Introduction
Les acides gras (AG) sont des
acides organiques faibles formés d’une
chaîne hydrocarbonée plus ou
moins longue et d’un groupement
carboxyle (COOH) à l’extrémité
de la chaîne carbonée. Ce sont les
constituants principaux des
lipides alimentaires. Ceux-ci
comprennent les lipides
simples tels que les triglycérides (TG), les
plus abondants, résultant de l’action
de trois molécules d’AG sur les
trois fonctions hydroxyles
(OH) d’un alcool, le glycérol, et les lipides
complexes comprenant une
composante non lipidique telle que
l’acide phosphorique dans les
phospholipides, et le cholestérol
(stérol) dans le cholestérol
estérifié. Les lipides fournissent donc à
l’organisme des AG, dont le
premier rôle est énergétique. Celui-ci
est assuré par tous les AG et,
de ce point de vue, il n’y a pas de
besoin en AG puisque la
lipogenèse peut, à partir de l’acétyl
coenzyme A, conduire aux AG
saturés et mono-insaturés. Mais les
AG ont également des rôles
structurels, puisqu’ils sont les
constituants des membranes
biologiques, et une fonction dynamique
(rôle fonctionnel).
Définition
Un AG est dit indispensable
lorsqu’il ne peut être synthétisé par
l’organisme (ni par la flore
digestive), et doit donc être fourni par
l’alimentation. Les deux AG
indispensables sont l’acide linoléique
(LA) et l’acide
alphalinolénique (ALA) chez l’homme, dans les
conditions habituelles de
physiologie normale. Un AG est dit
essentiel quand il est «
essentiel » dans la pérennité d’une fonction
biologique, à quelque niveau
que ce soit (structure, biochimie,
physiologie, fonctions
éventuellement supérieures) : ne sont alors
concernés que certains AG des
familles des deux AG indispensables.
Par usage ou abus de langage,
on parle souvent d’AG essentiels
(AGE) pour les deux AG
indispensables (LA et ALA). Cet usage
sera maintenu ici.
Nomenclature
Les AGE sont des AG
polyinsaturés (AGPI) (on devrait dire AG
polyéthyléniques ou polyènes)
à chaîne longue à deux ou plus de
deux doubles liaisons. La
place de la première double liaison
détermine la famille d’AG
insaturés. Celle-ci, dans la nomenclature
des physiologistes, est
indiquée à partir du groupement méthyle
(CH3) terminal.
Les AGPI comprennent deux
familles : ceux de la famille ö6
(anciennement n-6) comportent
leur première double liaison après
le sixième atome de carbone
compté à partir du groupement CH3 ;
ceux de la famille ö3 (anciennement n-3) après le
troisième atome
de carbone compté à partir du
CH3. Le chef de file de chacune
de
ces deux séries (ou familles)
d’AGPI est un AG indispensable : LA
et ALA. La place de la seconde
double liaison se déduit
implicitement de la première
car les doubles liaisons sont séparées
par un groupement méthylène
(CH2) et se succèdent donc tous
les 3
C. Ainsi, le LA s’écrit C18:2ö6 et comprend deux doubles
liaisons ;
l’ALA s’écrit C18:3ö3 et comprend trois doubles
liaisons. Tous deux
ont 18 atomes de carbone.
Deux isoméries sont à prendre
en considération :
– l’isomérie géométrique : la
forme cis comprend les deux parties
de la molécule du même côté
par rapport à la double liaison ; la
forme trans possède les deux
parties de la molécule de part et
d’autre de la double liaison.
Les AGE ont la configuration cis ;
– l’isomérie de position : il
s’agit d’AG ne différant que par la
position de la première double
liaison (et donc des autres). Par
exemple, l’acide
gammalinolénique (C18:3ö6) (GLA) est un isomère
de position de l’ALA.
Appartenant à deux familles distinctes, ils sont
très différents
physiologiquement. L’oxydation des AG peut
conduire à la migration de
doubles liaisons. Migration des doubles
liaisons et isomérie
géométrique conduisent à des isomères du LA
appelés acides linoléiques
conjugués.
Essentialité et carences
ESSENTIALITÉ
Les AGE, LA et ALA, sont donc
indispensables car ils ne peuvent
être synthétisés par l’homme.
Ils sont, en revanche, synthétisés par
les plantes. Rappelons
cependant que les dérivés supérieurs des
deux chefs de file des
familles ö6 (LA) et ö3 (ALA) peuvent
également être qualifiés d’essentiels
car ils exercent des fonctions
essentielles [14]. Dans certaines conditions
physiologiques (le foetus
et le nouveau-né) ou
pathologiques (cf infra), les voies métaboliques
conduisant des AG indispensables
aux dérivés supérieurs sont
altérées par immaturité ou
déficit enzymatique.
Dans ces conditions, certains
AG deviennent indispensables (c’est le
cas de l’acide arachidonique
[AA] et de l’acide docosahexaénoïque
[DHA]) : on les qualifie
parfois d’AG conditionnellement
indispensables.
CARENCES [14, 40]
¦ Signes cliniques
Le caractère essentiel d’un
nutriment est attesté par la survenue de
symptômes carentiels lors de
son absence d’apport et par la
réversibilité de ceux-ci lors
de la supplémentation.
En 1912, Herman posait déjà la
question : « Les graisses sont-elles
indispensables » ?
Acide linoléique
C’est en 1929 que les
Américains Burr et Burr ont découvert qu’un
animal ne pouvait pas vivre
longtemps en l’absence de LA dans son
alimentation : ils mettent
alors en évidence chez le rat l’action
curative de certains AG
insaturés sur la dégénérescence hépatique
provoquée par une carence
totale en corps gras. Chez le jeune rat,
les symptômes de carence ont
été bien décrits : retard de croissance,
dermatite et parakératose,
nécroses rénales avec hémorragies et
lésions des tubules rénaux,
fragilité capillaire, sensibilité aux
affections : chez le mâle, on
note un arrêt de la spermatogenèse ;
chez la femelle, il y a des
cycles irréguliers, une réduction des
gestations, voire une
stérilité, un défaut de lactation. Chez l’homme,
l’essentialité du LA a été
démontrée à partir des années 1950 et
pendant 30 ans de travaux
menés par Hansen. Dès 1944, il montrait
que des lésions cutanées
observées chez un nourrisson présentant
une ascite chyleuse (associée
à une malabsorption des graisses)
étaient réversibles sous huile
de maïs. Hansen, Adam et Wiese ont
ensuite démontré sur des
nourrissons de 2 semaines à 12 mois qu’un
régime à base de lait en
poudre entraînait une diminution du gain
de poids, une kératinisation
de la peau, des lésions eczémateuses et
une perte de cheveux,
réversibles avec un apport de LA compris
entre 0,5 et 1 % de l’apport
énergétique total. En 1985, Hansen
montrait le point d’impact du
LA : les 0-linoleyl ceramides de la peau
qui modulent la perméabilité à
l’eau de la barrière épidermique en
régulant l’activité protéine
kinase C des kératinocytes [22]. Les
niveaux de besoin ont ensuite
été affinés.
