Traitements antichutes

Introduction
L’importance de la chevelure dans l’apparence physique explique
l’attention portée aux cheveux et la demande de soins dans ce
domaine, tant chez les femmes que chez les hommes. Cette
demande, particulièrement importante dans nos sociétés
industrialisées contemporaines, nourrit un marché international
considérable au sein duquel de très nombreux produits « antichute »
sont promus auprès du grand public.
Le plus grand nombre d’entre eux sont des compléments
alimentaires ou des produits cosmétiques appliqués localement
(lotions et shampoings). D’autres sont des médicaments et ont donc
une autorisation de mise sur le marché (AMM). Certain de ces
médicaments sont en vente libre, d’autres nécessitent une
prescription médicale.
Malgré les progrès récents réalisés dans la compréhension de la
physiologie du cycle pilaire et la physiopathologie des chutes de
cheveux, très peu de ces produits ont une efficacité démontrée.
« Alopécies circonscrites ou diffuses », « chutes de cheveux diffuses
chroniques », « bloque la chute anormale des cheveux et favorise la
repousse », « chutes diffuses de la femme » « freine la chute et
favorise le renouvellement des cheveux » : voici quelques-unes des
« indications » et propriétés alléguées par quelques produits
antichutes répertoriés dans le dictionnaire Vidal. Le produit
commercialement idéal a des indications larges volontiers floues
assimilant plus ou moins implicitement « la » chute de cheveux à un
phénomène unique dont le traitement serait efficace quelle que soit
la cause. Or, il existe de nombreuses causes de chutes de cheveux
dont le traitement est avant tout celui de celles-ci. Ainsi, la
prescription (ou le conseil) d’un produit « antichute » ne saurait être
rationnelle et sûre qu’une fois réalisé un diagnostic : s’agit-il d’une
chute de cheveux physiologique ou pathologique et dans ce cas,
qu’elle en est la cause ?
Physiologie de la chevelure normale :
chutes physiologiques
Le nombre de follicules pileux présents sur l’ensemble du tégument
est déterminé génétiquement. Ceux-ci vont apparaître au cours de
la vie intra-utérine et leur nombre est d’environ 5 millions à la
naissance [37]. Ce « capital folliculaire » ne variera plus qu’à la baisse
selon une évolution physiologique et/ou pathologique.
La chevelure est en perpétuel remaniement depuis la naissance
jusqu’à la fin de la vie. Alors que chaque follicule pileux poursuit
indépendamment des autres son propre cycle pilaire, le nombre des
follicules pileux présents sur le cuir chevelu à un moment donné
varie selon un rythme saisonnier et en fonction de l’âge.
CHUTE DE CHEVEUX SAISONNIÈRE
Celle-ci s’explique par l’influence sur le cycle pilaire des hormones
stéroïdiennes dont la production est influencée par les durées
d’exposition solaire. Il y a ainsi deux pics saisonniers : aoûtseptembre
où la moyenne de chute est de 60 cheveux par jour, et au
printemps où la moyenne de chute est de 45 par jour.
Les pourcentages de cheveux télogènes les plus élevés sont observés
en août (en moyenne 20 %) [43], expliquant le nombre important de
consultations pour chutes de cheveux observées en automne.

VARIATIONS AVEC L’ÂGE
Depuis l’adolescence jusqu’à la fin de la vie, la densité pilaire
diminue en l’absence de tout processus pathologique, dans toutes
les régions du scalp, mais de manière plus marquée dans les régions
frontocoronales dans les deux sexes [38]. Cette évolution, qui
correspond à un vieillissement semble-t-il inéluctable de la
chevelure, s’accompagne d’une diminution de diamètre des
follicules pileux dont la valeur diminue discrètement à chaque
nouveau cycle pilaire. Les phases du cycle pilaire se modifient aussi :
diminution de la durée de la phase anagène, augmentation de la
durée entre la chute des télogènes et l’apparition des nouveaux
anagènes [8]. Le nombre de cheveux télogènes augmente également
avec l’âge, surtout dans la région coronale [38].
CHUTE QUOTIDIENNE. CYCLE PILAIRE
Amorcée pendant la vie intra-utérine, l’activité cyclique des
follicules pileux assure le renouvellement de la chevelure sur un
mode asynchrone (c’est-à-dire indépendamment les uns des autres)
au cours de cycles pilaires dont le nombre (24 à 25 au total) et la
durée sont génétiquement déterminés. Chaque cycle comporte trois
phases :
– la phase anagène est la phase de croissance pendant laquelle le
cheveu pousse en moyenne de 0,35 à 0,45 mm/j. Elle dure en
moyenne 4 à 6 ans chez la femme et 2 à 4 ans chez l’homme ;
– la phase catagène est la phase où le follicule pileux arrête de
croître et commence à involuer. Elle dure environ 3 semaines ;
– la phase télogène correspond à la période d’involution du bulbe
pilaire. Elle dure 2 à 4 mois au terme desquels le cheveu tombe
spontanément ou lors de la coiffure ou des shampoings.
Vingt-cinq à 60 cheveux sont ainsi perdus quotidiennement tandis
que 25 à 60 nouveaux cycles vont débuter, assurant ainsi un nombre
de cheveux constant. Les pourcentages normaux aux différentes
phases du cycle sont indiqués dans le tableau I.
