acide
gras saturé à chaîne moyenne,
comportant neuf carbones.
Initialement, cette molécule a été
retrouvée au niveau des
lipides de surface présents dans les lésions
achromiques de pytiriasis
versicolor.
Son mode d’action est encore
mal connu ; il semblerait qu’il exerce
un effet inhibiteur sur la
tyrosinase. Différents mécanismes sont
proposés :
– l’acide azélaïque serait un
inhibiteur compétitif de la tyrosinase et
présenterait même des
constantes d’inhibition relativement
élevées [41] ;
– l’acide azélaïque exercerait
une action inhibitrice sur la
thioredoxine réductase, qui
est une enzyme membranaire, dont le
substrat est un inhibiteur de
la tyrosinase [36].
Il avait été suggéré que cette
action inhibitrice ne s’exerçait que sur
les mélanocytes hyperactifs ou
malins, d’où les expérimentations
initialement dans le lentigo malin.
En fait, cette action est très
controversée et il n’a pas été
prouvé que l’acide azélaïque était
capable d’agir sur les
cellules malignes. En effet, une étude réalisée
par Pathak et al [31] a montré que l’acide azélaïque
n’avait pas de
propriétés tumorostatiques ou
tumoricides et n’avait aucune action
sur la taille, la coloration
et la croissance des mélanomes.
Par la suite, son utilisation
a été proposée dans le traitement des
hyperpigmentations telles que
le mélasma. Différentes études ont
montré une réelle efficacité
et une bonne tolérance de l’acide
azélaïque en monothérapie dans
le mélasma, sous couvert d’une
photoprotection optimale par
écran total. L’inconvénient dans ce
type d’utilisation est le
délai de réponse souvent long. C’est
pourquoi des associations avec
l’acide rétinoïque et/ou les stéroïdes
topiques ont été proposées
pour accélérer le processus. Une étude
réalisée par Verallo-Rowell
montrait une augmentation de l’effet de
l’acide azélaïque lors de
l’association avec l’acide rétinoïque, par
action synergistique plutôt
qu’additive. Les patients présentant un
mélasma étaient traités
pendant 8 semaines avec cette association et,
à la fin du traitement,
environ 74 % présentaient de bons résultats.
Cette efficacité a été
confirmée par les mêmes auteurs dans une
étude portant sur 117 patients
traités durant 24 semaines [41].
L’association acide azélaïque
et hydroquinone a également montré
de bons, voire d’excellents,
résultats dans le traitement du
mélasma [31].
Malgré tout, certains
résultats semblent moins encourageants [7],
voire contradictoires, et des
études complémentaires s’avèrent
encore nécessaires.
En pratique, l’acide azélaïque
est utilisé comme agent dépigmentant
sous forme de crème à 20 %,
dont les formulations précises ne sont
pas réellement standardisées
et qui sont appliquées deux fois par
jour pendant plusieurs mois.
De bons résultats ont été
obtenus dans certains cas de mélasma,
hyperpigmentations
postinflammatoires, acropigmentation de
Kitamura, mais méritent d’être
confirmés. En outre, il n’a pas été
observé d’effet sur les
lentigines solaires, le lentigo simplex, les
verrues séborrhéiques
pigmentées ou les nævus nævocellulaires [25].
Certaines préparations
associent l’acide azélaïque à d’autres agents
dépigmentants comme l’hydroquinone,
la vitamine A acide et les
stéroïdes (cf supra).
¦ N-acétylcystéine (NAC)
Une étude contrôlée
droite-gauche contre placebo a évalué
l’efficacité d’une crème
contenant du NAC à 4,7 %, de
l’hydroquinone à 2 % et de
l’acétonide de triamcinolone à 0,1 %,
appliquée tous les jours
pendant 1 à 2 mois, chez 12 patientes
atteintes de mélasma [26].
Neuf des 12 patientes ont
obtenu un éclaircissement modéré ou
important sur le côté du
visage recevant le NAC, dans un délai de 4
à 8 semaines. Chez une dixième
patiente qui n’avait pas suivi les
consignes d’applications sur
l’hémiface, l’éclaircissement a été
observé des deux côtés. Chez
deux patientes qui avaient été
antérieurement en contact avec
l’hydroquinone, une irritation locale
survenant après 1 semaine a
conduit à l’arrêt prématuré du
traitement. Le patch-test à l’hydroquinone
pratiqué chez ces deux
patientes montrait une
réaction allergique.
