Introduction
Se maquiller les lèvres est un
geste très ancien, universel, qui fait
partie de la vie quotidienne
de nombreuses femmes. Les études de
marché montrent qu’il s’agit
du maquillage le plus utilisé par la
femme.
Il a plusieurs objectifs,
principalement mettre en valeur la bouche,
l’embellir, mais en fonction
des modes et des cultures, du moment
de la journée, le résultat
attendu sera différent.
Il s’oppose au maquillage du
teint pour deux raisons :
– la physiologie et l’anatomie
des lèvres sont très particulières ;
– l’attente est différente. L’utilisatrice
d’un maquillage des lèvres
recherche avant tout une
couleur, alors qu’elle souhaite
principalement une
uniformisation de son teint et un masquage des
imperfections dans le
maquillage du teint.
Mais pour être adopté par la
femme, en plus de la couleur, un
maquillage des lèvres doit
avoir une bonne tenue et être confortable.
Chaque femme a ainsi, à sa
disposition, de nombreux types de
produits pour mieux répondre à
sa demande.
Pour le médecin, le maquillage
des lèvres pose plusieurs questions :
quels sont les composants des
produits ? Sont-ils bien tolérés ? Quels
sont les critères de choix d’un
produit pour les lèvres ? Comment
sont-ils utilisés ? Quel est l’intérêt
des différentes galéniques ? Quels
sont les tests pratiqués avant
leur mise sur le marché ?
Il existe des soins des lèvres
qui ne sont pas maquillants. Nous n’en
parlons pas ici.
Historique [4]
Se maquiller les lèvres est un
geste très ancien qui a existé à toutes
les époques de l’Histoire.
Cléopâtre utilisait du henné et du carmin.
Une reine d’Ur écrasait des
roches rouges pour se maquiller les
lèvres. La femme de Néron
usait d’une recette à base de fucus et
d’ocre.
Avoir des lèvres rouges en
contraste d’un teint porcelaine est une
recherche perpétuelle pendant
de nombreux siècles. C’est un signe
de bonne santé. Le maquillage
des lèvres est alors une pâte colorée
fabriquée avec des grains de
raisin. C’est la raison pour laquelle le
bâton actuel de rouge à lèvres
s’appelle encore « raisin ».
À partir du siècle dernier, l’utilisation
de nouvelles matières
premières permet de lui donner
la forme de bâton que nous
connaissons actuellement.
Mais la formulation du
maquillage des lèvres n’arrête pas d’évoluer
avec l’apparition de nouvelles
textures et de nouvelles teintes.
Physiologie et
anatomie des lèvres
La partie maquillée par le
rouge à lèvres n’est pas la lèvre dans sa
totalité, mais uniquement le
vermillon qui est une semi-muqueuse.
Elle est bien limitée en avant
par la jonction cutanéomuqueuse.
Le vermillon est un épithélium
malpighien dépourvu de glandes
sébacées, donc très sensible
aux agressions et se fissurant facilement.
Les lèvres sont très mobiles
et sont sans cesse mouillées par la salive.
Le maquillage doit donc
résister à l’eau.
Les composants des produits
lèvres ne doivent pas être toxiques per
os, puisqu’ils risquent d’être
avalés partiellement au cours de la
journée, en particulier au
moment des repas.
Objectifs du maquillage
des lèvres
Pour comprendre les
contraintes de la formulation des produits
destinés aux lèvres, il est
nécessaire d’en connaître les objectifs [5]. Ils
sont au nombre de cinq.
FACILITÉ D’APPLICATION
L’application d’un rouge à
lèvres en stick se fait grâce à deux
phénomènes simultanés : une
abrasion mécanique lors du passage
sur les lèvres et surtout une
fusion du bâton à la température des
lèvres (32-33 °C) qui permet
son étalement comme du beurre ou du
chocolat fondu. Il doit être
doux et avoir un bon glissant pour rendre
la pose agréable.
