Introduction
La dermatite atopique (DA) est
une dermatose en constante
augmentation ; 10 à 15 % des
enfants en sont affectés dans les pays
industrialisés [6]. La manifestation majeure est
l’inflammation cutanée
qui requiert l’utilisation de
dermocorticoïdes ; en revanche, la xérose
et la colonisation bactérienne
sont étroitement dépendantes des soins
d’hygiène et des cosmétiques
employés. En effet, chez le patient
atopique, l’utilisation de
savons et de shampooings détergents doit
absolument être évitée afin de
ne pas altérer la barrière cutanée,
alors que les émollients
appliqués régulièrement contribuent à
limiter les pertes hydriques
et à améliorer la cohésion cornéocytaire
[8, 9, 17]. Ce résultat est visible en thérapeutique, le
confort cutané des
patients étant objectivement
amélioré lorsqu’ils observent ces règles
simples. En outre, l’utilisation
dès le plus jeune âge d’un émollient
adapté limite probablement la
pénétration cutanée des atopènes et
donc le risque de
sensibilisation aux allergènes de l’environnement
comme les acariens, les
pollens ou les allergènes de contact [18].
Caractéristiques
cutanées du patient
atopique
INFLAMMATION CUTANÉE [7]
La DA évolue par poussées
entrecoupées de rémissions spontanées.
C’est une pathologie
multifactorielle et les mécanismes qui
aboutissent à l’inflammation
cutanée ne sont pas complètement
élucidés et sont probablement
très complexes.
On considère actuellement que
les lésions cutanées de la DA
correspondent à une
hyperréactivité cutanée non spécifique d’ordre
irritatif compliquée d’une
hypersensibilité retardée à des atopènes
(allergènes alimentaires ou
pneumallergènes comme les pollens, les
phanères d’animaux ou les
acariens) médiée par l’activation de
lymphocytes T. Comme pour l’eczéma
de contact, il est nécessaire
qu’il y ait une phase de
sensibilisation puis on assiste à la phase
d’expression de l’eczéma. La
phase de sensibilisation s’effectue dans
l’enfance chez des individus
génétiquement prédisposés (patients
ayant un terrain atopique) au
contact des atopènes présents dans
l’environnement habituel de
tout individu. L’atopène pénètre par
voie respiratoire, digestive
ou cutanée ; il est ensuite pris en charge
par les cellules dendritiques
de ces différents épithéliums et présenté
à des lymphocytes T spécifiques
ganglionnaires, aboutissant à la
production de lymphocytes T
spécifiques de peptides d’atopènes.
Une fois l’individu
sensibilisé par voie cutanée ou muqueuse, les
contacts ultérieurs avec l’allergène
en cause peuvent induire des
manifestations d’atopie (DA
mais également asthme ou rhinite
allergique). Au niveau de la
peau, la pénétration des atopènes est
favorisée par les altérations
de la barrière cutanée ; ils sont ensuite
internalisés par les cellules
de Langerhans épidermiques, ce
phénomène étant favorisé par
la fixation des immunoglobulines (Ig)
E spécifiques au récepteur de
surface des ces cellules.
L’inflammation cutanée de la
DA est secondaire à l’activation de
lymphocytes T spécifiques d’atopènes
au niveau du derme ; ces
lymphocytes sont majoritairement
de type 2 et produisent de
l’interleukine (IL) 4 et de l’IL5.
L’IL4 est le facteur principal de
commutation isotypique IgG
vers IgE et l’IL5 serait responsable du
recrutement des éosinophiles.
L’activation des lymphocytes T est
également suivie de l’activation
d’autres cellules comme les
kératinocytes et les cellules
endothéliales, ce qui aboutit à la
production de cytokines
pro-inflammatoires et aux manifestations
cutanées de la DA.
XÉROSE CUTANÉE [8, 17]
La xérose cutanée (fig 1) qui caractérise la peau du
sujet atopique est
source de prurit et contribue
à faciliter la pénétration des atopènes ;
elle résulte d’une diminution
de la teneur en eau du stratum
corneum associée à des
anomalies de la kératinisation. Les études
en microscopie électronique
ont montré des anomalies intrinsèques
du stratum corneum des
patients atopiques, même en peau
cliniquement saine. On a pu
mettre en évidence la présence de
projections villeuses des
cornéocytes très caractéristiques et
l’extrusion anormale des
granules membranaires, ou corps
d’Odland, à leur surface.
