Maquillage des yeux

Introduction
Les produits de maquillage des yeux sont utilisés depuis des
millénaires et font partie des produits les plus vendus en cosmétique
décorative (fig 1). Leur rôle est de mettre en valeur les yeux qui sont
le centre du visage.
La région oculaire est une zone fragile car la fonction barrière de la
peau y est plus faible qu’en d’autres endroits de l’enveloppe
cutanée. De plus, c’est une région très sensible car fortement
innervée. Elle est limitée à l’extérieur par la patte-d’oie, au-dessus
par les sourcils et au-dessous par la paupière inférieure.
Les produits de maquillage des yeux regroupent des produits très
hétérogènes en termes de texture, mais tous doivent satisfaire à des
exigences majeures : une parfaite innocuité assurant une tolérance
optimale et une bonne tenue sur une zone de peau (ou des cils) sans
cesse en mouvement.
Les compositions de maquillage des yeux peuvent se présenter sous
des formes multiples : liquide (fards à paupières, eye-liners) (fig 2),
émulsion pâteuse, solide (fards à paupières coulés, mascaras cakes,
eye-liners cakes).
Historique [2, 14]
Le maquillage des yeux est très ancien puisqu’il apparaît dès
l’ancien Empire égyptien (3 000 ans av J-C), sous forme de fards
verts et noirs, appelés khôls. Appliqués à l’aide de bâtonnets autour
de l’oeil, ce sont les ancêtres de nos eye-liners et de nos crayons khôls
d’aujourd’hui, à la composition près.
Des investigations analytiques récentes sur 49 flacons du musée du
Louvre (fig 3) ont permis d’en identifier les composants :
Bertrand Piot : Docteur en pharmacie, directeur du laboratoire de développement du maquillage des yeux
de l’Oréal.
Laboratoire L’Oréal, 188, rue Paul-Hochart, BP 553, 94152 Chevilly-Larue cedex, France.
– dérivés de plomb : galène de façon prépondérante, mais aussi
lamonite et phosgénite (pour leurs vertus thérapeutiques) ;
Yeux 24 %
Ongles 12 %
Lèvres 26 %
Visage 38 %
1 Part de marché en valeurs des produits de maquillage en France en 1998 (visage,
lèvres, yeux, ongles) (source Euromonitor).
Ombres à paupières
24 % Divers 1 %
Eye-liners
22 %
Mascaras 53 %
2 Part de marché en valeurs des produits de maquillage des yeux en France en 1998
(ombres à paupières, eye-liners, mascaras, divers) (source Euromonitor).
.
– cérusite et malachite, pour manier la couleur ;
– lipides insaturés sous forme d’acides gras et d’esters comme
liants.
Il faut attendre la fin du XIXe siècle et le début du XXe pour voir
imposer l’interdiction des dérivés de plomb dans les produits
alimentaires et les fards cosmétiques.
Quant aux premiers mascaras, il semble qu’à Carthage, les femmes
utilisaient un mélange composé de musc, d’ébène et de pattes de
mouches écrasées pour allonger les cils.
Les premiers mascaras sous forme de pain, que l’on émulsionnait à
l’eau à l’aide d’une brosse, sont apparus au début du XXe siècle, et le
premier mascara en applicateur automatique (une vis faisant office
d’applicateur), en 1957 chez Héléna Rubinstein. Depuis, les brosses
se sont largement diversifiées.
Mascaras [12]
DÉFINITION
Ce sont des produits cosmétiques destinés à être appliqués sur les
cils dans le but d’en modifier l’aspect en les colorant, les
épaississant, les recourbant, les allongeant, les séparant. Les
préparations cosmétiques sont déposées à l’aide d’un applicateur,
généralement une brosse, qui concourt aussi à l’effet recherché.
DIFFÉRENTES CLASSES DE MASCARAS
Selon la formulation et leur composition, on distingue dans les
mascaras commercialisés actuellement quatre grandes classes.