Le mécanisme d’action de
l’action dépigmentante du NAC est mal
connu. Le NAC augmente la
concentration intracellulaire de
glutathion, ce qui, dans la
mélanogenèse, pourrait conduire à une
stimulation de l’eumélanine de
la peau. Le NAC et le glutathion
pourraient également inhiber
la tyrosinase en formant des
complexes avec le cuivre.
Enfin, le NAC et le glutathion pourraient
former un composé à forte
activité dépigmentante.
¦ Substances d’origine
végétale
Hétérosides flavoniques
La lutéoline ou mélanolysine
(artichaud, persil), la quercetine, le
kemférol, agissent d’une part
en bloquant le transfert des
mélanosomes des mélanocytes
vers les kératinocytes, d’autre part
en tant qu’inhibiteurs de la
tyrosinase.
La lutéoline se retrouve dans
la composition de plusieurs
cosmétiques dépigmentants :
Dermoclairt, Ethnodermt...
Les applications sont
biquotidiennes pendant au moins 3 mois, mais
l’efficacité est très modérée.
Hétérosides d’hydroquinone
Ils agissent en libérant
naturellement leur hydroquinone et sont
présents à l’état naturel dans
l’arbousier, l’airelle, la bruyère. Ils sont
contenus dans différentes
préparations commerciales (Quinodermt,
Dépidermt), mais l’efficacité reste à
prouver.
Acides organiques
L’acide acétique, mais surtout
les alpha-hydroxy-acides, avec en
particulier l’acide glycolique
(issu de la canne à sucre), présentent
un potentiel dépigmentant lié
principalement à leur effet exfoliant
par diminution de la cohésion
cornéocytaire.
Ces produits sont le plus
souvent utilisés sous forme de solutions
de peeling, mais entrent parfois
également dans la composition de
préparations dépigmentantes.
C’est le cas, par exemple, du
Mélanext qui associe hydroquinone et
alpha-hydroxy-acide.
Glabridine [43]
Elle est le constituant
principal de la fraction hydrophobique des
extraits de réglisse (Glycyrrhiza glaba). In vitro, elle inhibe la
tyrosinase des cellules du
mélanome murin B16 et n’a pas d’effet
détectable sur leur synthèse
d’ADN. L’application de glabridine à
0,5 % sur la peau du cobaye in
vivo inhibe la mélanogenèse et
l’érythème induit par les UVB.
L’effet anti-inflammatoire de la
glabridine in vitro est dû à
une inhibition de la production d’anions
superoxydes et à l’inhibition
des cyclo-oxygénases.
AGENTS PEU OU PAS UTILISÉS
¦ 4-isopropylcatéchol
(4-IPC) [2]
Des études histologiques ont
mis en évidence une action toxique
spécifique sur le mélanocyte,
responsable d’une dépigmentation par
le biais d’une perte de
mélanocytes fonctionnels. Le 4-IPC agirait
comme un substrat pour la
tyrosinase et serait oxydé en un dérivé
composé d’un radical libre
toxique. Celui-ci induirait une chaîne de
réaction de peroxydation des
lipides, entraînant une destruction des
membranes lipidiques de la
cellule.
Le 4-IPC est un agent très
actif dans le traitement des
hyperpigmentations. Néanmoins,
son utilisation est limitée en raison
de la fréquence des effets
secondaires. En effet, les complications le
plus fréquemment observées
sont l’irritation (érythème, brûlures,
desquamation),
l’eczématisation, le risque de dépigmentation en
« confetti » au niveau des
sites d’application et, dans certains cas, le
caractère définitif de la
dépigmentation.
Cet agent est utilisé à la
concentration de 1 à 3%, à raison d’une
application par jour. L’effet
thérapeutique survient à partir de la
troisième semaine de
traitement. La fréquence des récidives à l’arrêt
des applications justifie un
traitement d’entretien.
La principale indication du
4-IPC concerne le mélasma, après échec
des autres traitements
dépigmentants.