La diminution de la teneur en
eau du stratum corneum est liée à la
déplétion en lipides et en
molécules hydrophiles, comme le natural
moisturizing factor (NMF). Les lipides déficients
dans la DA sont
essentiellement l’acide
linolénique et l’acide gammalinolénique par
déficit en D-6 désaturase. Leur diminution
entraîne une
augmentation de la perte d’eau
transépidermique. Il existe
également dans la DA un
déficit en céramides, qui représentent 30 à
50 % des lipides du stratum
corneum et qui sont fortement
impliqués dans la cohésion
cornéocytaire, ce qui contribue à
aggraver la désorganisation du
processus de kératinisation. La
déplétion en NMF dans la DA
est liée en grande partie à un trouble
du métabolisme de la
filaggrine, précurseur de molécules
hydrophiles comme les acides
aminés libres et l’acide urocanique,
comme dans l’ichtyose
vulgaire, ce qui explique l’association
fréquente de ces deux
pathologies.
COLONISATION BACTÉRIENNE [15]
Une des caractéristiques de la
peau du sujet atopique est la
colonisation quasi
systématique par Staphylococcus aureus qui est
retrouvé chez 90 à 100 % des
patients en peau inflammatoire, mais
également en peau
périlésionnelle. La présence de S. aureus chez
l’atopique est favorisée par l’inflammation
chronique qui modifie
l’écosystème bactérien, par la
disparition de certains lipides de
surface aux propriétés
antistaphylococciques et la présence
d’adhésines qui facilitent son
adhésion aux cornéocytes villeux.
Malgré cette colonisation, S. aureus est rarement responsable de
complications septiques, mais
il se comporte comme un antigène en
induisant la production d’IgE
spécifiques antistaphylococciques et
comme un superantigène
activant ainsi les lymphocytes T. S. aureus
participe donc activement à l’amplification
des phénomènes
immunitaires et à l’entretien
de l’inflammation cutanée, cependant,
certaines études ont montré qu’il
disparaissait sans traitement
antibiotique spécifique
lorsque l’on reconstituait la barrière cutanée
avec des dermocorticoïdes
et/ou des émollients.
Hygiène dans la
dermatite atopique
EAU DANS LA DERMATITE ATOPIQUE
Les patients atopiques
tolèrent mal les applications d’eau chaude
qui aggrave la sécheresse
cutanée et le prurit ; on préconise une
température de 33 à 35 °C pour
le bain ou la douche qui doivent
être quotidiens mais de courte
durée. Jusqu’à une période récente,
l’importance de la qualité de
l’eau utilisée pour la toilette des
patients atopiques était
suspectée mais mal connue. Une étude
anglaise effectuée chez 8 000
enfants de la région de Nottingham [10],
où les particularités de l’eau
sont connues avec précision et varient
d’un quartier à l’autre, a
montré que la prévalence de la DA était
positivement corrélée avec la
dureté de l’eau de ville chez les enfants
les plus jeunes (4-11 ans).
Pour les enfants plus grands (11-16 ans),
la différence disparaît. Les
auteurs suggèrent que l’eau plus dure
riche en calcaire serait plus
irritante et/ou nécessiterait une plus
grande quantité de détergent
pour obtenir un effet moussant.
On observe fréquemment une
aggravation de la DA après des bains
en piscine, particulièrement
les piscines publiques ; ceci est lié
essentiellement aux produits
désinfectants utilisés (chlore…). Ces
bains doivent donc être
limités et suivis si possible d’un rinçage
soigneux, puis de l’application
d’un émollient.
L’intérêt des eaux thermales
dans la prise en charge d’une DA, au
cours d’une cure ou dans des
préparations cosmétiques, est peutêtre
réel mais on manque d’études
cliniques méthodologiquement
fiables pour pouvoir apprécier
la part exacte qui revient à l’eau dans
l’amélioration de la
dermatose.
DÉTERGENTS
L’eau seule ne suffisant pas
pour nettoyer les déchets à la surface de
la peau, il faut utiliser des
tensioactifs capables d’émulsionner les
salissures pour faciliter leur
élimination lors du rinçage. Chez les
patients ayant une DA, et
encore plus chez l’enfant prépubère dont
le film hydrolipidique est
pauvre en sébum, il faut veiller à ce que le
détergent utilisé respecte l’écosystème
cutané [1]. Les savons sont à
éviter car ils entraînent une
alcalinisation de surface et une
dissociation des cornéocytes [12] ; il vaut mieux utiliser des
syndets
solides ou liquides respectant
le pH acide physiologique et choisir
un produit au pH autour de 5,5
ou de pH neutre. Les laits de toilette
peuvent être utilisés à
condition d’être bien rincés, mais leur
utilisation au long cours est
onéreuse.