Chutes de cheveux non physiologiques
Il existe de très nombreuses causes de chute de cheveux (tableau II)
que l’on classe selon les critères suivants :
– caractère physiologique ou pathologique de la chute ;
– phase du cycle pilaire où se produit la chute : effluvium télogènes
(les plus fréquents) ou anagènes ;
– topographie de l’alopécie : localisée ou diffuse ;
– caractère cicatriciel ou non cicatriciel de l’alopécie.
Les produits « antichute » ne sauraient avoir une quelconque
efficacité sur une alopécie constituée résultant de la destruction des
follicules pileux, toujours définitive et dont le traitement curatif ne
peut plus être que chirurgical (implants capillaires et/ou réduction
tonsurale) ou prothétique. Ainsi, toutes les alopécies cicatricielles
sont naturellement exclues des indications des produits antichute et
seules des chutes de cheveux réversibles à un stade où le follicule
pileux n’est pas détruit sont les indications théoriques de cette classe
de produits. Les chutes de cheveux concernées sont donc les chutes
de cheveux diffuses aiguës ou chroniques, pathologiques ou
physiologiques, respectant le follicule pileux. En pratique, les causes
les plus fréquentes où ce type de produit est prescrit sont les
effluvium télogènes sans cause éventuellement traitable retrouvée
(comme une cause hormonale ou carentielle…) et les chutes de
cheveux saisonnières. L’alopécie androgénétique, cause la plus
fréquente de chute chez l’homme, est bien sûr une « cible »
commercialement majeure visée par la majorité d’entre eux. De fait,
dans cette indication, la prescription ou le conseil médical s’orientent
vers l’un des deux seuls produits dont l’efficacité est actuellement
démontrée dans cette indication : minoxidil ou finastéride.
Produits antichute : généralités
Qu’est-ce qu’un produit antichute ? Le produit antichute idéal
pourrait avoir une, plusieurs ou toutes les propriétés suivantes :
– blocage de la chute plus rapidement que la simple évolution
naturelle du processus responsable ;
– induction d’une repousse plus rapide que la simple évolution
naturelle ;
– repousse (après induction de celle-ci) plus rapide que l’évolution
non traitée, c’est-à-dire accroissement de la vitesse de pousse de la
tige pilaire ;
Tableau I. – Valeurs normales du nombre des cheveux aux différents
stades du cycle pilaire chez l’adulte.
Hommes Femmes
Cheveux anagènes 80 à 85 % 85 à 90 %
Cheveux catagènes 0 à 2 % 0 à 2 %
Cheveux télogènes 16 à 22 % 12 à 16 %
Tableau II. – Principales causes de chutes de cheveux non cicatricielles.
ANAGÈNES TÉLOGÈNES
Diffuses Localisées Diffuses Localisées
Chimiothérapies Pelade Effluvium télogènes aigus Alopécie androgénétique
Radiothérapies Syndrome cheveux anagènes caducs · Post-partum Alopécie occipitale du nouveau-né
Causes toxiques Syphilis · Arrêt de la contraception orale
Causes médicamenteuses Alopécies de tractions · Choc psychoaffectif
Pelades diffuses Trichotillomanie · Intervention chirurgicale
Teignes · Hyperthermie > 39 °C plusieurs jours
Insuffisance hépatique et rénale · Régime alimentaire hypocalorique
Impétigo et folliculites · Carence en fer et autres causes carentielles
· Dysthyroïdie et dysendocrinopathies
· Maladies systémiques aiguës
Effluvium télogène chronique

– augmentation du diamètre de la tige pilaire.
Chacune de ces éventuelles propriétés peut être objectivée par
différents moyens au cours d’études cliniques.
MOYENS D’ÉVALUATION [1]
¦ Trichogramme
C’est l’examen au microscope optique des racines d’une
cinquantaine de follicules pileux prélevés par arrachement à la pince
en trois points du scalp (habituellement zone frontale, occipitale
basse, vertex). Il met en évidence les différents pourcentages de
cheveux aux différentes phases du cycle pilaire et l’existence
éventuelle de cheveux dystrophiques. Les valeurs normales chez
l’adulte sont indiquées dans le tableau I. Il s’agit d’une technique
non standardisée, très « opérateur-dépendante » tant pour la
technique d’arrachage que pour l’analyse microscopique. Cet
examen est surtout utilisé en routine dans les centres spécialisés
pour quantifier une alopécie ou suivre son évolution spontanée ou
sous traitement.
¦ Phototrichogramme
Il s’agit de l’analyse comparative de deux photographies prises à 2
ou 3 jours d’intervalle sur une zone du scalp rasée et repérée (par
un tatouage le plus souvent). Seuls les cheveux anagènes ont poussé
sur le deuxième cliché. On peut ainsi déterminer :
– le nombre N de cheveux totaux ;
– leur densité N/cm2 ;
– le pourcentage de cheveux anagènes ;
– la vitesse de croissance.
Le compte des cheveux peut être fait par ordinateur. La présence
d’au moins 100 follicules sur la zone repérée est nécessaire pour
éviter certain biais [57]. C’est une des techniques de référence actuelle
en raison de son caractère quantitatif et de l’existence de
photographies standardisées susceptibles d’être étudiées par
différents examinateurs. Les difficultés techniques sont surtout le fait
des difficultés du comptage des cheveux clairs fins ou sur peau
noire.