¦ Mascaras crèmes
Ce sont de loin la majorité des mascaras vendus. Ce sont des
émulsions de cire dans l’eau, dans lesquelles des pigments sont
dispersés. La phase aqueuse de ces émulsions contient des
polymères hydrophiles ou hydrodispersibles et des adjuvants
classiques (conservateurs, émollients, etc). Ces émulsions sont
stabilisées par des tensioactifs. S’ils ont une tenue limitée à l’eau,
ces produits présentent l’avantage d’être facilement démaquillables
avec des lotions démaquillantes aqueuses ou avec de l’eau et du
savon.
¦ Mascaras waterproof
Deuxième classe de produits par fréquence d’utilisation, ces
mascaras sont formulés généralement en émulsion eau dans l’huile.
La phase huileuse continue est constituée de liquide volatile gras de
faible poids moléculaire ou d’huiles de silicone gélifiées par des
argiles, dans lequel sont dispersés des pigments. Des émulsionnants
doux peuvent être utilisés pour stabiliser la phase aqueuse
(dispersée). Ce type de mascara a une moindre propension à être
contaminé par des micro-organismes. Néanmoins, l’utilisation de
conservateur est nécessaire. Les mascaras waterproof ont, comme leur
nom l’indique, une meilleure résistance à l’eau (larmes, baignade)
que les mascaras crèmes. En revanche, ils nécessitent l’utilisation
d’un démaquillant spécifique qui a tendance à laisser un film gras
sur la paupière.
¦ Mascaras gels
Cette classe de mascaras, comme la suivante, est plus anecdotique.
Ce sont généralement des gels aqueux dans lesquels sont dispersés
ou non des pigments. Ce type de mascara donne un maquillage des
cils très naturel.
¦ Mascaras pains
Ce sont les plus anciennement connus. Ils sont composés de corps
gras (cires ou alcool gras) solides à température ambiante, dans
lesquels ont été dispersés à chaud des pigments et des savons. Ils
sont très peu utilisés actuellement.
CARACTÉRISTIQUES COSMÉTIQUES RECHERCHÉES
Le formulateur a à sa disposition un nombre important de matières
premières qu’il utilise et associe en fonction des caractéristiques de
maquillage des cils recherchées.
Les femmes ont ainsi le choix entre des mascaras qui épaississent
les cils, qui les allongent, qui les recourbent, en version waterproof
ou non waterproof. Ce sont ces propriétés cosmétiques qui
caractérisent et hiérarchisent les mascaras d’une gamme.
Les mascaras volumateurs (ou épaississants, ou étoffants) sont les
mascaras les plus vendus aujourd’hui, suivis par les mascaras
allongeants, puis par les mascaras recourbants et les mascaras
traitants.
MATIÈRES PREMIÈRES ENTRANT DANS
LA COMPOSITION DES MASCARAS [17]
Les mascaras, parce qu’ils peuvent entrer en contact avec l’oeil,
nécessitent un travail de formulation spécifique.
La difficulté réside dans la recherche d’une tolérance optimale tout
en réalisant des produits dont les qualités cosmétiques sont sans
cesse améliorées. Ce travail est maximalisé pour les formules
destinées aux yeux sensibles [5].
Le formulateur choisit les matières premières en fonction des lois en
vigueur dans les pays destinés à leur commercialisation. Les
ingrédients destinés à la région oculaire font l’objet des
réglementations les plus contraignantes dans le domaine du
maquillage, ce qui limite le nombre de matières premières
utilisables.
D’autre part, un tri sévère est effectué après examen sur des données
toxicologiques, physicochimiques et bactériologiques.
C’est ainsi que des allergènes connus ont été complètement retirés
de la formulation des mascaras (colophane, Cl+ me isothiazolinone
[kathon CGt]). D’autres, comme les conservateurs libérateurs de
formol, les bases volatiles comme la morpholine, sont l’objet d’une
utilisation restreinte car ils peuvent être à l’origine de réactions
d’intolérance [6, 7].