Acide alphalinolénique
Chez l’animal, il a été montré
il y a plus de 20 ans qu’une carence
prolongée en ALA, portant sur
plusieurs générations, entraînait des
anomalies de la vision et des
fonctions cérébrales [6, 13]. En 1982,
Holman publia le cas princeps
de la carence en ALA chez l’homme
avec le cas d’une fillette de
6 ans soumise pendant 4 à 5 mois, du
fait d’une résection
intestinale étendue, à une alimentation
parentérale totale apportant
une émulsion riche en LA (75 %) mais
pratiquement dépourvue d’ALA :
un syndrome neurologique
représenté par une faiblesse
généralisée, des paresthésies, une
difficulté à marcher, des
troubles visuels, a été corrigé en 4 mois
après remplacement de l’émulsion
par une préparation à base
d’huile de soja, apportant
0,54 % des calories totales sous forme
d’ALA.
Acide arachidonique et acide
docosahexaénoïque chez le foetus
et le nouveau-né
Une diminution de la teneur en
DHA ou C22:6ö3 dans les tissus
nerveux du nouveau-né, chez le
rat et chez le singe, consécutive à
une déficience en AG ö3 dans l’alimentation
maternelle au cours du
développement foetal et
postnatal (lait maternel) s’accompagne
d’une altération de la vision
(électrorétinogramme modifié, acuité
visuelle réduite) et du
comportement (réductions des capacités
d’exploration, de
discrimination, d’apprentissage...) [15, 21, 23]. Chez
l’enfant prématuré de faible
poids, il a également été montré qu’une
supplémentation en DHA pouvait
[5] :
– éviter la décroissance de la
teneur en C22:6ö3 des phospholipides
plasmatiques et des hématies
au cours des premières semaines de
vie ;
– corriger les anomalies
électrophysiologiques de la fonction
rétinienne et de l’acuité
visuelle ; mais une supplémentation
simultanée en AA (C20:4ö6) serait nécessaire pour une
croissance et
un développement psychomoteur
normaux de l’enfant. Le même
résultat a été obtenu sur les
performances visuelles d’enfants nés à
terme, de poids normal,
supplémentés en DHA et/ou nourris au lait
maternel. En effet, le lait
maternel a une teneur élevée à la fois en
précurseurs, et en AA et en
DHA [21,
48].
Ceci suggère que le DHA et/ou
l’AA sont des AG indispensables
chez le nouveau-né et sans
doute aussi (pour le DHA) chez la femme
enceinte au cours d’une
période précise de la gestation (cf infra).
Une étude serait en faveur d’un
effet prolongé, d’un apport adéquat
en ces AG, avec un statut
neurologique meilleur des enfants suivis
jusqu’à 9 ans s’ils avaient
été nourris au sein [31]. Il s’agit bien ici de
la notion d’AG
conditionnellement indispensables.
¦ Signes biologiques de la
carence en AGE
En cas de carence en AGE, la
concentration en acide palmitoléique
(C16:1ö7), oléique (OA) (C18:1ö9) et eicosatriénoïque (C20:3ö9)
augmente et celle de LA, GLA
et AA diminue notablement.
La carence se traduit par une
augmentation du rapport défini par
Holman, 20:3ö9 sérique/20:4ö6 sérique dans les
phospholipides
sériques, égal à 0,10 ± 0,08. Une valeur supérieure à 0,4 est
pathologique et signe d’une
carence, et une valeur comprise entre
0,2 et 0,4 doit être discutée.
Ce rapport, peu différent selon le sexe,
peut être utile au niveau
individuel ou au niveau épidémiologique.
Plus il est faible, meilleur
est le statut en AGE. La même élévation
du rapport C20:3ö9/C20:4ö6 s’observe en cas de régime
carencé en
AGE dans les membranes
microsomales hépatiques et nucléaires
avec une augmentation de l’activité
Na+ K+ adénosine
triphosphatase (ATPase).
Métabolisme des acides
gras
essentiels [30, 37]
INCORPORATION [1, 3]
Les lipides alimentaires, et
en particulier les AG indispensables,
apportés sous forme estérifiée
dans des TG (le plus souvent) ou des
phospholipides, sont
hydrolysés dans l’intestin par des lipases
pancréatiques, ce qui génère
des AG libres, et des deux
monoglycérides rapidement
absorbés. Dans l’entérocyte, la voie de
resynthèse des TG sécrétés
ensuite dans les chylomicrons se fait
surtout à partir des deux
monoglycérides. La lipoprotéine lipase,
attachée à l’endothélium
vasculaire, hydrolyse ensuite les TG des
chylomicrons (et les very low density lipoproteins
[VLDL]
d’origine
hépatique). Ils sont alors
apportés aux cellules sous forme non
estérifiée, liés à l’albumine [1].
Dans la cellule, les AGE
peuvent avoir deux destinées [3] :
– l’incorporation dans les lipides
cellulaires, principalement dans les
phospholipides, par l’action
des acyltransférases. Ils y subissent
alors, dans le réticulum
endoplasmique (au niveau des microsomes),
des réactions de conversion en
dérivés supérieurs plus longs et plus
insaturés (désaturation et
élongation successives), notamment dans
le foie et le tissu nerveux
central et périphérique. Ils ne s’accumulent
donc pas à l’état libre dans
les cellules mais sont principalement
incorporés dans les
phospholipides où ils sont l’objet d’un
renouvellement constant. L’incorporation
des AG au niveau des
phospholipides des membranes
semble influencée par des facteurs
génétiques ainsi que l’ont
montré des études sur des paires de
jumeaux monozygotes
établissant une ressemblance intrapaires
(indépendante des apports
alimentaires), cependant plus pour les
AG saturés et mono-insaturés
que pour les AGPI. Puis les lipases et
phospholipases libèrent les AG
à l’état non estérifié et ceux-ci
subissent alors l’action d’oxygénases
(cyclo-oxygénase et lipooxygénase)
conduisant aux eicosanoïdes ;
– la bêta-oxydation : celle-ci
est concurrente de celle de la
biosynthèse des polyènes
supérieurs, notamment pour l’ALA. Des
spécificités enzymatiques au
niveau cellulaire orientent l’ALA
davantage vers une voie que
vers l’autre. Cette bêta-oxydation a lieu
essentiellement au niveau des
mitochondries, mais 10 % a lieu dans
les peroxysomes [3].