COULEUR
La couleur doit être stable,
homogène, identique dans le tube et sur
les lèvres.
TENUE
Un maquillage des lèvres doit
rester en place. Le terme tenue intègre
deux notions : le transfert et
la durabilité du maquillage. Un rouge à
lèvres qui ne marque pas les
objets touchés par les lèvres est un
maquillage qui ne transfère
pas. Les progrès de la formulation ont
permis d’obtenir des formules
qui ont cette qualité. Le bâton Rouge
Baisert des années 1920 (brevet
Baudecroux, chimiste et
photographe) a d’ailleurs été
appelé ainsi parce qu’il revendiquait
d’être un rouge qui n’empêchait
pas d’embrasser. La durée d’un
maquillage des lèvres varie en
fonction de la galénique. En dehors
de toute prise alimentaire,
sans mimique trop importante, la durée
moyenne d’un rouge à lèvres
est de 3 à 8 heures.
CONFORT
Un maquillage des lèvres doit
s’oublier. Il ne doit ni diminuer la
souplesse ou la mobilité des
lèvres, ni créer une sensation de
tiraillement ou de sécheresse,
ni donner un mauvais goût dans la
bouche.
BRILLANCE
Un rouge à lèvres doit être le
plus souvent brillant. La brillance est
homogène. Il ne faut pas la
confondre avec l’existence de reflets qui
sont dus à d’autres
composants.
Concevoir un rouge à lèvres, c’est
déterminer le meilleur compromis
entre différentes propriétés
cosmétiques incompatibles deux à deux :
– tenue-confort. Une bonne
tenue nécessite un rouge adhérant aux
lèvres. Mais si l’adhésion est
très importante, un inconfort apparaît
avec une sensation de
tiraillement et de sécheresse ;
– brillance-tenue. La
brillance dépend de la quantité d’huile qui
entre dans la composition :
plus elle est importante, plus le rouge
est brillant. Un rouge trop
riche en huile tient moins bien.
Ainsi, concevoir un rouge à
lèvres est un art tout en nuance pour
trouver un équilibre entre des
propriétés « contraires ».
Composition du
maquillage
des lèvres [2, 5]
Nous parlons ici
principalement du maquillage en stick ; nous citons
aussi les autres formes
galéniques (cf infra).
La fabrication d’un stick comprend deux parties
principales : le corps
blanc (fig 1) et les pigments (fig 2). Nous parlerons ensuite des
additifs possibles.
CORPS BLANC
C’est la base du stick. Il est fait de l’association
de corps gras
(environ 85 %) et de charges.
Il doit être solide entre 4 et 30 °C, mais
doit pouvoir supporter des
variations thermiques importantes lors
de la fabrication (de 80-100
°C à –10 ou –20 °C) sans être dénaturé.
¦ Corps gras
Trois types de corps gras sont
toujours utilisés.
– Huiles. Elles sont liquides
à température ambiante. C’est le liant
de la préparation. Elles
donnent le glissant, la douceur à
l’application et la qualité du
film obtenu.
– Pâteux. Leur point de fusion
est compris entre 20 et 40 °C. Ils
permettent le fondant à l’application.
– Cires. Leur point de fusion
est entre 40 et 100 °C. Elles sont
nécessaires à l’obtention de
la forme du stick. Elles augmentent la
viscosité des huiles. Pour
avoir un stick dur, on choisit une cire à
point de fusion élevé ; pour
un stick
plus
souple, la cire sélectionnée
a un point de fusion plus bas.
Les matières premières
(huiles, pâteux et cires) possibles sont
nombreuses. Actuellement, la
tendance est d’utiliser de plus en plus
de produits de synthèse. Ce
choix permet d’avoir une qualité
constante, une meilleure
disponibilité industrielle, d’éviter le
rancissement et de répondre à
des impératifs écologiques.
Deux grands types de matières
premières sont utilisés :
– les composés hydrocarbonés
qui sont des substances naturelles
ou synthétiques ;
1 Matières premières d’un rouge
à lèvres.