Les matières premières utilisées pour la réalisation des mascaras
sont des corps gras solides, des polymères, des tensioactifs, des
pigments, des conservateurs et d’autres ingrédients divers.
3 Fard égyptien (Senynefer
Hatchepsout) (crédit
photo : réunion des Musées
nationaux).

¦ Corps gras
Ils constituent la phase huileuse de l’émulsion. Pour les mascaras,
les corps gras solides ou cires sont généralement les seuls utilisés.
Les cires, dans les mascaras crèmes, représentent environ 20 % de la
formule fraîche et 45 % environ du film sec. Ces cires confèrent aux
cils un effet d’épaississement et de rigidification. Leurs propriétés
d’adhésion et de cohésion concourent à l’effet de recourbement.
Les cires les plus utilisées sont d’origine naturelle et choisies en
fonction de leur dureté et de leur polarité : cire d’abeilles, cire de
carnauba, cire de candelilla, paraffine, cérésine, l’ozokérite, cire
microcristalline.
D’autres cires peuvent être utilisées, comme la cire de riz ou les
esters à longue chaîne (huile de jojoba, huile de ricin hydrogénée).
¦ Tensioactifs [11]
Le rôle du tensioactif utilisé pour la formulation des mascaras est
double. Il assure d’une part le rôle d’émulsifiant et d’autre part, il
aide à la dispersion des pigments.
Pour des raisons de tolérance avec la sphère oculaire, les tensioactifs
cationiques ne sont pas utilisés. On leur préfère les tensioactifs non
ioniques : stéarate de glycérol, stéarate de glycérol oxyéthyléné,
polysorbate, sucrose stéarate, ou des savons doux de type stéarate
de triéthanolamine. Ces derniers restent les agents de surface les
plus utilisés pour la formulation des mascaras crèmes (ou cakes).
¦ Polymères [10]
C’est une classe très large de matières premières utilisée comme
agent de consistance (gélifiant) ou agent filmogène. Par leurs
propriétés filmogènes, les polymères augmentent la cohésion du film
de mascara sur les cils. Par leurs propriétés rhéologiques, ils
facilitent l’application du mascara sur le cil et participent à la mise
en forme du cil (effet d’allongement et/ou de recourbement).
Polymères hydrodispersibles d’origine naturelle végétale
Gomme arabique : elle est constituée de polysaccharides. Hormis
son rôle de stabilisant et de dispersant, elle a des propriétés
d’adhésion recherchées pour la formulation des mascaras.
Dérivés de cellulose : l’hydroxyéthyle est un dérivé de la cellulose
non ionique très soluble dans l’eau. Il est utilisé comme liant, comme
stabilisant et filmogène. Son pouvoir gélifiant augmente avec le
poids moléculaire.
Autres polymères hydrophiles utilisés : la gomme xanthane, les
dérivés de la kératine, des protéines végétales, des chitosanes.
Polymères hydrodispersibles de synthèse
Anioniques : du type polycarboxylique ou acrylique, ces polymères
donnent des films durs et rigides utilisés pour le maintien et la mise
en forme du cil.
Cationiques : ce sont, soit des polymères d’hémisynthèse d’origine
naturelle comme les celluloses ou les chitosanes, soit des polymères
de synthèse comme les copolymères vinyliques quaternisés. Leur
intérêt réside dans leur affinité pour le film kératinique.
Non ioniques : la polyvinylpyrrolidone, l’alcool polyvinylique
polyuréthane (en dispersion) ont un pouvoir filmogène très
important, mis à profit pour augmenter la tenue des mascaras.
Si l’utilisation des polymères permet d’atteindre les qualités
cosmétiques souhaitées, il convient de rester prudent sur leur choix
et de retenir les références dont la teneur en impuretés est la plus
faible possible.
Agents viscosifiants non polymériques
Les argiles comme la bentone peuvent être utilisées pour gélifier les
solvants utilisés dans les mascaras waterproof.