Les deux AG indispensables, LA
et ALA, sont les précurseurs de
véritables AGE que sont l’AA d’une
part, l’acide eicosapentaénoïque
(EPA) ou C20:5ö3 et le DHA d’autre part,
présents en quantité
beaucoup plus importante que
leurs précurseurs dans les
phospholipides des membranes.
CONVERSION DES ACIDES GRAS
ESSENTIELS [3, 22, 39, 40]
Le LA et l’ALA sont les chefs
de file des deux familles d’AG ö6 et
ö3, indépendants dans le règne animal, c’est-à-dire
non
interconvertibles, mais
concurrents dans la mesure où les enzymes
impliquées dans leur élongation
(élongases) et leur désaturation
surtout (désaturases) sont les
mêmes, y compris pour les familles ou
séries ö7 et ö9.
Il existe donc une compétition
dans le métabolisme de ces AG : les
désaturases désaturent plus
vite les AG de la série ö3 et, par
conséquent, la présence d’ALA
en faible quantité inhibe la
désaturation du LA et celle de
l’OA ö9 dans une plus grande
mesure ; de même, le LA inhibe
la désaturation de l’OA et en
quantité modérée inhibe le
métabolisme d’ALA. C’est pourquoi dans
les régimes contenant à la
fois LA et ALA, il ne peut se produire
qu’une conversion négligeable
d’OA en C20:3ö9. À l’inverse, un
régime pauvre en AGE entraîne
une augmentation du C20:3ö9
caractéristique de cette
carence (cf supra). Seules de fortes quantités
d’OA inhibent le métabolisme
du LA. En définitive, il existe une
compétition de substrat
modulée par l’affinité des désaturases pour
ces familles d’AG avec une
hiérarchie de substrats : ALA > LA >
OA. La biosynthèse des AG
insaturés nécessite donc une suite
d’élongation de deux carbones,
et de désaturations alternantes, ¢6
désaturase, puis ¢5 et ¢4 désaturases. La filière ö6 conduit du LA
au GLA puis au
dihomogammalinolénique (DHGLA) puis à l’AA.
La filière ö3 conduit de l’ALA à l’EPA
puis au DHA. La biosynthèse
hépatique de cette dernière
étape pour la série ö3 (EPA ® DHA)
comme pour la série ö6 ne dépend pas en réalité d’une
¢4
désaturase mais passe par des
AG intermédiaires en C24 avec
successivement une élongation
suivie d’une ¢6 désaturation (la
même désaturase que pour la
famille ö6) puis d’une rétroconversion
qui est une bêta-oxydation
ayant lieu dans les peroxysomes.
Aux compétitions classiques
(cf supra) s’ajoutent des données plus
récentes :
– bien que la vitesse de ¢6 désaturation du C18:3ö3 soit supérieure
à celle du 18:2ö6 par la même enzyme, un excès
de LA est
susceptible d’entraîner une
inhibition de la formation d’EPA et de
DHA à partir du ALA ;
– les réactions de ¢6 et ¢5 désaturation des AG ö6 sont fortement
inhibées par l’EPA et le DHA,
susceptibles donc d’entraîner un
déficit dans la synthèse des
dérivés supérieurs. Mais le C22:6ö3
inhibe sa propre synthèse au
niveau de la ¢6 désaturase.
La biosynthèse des AG
insaturés est représentée sur la figure 1.
FACTEURS MODIFIANT LA SYNTHÈSE
DES DÉRIVÉS SUPÉRIEURS [37]
¦ Proportion et quantités
de substrats
La compétition entre les
substrats s’explique par le fait d’enzymes
communes et dépend des
affinités des désaturases justifiant la
nécessité d’une proportion
adéquate des deux familles d’AG.
Celle-ci s’établirait dans un
rapport ö6/ö3 compris entre 4 et 8, mais
qui, pour la plupart des
auteurs, serait plus proche de 5.
¦ Activité de la ¢6 désaturase [24, 37]
Enzyme clé de la synthèse des
dérivés supérieurs, elle est déficitaire
dans un grand nombre de
situations :
– le diabète insulinodépendant
non traité et donc insulinoprive
conduit à un déficit en DHGLA
précurseur de la prostaglandine
PGE1... L’insulinothérapie corrige
ce déficit [24, 42] ;
– le vieillissement, les
cancers, l’atteinte hépatique, le jeûne,
entraînent également une
inhibition de la ¢6 désaturase. Mais l’effet
Série
Glucose
w7 C16 : 0 C16 : 1w7 C16 : 2 C18 : 2 C18 : 3 C
20 : 3 C 20 : 4
D9 D6 E D5 E « D4 »
w9
w6
w3
C18
: 0 C18 : 2 C20 : 2
C20
: 1
C20
: 3 C 22 : 3
C
22 : 1 C 24 : 1
C18
: 1w9
C 22 : 4
D9 D6 E D5 « D4 »
E
E
E
C18
: 2w6
C18 : 3 C20 : 3 C20 : 4 C 24 : 4 C 24 : 5
D6 E D5 E D6
C
22 : 5
C18
: 3w3
C18 : 4 C20 : 4 C20 : 5 C 24 : 5 C 24 : 6
D6 E D5 E D6
C
22 : 6
R
R
acide
linoléique
acide
oléique
acide
gammalinolénique
acide
dihomogammalinolénique
acide
arachidonique
acide
alphalinolénique
Chez
les plantes seulement
DHA
acide
cervonique
acide
nervonique
EPA
E
1 Métabolisme des acides gras
insaturés et des acides
gras essentiels.
¢ : désaturation ; E : élongation ; R : rétroconversion.
EPA : acide
eicosapentaénoïque ;DHA : acide docosahexaénoïque.
du vieillissement sur la ¢6 désaturase serait peut-être
compensé par
la baisse de la bêta-oxydation
peroxysomale (et probablement aussi
mitochondriale) observée avec
l’âge pour le LA, l’OA et l’ALA,
expliquant que la présence du
22:6ö3 dans les phospholipides soit
peu affectée par le
vieillissement ;
– l’espèce : chez les félins,
il existe naturellement un déficit en ¢6
désaturase expliquant que l’AA
(apporté par les produits d’origine
animale comme la viande) soit
réellement indispensable chez les
félidés, et que ces animaux
soient carnivores obligatoires. Chez
l’homme, de ce point de vue,
les régimes végétaliens sont
acceptables [14] ;
– le glucagon, les
catécholamines et leur médiateur l’acide
adénosine monophosphorique
(AMP) cyclique, inhibent également
la désaturation de l’ALA. La
thyroxine accélèrerait les conversions.
