Indications des antisolaires

Introduction
Le bronzage acquis progressivement assure surtout une protection
contre les ultraviolets (UV) B mais n’empêche pas le vieillissement
cutané ni le développement de cancers cutanés car son efficacité est
limitée. De plus, les sujets se croyant protégés, il permet une
surexposition. L’utilisation d’accélérateurs du bronzage (photochimio-
protection par le 5-méthoxypsoralène) [3, 8] n’est pas sans
risque car le mécanisme d’action des psoralènes comporte un risque
mutagène reconnu et un risque carcinogénique potentiel
incompatible avec les règles d’innocuité exigées des cosmétiques
grand public. L’usage de photoprotecteurs externes absorbant ou
diffractant le rayonnement est nécessaire pour éviter le coup de
soleil aux UVB lors des premières expositions et limiter les effets
chroniques des expositions répétées. Ils ne sont cependant qu’un
complément de la photoprotection naturelle et vestimentaire et ne
doivent pas permettre de prolonger l’exposition.
Photoprotection primaire
PHOTOPROTECTION NATURELLE
La pigmentation constitutionnelle, génétiquement déterminée
(couleur de la peau) et la pigmentation acquise (bronzage) protègent
contre l’érythème photo-induit. Par comparaison à une peau claire,
la dose érythémale minimale (DEM) pour une peau mate est trois à
cinq fois plus élevée en moyenne, et 30 fois plus pour la peau
noire [9].

La peau se protège du rayonnement par un épaississement
progressif de la couche cornée, qui réfléchit, diffracte et absorbe le
rayonnement, et par l’installation progressive d’une pigmentation
mélanique. La mélanine diffracte le rayonnement en fonction de la
longueur d’onde, absorbe les UV et les infrarouges (IR) en dissipant
l’énergie sous forme de chaleur et capte les radicaux libres formés
lors de la réaction. C’est le cas de l’eumélanine (mélanine noire) qui
est relativement efficace, au contraire de la phaeomélanine (mélanine
rouge des sujets roux) qui produit plus de radicaux libres qu’elle
n’en absorbe. Cependant, en cas d’exposition intense ou prolongée,
le système est dépassé.
PHOTOPROTECTION VESTIMENTAIRE
Les vêtements constituent le premier moyen de protection. Il est le
plus sûr, le plus efficace et le plus économique. Le coefficient de
transmission varie en fonction de la nature des textiles et de la
densité de tissage [18] : 1 571 pour le jean « blue denim », 25 à 280
selon le tissage et le coloris pour la soie, 60 environ pour le polyester,
l’acrylique et le coton, 26 pour la viscose et 16 pour la laine. Le
coefficient de protection peut être calculé à partir du coefficient de
transmission (pourcentage de transmission ´ spectre solaire standard
´ courbe d’efficacité érythémale du Comité international de
l’éclairage [CIE]) ou mesuré comme pour les antisolaires (rapport
de la DEM avec et sans interposition d’un vêtement placé à 2 mm
de la peau). En pratique, une protection d’au moins 30 avec le
produit fini est exigée pour obtenir le label « UV protective
clothing ». Les vêtements de couleur sombre protègent deux fois plus
que les couleurs claires qui sont efficaces contre les IR. Les tissus
mouillés deviennent facilement transparents aux UV, ce qui diminue
l’efficacité [19].
La protection contre les kératoses actiniques et les carcinomes
spinocellulaires reproduits expérimentalement chez la souris en
interposant un vêtement de coefficient de protection supérieur à
30 versus un vêtement d’été léger est vérifiée. L’irradiation répétée
UVB donne autant de cancers à travers un vêtement léger d’été que

sans protection, alors que le nombre de cancers est très faible après
irradiation à travers un vêtement de coefficient 30 [16].
Photoprotection secondaire
POUR UNE PHOTOPROTECTION ÉQUIVALENTE
EN UVB ET EN UVA
L’utilisation régulière d’antisolaires depuis 20 ans dans le cadre de
campagnes de prévention visant l’ensemble de la population, en
particulier en Australie, semble plutôt augmenter le risque [12]. Onze
études cas-témoins, validées sur le plan épidémiologique, montrent
soit l’absence d’effet protecteur [8], soit un risque plus élevé. Deux
études prospectives de cohorte montrent que la probabilité de
développer des cancers basocellulaires chez la femme [13] ou de
nombreux nævus chez l’enfant [14] augmente avec la fréquence
d’utilisation des antisolaires.
