Maquillage : techniques de camouflage

Introduction
Les relations entre psychisme et peau sont bien connues. De
nombreuses dermatoses sont fortement sous-tendues et modulées
par des conflits psychologiques plus ou moins conscients.
L’apparition d’une pathologie « affichante » à la surface de la peau
d’un sujet a une forte incidence à la fois sur le comportement et la
vie sociale de ce dernier. C’est l’image corporelle, la relation visuelle
à l’autre par cette interface obligée qu’est la peau, qui se trouvent
perturbées.
Il n’y a pas de corrélation systématique entre la gravité objective de
l’affection et le retentissement psychologique chez le patient. Chaque
vécu est différent et l’investissement narcissique affecté à l’image
corporelle est d’une extrême variabilité.
Le caractère transitoire ou définitif du préjudice esthétique n’est pas
forcément un facteur discriminant de l’importance de la réaction du
patient, mais il conditionne souvent le type de prise en charge.
Dans tous les cas, il convient de proposer une solution palliative
mais efficace, faisant renouer le sujet avec une image « satisfaisante
» de lui-même, levant tout blocage relationnel avec autrui : le
maquillage correcteur est une réponse à cette situation.
Une fois ces gestes techniques expliqués à la patiente ou au patient
(les hommes peuvent également bénéficier des corrections légères),
le maquillage correcteur devra être facilement reproductible par la
patiente elle-même. Il faudra donc adapter également la correction à
ses habitudes et privilégier la simplicité.

Indications
Les mesures de maquillage correcteur s’adresseront en priorité aux
affections dermatologiques s’accompagnant de dyschromies avec ou
sans modification de relief telles que :
– des affections dermatologiques génétiques :
– angiome ;
– vitiligo ;
– lentigo, éphélide... ;
– des affections dermatologiques acquises :
– acné et cicatrices d’acné ;
– chloasma ;
– couperose... ;
– des troubles dyschromiques transitoires :
– postlaser, postdermabrasion ;
– postinjection ;
– postacte type blépharoplastie ;
– des troubles de la cicatrisation :
– cicatrice anfractueuse, chéloïde, cicatrices de brûlures...
Principes fondamentaux
BASE DE MAQUILLAGE
Certains produits s’appliquent directement sur la peau, d’autres
vont nécessiter une base de maquillage et ce d’autant plus sur une
peau lésée qui a besoin d’être hydratée.
Elle doit être adaptée au degré de dessèchement et à la sensibilité
cutanée.

C’est aussi le choix de cette base qui va déterminer la tenue du
maquillage.
Partant du principe que les squames sont toujours accentuées par
les fonds de teints et que les crèmes trop grasses ne permettent pas
une bonne tenue du maquillage, il est souhaitable d’utiliser une
crème qui va supprimer les squames sans pour autant contenir trop
de corps gras : il faut donc éviter les crèmes à phase continue
huileuse.
Si une photoprotection est nécessaire (en postlaser par exemple), on
peut choisir pour base un écran solaire de préférence minéral. En
effet, son aspect légèrement opaque unifiera le teint et permettra
une application plus légère du fond de teint.
DÉMAQUILLAGE
Même si nous disposons de produits cosmétiques non comédogènes,
l’effet occlusif d’une superposition pourrait être néfaste. Il faut donc
toujours insister sur l’importance d’un démaquillage soigneux et
quotidien.
Les démaquillants à conseiller sont ceux contenant des tensioactifs
doux, mais avec un pouvoir nettoyant suffisant.
L’application se fait avec la pulpe des doigts, en mouvements
circulaires, puis le démaquillant est rincé à l’eau ou essuyé à l’aide
d’un mouchoir en papier. Il est conseillé de terminer par une
pulvérisation d’eau thermale à tamponner.
Si la peau est particulièrement sensible, il est souhaitable de
proposer un maquillage assez « léger », afin de permettre un
démaquillage encore moins irritant. On conseille alors d’utiliser un
démaquillant sans rinçage pour éviter l’eau et le savon.
