Introduction
L’importance de la chevelure
dans l’apparence physique explique
l’attention portée aux cheveux
et la demande de soins dans ce
domaine, tant chez les femmes
que chez les hommes. Cette
demande, particulièrement
importante dans nos sociétés
industrialisées contemporaines,
nourrit un marché international
considérable au sein duquel de
très nombreux produits « antichute »
sont promus auprès du grand
public.
Le plus grand nombre d’entre
eux sont des compléments
alimentaires ou des produits
cosmétiques appliqués localement
(lotions et shampoings). D’autres
sont des médicaments et ont donc
une autorisation de mise sur
le marché (AMM). Certain de ces
médicaments sont en vente
libre, d’autres nécessitent une
prescription médicale.
Malgré les progrès récents
réalisés dans la compréhension de la
physiologie du cycle pilaire
et la physiopathologie des chutes de
cheveux, très peu de ces
produits ont une efficacité démontrée.
« Alopécies circonscrites ou
diffuses », « chutes de cheveux diffuses
chroniques », « bloque la
chute anormale des cheveux et favorise la
repousse », « chutes diffuses
de la femme » « freine la chute et
favorise le renouvellement des
cheveux » : voici quelques-unes des
« indications » et propriétés
alléguées par quelques produits
antichutes répertoriés dans le
dictionnaire Vidal. Le produit
commercialement idéal a des
indications larges volontiers floues
assimilant plus ou moins
implicitement « la » chute de cheveux à un
phénomène unique dont le
traitement serait efficace quelle que soit
la cause. Or, il existe de
nombreuses causes de chutes de cheveux
dont le traitement est avant
tout celui de celles-ci. Ainsi, la
prescription (ou le conseil) d’un
produit « antichute » ne saurait être
rationnelle et sûre qu’une
fois réalisé un diagnostic : s’agit-il d’une
chute de cheveux physiologique
ou pathologique et dans ce cas,
qu’elle en est la cause ?
Physiologie de la
chevelure normale :
chutes physiologiques
Le nombre de follicules pileux
présents sur l’ensemble du tégument
est déterminé génétiquement.
Ceux-ci vont apparaître au cours de
la vie intra-utérine et leur
nombre est d’environ 5 millions à la
naissance [37]. Ce « capital folliculaire »
ne variera plus qu’à la baisse
selon une évolution
physiologique et/ou pathologique.
La chevelure est en perpétuel
remaniement depuis la naissance
jusqu’à la fin de la vie.
Alors que chaque follicule pileux poursuit
indépendamment des autres son
propre cycle pilaire, le nombre des
follicules pileux présents sur
le cuir chevelu à un moment donné
varie selon un rythme
saisonnier et en fonction de l’âge.
CHUTE DE CHEVEUX SAISONNIÈRE
Celle-ci s’explique par l’influence
sur le cycle pilaire des hormones
stéroïdiennes dont la
production est influencée par les durées
d’exposition solaire. Il y a
ainsi deux pics saisonniers : aoûtseptembre
où la moyenne de chute est de
60 cheveux par jour, et au
printemps où la moyenne de
chute est de 45 par jour.
Les pourcentages de cheveux
télogènes les plus élevés sont observés
en août (en moyenne 20 %) [43], expliquant le nombre
important de
consultations pour chutes de
cheveux observées en automne.
VARIATIONS AVEC L’ÂGE
Depuis l’adolescence jusqu’à
la fin de la vie, la densité pilaire
diminue en l’absence de tout
processus pathologique, dans toutes
les régions du scalp, mais de
manière plus marquée dans les régions
frontocoronales dans les deux
sexes [38]. Cette évolution, qui
correspond à un vieillissement
semble-t-il inéluctable de la
chevelure, s’accompagne d’une
diminution de diamètre des
follicules pileux dont la
valeur diminue discrètement à chaque
nouveau cycle pilaire. Les
phases du cycle pilaire se modifient aussi :
diminution de la durée de la
phase anagène, augmentation de la
durée entre la chute des
télogènes et l’apparition des nouveaux
anagènes [8]. Le nombre de cheveux
télogènes augmente également
avec l’âge, surtout dans la
région coronale [38].
CHUTE QUOTIDIENNE. CYCLE
PILAIRE
Amorcée pendant la vie
intra-utérine, l’activité cyclique des
follicules pileux assure le
renouvellement de la chevelure sur un
mode asynchrone (c’est-à-dire
indépendamment les uns des autres)
au cours de cycles pilaires
dont le nombre (24 à 25 au total) et la
durée sont génétiquement
déterminés. Chaque cycle comporte trois
phases :
– la phase anagène est la
phase de croissance pendant laquelle le
cheveu pousse en moyenne de
0,35 à 0,45 mm/j. Elle dure en
moyenne 4 à 6 ans chez la
femme et 2 à 4 ans chez l’homme ;
– la phase catagène est la
phase où le follicule pileux arrête de
croître et commence à
involuer. Elle dure environ 3 semaines ;
– la phase télogène correspond
à la période d’involution du bulbe
pilaire. Elle dure 2 à 4 mois
au terme desquels le cheveu tombe
spontanément ou lors de la
coiffure ou des shampoings.
Vingt-cinq à 60 cheveux sont
ainsi perdus quotidiennement tandis
que 25 à 60 nouveaux cycles
vont débuter, assurant ainsi un nombre
de cheveux constant. Les
pourcentages normaux aux différentes
phases du cycle sont indiqués
dans le tableau I.
Chutes de cheveux non
physiologiques
Il existe de très nombreuses
causes de chute de cheveux (tableau II)
que l’on classe selon les
critères suivants :
– caractère physiologique ou
pathologique de la chute ;
– phase du cycle pilaire où se
produit la chute : effluvium télogènes
(les plus fréquents) ou
anagènes ;
– topographie de l’alopécie :
localisée ou diffuse ;
– caractère cicatriciel ou non
cicatriciel de l’alopécie.
Les produits « antichute » ne
sauraient avoir une quelconque
efficacité sur une alopécie
constituée résultant de la destruction des
follicules pileux, toujours
définitive et dont le traitement curatif ne
peut plus être que chirurgical
(implants capillaires et/ou réduction
tonsurale) ou prothétique.
Ainsi, toutes les alopécies cicatricielles
sont naturellement exclues des
indications des produits antichute et
seules des chutes de cheveux
réversibles à un stade où le follicule
pileux n’est pas détruit sont
les indications théoriques de cette classe
de produits. Les chutes de
cheveux concernées sont donc les chutes
de cheveux diffuses aiguës ou
chroniques, pathologiques ou
physiologiques, respectant le
follicule pileux. En pratique, les causes
les plus fréquentes où ce type
de produit est prescrit sont les
effluvium télogènes sans cause
éventuellement traitable retrouvée
(comme une cause hormonale ou
carentielle…) et les chutes de
cheveux saisonnières. L’alopécie
androgénétique, cause la plus
fréquente de chute chez l’homme,
est bien sûr une « cible »
commercialement majeure visée
par la majorité d’entre eux. De fait,
dans cette indication, la
prescription ou le conseil médical s’orientent
vers l’un des deux seuls
produits dont l’efficacité est actuellement
démontrée dans cette
indication : minoxidil ou finastéride.