Les détergents contenant des
antiseptiques sont déconseillés en
dehors des épisodes de
surinfection car ils détruisent l’écosystème
cutané et certains d’entre eux
sont sensibilisants ; en outre, c’est la
restauration de la barrière cutanée
qui permet de contrôler le plus
efficacement la prolifération
bactérienne. L’application de solvants
organiques et de produits
alcoolisés est à proscrire car ils détruisent
le film hydrolipidique de
surface et la flore cutanée. De même, les
gels-douche et les bains
moussants composés essentiellement de
tensioactifs anioniques
auxquels sont ajoutés certains additifs
(stabilisateurs de mousse,
épaississants, séquestrants, colorants…)
sont à éviter car ils
aggravent la xérose cutanée et sont sources de
sensibilisations.
1 Aspect de la xérose cutanée
caractéristique dans
le cadre d’une dermatite
atopique (enfant de 10 ans).
Émollients dans la
dermatite atopique
(tableau I)
RÔLE
La place des topiques
émollients dans la DA est primordiale [8, 9, 17].
Leur mission principale est de
restituer la fonction de barrière
cutanée en luttant contre les
pertes hydriques et en améliorant la
cohésion cornéocytaire. On a
pu montrer à l’aide de cornéomètres
que l’amélioration de la
fonction barrière de la peau était corrélée
positivement à la diminution
des pertes d’eau transépidermiques [5]
et il semble que l’application
régulière chez des patients atopiques
d’un émollient diminue le
nombre de villosités à la surface des
cornéocytes et améliore ainsi
leur cohésion [17]. La correction du
défaut d’hydratation cutanée
peut être obtenue soit en diminuant
les pertes d’eau
transépidermiques, soit en fixant l’eau exogène dans
la couche cornée (effet humectant)
[1]. Les produits
antidéshydratants
forment un film lipidique
hydrophobe à la surface du stratum
corneum destiné à suppléer au
film hydrolipidique naturellement
déficient (hydrocarbures à
longue chaîne carbonée, squalènes, alcool
gras, cires ou acides gras
essentiels) [13]. Les agents humectants
retiennent l’eau par
hygroscopicité : polyols, composants du NMF,
lanoline, liposomes et
céramides. En outre, les céramides sont
susceptibles d’agir comme des
correcteurs du ciment lipidique
intercellulaire.
Le rôle des émollients dans la
DA ne se limite donc pas à un simple
effet hydratant, car en
améliorant la fonction barrière de la peau, ils
sont un des éléments
essentiels de la thérapeutique. Ils améliorent
l’aspect de peau sèche et l’élasticité
du stratum corneum et ils
apportent un confort
indéniable au patient en diminuant le prurit.
À cet effet thérapeutique des
émollients vient possiblement s’ajouter
un rôle de prévention
secondaire ; en effet, en améliorant la fonction
barrière de la peau des
enfants ayant une DA dès le plus jeune âge,
il est licite de penser que la
pénétration cutanée des atopènes sera
limitée, diminuant ainsi les
sensibilisations aux aéroallergènes et aux
allergènes de contact [18]. Le dermatologue est donc en
première ligne
pour la prévention secondaire
de la DA ; en plus des conseils
hygiénodiététiques habituels
destinés à limiter le contact avec les
irritants comme la laine et
éviter les sources d’exposition aux
allergènes majeurs
alimentaires ou aux aéroallergènes, il est
nécessaire de conseiller à la
famille l’application régulière d’un
émollient bien adapté à l’enfant.
Toutefois, s’ils sont indispensables
sur la xérose cutanée, ils
sont souvent mal tolérés sur les lésions
inflammatoires et il vaut mieux
les éviter lors des poussées de DA.
QUALITÉS REQUISES POUR UN
ÉMOLLIENT
CHEZ UN PATIENT ATOPIQUE
¦ Innocuité
L’émollient est utilisé dès le
plus jeune âge, sur de grandes surfaces
et sur une peau altérée ; il
est donc nécessaire que son innocuité soit
établie. Chez le petit enfant,
on évite les préparations contenant de
l’urée et bien sûr de l’acide
salicylique. De même, on évite tous les
topiques contenant des
allergènes de contact puissants comme la
lanoline ou le baume du Pérou
(cf infra) ainsi que les produits
parfumés. Les huiles de bain
représentent un danger en rendant la
baignoire glissante pour le
patient ou les autres membres de la
famille si on oublie de bien
rincer les sanitaires.
