Introduction
Les pellicules sont de petites
squames de taille variable, dues à une
desquamation excessive du cuir
chevelu. Elles posent un problème
esthétique, le plus souvent
mineur, qui concerne une personne sur
deux à l’âge de 20 ans [14]. Leur pathogénie reste
controversée, mais
le rôle causal des levures du
genre Malassezia (synonyme :
Pityrosporum) est désormais admis par la
plupart des auteurs, même
s’il reste mal compris.
Il existe actuellement de
nombreux traitements efficaces des
pellicules dont aucun n’évite
cependant les récidives.
Clinique
DIAGNOSTIC POSITIF
L’âge d’apparition se situe en
général à l’adolescence, avec un pic de
fréquence à l’âge de 20 ans [14]. Il s’agit d’une affection
chronique
récidivante dont les
aggravations sont parfois rythmées par le stress.
Un pityriasis sec, bien que
peu fréquent, peut se voir chez l’enfant [16].
Il est désormais admis par la
plupart des auteurs [9, 36, 40] que l’état
pelliculaire constitue l’expression
au cuir chevelu de la dermatite
séborrhéique (DS).
On distingue classiquement
deux formes cliniques, entre lesquelles
existe un continuum de formes
intermédiaires.
¦ Pityriasis capitis ou
pityriasis simplex
ou pityriasis sec
C’est la forme la plus
fréquente. Il s’agit de petites squames de taille
variable, blanchâtres ou
grisâtres, réparties sur l’ensemble du cuir
chevelu dont elles se
détachent pour parsemer les vêtements. Le cuir
chevelu est par ailleurs
normal, sans érythème. Un prurit est
rarement présent [16].
¦ Pityriasis stéatoïde
Il s’agit de squames
jaunâtres, grasses, collantes, toujours associées
à une hyperséborrhée. Un
érythème parfois diffus est volontiers
associé. Ces signes débordent
parfois sur le front et derrière les
oreilles pour constituer la «
couronne séborrhéique ».
On notera que bien que le
pityriasis capitis soit considéré comme
une forme clinique peu sévère
de DS : il convient de réserver le
terme de DS du cuir chevelu
aux états pelliculaires associés à des
signes francs d’inflammation.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL (tableau I)
L’état pelliculaire est un
symptôme qui correspond le plus souvent
à une DS a minima, mais qu’il
faut distinguer des autres états
desquatifs du cuir chevelu.
¦ Psoriasis
Il peut être très difficile
(voire impossible) à distinguer, tant
cliniquement qu’histologiquement,
de certaines DS sévères, d’autant
que certains psoriasis peuvent
ne se localiser que dans les zones
séborrhéiques du cuir chevelu
et du visage (sébopsoriasis). Parfois,
seule l’évolution permet le
diagnostic. L’existence d’un pityriasis
capitis important chez un
enfant peut correspondre à un psoriasis
débutant [14].
Typiquement, le psoriasis du
cuir chevelu est constitué de plaques
bien limitées. Les squames
sont plus épaisses que celles de la DS. Le
cuir chevelu est le plus
souvent sain en dehors des plaques. Dans
les formes sévères étendues à
tout le cuir chevelu, on parle de
psoriasis en « casque ».
¦ Dermatite atopique
L’eczéma atopique peut
réaliser un état desquamatif du cuir chevelu,
mais il existe le plus souvent
d’autres signes cliniques d’atopie. Chez
un sujet atopique, la présence
de lésions eczématiformes du visage,
du cou, et parfois des épaules
évoque la « dermatite atopique
pityrosporique de la tête et
du cou », qui pourrait correspondre à
une sensibilisation de contact
aux levures du genre Malassezia [23].
¦ Ichtyoses
Toutes les ichtyoses peuvent s’accompagner
d’un état desquamatif
plus ou moins important du
cuir chevelu.
¦ Dermites d’irritation
Pour certains auteurs [41], certains états pelliculaires
correspondent à
des dermites irritatives dues
à des lotions ou à des shampoings dont
l’arrêt permet la guérison.
¦ Teignes
Bien que chez l’enfant l’aspect
typique des teignes soit réalisé par
des plaques squameuses
alopéciques localisées, il existe des formes
frustes qui se limitent à un
simple état pelliculaire diffus. Deux
catégories d’adultes doivent
faire évoquer systématiquement le
diagnostic de teigne face à un
état pelliculaire diffus : les mères
africaines, chez qui la
desquamation est parfois masquée par des
nattes ou par une perruque, et
les immunodéprimés.