Produits antichute :
généralités
Qu’est-ce qu’un produit
antichute ? Le produit antichute idéal
pourrait avoir une, plusieurs
ou toutes les propriétés suivantes :
– blocage de la chute plus
rapidement que la simple évolution
naturelle du processus
responsable ;
– induction d’une repousse
plus rapide que la simple évolution
naturelle ;
– repousse (après induction de
celle-ci) plus rapide que l’évolution
non traitée, c’est-à-dire
accroissement de la vitesse de pousse de la
tige pilaire ;
Tableau I. – Valeurs
normales du nombre des cheveux aux différents
stades du cycle pilaire
chez l’adulte.
Hommes Femmes
Cheveux anagènes 80 à 85 % 85
à 90 %
Cheveux catagènes 0 à 2 % 0 à
2 %
Cheveux télogènes 16 à 22 % 12
à 16 %
Tableau II. – Principales
causes de chutes de cheveux non cicatricielles.
ANAGÈNES TÉLOGÈNES
Diffuses Localisées Diffuses
Localisées
Chimiothérapies Pelade Effluvium télogènes aigus
Alopécie androgénétique
Radiothérapies Syndrome
cheveux anagènes caducs · Post-partum Alopécie
occipitale du nouveau-né
Causes toxiques Syphilis · Arrêt de la contraception orale
Causes médicamenteuses
Alopécies de tractions · Choc psychoaffectif
Pelades diffuses
Trichotillomanie · Intervention chirurgicale
Teignes · Hyperthermie > 39 °C plusieurs jours
Insuffisance hépatique et
rénale · Régime alimentaire
hypocalorique
Impétigo et folliculites · Carence en fer et autres causes carentielles
· Dysthyroïdie et dysendocrinopathies
· Maladies systémiques aiguës
Effluvium télogène
chronique
– augmentation du diamètre de
la tige pilaire.
Chacune de ces éventuelles
propriétés peut être objectivée par
différents moyens au cours d’études
cliniques.
MOYENS D’ÉVALUATION [1]
¦ Trichogramme
C’est l’examen au microscope
optique des racines d’une
cinquantaine de follicules
pileux prélevés par arrachement à la pince
en trois points du scalp
(habituellement zone frontale, occipitale
basse, vertex). Il met en
évidence les différents pourcentages de
cheveux aux différentes phases
du cycle pilaire et l’existence
éventuelle de cheveux
dystrophiques. Les valeurs normales chez
l’adulte sont indiquées dans
le tableau I. Il s’agit d’une technique
non standardisée, très «
opérateur-dépendante » tant pour la
technique d’arrachage que pour
l’analyse microscopique. Cet
examen est surtout utilisé en
routine dans les centres spécialisés
pour quantifier une alopécie
ou suivre son évolution spontanée ou
sous traitement.
¦ Phototrichogramme
Il s’agit de l’analyse
comparative de deux photographies prises à 2
ou 3 jours d’intervalle sur
une zone du scalp rasée et repérée (par
un tatouage le plus souvent).
Seuls les cheveux anagènes ont poussé
sur le deuxième cliché. On
peut ainsi déterminer :
– le nombre N de cheveux
totaux ;
– leur densité N/cm2 ;
– le pourcentage de cheveux
anagènes ;
– la vitesse de croissance.
Le compte des cheveux peut
être fait par ordinateur. La présence
d’au moins 100 follicules sur
la zone repérée est nécessaire pour
éviter certain biais [57]. C’est une des techniques de
référence actuelle
en raison de son caractère
quantitatif et de l’existence de
photographies standardisées
susceptibles d’être étudiées par
différents examinateurs. Les
difficultés techniques sont surtout le fait
des difficultés du comptage
des cheveux clairs fins ou sur peau
noire.
¦ Mesure du poids des
cheveux
Il s’agit de la pesée après 6
semaines des cheveux ayant poussé sur
une zone délimitée de 1 cm2 repérée et préalablement
rasée. Les
cheveux recueillis sont lavés
et séchés avant la pesée. On peut ainsi
comparer le poids des cheveux
obtenus sur une même zone avant et
après traitement.
Cette méthode, très
minutieuse, nécessite un personnel entraîné. Elle
évalue de manière globale à la
fois la vitesse de pousse, le diamètre
pilaire, le pourcentage de
cheveux anagènes et la densité pilaire.
ÉTUDES CLINIQUES
Les études permettant une
réelle évaluation de l’efficacité d’un
produit antichute doivent être
réalisées de la façon suivante.
– Durée minimale de 1 an
permettant de faire la part des variations
saisonnières physiologiques de
la chute des cheveux.
– Double aveugle contre
placebo ou produit de référence.
– Évaluation objective et
standardisée de la densité pilaire par
macrophotographie (avec ou
sans phototrichogramme) ou mesure
du poids des cheveux.
EFFET PLACEBO
L’effet placebo mesuré dans
les essais cliniques dans le groupe
recevant le placebo correspond
à la résultante d’une évolution
naturelle de la maladie, d’un
éventuel effet placebo vrai, et de
phénomènes purement
statistiques comme la régression vers la
moyenne [15, 19].
Il semble qu’en matière de
traitements destinés à favoriser une
repousse des cheveux, l’effet
placebo vrai n’existe pas lorsque
l’évaluation est objective. Ce
fait a pu être montré dans l’alopécie
androgénétique où l’évaluation
de l’efficacité du minoxidil à 2 % et
à 5 % comparée d’une part à un
placebo et d’autre part à l’évolution
naturelle de l’alopécie
androgénétique par la méthode du poids des
cheveux montre une parfaite
superposition des courbes représentant
l’évolution sous placebo et l’évolution
naturelle [40].
À l’inverse, les produits non
évalués selon des critères objectifs
bénéficient d’un important
effet placebo qui peut correspondre à des
modifications d’ordre
cosmétologique de la chevelure ou à une
évolution spontanément
favorable comme l’arrêt spontané d’un
effluvium télogène lorsque sa
cause a disparu.
Enfin, l’existence d’une
mesure objective avec référence
photographique permet d’éviter
les erreurs de compte des cheveux
variables selon l’expérience
des expérimentateurs qui augmente au
cours de la période de
réalisation des études. L’absence de référence
photographique permet d’expliquer,
dans les premières études
d’évaluation du minoxidil, l’importance
de la repousse observée
dans le groupe placebo (jusqu’à
55 % dans certaines études) [48].