¦ Bonne tolérance
Les émollients sont souvent
mal tolérés lors des poussées
inflammatoires, en particulier
les topiques contenant de l’urée et des
alphahydroxyacides. L’amidon
de blé et les extraits d’avoine à
dissoudre dans le bain ont un
effet antiprurigineux mais peuvent
aggraver la sensation de
sécheresse cutanée (effet de peau
« amidonnée »).
¦ Reconstituer la barrière
cutanée
L’application d’un mélange de
corps gras non adaptés chez un
patient atopique est
susceptible d’aggraver l’irritabilité cutanée [3].
Tableau I. – Principaux
émollients proposés dans la dermatite
atopique.
Laboratoire Produitt Indice
A-Derma - Exoméga A+
- Crème de soin B
- Dermalibour B
Avène - Cold cream B
- Lait au cold cream A+
- Crème peaux intolérantes D
- Trixera A+
Bioderma - Atoderm B
- Cold cream B
- Hydrabio A
- Hydrasept B
Biorga - Cold cream d’Uriage B
- Émolliente d’Uriage B
- Hydrolipidique A+
Charlieu - Topic 10 A+
- Topicrem A+
Chauvin Lipiderm A
Coryne de Bruynes Dermagor
- Cold cream B
- Cérat B
CS Atodiane A+
Effadiane B
Ducray - Ictyane B
- Ikériane B
Pierre Fabre Dexemyl (1) A
Galderma - Nutraplus crème C
- Cetaphil A+
- émulsion-crème D
Jaldes Idelt D
La Roche Posay - Cold cream A+
- Lipikar A+
- Tolériane A
- Xeroderm B+
LED Ichtyosoft B
Liérac Liérac anti-déssèchement B+
B
Liphaderm Hyphea delta 6 D
Lutsia - Nioléol
- crème B
- lait B
- Xéramance avec parfum A+
- sans parfum A+
Neutrogéna - Crème-D B
- Émulsion corporelle hydratante A+
Roc Dermatologic - Cold cream fluide A+
- Crème AB5 C
- Enydrial A+
- Urexine B
Rogé-Cavaillès Soin hydratant corporel A+
Rydelle Aveenocream B
Soras - Embryolisse B
- Filaderme B
Spirig Excipial
- U Lipolotion A+
- Lipocrème B
SVR - Cold cream B
- Xérial 3, 10, 30 B+
- Topialyse crème-émulsion B
A+
- Xérialine 500 B+
(1) Le Dexemylt 250 mL bénéficie depuis peu d’une prise en charge par la Sécurité
sociale dans les indications
dermatite atopique et ichtyose. Les prix utilisés
sont les prix publics ; ils sont donnés à titre indicatif et peuvent
varier en fonction des pharmacies.
Plusieurs présentations existant pour chaque
spécialité, on a pris celle ayant le volume le plus important et on l’a
rapporté à 100 mL. L’indice donne la tranche de
prix qui correspond.
A : - de 50 francs ; B : de 50 à 100 francs ; C :
de 100 à 150 francs ;D : plus de 150 francs. Le signe + signale l’existence
d’une présentation à 200 mLou plus.
Les émollients doivent
renfermer un mélange équilibré des éléments
manquant au stratum corneum :
NMF et céramides en particulier.
L’adjonction d’acides gras
essentiels est également utile dans
l’émollient ; en revanche, la
supplémentation per os n’a pas fait la
preuve de son efficacité [2].
¦ Faible prix de revient
L’utilisation quotidienne et
parfois biquotidienne de l’émollient
représente pour chaque patient
une dépense importante et le coût
du produit est souvent un
obstacle à l’observance de la prescription.
Les topiques les moins onéreux
comme le cérat de Gallien ou la
vaseline cholestérinée sont
difficilement acceptés par les patients du
fait d’un agrément cosmétique
médiocre. Les émollients fabriqués
par l’industrie cosmétique
sont mieux acceptés et performants, mais
pour un enfant de 2 ans, 250
mL d’émollient sont nécessaires par
semaine et le double pour un
adulte, d’où l’intérêt de disposer de
produits à prix raisonnables
et en grand conditionnement (500 mL,
voire 1 L).
Eczéma de contact aux
cosmétiques
dans la dermatite
atopique
On a longtemps négligé les
allergies de contact chez les patients
atopiques ; actuellement, on
considère que 40 % des patients atteins
de DA sont concernés par ce
problème [4, 14, 16]. Parmi les allergènes
retrouvés, les constituants
des cosmétiques occupent une place de
choix.