¦ Mesure du poids des cheveux
Il s’agit de la pesée après 6 semaines des cheveux ayant poussé sur
une zone délimitée de 1 cm2 repérée et préalablement rasée. Les
cheveux recueillis sont lavés et séchés avant la pesée. On peut ainsi
comparer le poids des cheveux obtenus sur une même zone avant et
après traitement.
Cette méthode, très minutieuse, nécessite un personnel entraîné. Elle
évalue de manière globale à la fois la vitesse de pousse, le diamètre
pilaire, le pourcentage de cheveux anagènes et la densité pilaire.
ÉTUDES CLINIQUES
Les études permettant une réelle évaluation de l’efficacité d’un
produit antichute doivent être réalisées de la façon suivante.
– Durée minimale de 1 an permettant de faire la part des variations
saisonnières physiologiques de la chute des cheveux.
– Double aveugle contre placebo ou produit de référence.
– Évaluation objective et standardisée de la densité pilaire par
macrophotographie (avec ou sans phototrichogramme) ou mesure
du poids des cheveux.
EFFET PLACEBO
L’effet placebo mesuré dans les essais cliniques dans le groupe
recevant le placebo correspond à la résultante d’une évolution
naturelle de la maladie, d’un éventuel effet placebo vrai, et de
phénomènes purement statistiques comme la régression vers la
moyenne [15, 19].
Il semble qu’en matière de traitements destinés à favoriser une
repousse des cheveux, l’effet placebo vrai n’existe pas lorsque
l’évaluation est objective. Ce fait a pu être montré dans l’alopécie
androgénétique où l’évaluation de l’efficacité du minoxidil à 2 % et
à 5 % comparée d’une part à un placebo et d’autre part à l’évolution
naturelle de l’alopécie androgénétique par la méthode du poids des
cheveux montre une parfaite superposition des courbes représentant
l’évolution sous placebo et l’évolution naturelle [40].
À l’inverse, les produits non évalués selon des critères objectifs
bénéficient d’un important effet placebo qui peut correspondre à des
modifications d’ordre cosmétologique de la chevelure ou à une
évolution spontanément favorable comme l’arrêt spontané d’un
effluvium télogène lorsque sa cause a disparu.
Enfin, l’existence d’une mesure objective avec référence
photographique permet d’éviter les erreurs de compte des cheveux
variables selon l’expérience des expérimentateurs qui augmente au
cours de la période de réalisation des études. L’absence de référence
photographique permet d’expliquer, dans les premières études
d’évaluation du minoxidil, l’importance de la repousse observée
dans le groupe placebo (jusqu’à 55 % dans certaines études) [48].
L’intégration de cheveux duvet dans les comptes de cheveux de
certaines études permettrait aussi d’expliquer certaines repousses
parfois supérieures à 30 % sous placebo [51].
Principaux produits antichute
MINOXIDIL
Cette molécule a une AAM depuis 1986 dans l’alopécie
androgénétique masculine et féminine. La forme à 2 % est
actuellement en vente libre. La forme à 5 % nécessite une
prescription médicale et n’a pas d’AMM chez la femme.
Les nombreuses études réalisées depuis les années 1980 démontrent
avec certitude, malgré de nombreuses imperfections
méthodologiques pour beaucoup d’entre elles, l’efficacité de cette
molécule tant chez l’homme (chez qui a été réalisée la majorité des
études) que chez la femme dans l’alopécie androgénétique en
applications locales sur les régions alopéciques à la dose de 1 mL
matin et soir.
¦ Mode d’action
Il reste incomplètement connu. Le minoxidil augmente la durée de
la phase anagène et fait croître le diamètre et la longueur des duvets,
quelle que soit la cause de la chute de cheveux [39] . Il a un effet
mitogène direct sur les kératinocytes en culture et prolonge leur
durée de vie [3]. Il augmente l’incorporation de cystéine et de glycine
dans le follicule pilaire animal in vitro et provoque l’accumulation
de la cystéine dans la zone de kératogenèse [11, 50]. Ses propriétés
mitogènes seraient dues à ses capacités d’ouverture des canaux
potassiques adénosine triphosphate (ATP)-dépendants [49, 54] mais
seraient indépendantes de ses propriétés vasodilatatrices [54].
L’augmentation de la perméabilité au potassium, conséquence de
l’ouverture des canaux potassiques, conduirait à une diminution du
taux intracytoplasmique de calcium et pourrait ainsi s’opposer à
l’effet de l’epidermal growth factor (EGF) susceptible d’inhiber la
croissance pilaire en présence de calcium [54].