L’intégration de cheveux duvet
dans les comptes de cheveux de
certaines études permettrait
aussi d’expliquer certaines repousses
parfois supérieures à 30 %
sous placebo [51].
Principaux produits
antichute
MINOXIDIL
Cette molécule a une AAM
depuis 1986 dans l’alopécie
androgénétique masculine et
féminine. La forme à 2 % est
actuellement en vente libre.
La forme à 5 % nécessite une
prescription médicale et n’a
pas d’AMM chez la femme.
Les nombreuses études
réalisées depuis les années 1980 démontrent
avec certitude, malgré de
nombreuses imperfections
méthodologiques pour beaucoup
d’entre elles, l’efficacité de cette
molécule tant chez l’homme
(chez qui a été réalisée la majorité des
études) que chez la femme dans
l’alopécie androgénétique en
applications locales sur les
régions alopéciques à la dose de 1 mL
matin et soir.
¦ Mode d’action
Il reste incomplètement connu.
Le minoxidil augmente la durée de
la phase anagène et fait
croître le diamètre et la longueur des duvets,
quelle que soit la cause de la
chute de cheveux [39] . Il a un effet
mitogène direct sur les
kératinocytes en culture et prolonge leur
durée de vie [3]. Il augmente l’incorporation
de cystéine et de glycine
dans le follicule pilaire
animal in vitro et provoque l’accumulation
de la cystéine dans la zone de
kératogenèse [11, 50]. Ses propriétés
mitogènes seraient dues à ses
capacités d’ouverture des canaux
potassiques adénosine
triphosphate (ATP)-dépendants [49, 54] mais
seraient indépendantes de ses
propriétés vasodilatatrices [54].
L’augmentation de la
perméabilité au potassium, conséquence de
l’ouverture des canaux
potassiques, conduirait à une diminution du
taux intracytoplasmique de
calcium et pourrait ainsi s’opposer à
l’effet de l’epidermal growth factor (EGF) susceptible d’inhiber la
croissance pilaire en présence
de calcium [54].
¦ Études cliniques
Minoxidil à 2 %
Le minoxidil à 2 % est
disponible en France depuis 1986. Il est
actuellement délivré sans
prescription et n’est pas remboursé par la
Sécurité sociale. Les études
effectuées pour obtenir l’AMM du
minoxidil dans l’alopécie
androgénétique ont eu le mérite d’être les
premières études rigoureuses
réalisées dans cette pathologie. Elles
ont cependant de nombreux
défauts. Dans la grande étude initiale
réalisée par les laboratoires
Upjohn, la période de double aveugle
n’a duré que 4 mois. L’étude s’est
ensuite poursuivie en ouvert entre
le cinquième et le 12e mois. L’évaluation du bénéfice
cosmétique
était subjective, sans prise
de photographie systématique. Surtout,
le compte des cheveux sur une
zone rasée de 5,1 cm2 était fait à
l’oeil nu, avec une loupe,
sans macrophotographie. À 4 mois de
traitement, l’augmentation du
nombre des cheveux était de 59 %
dans le groupe minoxidil et de
33 % dans le groupe placebo [6, 9, 35].
À 4 mois de traitement, des
repousses étaient mises en évidence par
l’investigateur chez 34 % des
patients traités contre 20 % des patients
placebo. À 12 mois, le
pourcentage de repousse était nettement plus
élevé (48 % de repousse dense
ou moyenne selon le patient et 39 %
selon l’investigateur), mais l’étude
était ouverte et ces chiffres ne
sont pas comparables aux
études plus récentes faites en double
aveugle avec photographies
systématiques. En utilisant la technique
des phototrichogrammes, l’augmentation
du nombre de cheveux
avec le minoxidil est de 20 %
après 3 mois de traitement [44]. L’arrêt
du minoxidil s’accompagne d’une
perte du bénéfice acquis en 2 à 6
mois [36, 44].
Minoxidil à 5 %
Il a une AMM dans l’alopécie
androgénétique masculine depuis
1998. Il n’est délivré que sur
prescription médicale et n’est pas
remboursé par la Sécurité
sociale.
Il donne des résultats plus
précoces et plus importants que le
minoxidil à 2 %. Une étude a
été réalisée par la technique du poids
des cheveux élaborée par Vera
Price [40]. Cette étude a permis de
montrer que le poids des
cheveux augmente de façon deux fois plus
importante sous minoxidil à 5
% que sous minoxidil à 2 %.
Trente-six hommes de 18 à 40
ans ont été suivis pendant
102 semaines. Ils ont été
traités, soit par placebo, soit par du
minoxidil à 2 %, soit par du
minoxidil à 5 % en application locale à
raison de 1 mL matin et soir.
Le poids des cheveux était stable sous
placebo alors qu’il augmentait
de 30 % à la 18e semaine avec le
minoxidil à 2 % et de 60 % à
la 18e semaine avec le minoxidil à 5
%.
Au bout de 96 semaines, la
masse des cheveux était plus importante
dans les deux groupes traités
par minoxidil comparativement au
groupe témoin, avec toujours
un avantage plus net dans le groupe
recevant du minoxidil à 5 %.
Dans le groupe témoin, il existait une
diminution progressive du
poids des cheveux de l’ordre de 7 à 8%
par an. Le bénéfice acquis
dans les deux groupes de minoxidil à 2
ou à 5 % était perdu au bout
de 24 semaines sans traitement.
L’efficacité et la tolérance
du minoxidil à 5 % ont également été
évaluées dans une étude
randomisée en double aveugle [56] incluant
393 hommes âgés de 18 à 49 ans
atteints d’alopécie androgénétique
du vertex modérée traités
pendant 48 semaines par 1 mL matin et
soir de minoxidil à 5 % ou à 2
%, ou par placebo. Les résultats ont
mis en évidence une repousse
plus rapide et plus importante avec
le minoxidil à 5 %, tant sur
le compte des cheveux sur photographie
que sur l’appréciation
cosmétique par les patients.
¦ Effets secondaires
Ils sont rares et bénins le
plus souvent. Certains méritent cependant
d’être connus.
Les effets secondaires locaux
sont les plus fréquents, à type de
dermites irritatives ou de
contact, au minoxidil lui-même ou à
l’excipient.
Certains effets secondaires
sont dus au passage transcutané. Celui-ci
varie entre 0,3 et 4,5 % [29] (en moyenne 1,4 %) de la dose
appliquée.
Des hypertrichoses à distance,
réversibles en quelques mois à l’arrêt,
sont assez fréquentes (3 à 5 %
avec le minoxidil à 2 % [39], jusqu’à
37 % des cas avec le minoxidil
à 5 % [31,
32]).