Démaquillants sans rinçage : ils contiennent les agents nettoyants les
plus doux et les mieux tolérés, en général des émulsionnants ou des
tensioactifs non ioniques non moussants, et permettent de dissoudre
les impuretés et le maquillage sans toutefois altérer la barrière
cutanée puisqu’il n’y a pas nécessité à les rincer. Ils s’éliminent par
essuyage doux avec un mouchoir en papier.
PRINCIPES DE BASE DE LA CORRECTION
Les attentes des patients doivent être bien définies pour choisir le
type de maquillage.
Il est important d’adapter les formes galéniques en fonction de la
pathologie, de la sensibilité cutanée, de l’étendue de la zone à
maquiller, mais aussi des habitudes et des goûts des patients.
Deux principes essentiels sont à considérer : les fards clairs
rehaussent et les fards sombres creusent.
C’est en jouant sur ces contrastes que l’on peut rectifier la forme des
visages, atténuer les chéloïdes ou les dépressions et masquer les
dyschromies cutanées. Il est très facile de cacher les troubles de la
pigmentation ; en revanche, il est plus difficile d’effacer les reliefs et
les résultats donnent rarement un effet naturel.
¦ Correction par la couleur
Le principe de correction par la couleur est basé sur le cercle
chromatique bien connu des peintres (fig 1).
Sur le cercle chromatique, les couleurs complémentaires sont
opposées.
Ainsi, le vert est la couleur complémentaire du rouge, le jaune celle
du bleu. C’est en utilisant ce jeu d’opposition des couleurs et de
neutralisation que les peintres parviennent à diminuer l’intensité des
couleurs franches.
Il existe sur le marché des cosmétiques un certain nombre de
couleurs (sous différentes formes : sticks, crèmes, poudres, etc) qui
seront adaptées à différents types de lésions et à différents stades de
cicatrisation.
Ces données permettront donc d’atténuer (tableau I) :
– les chéloïdes ;
– les zones inflammatoires ;
– les dépressions ;
– les troubles de la pigmentation.
¦ Formes galéniques
Il existe un grand choix de formes galéniques.
Il sera donc possible de trouver des produits répondant le mieux à
l’attente et aux besoins des patients : formes fluides ou solides ;
textures riches ou sans corps gras.
On peut distinguer ainsi :
– la base correctrice ;
– la crème teintée ;
– le stick correcteur ;
– le crayon correcteur ;
– le fond de teint fluide ;
– le fond de teint compact ;
– la poudre libre ;
1 Cercle chromatique.
· Le vert neutralise le rouge.
· Le jaune neutralise le bleu.
· Le mauve neutralise le jaune et l’olive.
· Le brun masque le blanc.
· Le blanc accroche la lumière, unifie légèrement, il est intéressant
pour une mise en beauté ; en revanche, il est difficile à utiliser pour la
correction médicale, car la priorité de cette technique est de neutraliser
et non de mettre en lumière.
Tableau I.
Couleur Indications
Vert Postlaser, cicatrices récentes, couperose, angiome
Jaune Ecchymoses, cernes prononcés
Mauve Teint jaunâtre
Beige brun Vitiligo, chloasma

– la poudre compacte ou pressée.
Ils peuvent être utilisés seuls ou de façon complémentaire, selon le
niveau de correction souhaité.
¦ Produits
Les produits de maquillage proposés sont bien entendu des produits
spécifiques pour le maquillage correcteur et doivent présenter des
caractéristiques particulières : innocuité des principes actifs, noncomédogénicité,
hypoallergénicité et, éventuellement, protection
UVB et UVA. Par ailleurs, les patients concernés présentent le plus
souvent une peau réactive, voire allergique, et ces produits doivent
être de qualité parfaite et de tolérance maximale.
Corrections légères
Les imperfections cutanées légères (dyschromies de faible contraste
ou érythème léger, etc) pourront être masquées par des correcteurs
de texture fluide relativement peu chargés en pigments. Ils pourront
être utilisés seuls.