Cytologie. Cinétique
cellulaire
Les squames apparaissent au
microscope comme des amas de
cellules parakératosiques, c’est-à-dire
formées de cellules dont les
noyaux restent visibles. Cette
desquamation anormale se distingue
de la desquamation
physiologique, monocellulaire et
orthokératosique, c’est-à-dire
formée de kératinocytes dont les
noyaux ont disparu lorsqu’ils
atteignent le stratum corneum.
Les travaux de Kligman sur les
pellicules (mesure de l’index
mitotique et marquage à la
thymidine tritiée) ont montré une
diminution du temps de transit
entre la couche basale et le stratum
corneum (3 à 4 jours au lieu
de 8), ainsi qu’une augmentation de la
desquamation par production
accrue de cellules basales [1]. Cette
accélération du transit
cellulaire explique la parakératose par défaut
de maturation des cornéocytes,
ainsi que la formation de squames
par non-dissolution des
attaches intercellulaires.
Histologie
L’épiderme, qui comprend
normalement 25 à 35 couches cellulaires,
n’en a plus qu’une dizaine [14].
La parakératose paraît
secondaire à un stade fugace d’inflammation
du derme sous-jacent où l’on
observe, au niveau de certaines
papilles dermiques, une
dilatation capillaire avec migration dans
l’épiderme de polynucléaires
neutrophiles et de cellules
mononuclées, associée à de la
spongiose [15, 41].
Pathogénie
De très nombreux travaux ont
été consacrés à la recherche de la
pathogénie des pellicules. Il
sont centrés sur le rôle du Malassezia
furfur, ses relations avec le système
immunitaire et le rôle du sébum
(fig 1).
HISTORIQUE ET NOUVELLE
TAXONOMIE
DU GENRE « MALASSEZIA »
En 1874, Malassez décrit le
champignon du « pityriasis simplex » [29].
En 1889, Baillon [5] nomme M. furfur le champignon filamenteux (et
ses spores) observé dans les
lésions du pityriasis versicolor. En 1904,
Sabouraud nomme Pityrosporum les levures qu’il observe dans
le
scalp [39].
Longtemps, deux genres vont
coexister dans la littérature [20, 40] :
– le genre Malassezia avec l’espèce M. furfur, réservé à l’état
filamenteux de la levure
observé dans le pityriasis versicolor et
reconnu comme la forme
pathogène ;
– le genre Pityrosporum, réservé au champignon à l’état
de spores et
considéré comme la forme
saprophyte.
Selon la forme des spores, on
distinguait :
– P. orbiculare, levure ronde présentant un
bourgeonnement à col
étroit, surtout observée dans
les lésions de pityriasis versicolor ;
– P. ovale, levure ovale avec un
bourgeonnement à col large, plutôt
associée au pityriasis capitis
et à la DS.
Ultérieurement, les cultures
vont permettre de montrer [40] :
– la possibilité de
transformation des formes orbiculare et ovale l’une
en l’autre ;
– la conversion possible de la
forme mycélienne en spores.
P. ovale et P. orbiculare étaient ainsi reconnues comme
deux formes
appartenant à la même espèce
de levure, que la commission
internationale recommande
désormais de nommer M. furfur [23].
Très récemment, des techniques
de génétique moléculaire ont permis
d’individualiser les sept
espèces de levures qui constituent le genre
Malassezia (« abrévié » dans la
littérature Malassezia spp.) auquel
appartient M. furfur [20] (tableau II).
Des caractéristiques
morphologiques et physiologiques (conditions
de culture) permettent aujourd’hui
leur reconnaissance en pratique
mycologique. La correspondance
avec les trois sérotypes de
Malassezia spp. antérieurement reconnus [13] a pu être établie
(tableau II).
Cette nouvelle taxonomie
éclaire d’un jour nouveau la signification
des travaux antérieurs et
devrait permettre la réalisation d’études
Tableau I. – Diagnostic
différentiel des états pelliculaires du cuir
chevelu.
Dermatite séborrhéique :
- pityriasis capitis
- pityriasis stéatoïde
- Psoriasis
- Dermatite atopique
- Ichtyoses
- Dermatite d’irritation
(shampoings, lotions)
- Teignes
Malassezia spp.
Inflammation
Épidermopoïèse :
index mitotique
temps de transit cellulaire
¬
¬
--
¬
¬
¬
--
Pellicules :
cellules parakératosiques
cellules en amas
?