¦ Stéroïdes topiques
Le mécanisme d’action
responsable de l’effet dépigmentant des
corticostéroïdes topiques est
mal connu. En effet, non seulement ils
diminueraient l’activité des
mélanocytes jonctionnels, mais ils
pourraient également exercer
une action directe sur la synthèse de
mélanine, en inhibant la
production de cytokines ou de
prostaglandines par les
cellules de l’épiderme. Or, ces différents
médiateurs joueraient un rôle
dans la régulation de la mélanogenèse.
Les corticostéroïdes topiques
sont généralement utilisés en
association avec d’autres
agents dépigmentants, en particulier
l’hydroquinone ou l’acide
rétinoïque. La préparation de Kligman et
Willis [21] en est l’exemple principal et
représente une des
thérapeutiques les plus
efficaces pour les hyperpigmentations.
Néanmoins, les
corticostéroïdes topiques peuvent également être
utilisés seuls dans certains
cas d’hyperpigmentation épidermique.
Habituellement, on choisit
plutôt des produits de classe faible
comme le désonide à 0,05 % ou
le triamcinolone acétonide à 0,1 %.
Kanwar et al [19] ont étudié l’action du
clobétasol propionate à 0,05 %
chez dix patients présentant
un mélasma. Les applications étaient
biquotidiennes durant les 4
premières semaines, puis quotidiennes
les 4 semaines suivantes. Chez
sept de ces patients, il était noté une
amélioration de 80 à 90 %
après 6 à 8 semaines, mais pour quatre de
ces patients, les lésions sont
réapparues 2 à 3 semaines après l’arrêt
du traitement, avec retour à
l’état initial après 4 à 6 mois.
Un autre inconvénient de ce
type de traitement est la fréquence et la
gravité potentielle des effets
secondaires cutanés, en particulier le
risque d’atrophie et de
télangiectasies.
Par conséquent, l’utilisation
des corticostéroïdes topiques en
monothérapie est
contre-indiquée, même s’ils continuent à être
utilisés par la population
africaine comme agent de blanchiment
cutané.
¦ Acide kojique
L’acide kojique est un acide
aromatique qui a la propriété d’inhiber
l’activité cathécolase de la
tyrosinase [6]. C’est un produit qui a
l’avantage d’être stable sur
le plan pharmacologique. Une étude
menée par Garcia et al [9] a comparé l’action de l’acide
kojique et de
l’hydroquinone dans le
traitement du mélasma chez 39 patients. Une
préparation à base d’acide
kojique et d’acide glycolique était
appliquée sur un côté du
visage et une préparation associant
hydroquinone et acide
glycolique sur l’autre côté. En ce qui concerne
l’efficacité, il semblerait
que les deux produits soient équivalents ;
néanmoins, la préparation
comportant l’acide kojique paraît plus
irritante.
Plus récemment, une
préparation associant l’acide kojique et
l’hydroquinone est utilisée
aux États-Unis, mais aucun résultat n’est
encore disponible permettant
d’apprécier son intérêt comme
thérapeutique dépigmentante.
AGENTS DÉPIGMENTANTS EN COURS
D’ÉVALUATION
¦ Autres composés
phénoliques
L’arbutine est un
b-D-glucopyranoside naturel d’hydroquinone,
utilisé dans une préparation
commerciale (Depigmenten AHAt) en
association aux
alpha-hydroxy-acides.
¦ Composés soufrés
Le mercaptoéthylamine ou le
thiouracil présentent des propriétés
dépigmentantes liées à une
inhibition de l’activité enzymatique de
la tyrosinase [3].
Le halistanol trisulfate,
isolé à partir d’une éponge marine, inhibe à
des concentrations non
toxiques l’activité tyrosinase de cellules de
mélanomes humains (MM418), de
façon spécifique. En effet, il
inhiberait de façon spécifique
la maturation de la tyrosinase et les
autres enzymes mélanogéniques
ne seraient pas touchées par cet
agent [40].
¦ Mélanostatine,
feldamycine et analogues
Ces agents, connus pour leurs
propriétés dépigmentantes, ont été
étudiés essentiellement sur
des cellules de mélanomes de souris
B16 [14]. En ce qui concerne la
feldamycine, il semblerait que le
mécanisme d’inhibition soit
lié à des modifications survenant sur la
partie glucidique de la
tyrosinase ou sur une protéine essentielle à
l’expression de l’activité de
cette enzyme [38].