BASES CORRECTRICES (PAR LA COULEUR)
Elles sont encore appelées « fluides correcteurs » par certaines
marques.
De texture très légère, le plus souvent huile dans eau, elles
contiennent parfois des principes actifs hydratants et
photoprotecteurs et sont donc à proposer pour les imperfections peu
importantes et diffuses. Elles sont très faciles à utiliser, donnent un
résultat naturel, voire invisible pour les non-initiés.
La couleur corrige, mais son intensité s’estompe après l’application,
elles peuvent donc être utilisées seules.
Elles se déclinent sous plusieurs couleurs.
CORRECTEURS DE TEINT POUR UNIFIER LE TEINT
Ils ont pour but d’unifier le teint en se rapprochant le plus possible
de la carnation de la patiente.
¦ Crèmes teintées
Ce sont le plus souvent des crèmes hydratantes, voire « traitantes »
(peaux acnéiques, photovieillissement), dans lesquelles ont été
incorporés des pigments. Elles permettent un maquillage naturel et
transparent et se déclinent du beige pâle au brun.
Elles sont particulièrement intéressantes pour l’acné des jeunes filles.
En revanche, afin d’obtenir une correction suffisante, il faut opter
pour une teinte moyenne.
À l’application, ne pas oublier la racine des cheveux et le cou pour
un résultat naturel.
¦ Fonds de teint fluides
Ce sont des émulsions plus épaisses avec une quantité plus
importante de pigments. La phase grasse est en général peu
importante, ce qui permet leur utilisation sur des peaux normales à
tendance sèche.
Ces fonds de teint s’appliquent en général sur une base hydratante.
Ils sont rarement utilisés dans le maquillage de correction médicale
car leur tenue n’est pas toujours satisfaisante.
À noter, des fonds de teint spécifiques peaux grasses avec :
– l’apparition sur le marché de texture oil free sans huile et
comportant des capsules matifiantes (indications peaux grasses) avec
un fini poudré ;
– et des fonds de teint sans corps gras qui sont des solutions
aqueuses (avec eau florale) contenant des pigments en suspension.
Leur utilisation est un peu particulière et nécessite une certaine
dextérité.
Il est nécessaire d’agiter le flacon, afin d’obtenir une bonne
répartition des pigments.
Ce fond de teint s’applique du bout des doigts ; après l’avoir étalé,
la solution s’évapore et il ne reste que les pigments sur la peau. Le
fini est poudré.
Dépourvu de corps gras, ce fond de teint est d’une bonne tenue,
mais est à conseiller aux patientes acnéiques sachant se maquiller.
Corrections renforcées
Appelées également « haute correction », ce sont des textures
épaisses, voire des formes compactes très riches en pigments, qui
s’emploient les unes avec les autres ou seules.
PÂTES CORRECTRICES (PAR LA COULEUR)
La forte charge pigmentaire et la texture permettent un bon
camouflage des dyschromies ou d’un érythème intense. Elles sont
présentées sous forme de sticks, de godets ou en crayons.
Il faut les appliquer sur la zone à corriger et faire quelques pressions
du bout du doigt afin d’atténuer la couleur. Il faut éviter de frotter
pour ne pas déplacer les pigments sur la zone non concernée.
En dehors de la couleur beige, les sticks correcteurs ne peuvent pas
être utilisés seuls. Il est impératif de finir le maquillage en
superposant un fond de teint compact, de préférence à l’éponge, et
en faisant quelques pressions sur la surface à corriger, toujours sans
frotter.
Plusieurs coloris sont disponibles.
FONDS DE TEINT COUVRANTS
De texture liquide épaisse (émulsion eau dans huile) ou sous forme
compacte, ce sont les plus efficaces car ils offrent plusieurs avantages
pour le maquillage de correction médicale :
– un effet couvrant important ;
– une rémanence à l’eau, à la sueur, à la chaleur, avec donc une très
bonne tenue dans le temps ;
– ils s’utilisent seuls ou après application d’un stick correcteur ;
– il est toujours possible d’alléger leur texture ;
– ils contiennent très souvent une photoprotection.