Caractéristiques de l'hôte
- présence de sébum
- état immunitaire
¬
1 Pathogénie des pellicules.
plus précises de l’épidémiologie
des pellicules qui pourraient offrir
de nouvelles perspectives de
compréhension du rôle joué par les
différentes espèces de Malassezia spp. en pathologie.
RÔLE DE « M. FURFUR »
Le rôle de M. furfur fait l’objet de controverses
depuis plus d’un
siècle : sa présence sur le
scalp est-elle la cause ou la conséquence
de la desquamation ?
Pour Kligman, l’élévation du
pourcentage de M. furfur dans la flore
microbienne des zones
atteintes montrée par certaines études [31]
serait la conséquence d’une
augmentation des nutriments liés à la
desquamation. En se fondant
sur une étude où la diminution de la
quantité de levure par un
fongicide n’empêche pas la réapparition
des pellicules malgré le
maintien du traitement [26], il conclut à la
non-responsabilité de M. furfur dans la genèse des pellicules.
Pour
lui, « les pellicules sont l’intensification
d’un processus
physiologique de desquamation
dont la cause est héréditaire ou
constitutionnelle » [26].
Actuellement, il est admis par
la majorité des auteurs que M. furfur
joue un rôle causal dans la
pathogénie des pellicules [7, 9, 11, 17, 24, 36, 42].
En plus des critiques
méthodologiques formulées à l’encontre des
études de Kligmann [42], plusieurs études
thérapeutiques plaident
pour un rôle causal de M. furfur en montrant une amélioration
clinique parallèle à la
réduction du nombre de levures, ainsi qu’une
récidive lors de la
recolonisation [18, 22, 42].
Cette efficacité a été montrée
pour des molécules antimycosiques
sans effet cytostatique [9] comme la terbinafine [18].
L’existence ou non d’une
augmentation du nombre de levures dans
les zones atteintes a fait l’objet
d’études aux résultats contradictoires.
McGinley [31] trouve une élévation du
pourcentage de M. furfur dans
la flore microbienne du cuir
chevelu proportionnelle à la sévérité de
l’atteinte : 46 % chez le
sujet normal, 74 % dans le pityriasis capitis,
83 % dans la DS. Une autre
étude montre une proportionnalité entre
la densité de M. furfur et l’importance de la DS [25].
À l’inverse, Bergbrant [8] n’a pas trouvé de différence
entre les
nombres de levures obtenues à
partir de lésion de patients atteints
de DS par rapport à la peau
normale des mêmes patients et par
rapport aux sujets témoins.
Une autre étude [4] a montré l’absence
de différence de densité de M. furfur chez les patients atteints de
DS
comparés aux groupes témoins.
Il n’y avait pas non plus de
différence entre peau
lésionnelle et peau normale. Ces études
semblent montrer que l’importance
du degré de colonisation par M.
furfur n’est pas en cause.
Une étude récente [37] va également dans ce sens : l’étude
des
densités des sérotypes ABC des
levures Malassezia spp. chez des
sujets porteurs du virus de l’immunodéficience
humaine (VIH), VIH
positifs et VIH négatifs, avec
ou sans DS, a montré l’absence de
corrélation entre la sévérité
de la DS et la densité de levures. En
revanche, le sérotype A
prédominait chez les sujets sans DS et le
type C chez les sujets avec
DS, suggérant que la pathogénocité de
Malassezia serait plus le fait du
sérotype, autrement dit de l’espèce,
que de la densité.
RÔLE DE L’IMMUNITÉ
La façon dont M. furfur induit l’inflammation puis la
desquamation
n’est pas connue.
L’hypothèse de modification de
l’état immunitaire est suggérée par
la plus grande prévalence de
la DS chez les sujets VIH positifs
[9, 24, 36].
¦ Immunité humorale
Les études concernant l’immunité
hormonale ont montré des
résultats contradictoires :
titres d’anticorps anti-Malassezia élevés
chez les patients par rapport
aux témoins dans certaines études
[33, 47], absence de différence dans d’autres [3].
¦ Immunité cellulaire
L’étude de l’immunité
cellulaire a également fait l’objet de plusieurs
études ayant montré des
résultats divergents. Deux études récentes
[7, 36] vont dans le sens la normalité de l’immunité
cellulaire dans la
DS.
AUTRES FACTEURS
D’autres propriétés de M. furfur pourraient intervenir dans sa
pathogénicité : activité
lipasique, activation du complément [20],
production de cytokines [35] possiblement modulée par la
paroi
lipidique des levures [38].