Chez les patients atopiques,
les allergènes de contact retrouvés sont
les mêmes que ceux mis en
évidence le plus fréquemment dans la
population générale et, après
les métaux, ce sont les constituants
des cosmétiques qui sont
incriminés : les parfums, le baume du
Pérou, les parabens et la
lanoline. Chez l’enfant de moins de 15 ans,
les résultats sont similaires [11] : sur une série de 337 enfants
testés
avec la batterie standard
entre 1995 et 1997, 226 avaient un ou
plusieurs tests positifs ;
parmi eux, 76 % étaient des atopiques et,
parmi les allergènes le plus
souvent retrouvés, on notait le nickel
(23,7 %), mais également les fragrances mix dans 9,5 % des cas dont
la source de sensibilisation
était les cosmétiques. Ensuite, on
retrouvait des
sensibilisations à des allergènes majeurs : lanoline
(8,6 %), baume du Pérou (4,7
%), thiomersal (2 %), parabens (2 %) et
formaldéhyde (1,7 %).
Comme l’aggravation d’une
dermatose plantaire juvénile doit faire
rechercher une allergie de
contact aux chaussures et un eczéma du
siège une sensibilisation aux
constituants du change complet,
l’absence de réponse d’une DA
au traitement, ou une aggravation
brutale d’une dermatose jusqu’alors
bien équilibrée doit faire
rechercher une allergie de
contact aux cosmétiques, quel que soit
l’âge du patient. L’enquête
doit être la plus minutieuse possible sur
tous les topiques utilisés
(syndets, shampooings, crèmes…). Les
patch-tests (fig 2) doivent être pratiqués à
distance de la poussée de
la dermatose, ce qui bien sûr
n’est pas toujours facilement réalisable.
Chez un patient, l’éviction d’un
allergène de contact mis en évidence
peut aider à contrôler la
dermatose, mais c’est surtout l’éviction plus
générale des allergènes
majeurs chez les patients atopiques qui doit
être réalisée en choisissant
les produits ayant la plus grande
innocuité (plusieurs pâtes à l’eau
du commerce destinées à
l’érythème fessier du
nourrisson contiennent encore de la lanoline
ou du baume du Pérou).
Quels conseils
pratiques
pour le patient
atopique ?
La DA étant une dermatose
chronique, les soins cutanés doivent être
quotidiens et continus. À la
phase très inflammatoire de la DA au
cours de la petite enfance,
fait le plus souvent suite un état de xérose
cutanée chronique, plus ou
moins associé chez certains patients à la
persistance de poussées
inflammatoires. La cosmétologie du patient
atopique se doit d’être le
plus minimaliste possible tout en étant
efficace et en évitant les
risques de sensibilisation.
Il faut mettre en garde le
patient vis-à-vis des applications
hasardeuses de topiques non
formulés pour les peaux atopiques :
cosmétiques mais également
remèdes de grand-mères ou
formulations à base de plantes
ou protéines animales (oeuf !)
conseillés par certains
guérisseurs ou magnétiseurs auxquels ces
patients ont souvent recours
en désespoir de cause.
Il faut également persuader le
patient de consulter s’il présente une
intolérance aux cosmétiques
employés et/ou devant une
aggravation de sa dermatose pour
envisager éventuellement une
enquête de contact.
SOINS DE BASE INDISPENSABLES
– Toilette quotidienne avec un
syndet liquide ou en pain selon les
préférences. Lors des
poussées, on peut momentanément utiliser un
antiseptique ; le bon
compromis consiste à prendre un syndet
contenant un antiseptique non
agressif, contenant par exemple une
association cuivre-zinc.
– Un émollient à appliquer de
façon quotidienne en relais du
dermocorticoïde, ou même en
association si la DA n’est pas très
étendue. Chez l’enfant, le
même émollient peut être utilisé pour le
visage et le corps pour des
raisons de commodité. Chez l’adulte,
l’hydratation du visage doit
parfois être renforcée, notamment chez
la femme.
SOINS D’AGRÉMENT
Les patients, surtout les
femmes, demandent souvent conseil pour
le maquillage et le parfum.
Il vaut mieux ne pas les
interdire complètement, sauf dans les cas
de sensibilisation avérée, au
risque de voir ces patientes choisir ellesmêmes
des cosmétiques non adéquats.