On ne retrouve pas d’étude
mentionnant l’utilisation de ces produits
en tant que thérapeutique
dépigmentante.
¦ 2-aryl-1,3-thiazolidine [24]
La capacité du
2-aryl-1,3-thiazolidine à inhiber la mélanogenèse a
été évaluée dans l’espoir de
développer un nouvel agent
dépigmentant cutané. Au terme
des investigations, il semblerait qu’il
inhibe la synthèse de mélanine
grâce à un mécanisme faisant
intervenir la capture de la
dopaquinone par une molécule résultant
du clivage de l’anneau de
thiazolidine. Le composé produit
(salcydopa) est hydrolysé.
En pratique, il n’a pas été
retrouvé de données concernant
l’utilisation de cette
molécule en clinique.
Conclusion
Actuellement, plusieurs
molécules ont prouvé leur efficacité dans le
traitement des hypermélanoses
épidermiques. C’est le cas notamment de
l’hydroquinone, de l’acide
rétinoïque, de l’acide azélaïque et du
N-acétyl-4-S-cystéaminylphénol.
Celles-ci peuvent être utilisées seules
ou en association, du fait de
la mise en évidence d’une synergie d’action
entre ces différents
produits. En effet, les niveaux d’action sur la
mélanogenèse diffèrent, avec,
pour certaines molécules, une action
directe sur le mélanocyte par
le biais d’une inhibition de la tyrosinase
(enzyme clé de la
mélanogenèse) et, pour d’autres, l’accélération de
l’élimination des mélanines,
par l’intermédiaire d’une stimulation du
transfert des mélanosomes ou
du « turnover » épidermique.
D’autres agents possèdent des
propriétés dépigmentantes, mais leur
mécanisme d’action est
souvent mal connu. Certains sont d’ores et déjà
proscrits ou réservés à des
indications précises, en raison de la fréquence
des effets secondaires
(irritation, sensibilisation, brûlures) ou du risque
de dépigmentation permanente
; d’autres font l’objet d’études en
laboratoire, ainsi qu’en
protocoles d’essais cliniques.
Néanmoins, malgré les
potentialités de ces diverses molécules,
l’efficacité d’une
thérapeutique dépigmentante reste sous-tendue par
une bonne appréciation
clinique du mécanisme physiopathologique
responsable de
l’hyperpigmentation.
Références
[1] Alena F, Jimbow K, Ito S. Melanocytotoxicity and
antimelanomaeffects
of phenolicaminecompoundsinmicein vivo.
Cancer Res 1990 ; 50 : 3743-3747
[2] Bleehen SS. The treatment of hypermelanosis with
4-isopropylcatechol. Br J Dermatol 1976 ; 94 : 87-94
[3] Bleehen SS, Pathak MA, Hori Y, Fitzpatrick TB.
Depigmentation
of skin with 4-isopropylcatechol, mercaptoamines,
and other compounds. J Invest Dermatol 1968 ; 50 :
103-117
[4] Bolognia JL, Sodi SA, OsberMP,Pawelek JM.
Enhancement
of the depigmenting effect of hydroquinone by cystamine
and buthionine sulfoximine. Br J Dermatol 1995 ; 133 :
349-357
[5] Bulengo-Ransby SM, Griffiths CE, Kimbrough-Green CK,
Finkel LJ, Hamilton TA, Ellis CN et al. Topical
tretinoin (retinoic
acid) therapy for hyperpigmented lesions caused by
inflammation of the skin in black patients (see
comments).