Ces résultats contradictoires s’expliquent en partie par le fait que
l’usage d’antisolaires est un marqueur de l’exposition au soleil et
témoigne d’une plus grande sensibilité. Les gros consommateurs
sont ceux qui s’exposent le plus ou qui ont reçu des coups de soleil
dans l’enfance, donc à plus grand risque. Ceci constitue un biais
d’indication puisque les antisolaires sont surtout utilisés chez les
sujets à risque de cancer. Comme l’incidence globale est faible, il
suffit d’un petit déséquilibre entre les populations étudiées
rétrospectivement pour inverser les résultats.
D’autre part, les antisolaires utilisés jusqu’à ces dernières années
étaient très efficaces contre les UVB responsables du coup de soleil.
En revanche, la protection était insuffisante contre les UVA, en
particulier les UVA longs responsables en partie de la
photocarcinogenèse. Le spectre d’action carcinogène en UVA
parallèle à celui des UVB jusqu’à 330 nm, s’abaisse dans les UVA
courts et remonte dans les UVA longs (fig 1).
Surtout, ils sont inducteurs de mauvais comportements face au
soleil. En supprimant le risque de coup de soleil, ils permettent une
surexposition relative aux UVA et particulièrement aux UVA longs
dont le rôle dans la photocarcinogenèse est proportionnellement
plus important (environ 35 %) que pour l’érythème (seulement 5 %
du fait de l’efficacité érythémale très importante des UVB). L’étude
récente de Autier [2] démontre bien s’il en était besoin que l’usage
d’un antisolaire d’indice de protection (IP) beaucoup plus élevé en
UVB (IP 30) qu’en UVA versus un indice faible (IP 10) prolonge le
temps d’exposition sans risque de coup de soleil de 25 % (p < 0,05)
pour un nombre de coups de soleil identique dans les deux bras de
l’étude.
En tout cas, si l’usage d’antisolaires n’augmente pas réellement le
risque, il ne le diminue pas non plus alors qu’ils sont
expérimentalement efficaces contre le coup de soleil. Seule une
protection équivalente en UVB et en UVA pour compenser la
surexposition relative aux UVA permettra peut-être de diminuer le
risque ce qui reste encore à prouver par des études si possible
prospectives ou à défaut rétrospectives.
POUR UN NIVEAU DE PROTECTION ADAPTÉ
Le choix du niveau de protection dépend du risque, déterminé sur
l’échelle de risque. Il est fonction de la photosensibilité individuelle
et de l’aptitude au bronzage exprimée par le phototype, et les
conditions d’exposition solaire exprimées par l’index UV.
¦ Risque selon le phototype [21]
Carnation et photosensibilité
L’étude de la corrélation chez 50 sujets témoins de la carnation, de
la couleur des cheveux et des yeux et de la photosensibilité évaluée
par la DEM nous a conduit dès 1974 à proposer le concept de
phototype [20]. L’analyse statistique des valeurs de la DEM de
50 sujets permettait de distinguer deux groupes, clair (DEM
moyenne = 637 mJ/cm2) et foncé (DEM moyenne =
1 174 mJ/cm2), avec p < 0,01. Une étude complémentaire [1] sur
300 sujets ne retrouvait pas de différence significative à carnation
égale selon la couleur des cheveux et/ou des yeux. Le seul caractère
discriminant pour la DEM est la carnation. Trois types de carnation
(blanche, claire et mate) peuvent être distingués en fonction de la valeur
de la DEM.
L’analyse des mesures de la réflectance cutanée [23] conduit
également à ne retenir dans la population blanche que trois groupes
définis par la valeur de l’antilog de la réflectance à 685 nm
correspondant à nos trois variétés de carnation (blanche, claire
et mate). Le développement plus récent du chromamètre
Minolta CR 200t permet une mesure colorimétrique plus
standardisée de la couleur de la peau [5] permettant de localiser dans
le plan chromatique Lb (luminance versus chrominance jaune) les
différents phototypes selon la valeur de l’angle typologique [6].
Globalement, les trois types de carnation évalués par la couleur de
la peau, la réflectance à 685 nm ou l’angle typologique sont corrélés
aux trois groupes de sujets définis par leur DEM moyenne [23]
(tableau I).