¦ Études cliniques
Minoxidil à 2 %
Le minoxidil à 2 % est disponible en France depuis 1986. Il est
actuellement délivré sans prescription et n’est pas remboursé par la
Sécurité sociale. Les études effectuées pour obtenir l’AMM du
minoxidil dans l’alopécie androgénétique ont eu le mérite d’être les
premières études rigoureuses réalisées dans cette pathologie. Elles
ont cependant de nombreux défauts. Dans la grande étude initiale
réalisée par les laboratoires Upjohn, la période de double aveugle
n’a duré que 4 mois. L’étude s’est ensuite poursuivie en ouvert entre
le cinquième et le 12e mois. L’évaluation du bénéfice cosmétique
était subjective, sans prise de photographie systématique. Surtout,
le compte des cheveux sur une zone rasée de 5,1 cm2 était fait à
l’oeil nu, avec une loupe, sans macrophotographie. À 4 mois de
traitement, l’augmentation du nombre des cheveux était de 59 %
dans le groupe minoxidil et de 33 % dans le groupe placebo [6, 9, 35].
À 4 mois de traitement, des repousses étaient mises en évidence par
l’investigateur chez 34 % des patients traités contre 20 % des patients
placebo. À 12 mois, le pourcentage de repousse était nettement plus
élevé (48 % de repousse dense ou moyenne selon le patient et 39 %
selon l’investigateur), mais l’étude était ouverte et ces chiffres ne
sont pas comparables aux études plus récentes faites en double
aveugle avec photographies systématiques. En utilisant la technique
des phototrichogrammes, l’augmentation du nombre de cheveux
avec le minoxidil est de 20 % après 3 mois de traitement [44]. L’arrêt
du minoxidil s’accompagne d’une perte du bénéfice acquis en 2 à 6
mois [36, 44].
Minoxidil à 5 %
Il a une AMM dans l’alopécie androgénétique masculine depuis
1998. Il n’est délivré que sur prescription médicale et n’est pas
remboursé par la Sécurité sociale.
Il donne des résultats plus précoces et plus importants que le
minoxidil à 2 %. Une étude a été réalisée par la technique du poids
des cheveux élaborée par Vera Price [40]. Cette étude a permis de
montrer que le poids des cheveux augmente de façon deux fois plus
importante sous minoxidil à 5 % que sous minoxidil à 2 %.
Trente-six hommes de 18 à 40 ans ont été suivis pendant
102 semaines. Ils ont été traités, soit par placebo, soit par du
minoxidil à 2 %, soit par du minoxidil à 5 % en application locale à
raison de 1 mL matin et soir. Le poids des cheveux était stable sous
placebo alors qu’il augmentait de 30 % à la 18e semaine avec le
minoxidil à 2 % et de 60 % à la 18e semaine avec le minoxidil à 5 %.
Au bout de 96 semaines, la masse des cheveux était plus importante
dans les deux groupes traités par minoxidil comparativement au
groupe témoin, avec toujours un avantage plus net dans le groupe
recevant du minoxidil à 5 %. Dans le groupe témoin, il existait une
diminution progressive du poids des cheveux de l’ordre de 7 à 8%
par an. Le bénéfice acquis dans les deux groupes de minoxidil à 2
ou à 5 % était perdu au bout de 24 semaines sans traitement.
L’efficacité et la tolérance du minoxidil à 5 % ont également été
évaluées dans une étude randomisée en double aveugle [56] incluant
393 hommes âgés de 18 à 49 ans atteints d’alopécie androgénétique
du vertex modérée traités pendant 48 semaines par 1 mL matin et
soir de minoxidil à 5 % ou à 2 %, ou par placebo. Les résultats ont
mis en évidence une repousse plus rapide et plus importante avec
le minoxidil à 5 %, tant sur le compte des cheveux sur photographie
que sur l’appréciation cosmétique par les patients.
¦ Effets secondaires
Ils sont rares et bénins le plus souvent. Certains méritent cependant
d’être connus.
Les effets secondaires locaux sont les plus fréquents, à type de
dermites irritatives ou de contact, au minoxidil lui-même ou à
l’excipient.
Certains effets secondaires sont dus au passage transcutané. Celui-ci
varie entre 0,3 et 4,5 % [29] (en moyenne 1,4 %) de la dose appliquée.
Des hypertrichoses à distance, réversibles en quelques mois à l’arrêt,
sont assez fréquentes (3 à 5 % avec le minoxidil à 2 % [39], jusqu’à
37 % des cas avec le minoxidil à 5 % [31, 32]). Chez les sujets sains, les
études réalisées n’ont pas montré de modifications tensionnelles [11,
50]. En revanche, une étude contre placebo réalisée chez 20 sujets
ayant appliqué 2 mL/24 h d’une solution de minoxidil à 2 % a
montré une aumentation du volume télédiastolique et de la masse
ventriculaire gauche [24]. Ces résultats engagent à la prudence chez
les patients coronariens [11, 24]. Le minoxidil est contre-indiqué chez
la femme enceinte ou allaitante.
FINASTÉRIDE
¦ Mode d’action, indications, contre-indications
C’est un traitement oral spécifique de l’alopécie androgénétique
masculine modérée qui agit en inhibant la 5-alpha réductase de type
2, bloquant ainsi la transformation de la testostérone en
dihydrotestostérone, laquelle est responsable du processus de
miniaturisation des cheveux au cours de l’alopécie androgénétique.
Ce traitement est contre-indiqué chez la femme et chez l’enfant
(risque d’anomalie des organes génitaux externes chez le foetus
masculin en cas d’exposition au finastéride pendant la grossesse).
¦ Études cliniques
L’efficacité de cette molécule a été démontrée par plusieurs études
de méthodologie rigoureuse [16, 17, 18, 25, 45, 46].