N Engl J Med 1993 ; 328 : 1438-1443
[6] Cabanes J, Chazarra S, Garcia-Carmona F. Kojic acid,
a cosmetic
skin whitening agent, is a slow-binding inhibitor of
catecholase activity of tyrosianase. J Pharm Pharmacol
1994 ; 46 : 982-985
[7] Duteil L, Ortonne JP. Colorimetric assessment of the
effects
of azelaic acid on light-induced skin pigmentation. Photodermatol
Photoimmunol Photomed 1992 ; 9 : 67-71
[8] Fitzpatrick TB, Eisen A, Wolff K, Freedberg I,
Austen K. Dermatology
in general medecine. New York : Raven Press,
1993
[9] Garcia A, Fulton JE Jr. The combination of glycolic
acid and
hydroquinone or kojic acid for the treatmernt of melasma
and related conditions. Dermatol Surg 1996 ; 22 : 443-447
[10] Gano SE, Garcia R. Topical tretinoin, hydroquinone
and
betamethasone valerate in the therapy of melasma. Cutis
1979 ; 23 : 239-2412
[11] Griffiths CE, Finkel LJ, Ditre CM, Hamilton TA,
Ellis CN,
Voorhees JJ. Topical tretinoin (retinoic acid) improves
melasma. A vehiclecontrolled, clinical trial. Br J Dermatol
1993 ; 129 : 415-421
[12] Griffiths CF, Goldfarb MT, Finkel LJ, Roulia V,
Bonawitz M,
Hamilton TA et al. Topical tretinoin (retinoic acid)
treatment
of hyperpigmented lesions associated with photoaging
in chinese and japanese patients: a vehiclecontrolled
trial. J AmAcad Dermatol 1994 ; 30 : 76-84
[13] Ho C, Nguyen Q, Lowe NJ, Griffin ME, Lask G. Laser
resurfacing
in pigmented skin. J Am Acad Dermatol 1995 ; 21 :
1035-1037
[14] Imae K, Karnachi H, Yamashita H, Okita T, Okuyama
S,
Tsuno T et al. Synthesis, stercochemistry and biological
properties of the depigmenting agents, melanostatin,
feldamycin
and analogs. J Antibiot 1991 ; 44 : 76-85
[15] Jimbow K. N-acetyl-4-S-cysteaminylphenol as a new
type
of depigmenting agent for the melanoderma of patients
with melasma. Arch Dermatol 1991 ; 127 : 1528-1534
[16] Jimbow K, Obata H, PathakMA,Fitzpatrick
TB.Mechanism
of depigmentation by hydroquinone. J Invest Dermatol
1974 ; 62 : 436-449
[17] Jimbow M, Marusyk H, Jimbow K. The in vivo
melanocytotoxicity
and depigmenting potency of N-2,4-
acetoxyphenyl thioethyl acetamide in the skin and hair.
Br J Dermatol 1995 ; 133 : 526-536
[18] Kameyama K, Sakai C, Kondoh S, Yonemoto K,
Nishiyama
S, Tagawa M et al. Inhibitory effect of magnesium
L-ascorbyl-2 phosphate (VC-PMG) on melanogenesis in
vitro and in vivo. J AmAcad Dermatol 1996 ; 34 : 29-33
[19] Kanwar AJ, Dhar S, Kaur S. Treatment of melasma
with
potent topical corticosteroids. Dermatology 1994 ; 188 :
170
[20] Kimbrough-Green CK, Griffiths CE, Finkel LJ,
Hamilton TA,
Bulengo-Ransby SM, Ellis CN et al. Topical retinoic acid
(tretinoin) for melasma in black patients. A
vehiclecontrolled
clinical trial. Arch Dermatol1994;130: 727-733
[21] Kligman AM, Willis I. A new formula for
depigmenting
human skin. Arch Dermatol 1975 ; 111 : 40-48
[22] Mosher DB, Parrish JA, Fitzpatrick TB.
Monobenzylether of
hydroquinone: a retrospective study of treatment of
18 vitiligo patients and a review of the literature. Br J Dermatol
1977 ; 97 : 669-679
[23] Nair X, Parab P, Suhr L, Tramposch KM. Combination
of
4-hydroxyanisole and all-trans retinoic acid produces
synergistic skin depigmentation in swine. J Invest Dermatol
1993 ; 101 : 5-9
[24] Napolitano A, D’ischia M, Prota G, Havens M,
Tramposch
K. 2-aryl-1,3 thiazolidines as masked sulfhydryl agents
for
inhibition of melanogenesis. Biochem Biophys Acta 1991 ;
1073 : 416-422
[25] Nazzaro-Porro M, Passi S, Zina G, Breathnach AS.