*A
*B
2 Pigments contenus dans un
rouge à lèvres.
*A
*B
– les silicones, qui ont l’avantage
de présenter une palette très large
de structure : huiles, pâteux,
cires, huiles volatiles, gommes, résines,
etc.
¦ Charges
Elles permettent d’ajouter des
propriétés au corps blanc. De
nombreuses charges sont
possibles :
– le kaolin absorbe les huiles
;
– l’argile est gélifiant. Un
gélifiant évite la migration dans les rides
périlabiales ;
– la silice est gélifiante ;
– l’amidon matifie ;
– le talc diminue l’impression
de dureté à l’application ;
– le mica durcit le bâton et
donne des reflets ;
– les polymères absorbent les
huiles et apportent des propriétés qui
dépendent de leur structure
chimique.
PIGMENTS
Les pigments donnent la
couleur du maquillage. Ce sont des
poudres finement micronisées.
Leur répartition doit être homogène
au sein du corps blanc.
De très nombreux pigments sont
utilisés dans le maquillage des
lèvres, correspondant aux
nombreuses nuances colorées qui existent.
Ils sont de trois types :
– oxydes minéraux. Les oxydes
de fer donnent des couleurs qui
vont du rouge au noir en
passant par le jaune et le marron. L’oxyde
de titane est blanc. L’oxyde
de zinc (blanc) est employé plus
accessoirement ;
– laques organiques. Elles permettent
une plus grande diversité de
couleurs (bleu, jaune,
orange). Ce sont des colorants organiques au
départ en solution qui sont
précipités sur un support (souvent de
l’alumine) ;
– pigments purs. Ils sont
beaucoup plus rarement utilisés. Ils offrent
moins de possibilités.
ADDITIFS
Ils sont nombreux.
¦ Nacres
Les rouges à lèvres nacrés
sont actuellement à la mode. Ils
s’obtiennent par l’addition de
pigments interférentiels. C’est un
mélange de mica et de titane.
Le mica réfléchit la lumière, le titane
l’absorbe. Ces rouges donnent
des reflets variables en fonction de la
quantité respective de mica et
de titane.
¦ Actifs
Notre liste ne se veut pas
exhaustive, voici quelques exemples.
Ils revendiquent un rôle
traitant ou protecteur. Il peut s’agir de filtres
solaires, de vitamines (E, C,
B5 ou de leurs dérivés), d’aloé
vera, de
céramides ou d’allantoïne.
Certains laboratoires arrivent
à inclure des hydratants, en particulier
la glycérine, à un vrai rouge
à lèvres, alors que la plupart des bases
de soin ne maquillent pas.
L’eau apporte un effet frais
au moment de l’application, donne une
onctuosité et permet le
transport d’actifs hydrophiles.
¦ Conservateurs
Les rouges à lèvres sont des
corps gras. Le risque de contamination
microbiologique est donc très
faible. L’intégration d’un conservateur
n’est donc pas obligatoire.
¦ Antioxydants
Un antioxydant est en général
présent pour éviter le rancissement
des huiles.
¦ Parfums
Ils sont soit classiques, soit
alimentaires (vanilline par exemple). Ils
sont parfois absents, en
fonction des habitudes culturelles. Par
exemple, au Japon, les rouges
ne sont pas parfumés.
Différentes formes
galéniques
et conditionnements [2, 5]
Six formes galéniques de
maquillage des lèvres existent : les sticks,
les stylos, les pots, les
tubes ou gloss, les flaconnettes et les crayons.
STICKS
C’est le bâton de rouge à
lèvres classique ou raisin (fig 3).
Ce sont les plus fréquents,
puisqu’ils représentent 80 % de parts de
marché.
C’est la forme la plus facile
à appliquer. Elle permet un bon contour
des lèvres. Elle apporte en
général un bon confort et une bonne
tenue.