Deux études multicentriques ont été conduites en double aveugle ;
1 553 hommes âgés de 18 à 41 ans ayant une alopécie
androgénétique modérée du vertex ont été traités 1 an par
finastéride per os à la dose de 1 mg/j (50 %) ou par placebo (50 %) ;
1 215 ont été traités une deuxième année, soit par finastéride (90 %)
soit par placebo (10 %). L’efficacité a été appréciée par un compte de
cheveux sur macrophotographie après rasage d’une zone de 5,1 cm2,
d’une part, et par l’évaluation de photographies standardisées
globales du cuir chevelu interprétées par des experts indépendants
(ne suivant pas cliniquement les patients), d’autre part. Les avis des
patients et des investigateurs ont été également recueillis.
Tous les critères de jugement à 1 et à 2 ans sont en faveur du
finastéride. Le gain moyen en nombre de cheveux dans la zone rasée
de 5,1 cm2 est respectivement de 107 et 138 cheveux versus placebo
à 1 an et à 2 ans (p < 0,001). Sous finastéride, seuls 14 % des patients
traités 1 an et 17 % des patients traités 2 ans ont vu leur compte de
cheveux se dégrader (versus 58 et 72 % pour le placebo). Une
repousse sur la base des photographies globales est mise en évidence
par les experts dans 48 % des cas à 1 an et dans 66 % des cas à 2 ans
versus 7 % dans les deux cas avec le placebo. Cette repousse est, à
1 an, le plus souvent faible (30 % des cas) ou modérée (16 %). Elle
est importante dans 2 % des cas. À 2 ans, la repousse est faible dans
30 % des cas, modérée dans 31 %, importante dans 5 % des cas.
À plus long terme, les résultats restent très positifs chez 323 patients
ayant poursuivi 5 ans le traitement par 1 mg de finastéride per os
par jour, comparés à 23 patients ayant poursuivi le placebo. Malgré
une discrète diminution absolue du nombre de cheveux acquis dans
le groupe traité, la différence dans le compte de cheveux entre les
deux groupes augmente avec le temps : 171 cheveux à 2 ans, 183 à
3 ans, 219 à 4 ans, 277 à 5 ans. De même, après 5 ans de traitement,
48 % des patients traités restent améliorés sur photographies
globales versus 0 % des patients sous placebo. À 5 ans, 63 % des
patients se déclarent satisfaits contre 20 % sous placebo.
Une étude réalisée chez 136 femmes ménopausées atteintes
d’alopécie androgénétique comparant 1 mg/j de finastéride à un
placebo pendant 1 an a montré l’inefficacité du finastéride dans cette
indication [39].
¦ Effets secondaires
Des effets secondaires d’ordre sexuel sont observés dans 1 à 2% des
cas : baisse de la libido, dysfonction érectile, anomalie de
l’éjaculation. Ils sont réversibles en 15 jours à l’arrêt du traitement.
Ils sont souvent transitoires malgré la poursuite du traitement [18].
D’autres effets secondaires ont été rarement rapportés : réactions
d’hypersensibilité comprenant éruption cutanée, prurit, urticaire et
gonflement des lèvres et du visage, sensibilité de la poitrine et
gynécomastie [58], douleurs testiculaires.
DEXPANTHÉNOL
C’est l’analogue alcoolique de l’acide D-pantothénique (ou vitamine
B5). Il joue le rôle de provitamine B5 en se transformant en acide
pantothénique dans l’organisme. Ce dernier est le précurseur de
l’acétylcoenzyme A (Acétyl CoA) et de l’acyl carrier protein (ACP).
Le CoA est impliqué dans le catabolisme des glucides, des lipides et
de certains acides aminés. Le CoA et l’ACP participent à la synthèse
des acides gras et du cholestérol.
L’acide pantothénique est présent dans la plupart des aliments
d’origine animale ou végétale. Les états de carence ne sont donc
observés que dans les grandes dénutritions en association avec
d’autres carences et jamais avec un régime alimentaire normal [13, 23].
C’est en raison de l’existence d’alopécies observées au cours de ces
états carentiels que l’acide pantothénique a pu être proposé comme
« traitement d’appoint des alopécies diffuses » en utilisation
parentérale (voie intramusculaire) ou per os. Aucune étude clinique
bien conduite n’est jamais venue démontrer son utilité depuis son
AMM en 1951 dans cette proposition d’indication.
Les effets secondaires se limitent à de rares cas de manifestations
allergiques cutanées [29, 32].
BIOTINE (VITAMINE H OU VITAMINE B8)
La biotine est la coenzyme des carboxylases qui catalysent
l’incorporation du CO2 dans différents substrats. À ce titre, elle
intervient dans le catabolisme du glucose, des acides gras et de
certains acides aminés ainsi que dans la synthèse des acides gras.
La biotine est présente dans la plupart des aliments, qu’ils soient
d’origine animale ou végétale. Le jaune d’oeuf, le foie et les rognons
en sont particulièrement riches [23].