Il est préférable de les appliquer à l’aide d’une éponge.
Leur texture peut être modulée en fonction de l’évolution de la
pathologie.
Ils se déclinent sous différents conditionnements : godet, boîtier, tube
ou stick large.
Les boîtiers et sticks larges permettent un dosage plus facile du fond
de teint.
En effleurant la surface avec l’éponge, on prélève peu de produit et
le résultat est plus harmonieux.
· Verte : érythrose, rougeur résiduelle postlaser.
· Mauve : illumine les teints jaunâtres, olivâtres.
· Abricot : donne bonne mine aux teints mats.
· Rose : donne bonne mine aux teints clairs.
· Blanc : unifie, accroche la lumière.
· Beige à brun : cernes légers, boutons d’acné, vitiligo, chloasma,
mélasme.
· Vert : couperose, angiome, cicatrice récente.
· Jaune : ecchymoses, cernes prononcés, taches hyperpigmentées.
· Mauve : teint olivâtre, taches jaunes.
· Pour un résultat couvrant : utiliser une éponge sèche.
· Pour un résultat transparent : utiliser une éponge humide.

À retenir : il est toujours plus facile de réappliquer du fond de teint
que d’en retirer.
Il est nécessaire de nettoyer régulièrement son éponge avec de l’eau
et du savon.
COMMENT DÉTERMINER LA TEINTE
D’UN FOND DE TEINT
La couleur des mains étant souvent similaire à celle du visage,
s’aider de la zone interdigitale du pouce (jonction paume/dos de la
main) : appliquer le fond de teint sur la zone la plus claire, vous
devez trouver la teinte identique à celle de la zone foncée.
Il est intéressant de demander à sa patiente ce qu’elle préfère : teint
clair ou teint mat, car il est possible de modifier la carnation de la
peau, un ton en dessous ou un ton au-dessus.
Il faut savoir que les tons clairs sont toujours plus flatteurs que les
tons foncés, ils adoucissent les traits et vieillissent moins.
Corrections complémentaires
POUDRE
Elle est indispensable pour fixer le maquillage et obtenir une bonne
tenue de la correction.
Elle se présente sous deux formes :
libre : invisible après application car de texture très légère ; en
revanche, elle ne permet pas les retouches car les boîtiers sont
souvent encombrants et peu pratiques pour le sac à main ;
compacte ou pressée : texture plus épaisse mais, en utilisant un gros
pinceau pour l’application, le résultat peut être également invisible
et les retouches à distance sont possibles.
Pour l’application : préférer le pinceau, balayer l’ensemble du visage
horizontalement et verticalement de façon à mieux fixer le fond de
teint ou la crème teintée.
Peut, éventuellement, être utilisée seule pour des peaux grasses et
acnéiques.
Se déclinent sous différentes teintes :
translucide : pour fixer le fond de teint ;
foncée : pour effet bonne mine ;
verte : correction des rougeurs ;
mauve : correction des teints jaunes ;
jaune : correction des zones d’ombre pour un effet rajeunissant.
CRAYONS
Ils sont très pratiques pour dessiner les sourcils, la frange des cils et
le contour de la bouche.
Les textures sont adaptées à la zone à redessiner.
Il existe également des crayons qui seront utilisés comme les sticks
correcteurs.
Dans certains cas de brûlures du visage, leur utilisation est capitale
pour redonner expression au visage.
Corrections ciblées
CORRECTION DES SOURCILS
Pour une meilleure tenue, les crayons à sourcils sont peu gras.
Opter pour des teintes douces : des bruns, pas trop roux ; des gris ;
bannir le noir, trop agressif.
Ne pas chercher à faire un seul trait pour la courbe des sourcils,
mais de préférence plusieurs petits traits, puis brosser légèrement
l’arcade, le résultat sera plus naturel.
Pour une bonne tenue, poudrer l’arcade sourcilière avant et après
l’application.