La classification en quatre types de peau de Fitzpatrick (skin type),
destinée à faciliter le choix de la dose initiale et de la progression en
PUVAthérapie, était fondée sur le seul interrogatoire des réactions
cutanées après 1 heure d’exposition au soleil sans protection en juin :
intensité du coup de soleil à 24 heures et intensité du bronzage au
septième jour (tableau II) [10]. Cette classification est simple, ce qui
explique sa large utilisation, mais trop schématique pour l’appliquer
à la photoprotection. S’il n’y a pas d’ambiguïté entre le type I (brûle
toujours et ne bronze jamais) et le type IV (ne brûle jamais et bronze
toujours), la distinction entre les types II et III est plus difficile. De
plus, l’évaluation par questionnaire est subjective et variable (35 %
des sujets interrogés modifient leurs réponses à l’interrogatoire de
contrôle effectué 6 mois après). Surtout, il n’y a pas une bonne
corrélation avec la DEM.
Carnation et aptitude à bronzer
L’aptitude à bronzer semble mieux corrélée à la carnation que la
photosensibilité, ce qui a conduit Fitzpatrick à revoir les critères du
skin type qu’il renomme skin phototype (tableau III). Le Skin phototype
est fondé sur la réponse pigmentogène à un stimulus UV sans
référence à la sensibilité érythémale. Deux groupes sont identifiés :
mélanocompromis ou inadaptable, correspondant aux types I et II,
et mélanocompétent ou adaptable, correspondant aux types III
et IV [11].
1
10 –1
10 –2
10 –3
10 –4
10 –5
250 300 350 400
UVB UVA
SEC humain
SEE humain
SEC souris
Longueur d'ondes (nm)
1 Spectre d’efficacité
carcinogène d’après De
Gruijl, 1993. SEE : spectre
d’efficacité érythémale ;
SEC : spectre d’efficacité
carcinogène ; UV : ultraviolets.
Tableau I. – Corrélations phototype, carnation, réflectance, dose
érythémale minimale (DEM), angle typologique.
Phototype Carnation
Réflectance
R685
DEM
mJ/cm2
Angle
typologique
I Blanche > 4 312 > 41°
II Claire 3,5 à 4 600 28 à 41°
III Mate < 3,5 980 10 à 28°

Cette dissociation entre l’efficacité érythémale et pigmentogène des
deux groupes, mélanocompromis et mélanocompétent, est confirmée
par les résultats des études du spectre d’action biologique des UV
selon le phototype [7]. Jusqu’à 325 nm, il n’y a pas de différence selon
le phototype. En revanche, entre 325 et 400 nm, l’efficacité
érythémale est supérieure à l’efficacité pigmentogène pour les
phototypes I et II, c’est-à-dire que l’érythème est toujours associé au
bronzage. Au contraire, pour les phototypes III et IV, l’efficacité
pigmentogène est supérieure à l’efficacité érythémale, surtout dans
les UVA longs. Ces sujets peuvent bronzer sans érythème (fig 2).
En pratique, on détermine le phototype par un interrogatoire simple
sur la réaction du sujet au soleil (sensibilité aux coups de soleil et
aptitude au bronzage) et l’examen de la peau (carnation blanche,
claire ou mate). Le risque est estimé à un niveau 3 pour les
phototypes I, niveau 2 pour les phototypes II, et niveau 1 pour les
phototypes III [22] (tableau IV).
¦ Risque selon les conditions d’ensoleillement
L’ensoleillement est la résultante du rayonnement solaire direct et
du rayonnement indirect dû à la diffusion du ciel et à la réflexion
du sol [4].
Le rayonnement solaire direct, variable selon les saisons, varie en
fonction de la distance de la terre au soleil. Compte tenu de
l’inclinaison de l’axe des pôles, l’éclairement au sol est fonction du
cosinus de l’angle du soleil par rapport à la verticale (angle zénithal),
qui varie avec l’heure et la latitude. De même, l’épaisseur d’air
traversé (air mass) par le rayonnement varie en fonction du cosinus
de l’angle zénithal. Plus le trajet est long, moins il y a d’UVB. Les
UVB les plus courts sont absorbés par la couche d’ozone. La quantité
d’UVB est maximale en été, entre 11 h et 13 h solaires (soit 13 h et
15 h légales), à l’équateur (elle diminue avec la latitude) et en
altitude (elle augmente de 4 % tous les 400 m).
Le rayonnement solaire indirect est le résultat de la diffusion de
l’atmosphère et de la réflexion du sol. Par temps brumeux, la
diffusion est identique pour toutes les longueurs d’ondes. Par ciel
clair, la diffusion varie en fonction inverse de la longueur d’onde.