¦ Acides gras trans [33]
Les isomères trans du LA et de
l’ALA peuvent interférer avec les
voies métaboliques de ces AG.
Ainsi, parmi les isomères du LA, seul
le 18:2 (9 cis, 12 trans) peut
être converti en isomère de l’AA mais
pas les isomères 18:2 (9
trans, 12 cis) et 18:2 (9 trans, 12 trans). En
effet, les isomères 9 trans
inhibent la désaturation de l’AA et de
l’ALA par la ¢6 désaturase. Chez l’animal,
un apport élevé en
C18:2 (9 trans, 12 cis)
conduit à une élévation du rapport
C20:3ö9/C20:4ö6. Les isomères 9 trans du LA
pourraient inhiber la
formation d’AA et de DHA dont
on sait qu’ils jouent un rôle
important dans le
développement du système nerveux central chez
le nouveau-né, d’autant plus
que l’on sait que chez le prématuré, les
réserves en AGE et l’activité
des désaturases sont faibles.
MÉTABOLISME DES ACIDES GRAS
ESSENTIELS
DANS LE CERVEAU ET LA RÉTINE :
IMPORTANCE
CHEZ LE NOUVEAU-NÉ [5, 6, 11, 13, 19, 21]
Le cerveau est l’organe le
plus riche en lipides après le tissu adipeux
avec 50 à 60 % de sa masse.
Dans le système nerveux, un AG sur
trois est polyinsaturé. La
position 2 des phospholipides cérébraux
est généralement occupée par
un AGPI, le plus souvent le 20:4ö6 et
le 22:6ö3 ou DHA ou acide cervonique.
L’AA est typiquement
présent dans les membranes des
cellules gliales et neuronales et le
DHA est l’AG majoritaire dans
les phospholipides de la rétine
(phosphoglycérides à
éthanolamine et à choline). Pendant la période
prénatale, la question
importante est de savoir, d’une part quelle est
la capacité de fourniture des
AA et DHA à partir de l’organisme
maternel et du foie foetal, et
d’autre part quelle est la capacité de
synthèse du cerveau foetal à
partir des précurseurs.
Il a été établi que la
conversion en dérivés supérieurs à partir du LA
et de l’ALA peut avoir lieu
dans le foie et le placenta foetal. Au
niveau de la rétine, il semble
qu’il existe deux périodes, une
première phase avant la 20e semaine avec mise en place de
la voie
d’entrée dans la cellule de l’AA
et du DHA, puis, de façon
progressive et à partir du
huitième mois, un second mécanisme
capable d’augmenter la teneur
en DHA par rapport à l’AA jusqu’à
des valeurs élevées avec un
rapport DHA/AA de l’ordre de 10,
caractéristique de la rétine
adulte. Ceci est particulièrement
important si l’on sait que la
proportion de DHA atteint jusqu’à 50 %
des AG totaux des segments
externes des cellules en bâtonnets de la
rétine (SECBR) dans des
phospholipides à proximité de la
rhodopsine, la protéine des
saccules discoïdes empilés du SECBR,
capable de capter l’énergie
lumineuse arrivant sur la rétine [35].
Dans la période postnatale, AA
et DHA, dans le système nerveux,
peuvent provenir de trois
sources [19, 35] :
– une source alimentaire,
notamment le lait maternel qui contient
des quantités appréciables de
ces AG ;
– la fourniture au niveau du
cerveau de l’AA et du DHA provenant
du foie à partir des
précurseurs et transportés via la circulation par
les lipoprotéines VLDL ;
– la synthèse locale à partir
des précurseurs.
BIODISPONIBILITÉ DES ACIDES
GRAS ESSENTIELS [1, 3, 40]
La place des AG sur la
molécule de glycérol intervient fortement
dans leur biodisponibilité et
leur métabolisme. Un AG estérifié en
position Sn-2 est efficacement
absorbé sous forme de deux
monoglycérides et se retrouve
à cette même position dans les TG
nouvellement synthétisés par l’entérocyte.
Par exemple, la position
très préférentielle de l’EPA
et du DHA en position Sn-2 des TG de
l’huile de hareng est un
élément très favorable à leur absorption
intestinale et même à l’approvisionnement
des cellules en ces AG.
De même l’huile de colza, dont
la caractéristique est de contenir
66 % de l’ALA en Sn-2 contre
27 % pour le soja, a des propriétés
spécifiques. Dans l’huile d’olive,
le 18:3ö3 est apporté sous forme
libre dissous ; dans ces
conditions, il se retrouve principalement
estérifié aux fonctions
externes 1 et 3 des TG lymphatiques. Compte
tenu de la spécificité des
lipoprotéine-lipases qui hydrolysent les TG
des chylomicrons, l’ALA sera
moins bien « protégé » que s’il était
estérifié en position 2. Du
rapport relatif des trois AG : 20:3ö6
(DHGLA), 20:4ö6 (AA) et 20:5ö3 (EPA) en position Sn-2 d’un
phospholipide membranaire
dépend une libération équilibrée de
précurseurs, puis une synthèse
équilibrée d’eicosanoïdes. De même,
la mitochondrie peut oxyder l’ALA
libre a un niveau deux fois plus
rapide que le LA libre. Très
probablement, la position Sn-2 permet
d’éviter ou de limiter cette
oxydation et privilégie l’entrée dans une
voie préférentielle, la
transformation en dérivés supérieurs.
Rôles physiologiques
des acides gras
essentiels
On peut distinguer deux
fonctions principales aux AGE, structurale
et dynamique, et une troisième
fonction de découverte récente
comme ligand des récepteurs
aux cannabinoïdes.