Chez les sujets sains, les
études réalisées n’ont pas
montré de modifications tensionnelles [11,
50]. En revanche, une étude contre placebo réalisée chez 20 sujets
ayant appliqué 2 mL/24 h d’une
solution de minoxidil à 2 % a
montré une aumentation du
volume télédiastolique et de la masse
ventriculaire gauche [24]. Ces résultats engagent à la
prudence chez
les patients coronariens [11, 24]. Le minoxidil est
contre-indiqué chez
la femme enceinte ou
allaitante.
FINASTÉRIDE
¦ Mode d’action,
indications, contre-indications
C’est un traitement oral
spécifique de l’alopécie androgénétique
masculine modérée qui agit en
inhibant la 5-alpha réductase de type
2, bloquant ainsi la
transformation de la testostérone en
dihydrotestostérone, laquelle
est responsable du processus de
miniaturisation des cheveux au
cours de l’alopécie androgénétique.
Ce traitement est
contre-indiqué chez la femme et chez l’enfant
(risque d’anomalie des organes
génitaux externes chez le foetus
masculin en cas d’exposition
au finastéride pendant la grossesse).
¦ Études cliniques
L’efficacité de cette molécule
a été démontrée par plusieurs études
de méthodologie rigoureuse [16, 17, 18, 25, 45, 46].
Deux études multicentriques
ont été conduites en double aveugle ;
1 553 hommes âgés de 18 à 41
ans ayant une alopécie
androgénétique modérée du
vertex ont été traités 1 an par
finastéride per os à la dose
de 1 mg/j (50 %) ou par placebo (50 %) ;
1 215 ont été traités une
deuxième année, soit par finastéride (90 %)
soit par placebo (10 %). L’efficacité
a été appréciée par un compte de
cheveux sur macrophotographie
après rasage d’une zone de 5,1 cm2,
d’une part, et par l’évaluation
de photographies standardisées
globales du cuir chevelu
interprétées par des experts indépendants
(ne suivant pas cliniquement
les patients), d’autre part. Les avis des
patients et des investigateurs
ont été également recueillis.
Tous les critères de jugement
à 1 et à 2 ans sont en faveur du
finastéride. Le gain moyen en
nombre de cheveux dans la zone rasée
de 5,1 cm2 est respectivement de 107 et
138 cheveux versus placebo
à 1 an et à 2 ans (p < 0,001). Sous finastéride, seuls 14 % des patients
traités 1 an et 17 % des
patients traités 2 ans ont vu leur compte de
cheveux se dégrader (versus 58
et 72 % pour le placebo). Une
repousse sur la base des
photographies globales est mise en évidence
par les experts dans 48 % des
cas à 1 an et dans 66 % des cas à 2 ans
versus 7 % dans les deux cas
avec le placebo. Cette repousse est, à
1 an, le plus souvent faible
(30 % des cas) ou modérée (16 %). Elle
est importante dans 2 % des
cas. À 2 ans, la repousse est faible dans
30 % des cas, modérée dans 31
%, importante dans 5 % des cas.
À plus long terme, les
résultats restent très positifs chez 323 patients
ayant poursuivi 5 ans le
traitement par 1 mg de finastéride per os
par jour, comparés à 23
patients ayant poursuivi le placebo. Malgré
une discrète diminution
absolue du nombre de cheveux acquis dans
le groupe traité, la
différence dans le compte de cheveux entre les
deux groupes augmente avec le
temps : 171 cheveux à 2 ans, 183 à
3 ans, 219 à 4 ans, 277 à 5
ans. De même, après 5 ans de traitement,
48 % des patients traités
restent améliorés sur photographies
globales versus 0 % des
patients sous placebo. À 5 ans, 63 % des
patients se déclarent
satisfaits contre 20 % sous placebo.
Une étude réalisée chez 136
femmes ménopausées atteintes
d’alopécie androgénétique
comparant 1 mg/j de finastéride à un
placebo pendant 1 an a montré
l’inefficacité du finastéride dans cette
indication [39].
¦ Effets secondaires
Des effets secondaires d’ordre
sexuel sont observés dans 1 à 2% des
cas : baisse de la libido,
dysfonction érectile, anomalie de
l’éjaculation. Ils sont
réversibles en 15 jours à l’arrêt du traitement.
Ils sont souvent transitoires
malgré la poursuite du traitement [18].
D’autres effets secondaires
ont été rarement rapportés : réactions
d’hypersensibilité comprenant
éruption cutanée, prurit, urticaire et
gonflement des lèvres et du
visage, sensibilité de la poitrine et
gynécomastie [58], douleurs testiculaires.
DEXPANTHÉNOL
C’est l’analogue alcoolique de
l’acide D-pantothénique (ou vitamine
B5). Il joue le rôle de
provitamine B5 en se transformant en acide
pantothénique dans l’organisme.
Ce dernier est le précurseur de
l’acétylcoenzyme A (Acétyl
CoA) et de l’acyl carrier protein (ACP).
Le CoA est impliqué dans le
catabolisme des glucides, des lipides et
de certains acides aminés. Le
CoA et l’ACP participent à la synthèse
des acides gras et du
cholestérol.
L’acide pantothénique est
présent dans la plupart des aliments
d’origine animale ou végétale.
Les états de carence ne sont donc
observés que dans les grandes
dénutritions en association avec
d’autres carences et jamais
avec un régime alimentaire normal [13, 23].
C’est en raison de l’existence
d’alopécies observées au cours de ces
états carentiels que l’acide
pantothénique a pu être proposé comme
« traitement d’appoint des
alopécies diffuses » en utilisation
parentérale (voie
intramusculaire) ou per os. Aucune étude clinique
bien conduite n’est jamais
venue démontrer son utilité depuis son
AMM en 1951 dans cette
proposition d’indication.
Les effets secondaires se
limitent à de rares cas de manifestations
allergiques cutanées [29, 32].
BIOTINE (VITAMINE H OU
VITAMINE B8)
La biotine est la coenzyme des
carboxylases qui catalysent
l’incorporation du CO2 dans différents substrats. À
ce titre, elle
intervient dans le catabolisme
du glucose, des acides gras et de
certains acides aminés ainsi
que dans la synthèse des acides gras.
La biotine est présente dans
la plupart des aliments, qu’ils soient
d’origine animale ou végétale.
Le jaune d’oeuf, le foie et les rognons
en sont particulièrement
riches [23].