L’autre source de biotine est due à une synthèse endogène par la
flore intestinale. En raison du caractère ubiquitaire de sa présence
dans l’alimentation, les situations de carence sont exceptionnelles [23,
30]. Il s’agit essentiellement, dans les pays industrialisés, de maladies
héréditaires métaboliques (déficit en holocarboxylase synthétase et
déficit en biotinidase) et de la nutrition parentérale non
supplémentée. L’ingestion d’une grande quantité de blanc d’oeuf cru
(qui contient de l’avidine, chélatrice de la biotine) peut également
provoquer une carence. Dans les situations de malnutrition, les
carences d’apport s’intègrent toujours dans des déficits nutritionnels
multiples [23]. Les signes cliniques de la carence en biotine associent
un syndrome cutanéomuqueux (xérose et dermite
érythématosquameuse à prédominance périorificielle avec alopécie,
chéilite, glossite, conjonctivite), des manifestations
neuropsychiatriques diverses et des perturbations métaboliques.
Il s’agit d’un produit atoxique. Aucun effet secondaire n’a été
signalé, même à forte dose et en utilisation prolongée [23, 29].
Proposée comme « traitement d’appoint des alopécies diffuses » par
voie buccale ou par voie intramusculaire [32], aucune étude bien
conduite ne permet actuellement de valider objectivement cette
indication.
VITAMINE B6
Il existe trois formes biologiquement interchangeables de vitamine
B6 : la pyridoxine, la pyridoxamine et le pyridoxal. La vitamine B6
est impliquée dans de nombreuses voies du métabolisme des acides
aminés. Elle joue également un rôle dans certaines voies
métaboliques des hydrates de carbone, des acides gras et de la
synthèse de l’hémoglobine.
Comme les autres vitamines du groupe B, la vitamine B6 est présente
dans de nombreux aliments [23]. Les carences sont donc rares. Elles
s’observent dans les grands états de dénutrition où elles s’intègrent
dans un tableau de déficit nutritionnel multiple et dans certaines
situations : alcoolisme chronique, hémodialyse, nutrition parentérale
non supplémentée, maladies héréditaires du métabolisme vitamine
B6-dépendant, traitements par médicaments qui inactivent la
vitamine B6 (isoniazide, contraceptifs oraux, dihydralazine,
pénicillamine). Par ailleurs, la vitamine B6 est susceptible d’inhiber
l’activité de la lévodopa lorsqu’elle est utilisée sans inhibiteur de la
dopadécarboxylase.
Les besoins quotidiens recommandés sont de 1 à 2 mg/24 h [30].
La carence en vitamine B6 se manifeste par des symptômes le plus
souvent frustes et non spécifiques intriqués généralement à d’autres
carences des vitamines du groupe B [23]. Il s’agit de l’association
d’une dermite desquamative périorificielle à des lésions muqueuses
(chéilite, glossite) et à des signes neuropsychiatriques et des
anomalies hématologiques...
La toxicité de la vitamine B6 est faible mais de fortes doses (2 à
6 g/24 h) administrées pendant une période prolongée peuvent
entraîner une polynévrite [23, 29]. Le fait que des doses inférieures
puissent occasionner des polynévrites reste débattu, bien que
certains cas aient pu être rapportés pour des doses d’environ
500 mg/24 h [29].
En plus du rôle de la vitamine B6 dans le métabolisme des acides
aminés, l’existence d’une diminution de l’incorporation de la cystine
dans la zone kératogène du poil observée dans les carences en
vitamine B6
[55] a conduit certains laboratoires à réaliser des
spécialités associant vitamine B6 et cystine. Cependant, comme nous
l’avons vu, les carences en vitamine B6 sont des situations
exceptionnelles.
ACIDES AMINÉS SOUFRÉS
Il s’agit de la cystine, de la cystéine et de la méthionine. Ils sont
disponibles en comprimés sous des formes diverses : association
méthionine-cystéine dans la Lobamine-Cystéinet, association
cystine-vitamine B6 dans la Cystine B6t, association à différents
autres actifs dans plusieurs compléments alimentaires. Ils sont
également contenus dans des gélatines qui sont des hydrolysats de
collagène d’origine bovine. Mais, actuellement, les nouvelles
poudres proposées sont d’origine végétale.
La méthionine conduit, après trois réactions enzymatiques, à la
cystéine dont la molécule est scindée en deux molécules de cystine
par une déshydrogénase. La kératine pilaire (dont il existe dix
variétés) doit ses propriétés d’élasticité et de cohésion à sa plus ou
moins grande richesse en ponts disulfures dont la présence est
exclusivement le fait des molécules de cystine.
Bien que non actuellement formellement démontré en clinique
humaine, l’intérêt d’une supplémentation en cystine chez des sujets
non carencés mais en situation de synthèse protéique accrue au
niveau capillaire comme au cours de la repousse d’un effluvium
télogène pourrait être étayé par les faits suivants.
– Intérêt des régimes riches en acides aminés soufrés chez les ovins
pour améliorer la qualité de la laine : l’administration d’un régime
riche en méthionine chez le mouton cashmere et la chèvre angora
augmente la résistance et le diamètre de la fibre laineuse [12].
– Une étude chez le lapin a montré une augmentation de la synthèse
de kératine de 40 % après 6 semaines de régime riche en lysine et
méthionine par rapport au groupe témoin objectivée par la mesure
du poids des poils [41].
– Deux études réalisées chez l’homme mais de méthodologie
discutable font état d’une augmentation des diamètres des
cheveux [33, 53] et de leur résistance à la traction [53].