FONCTION STRUCTURALE AU NIVEAU
MEMBRANAIRE
Elle doit être considérée
comme une fonction structuromodulatrice
[36]. Les AG représentent les éléments fondamentaux des
lipides membranaires
constitués par la somme de phospholipides et
des glycolipides. Ces lipides
complexes représentent 70 à 90 % des
lipides totaux membranaires. À
chaque classe de phospholipides est
associée une tête polaire
présentant une charge électrique
caractéristique qui, du fait
de son caractère hydrophile, se maintient
à la surface de la membrane et
crée ainsi des charges superficielles
négatives, positives ou
nulles. Certaines classes de phospholipides
se comportent comme des
activateurs spécifiques de systèmes
enzymatiques membranaires. C’est
le cas notamment du
phosphatidylinositol pour la
phosphatase alcaline et l’adénylcyclase
du muscle cardiaque, de la
phosphatidylsérine pour la Na+/K+-
ATPase, et la protéine kinase
C, ou de la phosphatidylcholine pour
l’acide uridine diphosphorique
(UDP) glucuronyltransférase. Les
modifications de la
composition en AG de la matrice
phospholipidique, sous l’effet
de facteurs nutritionnels notamment,
induisent une modulation des
propriétés des structures
membranaires intrinsèques à
activité biologique (enzymes,
transporteurs, récepteurs à low density lipoprotein [LDL], à insuline)
en modifiant la fluidité (ou
microviscosité) de la membrane sous
l’effet d’une augmentation du
nombre ou de la position des doubles
liaisons. La définition d’un
rapport ö6/ö3 optimal au niveau de
chaque membrane et pour chaque
type d’activité physiologique
pourrait en découler.
Toutefois, le 22:6ö3 est un des seuls AGPI
constitutifs des
phospholipides membranaires à potentialiser de
façon directe et/ou indirecte
spécifiquement l’activité d’enzymes
impliquées dans la voie de
synthèse des seconds messagers
(phospholipase A2, protéine kinase C, protéine
G).
Le rôle structural des AGE s’exprime
aussi, bien entendu, au niveau
du cerveau et de la rétine [13, 19] puisque les phospholipides des
membranes neuronales y sont
très riches en DHA, mais aussi en
22:6ö6 (ö6 DPA) qui s’incorpore aussi
vite. Toutefois, dans
l’astrocyte, le principal
produit du métabolisme des AGE est le DHA
pour la famille ö3 et l’AA pour la famille ö6. Mais bien que la
fourniture d’AGPI ö6 au cerveau à partir du flux
plasmatique soit
plus élevée, c’est le DHA,
plus que le ö6 DPA, qui s’accumule le
plus dans les membranes du
cerveau et de la rétine. Mais le 22:6ö3
peut jouer un rôle biologique
tout aussi capital dans d’autres tissus :
dans le muscle par exemple, il
module la réponse à l’insuline du
transport du glucose et des
acides aminés.
FONCTION DYNAMIQUE
Elle est liée à la production
d’eicosanoïdes et d’autres médiateurs
cellulaires lipidiques à
partir de certains dérivés supérieurs des AG
indispensables. Bien que
fondamentale, cette fonction ne
correspondrait qu’à une part
infime des besoins en AGE.
¦ Eicosanoïdes [30, 50]
Trois AGPI conduisent à ces
médiateurs : le 20:3ö6, le 20:4ö6 (et
accessoirement le 22:4ö6) et le 20:5ö3. Les AGPI sont libérés de
leur
liaison aux phospholipides
membranaires par l’action d’une enzyme
membranaire, la phospholipase
A2, calcium dépendante, enzyme
des
voies métaboliques d’aval qui
agit sur son substrat, les
phospholipides de membrane,
pour libérer l’AA. La voie des PG est
ensuite ouverte à partir des
cyclo-oxygénases (spécifiques du monde
animal) et celle des
leucotriènes (LT) à partir des lipo-oxygénases
(communes au monde végétal et
animal). La biosynthèse de ces
dérivés dépend de l’équipement
enzymatique de la population
cellulaire.
Prostaglandines [29]
Ce sont des dérivés d’AG à
chaîne longue hydroxylés et pourvus
d’un cycle à 5 C dont la
production est une des composantes du
métabolisme des AGPI des
phospholipides membranaires. La PGH
synthétase est un complexe
multienzymatique qui comprend une
activité cyclo-oxygénasique
(COX, COX1 dans les plaquettes et COX2
dans les cellules
endothéliales) conduisant à des endoperoxydes
PGG instables, et une activité
peroxydasique conduisant à une
endoperoxyde PGH. Ce composé
relativement instable est un
substrat pour diverses
activités enzymatiques variables selon le type
cellulaire considéré. Dans la
paroi vasculaire, les cellules
endothéliales et les cellules
musculaires lisses ont une prostacycline
synthétase et les plaquettes
sanguines ont une thromboxane (TX)
synthétase.
– À partir de l’AA. Issue du
PGH2 la PGI2 ou prostacycline est
produite dans l’endothélium et
la TXA2 est produite au niveau
plaquettaire. Les PGE2, D2, F2á sont également produites à
partir du
PGH2.
– À partir du 22:4ö6 (dérivé de l’AA), deux PG
sont produites, le
dihomo-PGI2 dans l’endothélium et le
dihomo-TXA2 au niveau des
plaquettes.
– À partir du DHGLA est
produite la PGE1.
– À partir de l’EPA, la PGE3 et la PGI3 sont des prostacyclines
produites dans l’endothélium
(mais aussi la PGD3 et la PGF3á ; la
TXA3 est d’origine plaquettaire.
Les PG ont des fonctions dans
l’hémostase et la thrombose
(agrégation plaquettaire) (tableau I), l’inflammation et la
vasomotricité, mais aussi la
cytoprotection, l’apoptose... Elles
exercent leurs effets par l’intermédiaire
de récepteurs ; il existe des
sous-populations de récepteurs
au TXA2.
Leucotriènes
Les LT sont des médiateurs
lipidiques de structure linéaire, libérés
au niveau des leucocytes et
des plaquettes notamment. Ils sont
impliqués dans les réactions
inflammatoires vasculaires,
bronchiques, allergiques,
immunitaires, chimiotactiques.
– À partir de l’AA. Sous l’effet
d’une 5 lipo-oxygénase, l’AA conduit
à un précurseur commun
hydroperoxyde, le 5 HPETE, puis sous
l’effet d’une LTA4 synthétase au LTA4, LT instable, puis à deux
types
de dérivés de celui-ci, le LTB4 pro-inflammatoire et puissant
agent
chimiotactique et le LTC4 conduisant successivement au
LTD4 et au
LTE4. Ces LT ont un très fort
pouvoir bronchoconstricteur et sont les
composants de la slow reacting substance of
anaphylaxis (SRSA).