¦ Agents colorants [6, 7]
Les agents colorants utilisés pour la région oculaire sont soumis à
des contraintes réglementaires variant selon les pays de
commercialisation. Ce nombre de matières premières colorantes
utilisables dans les formules de maquillage des yeux est très faible,
comparé aux autres produits de maquillage.
Globalement, les législations sont basées sur un même principe : les
colorants sont en général interdits. Seuls sont autorisés les pigments
et laques entrant dans une liste positive.
On appelle pigment tout composé colorant solide insoluble dans le
milieu dans lequel il est dispersé.
Les pigments minéraux sont les plus utilisés.
Oxydes de fer
Ils sont obtenus par réduction de l’oxyde ferrique ou oxydation du
sulfate ferreux et traitement thermique. Ils comprennent :
– oxyde de fer noir (color index [CI] : 77422) ; c’est de loin le pigment
le plus utilisé dans le monde pour les mascaras ;
– oxyde de fer jaune ou oxyde ferrique hydraté (CI : 77492) ;
– oxyde de fer rouge ou oxyde ferrique (CI : 77491).
Bleus d’outremer (CI : 77007)
Ce sont des sulfosilicates d’alumine sodée. Les nuances peuvent
aller du bleu au rose en passant par le violet.
Oxydes de chrome
– Oxyde de chrome anhydre ou sesquioxyde de chrome. C’est un
pigment de nuance vert olive, obtenu par réduction de sels de
chrome (CI : 77288).
– Oxyde de chrome hydraté. C’est un pigment vert turquoise (CI :
77289).
Les oxydes de chrome sont moins utilisés du fait du risque d’allergie
au chrome.
Violets de manganèse
Ce sont des phosphates ou pyrophosphates de manganèse et
d’ammonium (CI : 7774).
Ces pigments violets ont une bonne stabilité en milieu acide, mais
sont instables en milieu alcalin. Leur pouvoir colorant est assez
faible.
¦ Conservateurs
Leur rôle est de détruire les micro-organismes qui pourraient se
trouver dans le produit. Lors de l’utilisation du produit, des germes
se trouvant sur les cils peuvent être introduits par l’intermédiaire de
la brosse dans le container. C’est pourquoi le choix du système
conservateur doit être approprié et suivre les règles suivantes [8] :
– avoir le spectre antimicrobien le plus large possible ;
– contenir la dose nécessaire et suffisante pour obtenir un effet
biocide ;
– avoir une bonne connaissance physicochimique des conservateurs
et du milieu pour éviter les interactions et favoriser leur activité ;
– prendre en compte les critères d’innocuité (éviter ou minimiser la
teneur des conservateurs connus pour leur pouvoir allergisant ou
irritant) ;
– être validé par des tests biologiques (challenge tests).
Les conservateurs les plus utilisés sont les parabens, le
phénoxyéthanol, l’imidazolidinyl urea, l’acide déhydroacétique.

ARTICLE DE CONDITIONNEMENT
Pour les mascaras, c’est un objet très technique car :
– il doit assurer la bonne conservation de la formule en assurant un
système clos avant la première utilisation et entre deux utilisations ;
– il doit contenir un applicateur pour mettre en forme le cil tout en
permettant un dépôt régulier du produit et aboutir au maquillage
désiré (brosse).
Les mascaras modernes ou mascaras automatiques sont, depuis le
milieu des années 1950, présentés en tube-applicateur.
Ces containers sont constitués de quatre parties (fig 4) :
– la bouillote, dans laquelle la formule est injectée ; elle est
surmontée d’un pas de vis mâle et peut être de forme très variée ;
– l’essoreur, qui est inséré dans la bouillotte et limite le diamètre de
l’orifice ; il a pour rôle d’essuyer la tige porte-brosse et de délivrer la
bonne quantité de mascara sur la brosse ;
– le capot porte-tige, sur lequel est montée la brosse ; il se visse par
un pas de vis femelle au container ;
– la brosse, qui ressemble à un écouvillon ; elle est réalisée en
insérant des poils dans une agrafe métallique qui est torsadée pour
les maintenir.