Des études bien conduites sont cependant nécessaires pour vérifier
cette hypothèse.
ZINC
Sous forme de sulfate ou de gluconate, le zinc est présent dans de
nombreux compléments alimentaires à visée antichute de cheveux.
Dans le corps humain, le zinc est présent dans tous les tissus
humains et dans tous les fluides biologiques [34]. Les plus hautes
concentrations sont retrouvées dans les muscles, la peau et les
fluides prostatiques [29]. De nombreuses métalloenzymes dépendent
du zinc pour leur activité catalytique et sont impliquées dans de
nombreuses réactions de la synthèse protéique, du métabolisme et
du catabolisme des glucides et des acides gras, de la réplication de
l’acide désoxyribonucléique (ADN), de l’acide ribonucléique (ARN)
et de la division cellulaire [42]. Le zinc est donc nécessaire au bon
fonctionnement des tissus à renouvellement rapide : peau, système
immunitaire, muqueuses digestives [29].
Le zinc est présent à l’état de traces dans une large variété
d’aliments [29]. Environ 20 % de la quantité ingérée est absorbée
principalement au niveau de l’intestin grêle. Les phytates contenus
dans les grains de céréales chélatent le zinc et inhibent son
absorption.
L’apport moyen recommandé est de 15 mg/24 h [30]. Les situations
de carence en zinc peuvent être génétiques (acrodermatite
entéropathique) ou acquises : prématurité, alcoolisme,
malabsorptions intestinales, insuffisances rénales, cancers, brûlures
étendues, agents chélateurs, médicaments (antimétaboliques,
diurétiques, valproate de sodium), nutrition parentérale, régimes
riches en phytates [30]. La grossesse augmente les besoins [34].
L’implication particulière du zinc dans les processus de
kératinisation [34] explique l’alopécie observée dans les situations de
carence où elle s’associe diversement aux autres éléments du
syndrome carentiel : dermatose vésiculopustuleuse acrale et
périorificielle, atteintes muqueuses, diarrhée, troubles
neuropsychiatriques, anorexie et hypoagueusie, sensibilité aux
infections, retard de croissance.
En dehors des situations de carences conduisant à une
symptomatologie évocatrice où une éventuelle alopécie diffuse ne
serait pas isolée, l’intérêt d’une supplémentation en zinc pour
favoriser ou améliorer la pousse ou la repousse des cheveux n’est
pas démontré.
L’administration prolongée de doses élevées peut conduire à un
déficit en cuivre avec anémie sidéroblastique et neutropénie [29].
L’innocuité d’une supplémentation modérée et prolongée n’est pas
connue [34].
AMINEXIL
Cette molécule (2,4 diamino-pyrimidine-oxyde), brevetée et
commercialisée par le laboratoire L’Oréal, est un dérivé du minoxidil
dépourvu d’activité systémique, en particulier antihypertensive.
L’aminexil inhibe la synthèse de la lysylhydroxylase responsable de
la réticulation du collagène [27] et de la fibrose périfolliculaire
observée autour des cheveux miniaturisés dans l’alopécie
androgénétique [28].
Le rôle causal de cette fibrose dans la physiopathogénie de l’alopécie
androgénétique reste cependant hypothétique [47].
Plusieurs études ont été réalisées en simple ou double aveugle,
contre placebo, chez des hommes (351 au total) âgés de 18 à 57 ans
atteints d’alopécie modérée ayant un taux de télogènes de plus de
20 %. Les comptes de cheveux ont été réalisés par la technique du
phototrichogramme. Quatre études débutées au printemps (232
sujets) ont été réalisées sur 3 mois. Deux études (119 sujets) ont été
réalisées en automne sur une période de 6 mois ; 57 patients ont été
suivis 1 an. Une méta-analyse réalisée sur les deux études de
printemps montre une diminution significative du nombre moyen
de cheveux télogènes (p < 0,001) de 5 % lorsque cet effet est à son
maximum. Une méta-analyse réalisée sur les études initiées en
automne montre dès 6 semaines et jusqu’à 6 mois un gain de densité
totale de l’ordre de 6 % par rapport au groupe placebo. À 1 an, les
courbes de variation relative de la densité totale montrent un
bénéfice minime dans le groupe aminexil de 2,5 % [26]. Ces données,
qui semblent montrer une petite efficacité du produit, en particulier
en diminuant le nombre de cheveux télogènes lors des pics
saisonniers, n’ont cependant pas été publiées dans des revues avec
comité de lecture [2, 26]. Pour certains [52], d’autres études plus
conformes aux critères d’approbation de la Food and Drug
Administration (FDA) sont nécessaires avant d’accepter pleinement
ces données.
VIVISCALt
Il s’agit d’un « mélange spécial d’extraits d’origine marine et d’un
composé à base de silice » [22] ayant fait l’objet d’une seule étude
publiée. Celle-ci, réalisée en double aveugle mais pas contre placebo
puisqu’un groupe recevait Viviscalt tandis que l’autre recevait un
extrait de poisson, montre des résultats tout à fait surprenants :
augmentation de 38 % à 6 mois du nombre moyen de cheveux
terminaux dans le groupe Viviscalt contre 2 % dans le groupe
« extrait de poisson ». Ces résultats correspondraient à une
disparition de l’alopécie clinique et histologique chez 19 des 20 sujets
du groupe Viviscalt. Les nombreux biais méthodologiques de cette
étude et l’absence de confirmation par une autre équipe d’un tel
niveau de performance engagent à l’attitude la plus critique vis-àvis
de ces données qui, pour être acceptées, nécessiteraient la
réalisation d’autres études bien conduites.