Cette technique peut s’appliquer à des sourcils épars ou inexistants.
CORRECTION DES CILS
Choisir de préférence un crayon gras, il s’appliquera plus facilement.
Comme pour les sourcils, opter pour des teintes peu violentes et ne
pas utiliser de roux afin d’éviter l’oeil rouge.
Faire un trait à la lisière des cils, sur la paupière supérieure,
l’estomper avec un pinceau eye-liner.
Utiliser ce même pinceau pour ombrer les cils de la paupière
inférieure : il n’est pas toujours nécessaire d’avoir passé du crayon
au préalable.
Pour une meilleure tenue, superposer, à l’aide du pinceau eye-liner,
un fard à paupières de la couleur du crayon.
Ne jamais utiliser d’eye-liner pour ce type de correction, car plus le
maquillage est sophistiqué, plus il attire le regard.
CORRECTION DE LA BOUCHE
Utiliser un crayon à lèvres pour rééquilibrer ou dessiner le contour
de la bouche.
Choisir une couleur neutre : beige rosé, beige brun...
Après avoir dessiné le contour de la bouche, colorer les lèvres à
l’aide du crayon ou d’un rouge à lèvres.
En présence de chéilites :
– appliquer un stick hydratant ;
– attendre 5 minutes, ensuite frotter légèrement les lèvres à l’aide
d’un mouchoir en papier afin d’éliminer un maximum de squames ;
– ne pas utiliser de rouges à lèvres nacrés et trop bleutés, ils
augmentent la chéilite.
CORRECTION DES YEUX ET DES PAUPIÈRES
Paupières ridées : peu de maquillage, choisir des fards clairs et
mats. Jamais de fard nacré ou irisé car ils accrochent la lumière et
accentuent les rides.
Cernes : appliquer l’anticerne avant le fond de teint, ou pardessus
en retouche, sur toute la surface du cerne, sans oublier le
coin interne de l’oeil.
Poches : utiliser uniquement le fond de teint afin de ne pas
alourdir l’oeil. Il est assez difficile de masquer les poches.
Paupières brunes : appliquer un correcteur jaune sur la paupière
supérieure et si nécessaire sur la paupière inférieure, terminer en
superposant le fond de teint.
Correction par pathologies
DERMATOSES ÉRYTHÉMATEUSES
¦ Acné (fig 2)
Acné non traitée ou sous traitement médicamenteux non irritant
Choisir une crème matifiante qui absorbera l’excès de sébum et
permettra ainsi une meilleure tenue du maquillage.
Acné sous traitement médicamenteux irritant
Choisir une crème adoucissante et très hydratante de façon à limiter
la sensibilité cutanée, éliminer les squames et assouplir la peau.
La difficulté est de trouver une crème suffisamment hydratante mais
sans trop de corps gras, ce qui limiterait la tenue du maquillage.
En résumé
Sachant que les maquillages épais ont tendance à augmenter les
reliefs, accrocher le regard et accentuer le sentiment de camouflage,
il est préférable d’opter pour un maquillage léger.
Quel que soit le degré de sévérité de l’acné, il est possible d’adapter
son type de maquillage en fonction de ses besoins et avec peu de
produits.

· Correction par degré de sévérité
En ayant à sa disposition une crème teintée, un fond de teint
compact et une poudre, il est possible de réaliser une correction
légère comme une correction renforcée, ce qui permet à la patiente
de moduler son maquillage en fonction du moment, mais également
en fonction de l’évolution de sa pathologie.
¦ Érythrose ou érythème postinterventionnel (fig 3)
Correction légère
Atténuer la rougeur par une base correctrice verte.
Idéal pour les patientes aimant peu le maquillage. Invisible après
application.
Correction moyenne
Atténuer la rougeur par une base correctrice verte.
Unifier avec un fond de teint fluide.
Parfait pour un maquillage du jour.
Correction renforcée
Atténuer la rougeur par une base correctrice verte.
Unifier avec un fond de teint compact.