Ces derniers, après mise en place, sont taillés pour assurer la forme
définitive. Les brosses peuvent varier en fonction de la nature
(Nylont, Rilsant, ...), de la forme (section en « fer à cheval », en
« trèfle »...) et du nombre de poils, de la forme (brosse droite ou
courbe), de la section transversale (polygonale, circulaire...) et de la
section longitudinale de brosse (rectangulaire, triangulaire, ovoïde).
Tous ces paramètres mixés permettent de concevoir une multitude
de brosses et de faire varier les résultats du maquillage pour une
formule donnée.
IMPERMÉABILITÉ ET ÉTANCHÉITÉ DU CONTAINER
L’imperméabilité de la bouillotte aux éléments liquides et volatiles
de la formule est liée au choix des matériaux.
Pour les mascaras crèmes dont le solvant volatile est l’eau, les
matériaux de choix sont le polypropylène, le polyéthylène de haute
densité ou le mélange des deux. Ces matériaux se prêtent bien aux
techniques de fabrication des bouillottes : l’injection-soufflage. Le
plastique est injecté à chaud dans le moule, puis soufflé pour qu’il
épouse très fidèlement la paroi.
Pour les mascaras waterproof contenant des solvants volatils
organiques, le matériau le plus utilisé est le polychlorure de vinyle
(PVC).
L’étanchéité est assurée par l’essoreur qui fait joint entre la bouillotte
sur laquelle il est inséré et le capot-tige qui vient en son contact lors
de la fermeture. Le rôle de l’essoreur ne peut s’exercer que s’il y a
ajustement parfait entre ces trois éléments. Le matériau
généralement employé pour cette pièce est le polyéthylène haute
densité.
Eye-liners [12]
DÉFINITION
Les eye-liners sont des produits de maquillage destinés à être
appliqués sur les paupières supérieure et inférieure à la base des
cils. Le trait ainsi réalisé fait ressortir le regard en délimitant le
contour de l’oeil.
Les eye-liners actuels sont commercialisés sous forme liquide ou
solide. Les eye-liners liquides sont soit aqueux, soit waterproof. Ils
sont déposés sur la paupière à l’aide d’un embout feutre ou d’un
pinceau. Les eye-liners solides sont soit des cakes, soit des crayons.
CARACTÉRISTIQUES RECHERCHÉES
– Une innocuité parfaite, car c’est le produit cosmétique qui est
déposé le plus près de l’oeil.
– Une bonne tenue, car ces produits sont déposés sur une région
cutanée sans cesse en mouvement. D’autre part, en évitant le contact
de la formule avec l’oeil, le risque d’inconfort ou d’intolérance est
minimisé.
– Un séchage rapide, pour éviter le décalcage du produit sur la
partie fixe de la paupière lors du clignement de cette dernière.
– Une couvrance qui doit être suffisante.
– Pour les eye-liners liquides, le produit doit pouvoir s’appliquer
sur les paupières en un seul trait, sans avoir à remettre en contact la
plume ou le pinceau avec la formule.
FORMULATION DES EYE-LINERS LIQUIDES
Afin de répondre aux caractéristiques énoncées, les eye-liners
liquides sont très peu épaissis. Pour ce faire, les gélifiants employés
sont généralement des argiles (bentone, silicate d’aluminium et de
magnésium).
Afin de garantir les qualités de tenue, on y adjoint des polymères
filmogènes. Ce sont ceux que l’on utilise dans la formulation des
mascaras. Les pigments utilisés sont les mêmes que pour les
mascaras. Leur taux est proche de 20 %. Les autres ingrédients sont
les adjuvants classiques de formulation.