D’autres lipo-oxygénases
conduisent à d’autres dérivés oxygénés :
la 15 lipo-oxygénase conduit
au 15 HPTE ; la 12 lipo-oxygénase
conduit au 12 HPETE puis au 12
HETE libéré avec le TXA2 lors de
l’activation et de l’agrégation
plaquettaire, et aboutit à un isomère
inactif du LTB4. Les cellules endothéliales
sécrètent aussi, en même
temps que la PGI2, le 12 HETE. Les cellules
musculaires lisses le
métabolisent en trois
principaux dérivés selon deux voies : d’une
part, il subit une
bêta-oxydation [16:3(8-OH)] et d’autre part, il est
réduit en 20:3(12-OH) par une
10-11 réductase et cet intermédiaire
est lui-même transformé par
bêta-oxydation en 16:2(8-OH) [29]. Le
rôle des métabolites du 12
HETE s’exerce sur l’inflammation, la
fluidité membranaire, l’expression
des récepteurs membranaires,
l’athérogenèse (migration et
prolifération cellulaires), le métabolisme
et l’hydrolyse du cholestérol
dans les cellules musculaires lisses.
– À partir du DHGLA, la
production de LTB4 dans les
polynucléaires neutrophiles
est réduite.
– À partir de l’EPA. Sous l’effet
d’une 5 lipo-oxygénase sont
produits les LTB5, LTC5 et LTD5 anti-inflammatoires. La
transformation du 20:5ö3 en LTB5 est doublement moins efficace
que
celle du LTB4 à partir du 20:4ö6 puisqu’elle est
quantitativement
moins importante ; et elle
conduit à une LTB5 beaucoup moins
chimiotactique. L’EPA inhibe
en outre la production de LTB4. L’EPA
est un substrat privilégié
pour la lipo-oxygénase par rapport à la
cyclo-oxygénase. Le DHA est
aussi un substrat pour la
lipo-oxygénase.
Ainsi, parmi les AGPI, ceux de
la série ö3 semblent avoir des effets
bénéfiques vis-à-vis de l’athérothrombose,
en partie en réduisant la
production d’eicosanoïdes
dérivés de l’AA dans les cellules
sanguines et vasculaires.
Toutefois, le nombre élevé de doubles
liaisons conduit à la
production d’hydroperoxydes susceptibles de
modifier le statut antioxydant
en générant des radicaux libres
oxygénés, ce qui stimule l’expression
de la glutathion peroxydase,
épargne la vitamine E
plaquettaire, et diminue l’expression de la
PGH synthétase 1 ou COX1 probablement en réponse à l’induction
du stress oxydatif.
¦ Autres médiateurs
cellulaires lipidiques
« Platelet activating factor
» (PAF)-acéther
C’est un phospholipide
fonctionnel dont la biosynthèse est initiée
par une phospholipase A2 ; c’est le plus puissant
activateur et
antiagrégant plaquettaire
connu. Il stimule la libération du platelet
derived growth factor (PDGF) et, pour cela, est
incriminé dans les
mécanismes de l’athérothrombose.
En cas de déficit en 18:2ö6, le
remplacement de la plus grande
part de 20:4ö6 par du 20:3ö9 inhibe
d’autant la synthèse de PAF
(mais le 20:3ö9 est un bon substrat de
la 12 lipo-oxygénase).
Isoprostanes [22]
En temps normal, dans les
liquides biologiques, les isoprostanes sont
en quantité une à deux fois
plus importante que les dérivés des PG
synthétisés par la
cyclo-oxygénase et ont été longtemps confondus
Tableau I. –
Prostaglandines.
Antiagrégantes plaquettaires
et vasodilatatrices
Agrégantes plaquettaires
et vasoconstrictrices
PGE1 TXA2
PGI2, PGD2, PGE2, PGF2á
Dihomo-PGI2
PGI3, PGE3, PGD3, PGF3á
Peu actives ou inactives
Dihomo-TXA2
TXA3
PG : prostaglandine ; TX : thromboxane.
avec ceux-ci. Avec les PG, les
isoprostanes appartiennent aux
prostanoïdes mais sont issus d’une
peroxydation non enzymatique
de l’AA et ont une structure
prostaglandine-like. Ils sont augmentés
en cas de stress oxydatif [41]. L’un d’entre eux, le
8-épiprostaglandine
F2á a une action vasoconstrictrice
sur les cellules musculaires lisses
(notamment rénales), car il
est capable d’activer des récepteurs du
TX. Ils sont produits in situ
sur les phospholipides oxydés contenant
de l’AA et sont ensuite
relargués sous l’effet d’une phospholipase
A2 dont l’un des rôles est d’éliminer
les peroxydes de la membrane.
LIGAND POUR LE RÉCEPTEUR AUX
CANNABINOÏDES [22]
Il existe des composés
endogènes qui se lient aux récepteurs aux
cannabinoïdes : le premier
isolé fut le N-arachidinoyl éthanolamine
appelé anandamide. De nombreux
anandamides contenant du 20:ö6
ou du 22:4ö6 (et peut-être des AG ö3) ont été isolés, alors que
le
N-palmitoyl éthanolamine est
inactif. Ainsi, la découverte de
l’anandamine ajoute une
nouvelle molécule biologiquement active à
la cascade issue de l’AA.
Effets des acides gras
essentiels
et implications pour
la pathologie
Les effets des AGE sont à
distinguer de ceux liés à la correction des
symptômes carentiels qui
correspondent aux effets liés à la
couverture des besoins. Ils
sont d’analyse délicate car ils sont
fonction du niveau des apports
et de la place de ces AG sur le
glycérol, de la proportion des
apports des deux AG indispensables
chefs de file, des apports
conjoints des AG conditionnellement
indispensables, et enfin de l’efficacité
des voies métaboliques,
notamment de la ¢6 désaturase (en fonction des
pathologies). Ils ne
pourront être ici que résumés
et donc simplifiés [12, 24].
PATHOLOGIES CARDIOVASCULAIRES [34, 49, 50]
¦ Lipides plasmatiques
Acide linoléique
Principale source d’AGPI sur
le plan quantitatif, il entraîne une
diminution du cholestérol
total et du cholestérol LDL (et de
l’apoprotéine B [apoB]), sans
abaisser le cholestérol hight density
lipoprotein (HDL) tant que l’apport est
inférieur à 11 % de la ration
énergétique totale. Cette
baisse est due à une diminution de synthèse
ainsi qu’en témoigne la baisse
du lathostérol, et une augmentation
du catabolisme (en entraînant
une activité récepteur LDL maximale).
Il s’oppose ainsi à partir de
4 à 6% de la ration énergétique à l’effet
hypercholestérolémiant des AG
saturés. Le LA est en outre
susceptible de réduire la
teneur en cholestérol des LDL et
d’augmenter la taille des LDL,
ce qui les rend moins athérogènes.
Acide alphalinolénique
Il a la même efficacité à 9 ou
10 g/j que le LA pour abaisser le
cholestérol total, le
cholestérol LDL, le cholestérol VLDL et l’apoB
chez les hommes
normolipidémiques et chez les sujets
hyperlipidémiques. L’effet sur
les TG est identique et modestement
à la baisse [45].