RÔLE DU SÉBUM
M. furfur est une levure liphophile, de
même que les autres espèces
de Malassezia spp. rencontrées en pathologie
humaine. Bien que l’on
ait pu montrer l’absence de
proportionnalité entre l’importance de
la DS et l’intensité de la
sécrétion sébacé [10], l’importance du sébum
dans la pathogénie de la DS
est attestée par les faits suivants :
– apparition de la DS aux âges
« séborrhéiques » de la vie et plus
grande fréquence chez l’homme,
soulignant le caractère
androgénodépendant de la
séborrhée ;
– amélioration durable lors de
la diminution de la production
sébacée par l’isotrétinoïne
per os [23] ;
– amélioration de l’état
pelliculaire par des shampoings neutres
diminuant le taux de sébum [11, 23] ;
– apparition ou aggravation de
la DS dans des situations
d’augmentation de la quantité
de sébum : maladie de Parkinson,
syndrome extrapyraminaux,
paralysie faciale [11].
Tableau II. – Genre Malassezia (Malassezia spp.) (d’après [20]).
Nom Synonyme Lipophilie
Année de
description Sérotype Habitat
Particularité
M. pachydermatis P.
pachydermatis - 1935 A (H)
P. canis
M. furfur Microsporon furfur + 1889 H (A) - Deux néotypes :
P.
ovales
- Survie dans conditions
extrêmes
M. sympodialis ++ 1990 A H (A) - La plus
fréquente en peau lésée ou non
M. sloofiae ++ 1996 A (H) - Peut être
confondue avec M. furfur ou M. sympodialis
M. obtusa +++ 1996 H - Peut être
confondue avec M. furfur
- Rare
M. globosa +++ 1996 B H (A) Régulièrement
retrouvée dans PV ou DS
M. restricta ++++ 1996 C H Fréquemment
isolée au niveau du scalp et de la face
M :Malassezia ; PV : pityriasis versicolor ; P : Pityrosporum ; DS : dermatite séborrhéique
;H : homme ;A : animal ; entre parenthèses : hôte occasionnel.
Soins et traitements
antipelliculaires
TRAITEMENTS LOCAUX (tableaux III, IV)
¦ Antimycosiques à large
spectre
Imidazolés
Le kétoconazole est le plus puissant des
imidazolés in vitro et aurait
également une activité
anti-inflammatoire. Il est le seul à faire l’objet
d’une prise en charge par l’assurance
maladie dans l’indication
correspondant à son
autorisation de mise sur le marché (AMM)
« DS de l’adulte ».
Son efficacité est bien
démontrée dans la DS du cuir chevelu par
plusieurs études [32]. Des études comparatives ont
montré sa
supériorité par rapport à la
pyritione zinc à 1 % et au sulfure de
sélénium à 2 % [32].
Il s’utilise dans la DS du
cuir chevelu au rythme d’une application
deux fois par semaine pendant
1 mois, puis une fois toutes les 1 à
2 semaines selon l’évolution.
Le temps de contact avec la chevelure
doit être d’au moins 5
minutes.
L’éconazole (Pevarylt) en lotion moussante a une
AMM dans les états
pelliculaires. Il s’utilise au
rythme de deux applications deux fois
par semaine pendant 6
semaines, suivies d’une application
hebdomadaire en traitement d’entretien.
Le temps de contact avec
la chevelure doit être de 5
minutes.
Ciclopirox olamine
Antimycosique à large spectre,
elle aurait aussi des propriétés antiinflammatoires
[43]. Une étude randomisée en double aveugle a
montré chez 84 patients une
efficacité comparable au kétoconazole à
2 % de la ciclopirox olamine
utilisée à 1,5 % deux fois par semaine
pendant 1 mois, avec cependant
une récidive plus rapide qu’avec le
kétoconazole [43].
Terbinafine
Son efficacité a été montrée
pour une utilisation en lotion [18], mais
elle n’existe pas sous cette
forme dans la pharmacopée française.
¦ Antilevuriques
Piroctone olamine
C’est une molécule utilisée
dans de très nombreuses spécialités
(lotions ou shampoings) en
raison de son activité antilevurique et
de sa très faible toxicité [45].
Acide undécylénique
Il est peu utilisé dans cette
indication en France.
Propylène glycol
Il a une faible activité
antipelliculaire [32].