L’autre source de biotine est
due à une synthèse endogène par la
flore intestinale. En raison
du caractère ubiquitaire de sa présence
dans l’alimentation, les
situations de carence sont exceptionnelles [23,
30]. Il s’agit essentiellement, dans les pays industrialisés, de
maladies
héréditaires métaboliques
(déficit en holocarboxylase synthétase et
déficit en biotinidase) et de
la nutrition parentérale non
supplémentée. L’ingestion d’une
grande quantité de blanc d’oeuf cru
(qui contient de l’avidine,
chélatrice de la biotine) peut également
provoquer une carence. Dans
les situations de malnutrition, les
carences d’apport s’intègrent
toujours dans des déficits nutritionnels
multiples [23]. Les signes cliniques de la
carence en biotine associent
un syndrome cutanéomuqueux
(xérose et dermite
érythématosquameuse à
prédominance périorificielle avec alopécie,
chéilite, glossite,
conjonctivite), des manifestations
neuropsychiatriques diverses
et des perturbations métaboliques.
Il s’agit d’un produit
atoxique. Aucun effet secondaire n’a été
signalé, même à forte dose et
en utilisation prolongée [23, 29].
Proposée comme « traitement d’appoint
des alopécies diffuses » par
voie buccale ou par voie
intramusculaire [32], aucune étude bien
conduite ne permet
actuellement de valider objectivement cette
indication.
VITAMINE B6
Il existe trois formes
biologiquement interchangeables de vitamine
B6 : la pyridoxine, la pyridoxamine
et le pyridoxal. La vitamine B6
est impliquée dans de
nombreuses voies du métabolisme des acides
aminés. Elle joue également un
rôle dans certaines voies
métaboliques des hydrates de
carbone, des acides gras et de la
synthèse de l’hémoglobine.
Comme les autres vitamines du
groupe B, la vitamine B6 est présente
dans de nombreux aliments [23]. Les carences sont donc
rares. Elles
s’observent dans les grands
états de dénutrition où elles s’intègrent
dans un tableau de déficit
nutritionnel multiple et dans certaines
situations : alcoolisme
chronique, hémodialyse, nutrition parentérale
non supplémentée, maladies
héréditaires du métabolisme vitamine
B6-dépendant, traitements par
médicaments qui inactivent la
vitamine B6 (isoniazide, contraceptifs
oraux, dihydralazine,
pénicillamine). Par ailleurs,
la vitamine B6 est susceptible d’inhiber
l’activité de la lévodopa
lorsqu’elle est utilisée sans inhibiteur de la
dopadécarboxylase.
Les besoins quotidiens recommandés
sont de 1 à 2 mg/24 h [30].
La carence en vitamine B6 se manifeste par des symptômes
le plus
souvent frustes et non
spécifiques intriqués généralement à d’autres
carences des vitamines du
groupe B [23]. Il s’agit de l’association
d’une dermite desquamative
périorificielle à des lésions muqueuses
(chéilite, glossite) et à des
signes neuropsychiatriques et des
anomalies hématologiques...
La toxicité de la vitamine B6 est faible mais de fortes
doses (2 à
6 g/24 h) administrées pendant
une période prolongée peuvent
entraîner une polynévrite [23, 29]. Le fait que des doses
inférieures
puissent occasionner des
polynévrites reste débattu, bien que
certains cas aient pu être
rapportés pour des doses d’environ
500 mg/24 h [29].
En plus du rôle de la vitamine
B6 dans le métabolisme des acides
aminés, l’existence d’une
diminution de l’incorporation de la cystine
dans la zone kératogène du
poil observée dans les carences en
vitamine B6
[55] a conduit certains laboratoires à réaliser des
spécialités associant vitamine
B6 et cystine. Cependant, comme
nous
l’avons vu, les carences en
vitamine B6 sont des situations
exceptionnelles.
ACIDES AMINÉS SOUFRÉS
Il s’agit de la cystine, de la
cystéine et de la méthionine. Ils sont
disponibles en comprimés sous
des formes diverses : association
méthionine-cystéine dans la
Lobamine-Cystéinet, association
cystine-vitamine B6 dans la Cystine B6t, association à différents
autres actifs dans plusieurs
compléments alimentaires. Ils sont
également contenus dans des
gélatines qui sont des hydrolysats de
collagène d’origine bovine.
Mais, actuellement, les nouvelles
poudres proposées sont d’origine
végétale.
La méthionine conduit, après
trois réactions enzymatiques, à la
cystéine dont la molécule est
scindée en deux molécules de cystine
par une déshydrogénase. La
kératine pilaire (dont il existe dix
variétés) doit ses propriétés
d’élasticité et de cohésion à sa plus ou
moins grande richesse en ponts
disulfures dont la présence est
exclusivement le fait des
molécules de cystine.
Bien que non actuellement
formellement démontré en clinique
humaine, l’intérêt d’une
supplémentation en cystine chez des sujets
non carencés mais en situation
de synthèse protéique accrue au
niveau capillaire comme au
cours de la repousse d’un effluvium
télogène pourrait être étayé
par les faits suivants.
– Intérêt des régimes riches
en acides aminés soufrés chez les ovins
pour améliorer la qualité de
la laine : l’administration d’un régime
riche en méthionine chez le
mouton cashmere et la chèvre angora
augmente la résistance et le
diamètre de la fibre laineuse [12].
– Une étude chez le lapin a
montré une augmentation de la synthèse
de kératine de 40 % après 6 semaines
de régime riche en lysine et
méthionine par rapport au
groupe témoin objectivée par la mesure
du poids des poils [41].
– Deux études réalisées chez l’homme
mais de méthodologie
discutable font état d’une
augmentation des diamètres des
cheveux [33, 53] et de leur résistance à la
traction [53].
Des études bien conduites sont
cependant nécessaires pour vérifier
cette hypothèse.
ZINC
Sous forme de sulfate ou de
gluconate, le zinc est présent dans de
nombreux compléments
alimentaires à visée antichute de cheveux.
Dans le corps humain, le zinc
est présent dans tous les tissus
humains et dans tous les
fluides biologiques [34]. Les plus hautes
concentrations sont retrouvées
dans les muscles, la peau et les
fluides prostatiques [29]. De nombreuses métalloenzymes
dépendent
du zinc pour leur activité
catalytique et sont impliquées dans de
nombreuses réactions de la
synthèse protéique, du métabolisme et
du catabolisme des glucides et
des acides gras, de la réplication de
l’acide désoxyribonucléique
(ADN), de l’acide ribonucléique (ARN)
et de la division cellulaire [42]. Le zinc est donc nécessaire
au bon
fonctionnement des tissus à
renouvellement rapide : peau, système
immunitaire, muqueuses
digestives [29].
Le zinc est présent à l’état
de traces dans une large variété
d’aliments [29]. Environ 20 % de la quantité
ingérée est absorbée
principalement au niveau de l’intestin
grêle. Les phytates contenus
dans les grains de céréales
chélatent le zinc et inhibent son
absorption.
L’apport moyen recommandé est
de 15 mg/24 h [30]. Les situations
de carence en zinc peuvent
être génétiques (acrodermatite
entéropathique) ou acquises :
prématurité, alcoolisme,
malabsorptions intestinales,
insuffisances rénales, cancers, brûlures
étendues, agents chélateurs,
médicaments (antimétaboliques,
diurétiques, valproate de
sodium), nutrition parentérale, régimes
riches en phytates [30]. La grossesse augmente les
besoins [34].