Fards à paupières [3, 15]
Ce sont des produits de maquillage destinés à être appliqués sur la
partie mobile et fixe de la paupière supérieure. Leur rôle est de
rehausser la couleur des yeux, la forme et le relief de la paupière.
Ils sont commercialisés sous forme de poudre compacte, de poudre
coulée, d’émulsion ou de gel. Destinés à être appliqués près des
yeux, ils sont soumis aux mêmes contraintes réglementaires que les
mascaras.
FARDS À PAUPIÈRES COMPACTS
Ils se présentent sous forme de poudre compactée lors du
conditionnement dans des coupelles.
Une poudre cosmétique est constituée de poudres blanches
(charges), de pigments colorés, de corps gras et de conservateurs.
4 Composantes d’un applicateur de mascara. 1. Capot portetige
; 2. essoreur ; 3. brosse ; 4. bouillotte.

¦ Charges
Les charges (50 à 70 % de la formule) sont utilisées pour leur facilité
à se compacter, pour leur dureté, pour leur couvrance, pour leur
pouvoir lubrifiant, pour leur capacité à absorber le sébum.
Elles sont, soit d’origine minérale (talc, mica, kaolin, carbonate de
magnésium), soit d’origine organique (amidon, savons métalliques,
poudre de polyéthylène ou de polyamide).
¦ Liants
Ils ont pour rôle de densifier la poudre et d’augmenter sa cohésion.
Liants lipophiles :
– les corps gras sont les agents liants les plus utilisés dans les
fards à paupières. Il peut s’agir de dérivés de lanoline, de vaseline
et d’huile de vaseline, de dérivés silicones (huiles, gommes),
d’huiles végétales, d’esters (myristate d’isoropyle) ayant de
bonnes propriétés solubilisantes, d’alcools gras ou de
triglycérides ;
– les polyols : glycérol, propylène glycol.
Liants émulsionnés. Dans les poudres cosmétiques, l’adjonction de
tensioactifs peut prévenir le phénomène de mottage.
Liants à sec. Les stéarates de zinc et de magnésium peuvent
remplir ce rôle.
Liants hydrophiles (sous forme de solution aqueuse). Il s’agit de
gommes (karaya, arabique) ou de produits de synthèse
(polyvinylpyrrolidone, méthylcellulose…).
¦ Pigments [6, 7]
Pigments blancs
Oxyde de titane (CI 77 891). L’oxyde de titane (TiO2) est caractérisé
par un haut indice de réfraction et une bonne stabilité physique et
chimique.
En formulation, l’oxyde de titane apporte de l’opacité (c’est le
pigment blanc le plus couvrant), mais n’est pas très doux et ne
s’étale pas bien. À l’inverse, il a tendance à bien adhérer.
Oxyde de zinc (CI 77 947). Il est utilisé pour son pouvoir couvrant.
Il est moins rêche que l’oxyde de titane et facilite davantage
l’étalement des fards.
Pigments colorés
Ce sont les mêmes que ceux utilisés pour la formulation des
mascaras.
Crayons
Le crayon est un produit cosmétique en vogue très populaire car il
est facile à utiliser, pratique et peu onéreux.
La production des crayons cosmétiques est obtenue par
l’introduction de mines spécialement formulées dans une enveloppe
(généralement en bois) qui, par la suite, est laquée et décorée.
La mine est obtenue par extrusion ou par coulage à chaud dans des
moules.
MINES EXTRUDÉES
Elles sont constituées d’une base cireuse (triglycérides fondant à
30-40 °C, corps gras hydrogénés saturés [60 °C], cires
microcristallines [80 °C]) qui constituent les deux tiers du total, le
tiers restant étant constitué de poudre.
MINES COULÉES
La phase cireuse est ici plus importante et représente environ 80 %
de la formule.
Elle est constituée de cires (carnauba, candelilla, cire d’abeilles). On
y ajoute aussi des huiles (huiles de paraffine, esters, triglycérides
liquides) pour la plastifier.