On conseille bien sûr de ne
pas mettre directement de
parfum sur la peau, seulement sur les
vêtements, et le maquillage
doit être choisi dans des gammes
minimisant les risques de
sensibilisation.
Qualités requises
pour un émollient chez un patient ayant une
dermatite atopique.
Innocuité : absence
de toxicité et de risque de sensibilisation.
Bonne tolérance :
éviter les topiques irritants.
Reconstituer la
barrière cutanée : apporter les constituants faisant
défaut au stratum
corneum (constituant du NMF, acides gras
essentiels, céramides).
Faible prix de
revient et conditionnement en grande contenance.
2 Patch-tests de contact
positifs au baume du Pérou,
à la lanoline et aux
fragrances
mix chez un enfant atopique.
On note également
une réaction microvésiculeuse
pour un atopène (Dermatophagoides
pteronyssinus).
Références
[1] Agopian-Simoneau L. Hygiène des peaux sèches. Objectif
Peau 1998 ; 6 : 290-295
[2] Berth-Jones J, Graham-Brown RA. Placebo-controlled
trial
of essential fatty acidsupplementationin atopic
dermatitis.
Lancet 1993 ; 341 : 1557-1560
[3] Guillet G. L’émollient et la peau atopique.
Objectifs et
impératifs sur une peau sèche et irritable. Nouv Dermatol
1999 ; 18 : 277-280
[4] Guillet MH, Guillet G. Enquête allergologique chez
251
patients atteints de dermatite atopique modérée ou
sévère : fréquence et intérêt du dépistage de l’eczéma,
de
l’allergie alimentaire et de la sensibilisation aux
pneumallergènes.
Ann Dermatol Vénéréol 1996 ; 123 : 157-163
[5] Guillot B. Exploration fonctionnelle du stratum
corneum.
Objectif Peau 1998 ; 6 : 279-281
[6] ISAAC. Worldwide variation in prevalence of symptoms
of
asthma, allergic rhinoconjonctivitis, and atopic eczema:
ISAAC. The international study of asthma and allergies
in
childhood (ISAAC) steering committee. Lancet 1998 ;
351 : 1225-1232
[7] Kraseva M, Jullien D, Choquet G, Nicolas JF.
Physiopathologie
de la dermatite atopique. Ann Dermatol Vénéréol
1998 ; 125 : 785-789
[8] Lodén M. Biophysical properties of dry atopic and
normal
skin with special reference to effects of skin care
products.
Acta Dermatol Venereol
[suppl} 1995
; 192 : 1-48
[9] LodénM,Andersson AC, LindbergM.Improvementin skin
barrier function in patients with atopic dermatitis
after
treatment with a moisturizing cream (Canodermt). Br J
Dermatol 1999 ; 140 : 264-267
[10] McNally NJ, WilliamsHC,Phillips DR,
Smallman-RaynorM,
Lewis S, Venn A et al. Atopic eczema and domestic water
hardness. Lancet 1998 ; 352 : 527-531
[11] Roul S, Ducombs G, Taïeb A. Usefulness of the
European
standard series for patch testing in children. Contact Dermatitis
2000 (à paraître)
[12] Shukuwa T, Kligman AM. Disaggregation of
corneocytes
from surfactant-treated sheets of stratum corneum in
hyperkeratosis on psoriasis, ichthyosis vulgaris and
atopic
dermatitis. J Dermatol 1997 ; 24 : 361-369
[13] Simon M, Serre G. Structure et aspects biochimiques
du
stratum corneum. Objectif Peau 1998 ; 6 : 275-278
[14] Sourisse M, Milpied B, Stalder JF, Litoux P.
Eczémas et urticaires
de contact au cours de la dermatite atopique. Ann
Dermatol Vénéréol 1990 ; 117 : 747-751
[15] Stalder JF, Fleury M, Sourisse M, Rostin M, Pheline
F, Litoux
P. Local steroid therapy and bacterial skin flora in
atopic
dermatitis. Br J Dermatol 1994 ; 131 : 536-540
[16] Taïeb A. Faut-il tester les patients atteints de
dermatite
atopique ? Ann Dermatol Vénéréol 1996 ; 123 : 154-156
[17] Taïeb A. Emollient therapy in atopic dermatitis:
rediscovering
the benefits of emollient therapy in eczema. J Dermatol
Treat 1998 ; 9 (suppl 2) : S7-S11
[18] Taïeb A. Hypothesis: from epidermal barrier
dysfunction to
atopic disorders. Contact Dermatitis 1999 ; 41 : 177-180