RTH 16
C’est un extrait végétal de ruscus aculeatus commercialisé par le
laboratoire Pierre Fabre comme produit antichute (Anastimt). Ce
produit a, par ailleurs, une AMM en France depuis 1974 en tant que
veinotonique (Cyclo 3t). Des travaux in vitro sur cellules de la
papille folliculaire en culture ont montré une augmentation de la
production de vascular endothelial growth factor (VEGF) induite par
le RTH 16, aussi bien dans les extraits cellulaires que dans les
surnageants [20].
Le VEGF est un facteur de croissance angiogénique mitogène sécrété
par les cellules endothéliales capables d’induire une angiogenèse
dans les modèles expérimentaux in vivo [5]. Il est également sécrété
par les kératinocytes humains en culture et par les cellules de la
papille folliculaire, et a une activité chimiotactique et proliférative à
l’égard des fibroblastes de la papille folliculaire [5, 21]. L’importance
des phénomènes d’angiogenèse au cours du cycle pilaire (mise en
place systématique par angiogenèse d’un réseau périfolliculaire à la
phase anagène et disparition de ce réseau à la phase de chute) rend
cette voie de recherche prometteuse. Des études cliniques bien
conduites sont nécessaires pour évaluer l’efficacité du RTH 16.
DIVERS
De très nombreux produits n’ont jamais été évalués cliniquement
ou ont fait l’objet d’évaluations cliniques insuffisantes ou
méthodologiquement discutables [4, 51, 52]. Un important marché
semble actuellement se développer sur internet. Les plus connus
sont les suivants :
huiles essentielles : ce sont des extraits huileux de végétaux obtenus
par distillation à la vapeur d’eau pour la plupart ou par expression
des écorces. Les huiles essentielles sont donc formées de très
nombreuses molécules ;
herbes chinoises : Dabaot ou Fabaot. Il s’agit de mélanges divers
de plantes médicinales vendues sous forme de lotion ;
Saw palmetto (Serenoa repens) : c’est un extrait de la plante
Serenoa repens en vente libre aux États-Unis qui aurait des
propriétés antiandrogènes mises à profit comme traitement per os
de l’alopécie androgénétique et de l’hypertrophie bénigne de la
prostate (HBP) (Permixont). En fait, des études ont pu montrer une
absence de modification du taux de la dihydroxytestostérone
indiquant que son mécanisme d’action dans l’HBP est différent [52].
Des cas de gynécomasties ont été rapportés ;
Polysorbate 80. C’est un produit en vente libre aux États-Unis. Une
étude en double aveugle contre placebo a démontré son
inefficacité [14].
PERSPECTIVES FUTURES
Si le futur proche verra sans doute l’issue sur le marché de nouvelles
molécules appartenant à des classes déjà connues comme les
inhibiteurs des 5-alpha réductases (dutastéride) ou les agonistes de
l’ouverture des canaux potassiques, l’avenir semble appartenir à la
thérapie génique. Les modalités techniques permettant d’intégrer du
matériel génétique à celui de cellules du follicule pileux
(kératinocytes, cellules de Langerhans, mélanocytes) par
l’intermédiaire de liposomes ou de rétrovirus sont désormais
connues [7, 10]. En revanche, l’individualisation des gènes concernés
dans les différentes causes de chutes de cheveux reste le défi de
demain.
Conclusion
Comme nous l’avons vu, les deux seuls produits dont l’efficacité est
véritablement démontrée dans l’alopécie androgénétique sont le
minoxidil dans les deux sexes et le finastéride chez l’homme. Le
minoxidil est le seul produit dont les propriétés mitogènes chez les
sujets répondeurs pourraient faire conseiller son emploi dans les chutes
de cheveux, toutes causes confondues, une fois celles-ci traitées ou après
leurs disparitions spontanées, dans le but de favoriser la repousse. Les
études cliniques manquent cependant actuellement pour valider cette
indication.
Les chutes de cheveux aiguës ou chroniques sont des situations
anxiogènes motivant fréquemment une consultation ou un conseil
auprès d’un professionnel de santé.
Le rôle de celui-ci sera, en plus de la démarche strictement médicale
diagnostique, d’épargner à son patient faux espoirs et dépenses inutiles.
Pour ce faire, une attitude critique rigoureuse permettra seule de ne pas
cautionner des produits inactifs. Cette attitude doit être avant tout
fondée sur la nécessité d’exiger des études cliniques bien conduites
avant de créditer tel ou tel produit d’une éventuelle efficacité.
Enfin, il faut reconnaître la difficulté qu’il y a parfois de ne rien
prescrire dans des situations de chutes de cheveux spontanément
résolutives comme par exemple les chutes de cheveux saisonnières ou
l’effluvium télogène du post-partum. La prescription d’un produit
« antichute » pourra alors être rassurante pour certains patients en
attendant l’arrêt spontané de la chute.
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