Acide eicosapentaénoïque
L’EPA diminue les TG et les
lipoprotéines riches en TG, de façon
dose-dépendante à partir de
1,5 g/j chez les sujets
normolipidémiques et chez les
sujets hypertriglycéridémiques de
façon inconstante pour des
apports très élevés (10 à 20 g/j).
Acide gammalinolénique
À 2 g/j, le 18:3ö6 diminue, chez les sujets
normolipidémiques (et
chez les diabétiques), le
cholestérol total et l’apoB [42].
¦ Hémostase [18, 43]
Les effets sur l’hémostase,
bien démontrés sur l’agrégation
plaquettaire in vitro, ne sont
pas toujours le reflet des situations in
vivo. Le LA a un effet
antithrombotique moindre, cependant, que
celui de l’ALA. En revanche, l’ALA
(6 g/j) a des effets très proches
de ceux de l’EPA (5 g/j) dans
la mesure où la conversion de l’ALA
en EPA est très rapide en l’absence
de déficit en ¢6 désaturase [18, 39].
Cet effet des AG ö3 passe par une inhibition de
la cyclo-oxygénase
plaquettaire qui conduit de l’AA
au TXA2 par compétition de l’EPA
avec l’AA au niveau des
lipides plaquettaires et par la production
de TXA3 beaucoup moins actif dans l’agrégation
plaquettaire que le
TXA2, et à la production de PGI3 d’action similaire à celle de
la PGI2.
Les AG ö3 (ALA et EPA) pourraient
également réduire l’agrégation
plaquettaire en intervenant
sur certains récepteurs, notamment ceux
du TXA2. Bien qu’une baisse du
rapport ö6/ö3 semble une
condition nécessaire à la
baisse de l’agrégation plaquettaire, des
travaux récents indiquent que
c’est la valeur absolue d’EPA qui
détermine l’importance de l’inhibition
de l’AA et l’incorporation de
l’EPA dans les phospholipides
plaquettaires [26]. L’AA apporté à
haute dose (1,5 g/j) augmente
à la fois la production de PGI2 et de
TXA2, mais de façon plus
importante de TXA2, ce qui pourrait avoir
des effets en termes d’augmentation
du risque de thrombose [17].
¦ Autres effets sur le
système vasculaire
Sur les troubles du rythme
Les AG ö3, et en particulier l’EPA,
exercent des effets
antiarythmiques sur la
tachycardie et la fibrillation ventriculaire
induites chez l’animal et sur
des cultures de cellules myocardiques
isolées. Chez l’homme, l’EPA
accroît la variabilité de la fréquence
cardiaque, inversement
corrélée au risque de troubles du rythme
après infarctus [10]. L’ALA a le même effet ;
celui-ci ne semble pas
direct mais médié par sa
transformation en EPA et en DHA qui
auraient un effet stabilisant
sur les membranes par une stabilisation
de l’activité électrique
consécutive à l’inhibition des canaux ioniques
membranaires. De nombreuses
données épidémiologiques [16, 25]
viennent en renfort des
données expérimentales [51].
Autres effets
cardiovasculaires
– Le LA possède un effet
normotenseur.
– Les AG ö3 exercent également des
effets protecteurs vis-à-vis des
cardiopathies ischémiques
incluant l’augmentation de la captation
du cholestérol par les HDL,
une inhibition de la migration des
macrophages, un effet
anti-inflammatoire à travers la réduction de
la production des cytokines, l’inhibition
des facteurs de croissance
cellulaire dans la paroi
artérielle (PDGF) et l’augmentation de
l’oxyde nitrique à partir de l’endothélium.
PATHOLOGIES NON
CARDIOVASCULAIRES [24, 49]
¦ Immunité
À travers la dégradation
enzymatique d’eicosanoïdes, les AGE ont
des effets bénéfiques sur la
production de cytokines, les réactions
inflammatoires, les réponses
immunitaires spécifiques et non
spécifiques, et l’infection.
Chez des animaux de laboratoire nourris
avec une alimentation riche en
ALA ou en EPA-DHA, on observe
une diminution de la
prolifération lymphocytaire, de l’activité des
cellules T cytotoxiques, de l’activité
des cellules tueuses naturelles,
de la présentation des
antigènes et de la production de cytokines
pro-inflammatoires par les
lymphocytes et les macrophages. EPA et
DHA augmentent la survie après
administration d’endotoxine,
diminuent les symptômes
cliniques chez les animaux ayant des
maladies auto-immunes et
accroissent leur survie. Ces effets
suppressifs sont décroissants
: EPA > DHA > ALA > LA. Quels que
soient les mécanismes, des
études cliniques sont en faveur de l’effet
des AG ö3 dans les maladies
inflammatoires intestinales, les
maladies rhumatismales
auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde),
les maladies inflammatoires
cutanées (psoriasis), le rejet de greffe
après transplantation rénale
(en synergie avec la ciclosporine A),
certaines maladies rénales
(néphrite lupique, néphropathie à
immunoglobulines A), la
resténose après angioplastie...
¦ Pathologie respiratoire
Une supplémentation en AGE
diminue le nombre d’infections
respiratoires récidivantes
chez l’enfant [52]. Une supplémentation en
AG ö3 (EPA) réduit les symptômes
de l’asthme parallèlement à la
production de LTB5
[7].
¦ Allergie et eczéma
atopique
Plusieurs études sont en
faveur du bénéfice du GLA (dérivé de l’AA)
dans l’eczéma atopique [9].
¦ Cancers
Les travaux sur lipides et
cancers sont encore très discutés. Des
données expérimentales et
cliniques sont cependant en faveur du
rôle bénéfique de l’ALA dans
le cancer du sein, y compris au stade
des métastases [4].
¦ Neuropathie diabétique
Au cours du diabète
insulinodépendant déséquilibré et du diabète
de type 2 de plus de 10 ans d’ancienneté,
un déficit en ¢6
désaturase, insulinosensible
dans le diabète 1 et corrélé à
l’insulinorésistance dans le
diabète 2, engendre un déficit en GLA et
en DHGLA précurseur de PGE1, un des facteurs impliqués
dans la
neuropathie diabétique. La PGE1 a notamment un effet
vasodilatateur, un effet
fluidifiant sur les membranes, un effet
antiagrégant plaquettaire, un
effet inhibiteur sur l’accumulation de
collagène [24]...