Le bleu est beaucoup plus diffusé, d’où la couleur bleue du ciel et il
y a proportionnellement plus d’UVA en fin de journée qu’à midi. Le
pourcentage de rayonnement diffusé (Albédo [rayonnement diffus])
est de 20 à 85 % pour les nuages, 75 à 95 % pour la neige, 15 à 45 %
pour le sable, 10 à 30 % pour l’herbe, et 5 à 10% pour l’eau.
En pratique, la dose reçue peut être mesurée en temps réel. C’est
l’index UV diffusé dans certains bulletins météorologiques, qui
exprime l’intensité du rayonnement selon une échelle de 1 à 10. On
évalue pour un ensoleillement moyen (5 DEM/j correspondant à un
index UV de 3 à 4) le niveau de risque à 1, pour un ensoleillement
intense (10 DEM/j, index UV de 5 à 6) le niveau de risque à 2 et
pour un ensoleillement extrême (20 DEM/j, index UV de 7 à 10) le
niveau de risque à 3 (tableau V).
¦ Échelle de risque global
L’adéquation des résultats de la mesure de la réflectance cutanée
aux valeurs de la DEM [21] et à la carnation permet d’utiliser cette
méthode pour l’évaluation du risque solaire global (tableau VI). Le
risque global, exprimé en chiffres romains, est la somme des risques
liés à la sensibilité individuelle et aux conditions d’ensoleillement. Il
s’étend du niveau I à VI sur l’Échelle de risquer (tableau VII). On
distingue le risque faible (II), moyen (III), élevé (IV), très élevé (V) et
majeur (VI).
Tableau II. – Type cutané selon Fitzpatrick [10].
Type cutané Réaction au soleil Fréquence
I
Brûle toujours
2 %
Ne bronze jamais
II
Brûle souvent
12 %
Bronze parfois
III
Brûle parfois
78 %
Bronze souvent
IV
Ne brûle jamais
8 %
Bronze toujours
Tableau III.
Bronzage maximal obtenu sans
utiliser de photoprotecteurs Phototype
Groupes d’aptitude
au bronzage
Absence de bronzage I % Mélanocompromis
Bronzage clair II
Bronzage moyen III % Mélanocompétent
Bronzage foncé IV
1
0,1
250 300 350 400
0,01
0,001
0,0001
0,00001
s
(rel)
Longueur d'onde l (nm)
2 Courbe d’efficacité
érythémale (Er) et pigmentogène
(P) selon le phototype
(I à IV). Er types I et
II : trait rouge continu ; Er
types III et IV : trait rouge
pointillé ; P types I et II :
trait noir continu ; P types
III et IV : trait noir pointillé.
Tableau IV.
Phototype I II III
Carnation blanche claire mate
Coup de soleil toujours parfois jamais
Bronzage clair moyen foncé
Risque 3 2 1
Tableau V.
Ensoleillement Extrême Intense Moyen
Lieu (21 juin) Agadir Toulon La Baule
Nombre DEM/j 20 10 5
Index UV 7-10 5-6 3-4
Risque 3 2 1
DEM : dose érythémale minimale ; UV : ultraviolets.
Tableau VI.
Risque global
Phototype
I II III
3 2 1
Index UV
7-10 3 VI V IV
5-6 2 V IV III
3-4 1 IV III II
UV : ultraviolets.

PRESCRIPTION D’UN ANTISOLAIRE
¦ Règles générales [15, 17, 22]
L’excellente protection obtenue contre le coup de soleil ne doit pas
cautionner une exposition prolongée au soleil, permettant une
surexposition relative aux UVA, car la protection contre les risques
de cancer est moindre que celle contre l’érythème.
– Éviter de s’exposer entre 11 h et 13 h solaires lorsque l’irradiation
UVB est maximale.
– S’exposer progressivement au début sans protection pendant 10 à
30 minutes selon le risque en augmentant de 15 minutes chaque
jour le temps d’exposition sans protection pour permettre le
développement de la protection naturelle (bronzage et
épaississement de la couche cornée) et appliquer l’antisolaire le reste
de la journée.
– Ne pas utiliser de produits photosensibilisants (médicaments,
topiques, cosmétiques, parfums...).
– Appliquer uniformément sans faire pénétrer sur toutes les zones
exposées, en particulier les oreilles.
– Renouveler les applications toutes les 2 heures et en cas de bain
ou de sudation abondante.
¦ Cas du sujet sain pendant les vacances
Le choix du niveau de protection est fonction du risque.