Humidifier l’éponge pour un maquillage du jour. Éponge sèche pour
un maquillage longue tenue.
Important : après un resurfacing ou tout autre acte entraînant une
effraction épidermique, on attend la réépidermisation complète pour
appliquer le maquillage correcteur. Dans tous les autres cas, le
maquillage correcteur peut être proposé le jour même.
¦ Érythrocouperose
Érythrose diffuse
Atténuer la rougeur par une base correctrice verte.
Unifier avec un fond de teint compact.
Humidifier l’éponge pour un maquillage du jour. Éponge sèche pour
un maquillage longue tenue.
Couperose intense
Neutraliser la rougeur par un stick correcteur vert.
2 Acné.
A. Avant le maquillage.
B. Après le maquillage.
*A *B
Acné légère :
· unifier le teint en appliquant une crème teintée ;
· appliquer un peu de poudre (si nécessaire).
Acné modérée :
· unifier le teint en appliquant une crème teintée ;
· appliquer un correcteur beige ou un fond de teint sur les
boutons ;
· terminer par une poudre.
Acné sévère (deux possibilités) :
· appliquer un correcteur beige sur les boutons ;
· unifier le teint avec un fond de teint sans corps gras ;
· terminer avec un peu de poudre.
Ou :
· unifier en appliquant un fond de teint compact, à l’aide d’une
éponge humide ;
· superposer ce même fond de teint sur les boutons, en tapotant
du bout du doigt ;
· terminer par une poudre.
Acné très inflammatoire :
· préparer le teint par une base correctrice verte ;
· unifier en appliquant un fond de teint compact ;
· superposer ce même fond de teint sur les zones inflammatoires,
en tapotant du bout des doigts ;
· terminer par une poudre.
Acné chez les hommes :
· unifier le teint par une crème teintée. Prendre soin de ne pas oublier
la pointe du nez, de bien l’étirer sous le menton et jusqu’à la racine
des cheveux.
3 Érythème au 20ème jour après laser CO2.
A. Avant le maquillage.
B. Après le maquillage.
*A *B

Unifier avec un fond de teint compact, en utilisant une éponge sèche
pour une meilleure tenue.
Éventuellement un peu de poudre pour fixer le maquillage.
¦ Angiome
Neutraliser la rougeur par un stick correcteur vert.
Unifier avec un fond de teint compact, utiliser une éponge sèche
pour une meilleure tenue, insister sur la zone rouge.
Finir par de la poudre pour améliorer la tenue du maquillage.
¦ Eczéma, psoriasis
Possibilité de maquiller les lésions lorsqu’elles sont inflammatoires,
mais sans relief (le maquillage accentue les squames).
Appliquer une crème très hydratante, avec une phase huileuse
relativement importante, afin de neutraliser l’apparition des
squames.
Puis :
– neutraliser les zones inflammatoires par un stick correcteur vert ;
– unifier le teint avec un fond de teint compact, à l’aide d’une
éponge humide.
Insister sur les zones inflammatoires sans réhumidifier l’éponge.
Ne pas appliquer de poudre, elle risque de faire ressortir les
squames.
TROUBLES DE LA PIGMENTATION
¦ Chloasma, mélasma
En base de maquillage, utiliser une crème hydratante ou directement
une crème photoprotectrice d’indice élevé.
Choisir de préférence un écran minéral, son aspect légèrement
opacifiant corrigera en partie l’hyperpigmentation.
Puis :
– éclaircir les taches avec un stick correcteur beige ou jaune, selon
l’intensité de la pigmentation ;
– unifier le teint avec un fond de teint compact ;
– fixer par de la poudre, surtout si la peau est grasse.
¦ Vitiligo ou zones dépigmentées
Zones dépigmentées peu importantes
Appliquer un fond de teint compact sur l’ensemble du visage, en
utilisant une éponge humide.
Insister sur les zones dépigmentées, sans réhumidifier l’éponge.
Fixer avec de la poudre.
Zones dépigmentées modérées
Foncer les taches claires en appliquant, localement, un stick
correcteur beige foncé.