L’implication particulière du
zinc dans les processus de
kératinisation [34] explique l’alopécie observée
dans les situations de
carence où elle s’associe
diversement aux autres éléments du
syndrome carentiel : dermatose
vésiculopustuleuse acrale et
périorificielle, atteintes
muqueuses, diarrhée, troubles
neuropsychiatriques, anorexie
et hypoagueusie, sensibilité aux
infections, retard de
croissance.
En dehors des situations de
carences conduisant à une
symptomatologie évocatrice où
une éventuelle alopécie diffuse ne
serait pas isolée, l’intérêt d’une
supplémentation en zinc pour
favoriser ou améliorer la
pousse ou la repousse des cheveux n’est
pas démontré.
L’administration prolongée de
doses élevées peut conduire à un
déficit en cuivre avec anémie
sidéroblastique et neutropénie [29].
L’innocuité d’une
supplémentation modérée et prolongée n’est pas
connue [34].
AMINEXIL
Cette molécule (2,4
diamino-pyrimidine-oxyde), brevetée et
commercialisée par le
laboratoire L’Oréal, est un dérivé du minoxidil
dépourvu d’activité
systémique, en particulier antihypertensive.
L’aminexil inhibe la synthèse
de la lysylhydroxylase responsable de
la réticulation du collagène [27] et de la fibrose
périfolliculaire
observée autour des cheveux
miniaturisés dans l’alopécie
androgénétique [28].
Le rôle causal de cette
fibrose dans la physiopathogénie de l’alopécie
androgénétique reste cependant
hypothétique [47].
Plusieurs études ont été
réalisées en simple ou double aveugle,
contre placebo, chez des
hommes (351 au total) âgés de 18 à 57 ans
atteints d’alopécie modérée
ayant un taux de télogènes de plus de
20 %. Les comptes de cheveux
ont été réalisés par la technique du
phototrichogramme. Quatre
études débutées au printemps (232
sujets) ont été réalisées sur
3 mois. Deux études (119 sujets) ont été
réalisées en automne sur une
période de 6 mois ; 57 patients ont été
suivis 1 an. Une méta-analyse
réalisée sur les deux études de
printemps montre une
diminution significative du nombre moyen
de cheveux télogènes (p < 0,001) de 5 % lorsque cet effet est à son
maximum. Une méta-analyse
réalisée sur les études initiées en
automne montre dès 6 semaines
et jusqu’à 6 mois un gain de densité
totale de l’ordre de 6 % par
rapport au groupe placebo. À 1 an, les
courbes de variation relative de
la densité totale montrent un
bénéfice minime dans le groupe
aminexil de 2,5 % [26]. Ces données,
qui semblent montrer une
petite efficacité du produit, en particulier
en diminuant le nombre de
cheveux télogènes lors des pics
saisonniers, n’ont cependant
pas été publiées dans des revues avec
comité de lecture [2, 26]. Pour certains [52], d’autres études plus
conformes aux critères d’approbation
de la Food and Drug
Administration (FDA) sont
nécessaires avant d’accepter pleinement
ces données.
VIVISCALt
Il s’agit d’un « mélange
spécial d’extraits d’origine marine et d’un
composé à base de silice » [22] ayant fait l’objet d’une seule
étude
publiée. Celle-ci, réalisée en
double aveugle mais pas contre placebo
puisqu’un groupe recevait
Viviscalt
tandis que l’autre recevait un
extrait de poisson, montre des
résultats tout à fait surprenants :
augmentation de 38 % à 6 mois
du nombre moyen de cheveux
terminaux dans le groupe
Viviscalt
contre 2 % dans le groupe
« extrait de poisson ». Ces
résultats correspondraient à une
disparition de l’alopécie
clinique et histologique chez 19 des 20 sujets
du groupe Viviscalt. Les nombreux biais
méthodologiques de cette
étude et l’absence de
confirmation par une autre équipe d’un tel
niveau de performance engagent
à l’attitude la plus critique vis-àvis
de ces données qui, pour être
acceptées, nécessiteraient la
réalisation d’autres études
bien conduites.
RTH 16
C’est un extrait végétal de
ruscus aculeatus commercialisé par le
laboratoire Pierre Fabre comme
produit antichute (Anastimt). Ce
produit a, par ailleurs, une
AMM en France depuis 1974 en tant que
veinotonique (Cyclo 3t). Des travaux in vitro sur
cellules de la
papille folliculaire en
culture ont montré une augmentation de la
production de vascular endothelial growth
factor (VEGF) induite par
le RTH 16, aussi bien dans les
extraits cellulaires que dans les
surnageants [20].
Le VEGF est un facteur de
croissance angiogénique mitogène sécrété
par les cellules endothéliales
capables d’induire une angiogenèse
dans les modèles expérimentaux
in vivo [5]. Il est également sécrété
par les kératinocytes humains
en culture et par les cellules de la
papille folliculaire, et a une
activité chimiotactique et proliférative à
l’égard des fibroblastes de la
papille folliculaire [5, 21]. L’importance
des phénomènes d’angiogenèse
au cours du cycle pilaire (mise en
place systématique par
angiogenèse d’un réseau périfolliculaire à la
phase anagène et disparition
de ce réseau à la phase de chute) rend
cette voie de recherche
prometteuse. Des études cliniques bien
conduites sont nécessaires
pour évaluer l’efficacité du RTH 16.
DIVERS
De très nombreux produits n’ont
jamais été évalués cliniquement
ou ont fait l’objet d’évaluations
cliniques insuffisantes ou
méthodologiquement discutables
[4, 51, 52]. Un important marché
semble actuellement se
développer sur internet. Les plus connus
sont les suivants :
– huiles essentielles : ce sont des extraits huileux
de végétaux obtenus
par distillation à la vapeur d’eau
pour la plupart ou par expression
des écorces. Les huiles
essentielles sont donc formées de très
nombreuses molécules ;
– herbes chinoises : Dabaot ou Fabaot. Il s’agit de mélanges divers
de plantes médicinales vendues
sous forme de lotion ;
– Saw palmetto (Serenoa repens) : c’est un
extrait de la plante
Serenoa repens en vente libre
aux États-Unis qui aurait des
propriétés antiandrogènes
mises à profit comme traitement per os
de l’alopécie androgénétique
et de l’hypertrophie bénigne de la
prostate (HBP) (Permixont). En fait, des études ont pu
montrer une
absence de modification du
taux de la dihydroxytestostérone
indiquant que son mécanisme d’action
dans l’HBP est différent [52].