FABRICATION
La phase cireuse est chauffée au-dessus de son point de fusion et on
y disperse les pigments. Les pigments utilisés dans les crayons sont
les mêmes que ceux utilisés pour les autres produits de maquillage
des yeux.
Le produit est refroidi et pressé en pain, puis soit coulé, soit extrudé
pour obtenir la mine. Puis la mine est habillée, soit avec du bois
(voire du plastique), soit insérée dans des applicateurs automatiques
(porte-mines ou stylos).
Tests
Les nouvelles formules subissent, lors de leur élaboration, différentes
batteries de tests, afin de s’assurer qu’elles répondent aux critères
de qualité requis au plan de l’innocuité, des caractéristiques
cosmétiques et de la pureté bactériologique.
ÉVALUATION DE L’INNOCUITÉ
C’est une étape importante du développement d’un produit de
maquillage des yeux car il doit présenter toutes les garanties
d’innocuité et de confort pour être utilisé sur une zone fragile et
sensible qu’est la région périoculaire.
Avant la mise sur le marché, chaque formule est soumise à des tests
in vitro, puis à des tests d’utilisation in vivo.
¦ Tests in vitro
Une batterie de méthodes est aujourd’hui utilisée pour la sélection
des matières premières et la vérification de la bonne tolérance des
produits de maquillage, leur bonne compatibilité avec la zone
périoculaire et l’absence d’effet irritant pour l’oeil.
Parmi ces méthodes, on peut citer deux tests particulièrement
adaptés pour l’évaluation des mascaras : la diffusion cellulaire dans
un gel d’agarose et l’application sur peau reconstruite Episkint [13].
Ces méthodes sont particulièrement sensibles et sont mises en oeuvre
en comparant le ou les nouveaux produits à tester avec des produits
déjà connus.
Par exemple, un mascara formulé spécialement pour les femmes
ayant les yeux sensibles a été comparé à un mascara de composition
classique bien toléré (tableau I).
¦ Tests in vivo
Ces derniers sont des patchs tests simples ou répétés (pour
revendiquer l’hypoallergénicité) et des tests d’usage sous contrôle
ophtalmologique. La durée de ces derniers est d’environ 3 semaines.
Tableau I. – Résultats obtenus in vitro avec un mascara yeux sensibles
comparativement à un mascara classique et à un témoin irritant.
Peau reconstruite
Episkint
Perte de viabilité
cellulaire
(en %)
Gel d’agarose :
diamètre de lyse
cellulaire à 18 h en cm
Nouveau mascara yeux
sensibles
21,7 ± 2,74 0,8 ± 0
Mascara classique 87,7 ± 4,28 1,62 ± 0,15
Témoin positif 99,2 ± 3,11 3,41 ± 0,13

Un examen ophtalmologique est réalisé par le praticien avant
l’application du produit (examen clinique direct et sous lampe à
fente). Puis un examen équivalent est fait après utilisation du
produit à tester pour s’assurer de sa parfaite tolérance.
TESTS DE STABILITÉ
Leur but est de vérifier que le produit conserve ses qualités au cours
du temps, pendant le stockage ou lors de son utilisation.
¦ Stabilité physique
La formule et le produit fini sont mis en étuve à différentes
températures, afin de simuler un vieillissement accéléré. Le produit
est examiné à l’issue de ce test afin de contrôler qu’il garde bien un
aspect macroscopique et microscopique correct.
¦ Stabilité bactériologique
Pour s’assurer que les conservateurs jouent pleinement leur rôle, des
challenges tests sont effectués. Ils déterminent le pouvoir
antimicrobien d’une formule cosmétique. Ils consistent en une
contamination artificielle du produit par différents microorganismes,
suivie par des prélèvements à différents temps du
produit contaminé afin de dénombrer le nombre de microorganismes
restant dans celui-ci.
Ces tests sont réalisés juste après fabrication et après conservation
du produit pour s’assurer de la stabilité du système conservateur
dans le temps.
Références
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