Unifier le teint avec un fond de teint compact sans humidifier
l’éponge.
Fixer avec de la poudre.
Zones dépigmentées très importantes
Éclaircir les zones pigmentées en appliquant, localement, un stick
correcteur beige clair.
Unifier le teint avec un fond de teint compact.
Fixer avec de la poudre.
· Autre possibilité
Appliquer un autobronzant sur les zones dépigmentées, en prenant
soin d’essuyer les contours à l’aide d’un Coton-Tiget.
À faire quotidiennement, jusqu’à obtention d’une teinte proche de
la carnation, puis entretenir à raison de deux ou trois applications
par semaine.
Cette solution est intéressante car elle permet d’alléger le
maquillage.
¦ Xeroderma
Utiliser un écran minéral en couche épaisse pour son aspect
opacifiant.
Puis :
– éclaircir les taches avec un stick correcteur jaune ;
– unifier le teint avec un fond de teint compact.
Choisir une teinte foncée.
Même si les patientes atteintes de xeroderma rêvent d’un teint clair,
ne pas chercher à trop éclaircir le teint, la différence avec les autres
parties du corps serait trop importante.
CICATRICES
Par le jeu des couleurs, les cicatrices inflammatoires et dépigmentées
sont faciles à masquer (fig 4).
En revanche, les reliefs et les dépressions sont plus difficiles à
dissimuler (fig 5). Les principes restent les mêmes.
De plus, dans ces cas, il faut proposer un maquillage léger pour la
correction du teint afin de ne pas accentuer les irrégularités. Il est
préférable de mettre en valeur d’autres zones du visage non
touchées telles que les yeux ou la bouche.
4 Cicatrices de brûlures
au second degré profond.
A. Avant le maquillage.
B. Après le maquillage.
*A
*B
5 Cicatrice anfractueuse
(pare-brise)
A. Avant le maquillage.
B. Après le maquillage.
*A
*B

Dans les autres situations et d’une manière générale sont employés :
– le stick correcteur de façon à neutraliser :
– les zones rouges inflammatoires si la cicatrice est récente
(couleur verte) ;
– les troubles de la pigmentation (couleur beige ou brun) ;
– les chéloïdes (couleur verte ou beige ou sombre pour atténuer
le relief) ;
– le fond de teint compact pour unifier ;
– la poudre libre pour fixer et, éventuellement, utiliser les crayons
correcteurs pour redessiner la bouche et les sourcils.
Particularités sur peau noire
Le maquillage ou le camouflage des taches sur une peau noire et
métissée est une affaire de spécialistes. De nombreux paramètres
sont à prendre en compte pour obtenir un résultat satisfaisant.
La peau noire est épaisse, luisante, sensible cependant, et pigmentée
en continu de la couche basale à la couche cornée. Les mélanocytes
produisent une mélanine de type eumélanine, pigment de grosse
taille et de couleur brun foncé.
Il existe 35 carnations différentes dans la communauté noire et
métissée, ce qui impose une palette de coloris large qui va du ton le
plus foncé de type sénégalais ou congolais à la femme antillaise très
claire dite « chabine » qui s’apparente à une méditerranéenne.
Toute agression de l’épiderme va provoquer une réaction des
mélanocytes qui expédient à la surface un surcroît de pigment foncé
de façon à cicatriser l’agression.
En pratique, on se retrouve face à des sujets qui présentent des
dyschromies parfois importantes au niveau du contour des yeux,
du contour de la bouche, de la barre frontale et qui, par contraste,
laissent apparaître les joues et le nez plus clairs.
Le choix d’un cosmétique adapté s’impose dans tous les cas de
figure pour une peau noire ou métissée.
En matière de cosmétiques de camouflage ou de maquillage, il s’agit
le plus souvent d’unifier le teint. On utilise en priorité un fond de
teint fluide sans corps gras en l’appliquant du bout des doigts. Ceci
évitera la luisance en cours de journée et les raccords plus ou moins
réussis. La base eau du produit permet l’application en tapotements
et le dosage jusqu’à l’obtention du résultat souhaité.