Elle s’utilise soit
directement sur les lèvres, soit avec un pinceau.
Nous avons vu sa composition.
Le diamètre du bâton est de 12
à 13 mm en général. La forme de
l’extrémité modifie la
facilité et le confort de l’application.
Actuellement, elle est le plus
souvent biseautée.
STYLOS
Ce sont aussi des bâtons,
souvent plus fins que les sticks classiques.
Leur boîtier est hermétique et
permet de mieux conserver des
produits à base de substances
volatiles, en particulier les silicones
volatiles. Il s’agit donc
principalement d’une astuce de présentation
pour certaines formules dites
« non transfert ».
POTS
Il s’agit d’un vrai maquillage
qui s’applique avec un pinceau.
Ils permettent de faire des
raccords, de mélanger des couleurs.
Certains fabricants proposent
de véritables palettes. L’utilisatrice
prépare sa couleur en
mélangeant les tons en fonction de son
humeur, de ses vêtements et du
moment.
Ils tiennent moins bien que
les sticks et nécessitent une réapplication
plus fréquente.
Ils donnent souvent une
sensation de « collant ».
3 Coulage du raisin d’un
rouge à lèvres.
TUBES OU « GLOSS » [1]
Ils sont souvent peu maquillant,
contenant des nacres ou des
paillettes.
Il s’agit donc plus d’un
additif. Souvent, ces produits ont une
mauvaise tenue. Leur pose est
peu pratique, au doigt. Le contour
obtenu est en général peu net.
Il faut se rincer les mains après
l’application.
Ils se conçoivent le plus
souvent pour une soirée.
FLACONNETTES
Ce sont des tubes avec un
applicateur mousse.
L’application est un peu plus
pratique, mais leur utilisation est
identique à celle des tubes.
CRAYONS
Ils sont moins gras que les sticks.
Il en existe deux sortes, en
fonction de leur diamètre :
– les crayons fins de 1 à 2mm
de diamètre. Ils sont principalement
utilisés pour souligner le
contour des lèvres ;
– les crayons larges de 5 à
8mm de diamètre. Les femmes s’en
servent alors pour le maquillage
proprement dit des lèvres. Ils sont
peu gras, ils sont donc peu
confortables, en général mats, mais
tiennent bien.
En conclusion, le grand choix
de textures et de présentation permet
de répondre à toutes les
demandes et surtout à chaque femme de
choisir la formule la mieux
adaptée à son désir et à ses besoins du
moment.
Comment tester un
maquillage
des lèvres [2, 5] ?
La réalisation d’un produit de
maquillage des lèvres est complexe,
nous l’avons vu. Les formules
se doivent donc d’être évaluées par
de multiples tests pour
vérifier leur innocuité et mesurer leurs
qualités cosmétiques avant
leur mise sur le marché.
Nous ne détaillons pas ici les
tests de conservation et d’innocuité
qui sont impératifs, mais qui
ne présentent pas de particularité par
rapport aux autres produits
cosmétiques. De même, tous les
produits se doivent de subir
des tests d’usage sous contrôle
dermatologique pour vérifier
leur bonne tolérance.
Deux types de tests sont
réalisés : des tests in vitro et des tests
d’évaluation sensorielle
auprès de panels d’experts (analyse
sensorielle) et de groupes de
consommatrices (tests publics). Il
n’existe pas de
standardisation d’un laboratoire à l’autre, chacun a
ses propres méthodes de tests
; nous ne donnons ici que des
principes généraux. Le
matériel et les méthodes utilisés sont propres
à chaque laboratoire.
TESTS IN VITRO
Plusieurs tests sont
systématiquement pratiqués.
¦ Brillance du film
Cette épreuve teste la
propriété de réflexion du film.
¦ Tenue
Il s’agit d’une épreuve de
résistance à l’abrasion et à l’usure après
application sur un support.
¦ Stabilité thermique
Il est important qu’un rouge à
lèvres ne coule pas dans le tube. Ces
tests le vérifient.