Des cas de gynécomasties ont
été rapportés ;
– Polysorbate 80. C’est un produit en vente
libre aux États-Unis. Une
étude en double aveugle contre
placebo a démontré son
inefficacité [14].
PERSPECTIVES FUTURES
Si le futur proche verra sans
doute l’issue sur le marché de nouvelles
molécules appartenant à des
classes déjà connues comme les
inhibiteurs des 5-alpha
réductases (dutastéride) ou les agonistes de
l’ouverture des canaux
potassiques, l’avenir semble appartenir à la
thérapie génique. Les
modalités techniques permettant d’intégrer du
matériel génétique à celui de
cellules du follicule pileux
(kératinocytes, cellules de
Langerhans, mélanocytes) par
l’intermédiaire de liposomes
ou de rétrovirus sont désormais
connues [7, 10]. En revanche, l’individualisation
des gènes concernés
dans les différentes causes de
chutes de cheveux reste le défi de
demain.
Conclusion
Comme nous l’avons vu, les
deux seuls produits dont l’efficacité est
véritablement démontrée dans
l’alopécie androgénétique sont le
minoxidil dans les deux sexes
et le finastéride chez l’homme. Le
minoxidil est le seul produit
dont les propriétés mitogènes chez les
sujets répondeurs pourraient
faire conseiller son emploi dans les chutes
de cheveux, toutes causes
confondues, une fois celles-ci traitées ou après
leurs disparitions
spontanées, dans le but de favoriser la repousse. Les
études cliniques manquent
cependant actuellement pour valider cette
indication.
Les chutes de cheveux aiguës
ou chroniques sont des situations
anxiogènes motivant
fréquemment une consultation ou un conseil
auprès d’un professionnel de
santé.
Le rôle de celui-ci sera, en
plus de la démarche strictement médicale
diagnostique, d’épargner à
son patient faux espoirs et dépenses inutiles.
Pour ce faire, une attitude
critique rigoureuse permettra seule de ne pas
cautionner des produits
inactifs. Cette attitude doit être avant tout
fondée sur la nécessité d’exiger
des études cliniques bien conduites
avant de créditer tel ou tel
produit d’une éventuelle efficacité.
Enfin, il faut reconnaître la
difficulté qu’il y a parfois de ne rien
prescrire dans des situations
de chutes de cheveux spontanément
résolutives comme par exemple
les chutes de cheveux saisonnières ou
l’effluvium télogène du
post-partum. La prescription d’un produit
« antichute » pourra alors
être rassurante pour certains patients en
attendant l’arrêt spontané de
la chute.
Références
[1] Adhoute H, Reygagne P, Bon FX. Techniques d’évaluation
de la croissance du cheveu. Cosmétologie 1997 ; 13 : 32-37
[2] Anonyme. Alopécies et chutes de cheveux saisonnières
:
l’Aminexil, innovation de la recherche L’Oréal, combat
la
fibrose périfolliculaire. Skinbody 1996 ; 3 (n° 8, tiré à part)
[3] Baden H, Kubilus J. Effect of minoxidil on cultured
keratinocytes.
J Invest Dermatol 1983 ; 81 : 558-560
[4] Bedi MK, Shenefelt PD. Herbal therapy in
dermatology.
Arch Dermatol 2002 ; 138 : 232-242
[5] CharveronM,LachgharS. Croissance pilaire
:VEGFetfibroblastes
de la papille folliculaire. Ann Dermatol Vénéréol
1998 ; (Suppl 2) : S9-S11
[6] Clissold SP, Heel RC. Topical minoxidil. A
preliminary
review of itspharmacodynamicpropertiesandtherapeutic
efficacy in alopecia areata and alopecia androgenetica.
Drugs 1987 ; 33 : 107-122
[7] Cotsarelis G, Millar S. Towards a molecular
understanding
of hair loss and its treatment. Trends Mol Med 2001 ; 7 :
293-301
[8] Courtois M, Loussouarn G, Hourseau C, Grollier JF.
Ageing
and hair cycles. BrJ Dermatol 1995 ; 132 : 86-93
[9] DeVillez RL. The therapeutic use of topical
minoxidil. Dermatol
Clin 1990 ; 8 : 367-375
[10] Domashenko A, Gupta S, Cotsarelis G. Efficient
delivery of
transgenes to human hair follicule progenitor cells
using
topical lipoplex. Nature Biotechnol 2000 ; 18 : 420-423
[11] Esteve E, Aubin F. Alopécie androgénétique. Ann Dermatol
Vénéréol 1997 ; 124 : 7-11
[12] Galbraith H. Protein and sulphur amino acid
nutrition of
hair fibre producing Angora and Cashmere in. Livest Prod
Sci 2000 ; 64 : 81-93
[13] Goodman, Gilman’s. The pharmacological basis of
therapeutics
(7th ed).
London : Collier Macmillan publishers,
1985 : 66 : 1562-1563
[14] Groveman HD, Ganiats T, Klauber MR. Lack of
efficacy of
polysorbate 80 in the treatment of male pattern
baldness.
Arch Intern Med 1985 ; 145 : 1454-1458
[15] Hrobjartsson A, Gotzsche PC. Is the placebo
powerless? An
analysis of clinical trials comparing placebo with no
treatment.
N Engl J Med 2001 ; 344 : 1594-1602
[16] Kauffman KD, and the finasteride male pattern
baldness
group. Clinical studies on the effect of oral
finasteride, a
type 2 5 a-reductase
inhibitor, on scalp hair in men with
male pattern baldness. In : Van Neste D, Randall V. Hair
research for the next millenium. Amsterdam : Elsevier
Science, 1996 : 363-365
[17] Kauffman KD, and the Finasteride Male Pattern Hair
Loss
Study Group. Long-term (5 years) multinational
experience
with finasteride 1 mg in the treatment of men with
androgenetic alopecia. Eur J Dermatol 2002 ; 12 : 38-49
[18] Kaufmann KD, Olsen EA, WhitingDet al. Finasteride
in the
treatment of men with androgenetic alopecia. Finasteride
Male Pattern Hair Loss Study Group. J Am Acad Dermatol
1998 ; 39 : 578-589
[19] La difficile mesure de l’effet placebo. Rev Prescrire 2002 ; 22
(n° 225) ; 135-136
[20] Lachgar S, Charveron M, Gall Y, Bonafe JL.