RÈGLE D’OR
Le ton froid, base bleutée, chocolat, des Africaines ou de certaines
Antillaises peu métissées, va demander un fond de teint avec une
légère pointe de rose.
Le ton chaud, caramel, de la plupart des Antillaises ou des métisses
africaines va imposer le choix d’un fond de teint à base de jaune
sans aucune trace de rouge ou de rose qui provoquerait une réaction
pigmentée grisâtre très disgracieuse. Ce sont ces femmes qui sont
les plus affectées par les taches et les plus difficiles à maquiller.
PRINCIPE DE BASE
On peut avoir, à l’application, des réactions surprenantes si le choix
est mauvais. Le fond de teint vire au rouge ou à l’orange. Si le bon
choix est fait, la couleur se fond très rapidement avec la carnation
naturelle et donne un fini soyeux et parfait.
Après le fond de teint, on passe un nuage de poudre rigoureusement
neutre et transparente. Il ne faut jamais rajouter une couleur sur de
la couleur, sinon il y a risque de plaques dès que la personne va
bouger et sa peau soumise aux variations de température.
DEUX TYPES DE TACHES
Il faut distinguer deux types de taches, parmi les taches accidentelles
localisées dues à des brûlures, interventions chirurgicales, suite
d’accident, elles sont plus difficiles à camoufler surtout si elles sont
chéloïdiennes.
¦ Taches achromiques
Elles font suite à des brûlures ou à l’application de produits
dépigmentants intempestifs.
Dans ce cas précis, on doit retrouver la couleur périphérique. Il est
évident que pour des carnations très foncées, le camouflage devient
un exercice patient et compliqué.
On applique d’abord un fond de teint fluide, base eau, de couleur
jaune plus ou moins foncé, suivant la carnation du sujet. On poudre
ensuite avec une poudre transparente. On applique enfin un fond
de teint crème à l’éponge en tapotements. L’éponge permet aussi un
savant dosage du produit et le fondu parfait entre la zone claire et
la zone foncée pour éviter la démarcation.
Le choix de couleur est toujours imposé par la carnation du sujet.
¦ Taches hyperchromiques
Elles sont dues à une surexposition au soleil avec emploi de produits
photosensibilisants, à un chloasma, à des allergies provoquées par
des produits cosmétiques inadaptés ou des pratiques esthétiques
agressives : dermabrasion, peeling aux AHA (alphahydroxyacides),
etc.
Il s’agit d’abord de les éclaircir avant de les camoufler. Une base
verte est alors conseillée en application locale sur la partie foncée.
On poudre. Ensuite s’impose le choix d’un fond de teint très
camouflant, de texture crème poudre épaisse en application éponge,
par petites touches savantes. Quand la tache est à peu près couverte,
on applique le même produit en l’étalant avec l’éponge sur toute la
surface. L’unité du teint s’obtient facilement par ce procédé. On
n’oublie jamais la touche de poudre, indispensable.
CICATRICES CHÉLOÏDIENNES
Si la couvrance de la couleur peut s’obtenir avec facilité, l’épaisseur
reste toujours difficile à effacer. Il existe des techniques de
maquillage dites « artistiques », sophistiquées, pratiquées par des
maquilleuses professionnelles et qui peuvent apporter soutien et
réconfort à des patients très psychologiquement affectés par ces
lésions disgracieuses.

· Les couleurs claires rehaussent : on applique un stick beige clair
dans le fond des cicatrices en creux.
· Les couleurs foncées creusent : on applique un stick foncé sur le
dessus d’une cicatrice hypertrophique.
Choisir une couleur deux tons plus clairs que le visage ou la zone à
traiter. Bien déterminer le color tone de la patiente.
On n’essaie jamais le fond de teint, pour une femme noire ou métissée,
sur la main ou sur le poignet, mais sur la joue entre le maxillaire et la
pommette.
Références
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