¦ Comportement dans le
tube
Le rouge à lèvres est contenu
dans un tube qui impose des
contraintes mécaniques au
bâton. La résistance du rouge à ces
contraintes est testée par des
tests de cisaillement, de fragilités
dynamique et statique (fig 4, 5).
TESTS IN VIVO
¦ Analyse d’image
Après application, l’image du
film obtenu est analysée pour
apprécier sa qualité, l’homogénéité
de la couleur et sa tenue après
différentes épreuves.
¦ Tests d’évaluation
sensorielle
Le maquillage des lèvres est
destiné à des utilisatrices qui doivent
être satisfaites. C’est la
raison pour laquelle les grands laboratoires
de cosmétiques réalisent
systématiquement des évaluations
sensorielles pour vérifier, en
utilisation réelle, les qualités de leurs
produits.
Ces tests prennent en compte
de nombreux critères :
– au moment de l’application :
le glissant et la facilité d’application
du maquillage ;
– la tenue ;
– le confort ;
– la qualité de la couleur (fig 6).
4 Test de dureté d’un
rouge à lèvres.
5 Test de fragilité d’un
rouge à lèvres.
6 Mesure de la couleur
d’un rouge à lèvres.
Les critères étudiés varient
en fonction du type de produit testé.
Leurs résultats sont très
importants dans l’évaluation d’une formule
et amènent parfois le
formulateur à la modifier.
AUTRES TESTS
Ils dépendent des
revendications supplémentaires éventuelles de
chaque produit.
L’hydratation d’une formule
est testée si elle est revendiquée.
Il en est de même d’une
protection solaire par exemple.
Évolutions
Au cours des années, le
maquillage des lèvres s’est progressivement
modifié. Deux grands progrès
sont survenus grâce aux recherches
des formulateurs.
– Il existe actuellement des
maquillages des lèvres qui donnent un
maquillage de qualité et qui
apportent en plus un soin traitant. Nous
citons, par exemple, l’existence
de rouges à lèvres hydratants par
l’intégration de glycérine
dans la formule.
– Concilier les antagonismes.
En utilisant des technologies de
mélange originales, il est
possible, pour certains laboratoires,
d’intégrer une quantité plus
importante de cires qui apportent une
meilleure adhésion sur les
lèvres, donc une meilleure tenue, avec
une brillance très importante.
La formulation est un
véritable art et grâce à l’ingéniosité des
chercheurs en cosmétique, de
vrais progrès sont ainsi réalisés.
Conclusion
Le maquillage des lèvres est
pour chaque femme un moment d’intimité
et de plaisir. Depuis l’Antiquité,
de nombreux progrès ont été réalisés
et, aujourd’hui, la très
large gamme de produits permet à chacune de
trouver son bonheur à chaque
moment de la vie.
Formuler un maquillage des
lèvres est une véritable science qui repose
sur une bonne connaissance
des substances qui le composent. Leur
choix judicieux permet de
répondre au mieux aux besoins et aux désirs
des utilisatrices.
Mais la qualité de ce geste
séduisant et futile repose sur une vraie
recherche et des tests
extrêmement sérieux et scientifiques avant toute
mise sur le marché. Ainsi, l’éphémère
repose sur de vraies fondations.
Références
[1] Goode S. Lip glosses. Cosmet Toilet 1977 ; 92 : 28-38
[2] Maruszewski A. Steps in developing a modern
lipstick. Am Perfum Cosmet 1967 ; 82 : 37-40
[3] Mitsui T. New lipsticks and rouge. In : New cosmetic
science. Amsterdam : Elsevier, 1998 :
385-388
[4] Ragas MG, Kozlowski K. Read my lips. A cultural
history of lipstick. San Francisco : Chronicle
books, 1998
[5] Wilkinson JB, Moore RJ. Coloured make-up
preparations. Lipstick. Chapitre 19. In : Harry’s
cosmeticology. New York : Longman, 1998