¦ Cytostatiques
Sulfure de sélénium
Il est utilisé en lotion ou en
shampoing depuis de nombreuses
années. Il est à la fois
cytostatique et fongistatique [21, 32].
Son odeur désagréable est bien
masquée par la plupart des
préparations actuelles.
Il peut stimuler la sécrétion
sébacée [1, 21, 30, 32] et ne doit donc pas être
utilisé en cas de séborrhée
importante [15].
Des alopécies ont été
signalées [2, 28, 30, 44], peut-être dues, pour certains
[1], à un effet antimitotique sur le bulbe pilaire par suite d’une
trop
forte pénétration. Le contact
avec de la peau lésée ou les muqueuses
doit être évité en raison d’un
risque de toxicité systémique [30].
Pyrithiones (zinc et
magnésium)
Elles s’utilisent en lotion ou
en shampoing (0,5 à 2 %). Elles ont une
activité antimitotique et
antilevurique [41, 46].
Un cas de neuropathie
périphérique résolutive à l’arrêt d’une
utilisation prolongée a été
rapporté [6].
Pour Gloor et al, ces
molécules seraient contre-indiquées en cas de
séborrhée importante en raison
de leur activité stimulante sur la
glande sébacée [21].
Goudrons
En plus de leur activité
cytostatique et kératolytique, ils ont une
faible activité antifongique [32]. Ils sont utilisés en
shampoing.
Seuls les shampoings à base de
goudrons de bois (huile de cade) ou
les goudrons de roches
bitumineuses (ichtyol) sont encore
commercialisés en France.
Les goudrons de houilles ont
été interdits dans les cosmétiques et
retirés du marché en juin 1999
(directive européenne du 14/7/1997)
en raison du risque
carcinogène théorique des benzopyrènes lors de
leur utilisation topique.
Dermocorticoïdes
Ils ont une action
symptomatique rapide sur l’inflammation et le
prurit.
Tableau III. –
Principales molécules antipelliculaires.
Produits actifs Concentrations
Shampoing Lotion Kératolytique Antilevurique
Propriétés
anti-inflammatoire Cytostatique
Remarques
Kétoconazole 2 % + - + + -
Réservé à la dermatite
séborrhéique du cuir
chevelu (AMM)
Ciclopirox olamine 1 à 1,5 % +
+ - + + -
Piroctone olamine 0,05 à 1 % +
+ - + - - Très faible toxicité
Acide undécylénique et
dérivés
2 % + - + - - Peu utilisés
Sulfure de sélénium 1 à 2,5 %
+ + - + - + - Pas sur peau lésée
- Éviter si séborrhée
importante
Pyrithione (zinc et
magnésium)
0,5 à 5 % + + - + - + - Éviter
si séborrhée
importante
Goudrons 0,3 à 3 % + + + + - -
+
Dermocorticoïdes 0,01 à 0,5 %
- + - - + +
Succinate de lithium 8 % - + +
-
Kéluamid 2,5 % - + + - + -
Acide salicylique 0,5 à 3 % +
+ + + - -
AMM : autorisation de mise sur le marché.
Ils ont une activité
anti-inflammatoire et inhibent les mitoses des
kératinocytes [27].
Leur utilisation prolongée
expose au risque d’atrophie épidermique
(moindre cependant au cuir
chevelu qu’ailleurs) et de surinfection
microbienne. Les récidives
sont plus rapides s’ils sont utilisés
seuls [32]. Les molécules les plus
utilisées sont :
– d’action forte :
bétaméthasone 0,1 % (Betnevalt) ou 0,05 %
(Diprosonet) ; hydrocortisone 17 butyrate
(Locoïdt) ;
– d’action modérée :
triamcinolone (Localonet).
Il sont utilisés le plus
souvent en lotion hydroalcoolique, seuls ou
associés à de l’acide
salicylique (Diprosalict, Localonet). Les
formulations en crème peuvent
être utiles dans les DS résistant aux
traitements usuels.
¦ Kératolytiques : acide
salicylique
L’acide salicylique favorise l’élimination
des squames en diminuant
la cohésion
intercornéocytaire. Il est aussi fongicide et
bastériostatique [27].
On l’utilise en lotion ou en
shampoing (de 0,5 à 3 %).
¦ Divers
Succinate de lithium à 8 %
Quelques études [12, 34] ont montré l’efficacité
antipelliculaire de cette
molécule, liée à des
propriétés anti-inflammatoires [30] et
antifongiques [34].