The
depigmenting effect of azelaic acid. Arch Dermatol 1990 ;
126 : 1649-1651
[26] NjooMD,MenkcH,Pavel S,WesterhofW.N-acetylcysteine
as a bleaching agent in the treatment of melasma. JEADV
1997 ; 9 : 86-87
[27] OrtonneJP. Lesagentschimiquesdépigmentants.AnnDermatol
Vénéréol 1986 ; 113 : 733-763
[28] Ortonne JP, Nordlund JJ. Mechanisms that cause
abnormal
skin color. In : Nordlund JJ, Boissy R, Hearing V, King
R,
OrtonneJP eds.Thepigmentarysystem.NewYork :Oxford
University Press, 1998 : 489-502
[29] PalumboA, D’ischiaM,MisuracaG,ProtaG.Mechanismof
inhibition of melanogenesis by hydroquinone. Biochem
Biophys Acta 1991 ; 1073 : 85-90
[30] Pankovich JM, Jimbow K, Iio S. 4-S-cysteaminylphenol
and
its analogues as substrates for tyrosinase and monoamine
oxidase. Pigment Cell Res 1990 ; 3 : 146-149
[31] Pathak MA, Ciganek ER, Wick M, Sober AJ, Farinelli
WA,
Fitzpatrick TB. An evaluation of the effectivness of
azelaic
acid as a depigmenting agent. J Invest Dermatol1985 ; 85 :
222-228
[32] Pathak MA, Fitzpatrick TB, Kraus EW. Usefulness of
retinoic
acid in the treatment of melasma. J Am Acad Dermatol
1986 ; 15 : 894-899
[33] Qiu L, Zhangi MA, Sturm R, Gardiner B, Tonks I, Kay
G,
Parsons P. Inhibition of melanin synthesis by cystamine
in
human melanoma cells. J Invest Dermatol 2000 ; 114 :
21-27
[34] Romero C, Aberdam E, Larnier C, Ortonne JP.
Retinoic acid
as modulator of UVB-induced melanocyte differentiation.
Involvementof themelanogenicenzymesexpression.J Cell
Sci 1994 ; 107 : 1095-1103
[35] Rustin GJ, Stratford MR, Larnont A, Bleehen NP,
Howeils N,
Watfa RR et al. Phase I study of intravenous
4-hydroxyanisole. Eur J Cancer 1992 ; 28A : 1362-1364
[36] Schallreuter KU, Wood JM. Azelaic acid as a
competitive
inhibitor of thioredoxin reductase in human melanoma
cells. Cancer Lett 1987 ; 36 : 297-305
[37] Smith CJ, O’Hare KB, Allem JC. Selective
cytotoxicity of
hydroquinone for melanocyte-derived cells is mediated by
tyrosinase activity but independent of melanin content.
Pigment Cell Res 1988 ; 1 : 386-389
[38] Terao M, Tomita K, Oki T, Tabe L, Gianni M,
Garattini E.
Inhibition of melanogenesis by BMY-28565, a novel
compound
depressing tyrosinast activity in B16 melanoma
cells. Biochem Pharmacol 1992 ; 43 : 183-189
[39] Thörneby-Andersson K, Sterner O, Hansson C.
Tyrosinasemediated
formation of a reactive quinone from the depigmenting
agents, 4-tert-butylphenol and 4-tert butylcatechol.
Pigment Cell Res 2000 ; 13 : 33-38
[40] Townsend E, Moni R, Quinn R, Parsons PG. Reversible
depigmentation of human melanoma cells by halistanol
trisulphate, a novel marine sterol. Melanoma Res1992 ; 1 :
349-357
[41] Verallo-Rowell VM, Sioson-Delos Reyes G. South East
Asian
experience with azelaic acid in melasma. Med Prog [suppl]
1993 ; 6 : 26-30
[42] Yang F, Sarangarajan R, Le Poole CE, Medrano E,
Boissy R.
The cytotoxicity and apoptosis induced by 4-tertiary
butylphenol in human melanocytes are independent of
tyrosinase activity. J Invest Dermatol 2000 ; 114 : 157-164
[43] Yokota T, Nishio H, Kubota Y, Mizoguchi M. The
inhibitory
effect of glabridin from licorice extracts on
melanogenesis
and inflammation. Pigment Cell Res 1998 ; 11 : 355-361