Les produits uniquement actifs contre l’érythème UVB ne sont pas
recommandés. Il faut conseiller des produits à large spectre ayant le
même niveau de protection contre les UVB et les UVA. On les
distingue en cinq catégories selon le niveau de protection
(tableau VIII). Pour le dermatologue pour un risque IV et V, seules
les catégories haute (IP 12 à 20) et très haute protection (IP 20 à 50)
sont recommandées pour supprimer le risque de coup de soleil et
limiter le risque de cancer cutané. En effet, l’indice de protection
(IP) réel est nettement diminué (au moins 50 %) quand la quantité
appliquée est insuffisante (0,5 à 1 mg/cm2), ce qui est le cas habituel.
Le développement récent de produits largement couvrants et de la
même façon les UVB et les UVA (Tinosorb Mt, Mexoryl Sxt et xLt)
est un progrès important, mais l’appellation « écran total » est
injustifiée car ils ne protègent que partiellement. Pour un risque VI,
une protection maximale (IP > 50) en complément de la protection
vestimentaire est nécessaire si l’exposition ne peut être évitée.
Le choix de la forme galénique dépend de la durée de l’exposition
(croisière, randonnée…), des zones à protéger (visage, zones
habituellement couvertes), du type de peau (sèche ou grasse)…
Les crèmes sont recommandées pour le visage. Les sticks permettent
de compléter la protection sur les zones convexes comme l’arête
nasale et le rebord des oreilles. Pour le corps, les émulsions à phase
continue huileuse ont une meilleure rémanence à l’eau et à la sueur
que les émulsions à phase continue aqueuse et les gels. Ces derniers
sont en revanche plus agréables d’utilisation, ce qui facilite le
renouvellement des applications.
¦ Cas particuliers
Les sujets roux à peau claire doivent renoncer au bronzage. Ils ne
développeront qu’un semis d’éphélides n’assurant qu’une faible
protection. Une protection maximale est nécessaire.
Chez le sujet bronzé, il faut compléter la protection naturelle acquise
par un antisolaire en cas d’exposition prolongée ou dans des
conditions extrêmes.
Chez l’enfant, il faut privilégier la protection vestimentaire et
compléter par des antisolaires minéraux résistants à l’eau car
l’innocuité à long terme des filtres appliqués en grande quantité
n’est pas démontrée.
Chez le malade de la lumière, une protection maximale (P > 50) est
nécessaire, renouvelée toutes les 2 heures en complément de
l’éviction relative et de la protection vestimentaire lors des poussées.
Les antisolaires sont également utilisés pour permettre une
exposition programmée dans le cadre d’une accoutumance.
¦ Prévention des effets chroniques
Pour se protéger contre le vieillissement cutané et le risque de
cancer, une protection aussi élevée que possible contre les UVA,
régulièrement appliquée, si possible depuis l’enfance, est nécessaire,
ce qui est illusoire. En pratique, les antisolaires ne sont utilisés qu’au
printemps et en été. L’incorporation de filtres solaires à trop faible
concentration (Parsol 1789 ou oxybenzone) dans les cosmétiques
antivieillissement est illusoire car la protection est insuffisante du
fait de l’instabilité des filtres et parfois néfaste du fait du risque de
sensibilisation.
Conclusion
La prise en compte des effets chroniques des UVB, et surtout des UVA,
en particulier des UVA longs, a modifié l’objectif de la photoprotection.
L’érythème UVB n’est plus le seul objectif. Une protection équivalente
en UVB et en UVA adaptée au risque est nécessaire, car l’effet pervers
reconnu des antisolaires est de favoriser l’exposition prolongée sans
risque immédiat de coup de soleil.
Le niveau de protection doit être élevé car la quantité appliquée est
souvent insuffisante. Cependant, les indices supérieurs à 50 doivent
être réservés aux conditions extrêmes et/ou aux malades de la lumière.
Tableau VII. – Échelle de risquer.
II Faible
III Moyen
IV Élevé
V Très élevé
VI Majeur
Tableau VIII. – Catégorie d’antisolaire (d’après la Food and drug administration
[FDA] et le comité de liaison des associations européennes
de l’industrie de la parfumerie [Colipa]).
Dénomination IP
Produits bronzants < 6
(protection insuffisante)
Protection moyenne 6-11
Haute protection 12-20
Très haute protection 20-50
Protection maximale et/ou médicale > 50
IP : indice de protection.

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