Elle doit être évitée en cas
de psoriasis à cause du risque
d’aggravation de celui-ci [30]. Elle n’est pas utilisée en
France.
Kéluamid
Il aurait des propriétés
anti-inflammatoires, antiprurigineuses et
favoriserait l’élimination des
squames. Il est utilisé à la concentration
de 2,5 % en lotion.
TRAITEMENTS PAR VOIE GÉNÉRALE
¦ Isotrétinoïne per os
(Roaccutanet)
Réservé aux DS invalidantes et
résistantes aux autres traitements,
c’est un traitement très
efficace.
Il n’a pas d’AMM dans cette
indication.
Une posologie faible, comprise
entre 5 et 10 mg/24 h est suffisante.
Le traitement n’est que
suspensif et ne dispense pas des précautions
et de la surveillance
classique au cours du traitement de l’acné.
Tableau IV. – Composition
en principaux principes actifs antipelliculaires de quelques spécialités
pharmaceutiques (tableau non exhaustif).
Spécialité Laboratoire
Acide
salicylique
Piroctone
olamine Imidazolés
Cyclopirox
olamine
Acide
undécylénique PZ SS G K
Alpha 5 DSt (S) Liphaderm + +
Nodé Pt (S) Bioderma + + Climbazole +
Cade
Nodé DSt (S) Bioderma + + Climbazole +
Ichtyol
cade
Squaphane S + L Biorga + Cade
Epiphane DO (S) Biorga + Cade
Gelictart (S) Charlieu Ichtyol
Gelictar fortt (S) Charlieu + Ichtyol
Traitement PVt gel (S) Charlieu +
Kélualt (L) Ducray +
Kertyolt (S) Ducray + Kertyol
Antipelliculairet (S) Ducray
Sélégelt (S) Ducray +
Provégol antipelliculaire SVR
+
Vichy antipelliculaire Vichy +
+
Head and shoulders Procter
& Gamble +
Climbazole 50, 150 (S) Hegor
Climbazole
Item alphacade (S) Gandhour +
Cade
Item alphakeptol (S) Gandhour
+ + +
Klorane à l’extrait de
myrte
Klorane + +
Saliker (S) La Roche-Posay + +
Pityker (S) La Roche-Posay +
T-Gelt (S) Neutrogena + +
S-Gelt (S) Neutrogena +
Selsunt blue (S) Abbott France +
ZNP liquide (S) Stiefel +
Stiprox 1 % et 1,5 % (S)
Stiefel +
Stiproxal (S) Stiefel + +
Provégol cadique (S) SVP +
Cade
Cystellet Bailleult +
S : shampoing ; L : lotion ; PZ : pyrithione zinc ;
SS : sulfure de sélénium ; G : goudron ; K : kéluamid.
¦ Kétoconazole per os
(Nizoralt)
Le kétoconazole per os a été
utilisé par certains dans les DS sévères
à la dose de 200 mg/24 h
pendant 1 à 2 mois. Actuellement, son
utilisation est déconseillée
dans cette indication en raison d’un
risque d’hépatites
médicamenteuses rares mais graves.
Conduite du traitement
Le patient doit être prévenu
du caractère chronique et récidivant de
l’affection. Un traitement au
long cours est toujours nécessaire.
PITYRIASIS CAPITIS
C’est l’indication d’un
shampoing contenant un ou plusieurs des
actifs antipelliculaires
suivants : piroctone olamine, sulfure de
sélénium, pirithione zinc,
goudrons, acide salicylique, kéluamid.
Le traitement d’attaque de
deux à trois shampoings traitants par
semaine est ultérieurement
espacé (un shampoing par semaine en
traitement d’entretien).
DERMATITE SÉBORRHÉIQUE
C’est l’indication d’un
antimycosique à large spectre (imidazole ou
ciclopirox olamine)
éventuellement associé à une lotion corticoïde
en cas d’inflammation. Un
traitement d’attaque de deux shampoings
par semaine pendant 1 mois est
relayé par un shampoing toutes les
1 à 2 semaines en traitement d’entretien.
Dans les cas très sévères, un
corticoïde fort en crème peut être
appliqué en début de
traitement le soir, la veille d’un shampoing,
avec occlusion par un bonnet
la nuit.
DERMATITE SÉBORRHÉIQUE SÉVÈRE
RÉSISTANTE
AUX TRAITEMENTS LOCAUX
L’isotrétinoïne per os à
faibles doses peut être discutée.
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