Follicule pileux
et VEGF : valorisation du RTH16 (Anastimt). Dermatol Prat
1999 ; 2 (n° 233)
[21] Lachghar S, Charveron M, Aries MF, Gall Y, Bonafe
JL. Follicules
pilaires et ²vascular
endothelial growth factor². Ann
Dermatol Venereol 1998 ; 125 : 271-274
[22] Lassus A, Eskelinen EA. Comparative study of a new
food
supplement, Viviscalt,
with fish extract for the treatment
of hereditary androgenic alopecia inyoungmales. J IntMed
Res1992 ; 20 : 445-453
[23] LeGruss J, Watier . Les Vitamines. Laboratoire
Roche, 1993
[24] Leenen FHH, Smith DL, Unger WP. Topical minoxidil:
cardiac effect in bald men. Br J Clin Pharmac 1988 ; 26 :
481-485
[25] Leyden J, Dunlap F, Miller B, Winters P, Lebwohl M,
Hecker
D et al. Finasteride in the treatment of men with
frontal
male pattern hair loss. JAm Acad Dermatol 1999 ; 40 :
930-937
[26] Loussouarn G, Courtois M, Hourseau C, Lang G.
Nouvelle
approche dans la prévention et le traitement cosmétique
del’alopécie : l’Aminexil. Bull EsthetDermatolCosmét1997;
5 : 275-279
[27] Mahé YF, Buan B, Bernard BA. A minoxidil-related
compound
lacking a c6 substitution still exhibits strong
antilysyl
hydroxylase activity in vitro. Skin Pharmacol1996 ; 9 :
177-183
[28] MahéYF,MicheletJF, BilloniN,Jarrousse F,BuanB,Commo
S et al. Androgenetic alopecia and microinflammation. Int
J Dermatol 2000 ; 39 : 576-584
[29] Martindal. The complete drug reference. London :
The
pharmaceutical press, 1999
[30] Miller SJ. Nutritional deficiency and the skin. J Am Acad
Dermatol 1989 ; 21 : 1-30
[31] Minoxidil. Rev Prescrire 1999 ; 194 (270)
[32] Monographie. Paris : Éditions du Vidalt, 2001
[33] Morganti P, Randazzo S, Bruno C. Letter to the
editor. J Soc
Cosmét Chem 1982 ; 33 : 95-96
[34] Nelder KH. The biochimistry and physiology of zinc
A,
Gold- smith MD: physiology, biochemistry and molecular
metabolism in Lowell. Biology of the skin. 2nd ed. New
York : Oxford University Press, 1991
[35] Olsen EA. Androgenic alopecia. In : Olsen EA ed.
Disorders
of hair growth : diagnosis and treatment. New York :
McGraw-Hill, 1994 : 257-283
[36] Olsen EA, Weiner MS. Topical minoxidil in male
pattern
baldness: effect of discontinuation of treatment. J AmAcad
Dermatol 1987 ; 17 : 97-101
[37] Paus R, Costarelis G. The biology of hair
follicules. N Engl J
Med 1999 ; 341 : 491-497
[38] Pecoraro V, Astore IPL. Mesurement of hair growth
under
physiological conditions. P237-254. In : Orfanos CE,
Happle R eds. Hair and hair disease. Berlin Heidelberg :
Springer-Verlag, 1990
[39] Price VH. Treatment of hair loss. N Engl J Med1999 ; 23 :
964-973
[40] Price VH, Menefee E, Strauss PC. Changes in hair
weight
and hair count in men with androgenic alopecia, after
application of 5% and 2% topical minoxidil, placebo and
no treatment. J AmAcad Dermatol 1999 ; 41 : 717-721
[41] Prusiewicz-Witaszek U. Changes in the biosynthesis
of
keratin in the hair following supplementing 34 rabbit’s
basic feed withmethionineandlysine. PolArch Weter1975;
17 : 659-666
[42] Rackett SC, Rothe MJ, Grant-Kels JM. Diet in
dermatology.
The role of dietary manipulation in the prevention of
treatment
of cutaneous disorders. J Am Acad Dermatol 1993 ;
29 : 447-461
[43] Randall VA, Eblis FJ. Seasonal changes in human
hair
growth. BrJ Dermatol 1991 ; 124 : 146-151
[44] Reygagne P, Assouly PH, Catoni I et al. Étude
comparative
d’un nouveau traitement dans l’alopécie androgénique
masculine. Essai randomisé versus minoxidil 2 %. Nouv
Dermatol 1997 ; 16 : 59-63
[45] Reygagne P, Matard B. Alopécies. In : Dubertret L.
Thérapeutique
dermatologique. Paris : Médecine-Science Flammarion,
2001 ; 31-44
[46] Reygagne P, Saig PH, VanNeste D, et le Finasteride
Male
Pattern Baldness Study Group. Efficacité d’un inhibiteur
de
la 5 a-réductase
de type 2 dans le traitement de l’alopécie
androgénétique masculine : résultats à2ans.AnnDermatol
Vénéréol 1998 ; 125 : 3S-35S
[47] Riongioletti F, Guarrera M, Rebora A.
Physiopathologie de
l’alopécie androgénogénétique. Ann Dermatol Vénéréol
1998 ; 125 : 833-837
[48] Rusthton DH, Unger P, Cotteril PC, Kingsley P,
James KC.
Quantitative assessment of 2% topical minoxidil in the
treatment of male pattern balness. Clin Exp Dermatol
1989 ; 14 : 40-46
[49] Sanders DA, Fiddes I, Thompson DM, Philipott MP,
Westgate GE, Kealey T. Minoxidil potentiates the
mitogenic
properties of growth factors in vitro in the absence of
streptomycin. In : Van Neste DJJ, Randall VA eds. Hair
research for the next millenium. Amsterdam : Elsevier
Science BV, 1996
[50] Savin RC, Atton AV. Minoxidil. Update on its
clinical role.
Dermatol Clin 1993 ; 11 : 55-56
[51] Sawaya ME. Novel agent for the treatment of
alopecia.
Semin Cutan Med Surg 1998 ; 4 : 276-283
[52] SawayaME,Shapiro J. Alopecia:unapprovedtreatments
or
indications. Clin Dermatol 2000 ; 18 : 177-186
[53] Scala J, Hollies NRS, Sucher KP. Effect of daily
ingestion on
human scalp hair. Nutr Rep Int 1976 ; 13 : 579-592
[54] Shapiro J, Price VH. Hair regrowth. Therapeutic
agents.
DermatolClin 1998 ; 16 : 341-356
[55] Sturman JA, Cohen PA. Cystine metabolisme in
vitamin B6
deficiency : evidence of multiple tautine pools. Biochem
Med 1971 ; 5 : 245-268
[56] Trancik RJ, Strauss PC, Albert DG, Kolenc-Saban A,
Means
LK. Efficacy comparison of 5% topical minoxidil solution
and placebo in the treatment of male androgenetic
alopecia.
Dossier AMM, Protocole M/7410/0285
[57] Van Neste DI, De Brouwer B, DeCoster W. The
phototrichogram:
analysis of some technical factor of variation.
Skin Pharmacol 1994 ; 7 : 67-72
[58] Wade MS, Sinclair RD. Reversible painfull
gynaecomastia
inducedbylowdosefinasteride (1mg/day). Australas J Dermatol
2000 ; 41: 55