¦ Cirrhose
Au cours de la cirrhose, un
déficit enzymatique en ¢6 et
probablement en ¢5 désaturase est observé,
pouvant altérer la
production des eicosanoïdes
impliqués dans l’hémostase, le flux
rénal hydrosodique, la
protection de la muqueuse gastrique. La
supplémentation en GLA peut
accroître le taux de DHGLA dans les
phospholipides sériques et d’AA
dans les plaquettes sanguines, ce
qui pourrait avoir un effet
favorable dans les complications de la
cirrhose [2, 44].
¦ Syndrome prémenstruel
Des études ont suggéré, chez
les femmes ayant un syndrome
prémenstruel, un défaut de
conversion du LA en GLA [8]. Au cours
du syndrome prémenstruel, les
manifestations congestives sont
améliorées par une
supplémentation en GLA, probablement par le
biais des effets
anti-inflammatoires de la PGE1 et du LTB4.
STRESS OXYDATIF ET ACIDES GRAS
ESSENTIELS [32]
Les AGE ainsi que l’AA, l’EPA
et le DHA, sont des AGPI. Ils sont
présents dans les
lipoprotéines et dans les membranes cellulaires.
Ils sont susceptibles,
notamment dans les LDL, de subir l’action des
radicaux libres et autres
espèces oxygénées réactives, dont l’origine
peut être enzymatique sous l’action
des lipo-oxygénases cellulaires
dans l’espace
sous-endothélial, ou non enzymatique. Ceci aboutit à
la formation de peroxydes
lipidiques, susceptibles de modifier la
structure de l’apoB
aboutissant à une LDL oxydée impliquée dans
l’athérothrombose.
Les LDL riches en AGPI sont
plus oxydables que les AG monoinsaturés
car les AGPI contiennent
davantage de doubles liaisons.
Pour protéger les AGPI des LDL
de l’oxydation, de nombreux
systèmes de défense existent,
en particulier la vitamine E présente
dans les LDL et active au
niveau de la phase lipidique : celle-ci est
régénérée par la vitamine C
(active au niveau de la phase aqueuse).
On estime que la peroxydation
des AGPI in vivo peut être évitée
par l’apport alimentaire de
0,6 à 1 mg de vitamine E par gramme
d’AGPI ö6 et de 1,5 à 2 mg de vitamine
E par gramme d’AGPI ö3.
Sources d’acides gras
essentiels et
dégradations
lors des
transformations
SOURCES [38]
Les AGE sont largement
présents dans les aliments couramment
disponibles.
¦ Acide linoléique
Il est présent en quantité
importante dans les végétaux, en
particulier les oléagineux
(graines, fruits), le germe des céréales
(maïs...), les légumes et
légumineuses (soja...) et leurs dérivés (huile
de raisin, huile de tournesol,
noix, arachide, carthame, pépin de
raisin...) et les margarines
qui en sont issues. On en trouve aussi
dans les produits animaux, en
particulier les viandes (volaille, porc
surtout...), la charcuterie,
en faible quantité en revanche dans les
produits laitiers. Les
principales sources dans l’alimentation des
Français sont les corps gras.
¦ Acide alphalinolénique
Il est beaucoup moins répandu.
On en trouve dans certains
oléagineux (noix,
noisettes...), dans le soja, le colza, et le germe de
blé et les huiles qui en
dérivent ainsi que les margarines contenant
ces huiles (Primevèret...). Certains végétaux comme
le pourpier en
contiennent, ainsi que les
animaux consommant des plantes qui en
contiennent (oeufs [en Crète],
escargot, gibier, lapin, lait de brebis) ;
le hareng en contient
également, le beurre de façon variable selon
les saisons.
¦ Acides gras
conditionnellement indispensables
Acide gammalinolénique
Ses sources sont représentées
par les huiles d’onagre, de bourrache
et de pépin de cassis.
Acide arachidonique
Sa source principale est
représentée par les produits carnés et les
oeufs.
Acide eicosapentaénoïque
Le plancton dont se nourrit le
poisson est à l’origine d’une teneur
élevée en EPA (et en DHA) dans
le foie des poissons maigres, et
dans la chair des poissons
gras, ainsi que dans les mollusques et les
crustacés.
DÉGRADATIONS LORS DES
TRANSFORMATIONS
¦ Lors de la fabrication
des corps gras
Lors de l’hydrogénation
partielle des huiles utilisées pour la
fabrication de certaines
margarines, une partie des doubles liaisons
cis, non hydrogénée, peut être
transformée en AG trans, réduisant
d’autant la part des AGPI cis.
Mais la technologie des margarines a
permis aujourd’hui, pour la
plupart des margarines molles présentes
en France, d’éviter le plus
souvent la présence d’AG trans.
¦ Lors du stockage
La surgélation du poisson
entraîne une diminution importante des
AG ö3 au bout de quelques mois de
stockage, ce qui n’est pas le cas
des conserves de poisson dans
lesquelles seuls des transferts
surviennent entre le milieu de
conservation et le produit [47].
¦ Lors du chauffage [20]
Selon les conditions de
chauffage (friture plate ou profonde,
température, nombre, durée et
continuité des chauffages), des
altérations surviennent.
Apparition de composés
anormaux
Ces composés sont issus de
phénomènes de polymérisation,
isomérisation, cyclisation,
oxydation à partir des AG les plus
sensibles, cette fragilité
augmentant avec le nombre de doubles
liaisons. Ceci explique que la
cuisson des huiles riches en ALA (plus
de 2 %) ne soit pas légalement
autorisée. En réalité, les conditions
habituelles et normales de
cuisson entraînent très peu de
dégradation et d’apparition de
composés nouveaux. C’est cette
altération qui est à l’origine
de la diminution des composés normaux
(AGE).
Perte des composés normaux
Une perte en LA et en ALA
survient de façon proportionnelle au
degré et à la durée du
chauffage, les AGPI étant les plus sensibles.
Besoins et apports
conseillés [40, 46]
Les besoins correspondent aux
apports nécessaires pour éviter la
survenue de carences. Ils sont
établis à partir de données
expérimentales et cliniques.
On distingue le seuil d’apport
nutritionnel minimal et le
besoin moyen qui correspond à la
moyenne de distribution des
ingérés individuels. Les apports
conseillés ou apports
quotidiens (ou journaliers) recommandés sont
des recommandations de
références pour une population en bonne
santé, tenant compte des
données (habitudes et motivations)
observées dans cette
population. Par définition, ils correspondent
aux besoins moyens plus deux
écarts types, et sont capables de
satisfaire les besoins de 97,5
% des individus.
CHEZ L’ADULTE (tableau II)
Chez l’adulte en bonne santé,
il n’y a pas de besoin nutritionnel en
AA ni en EPA car ces AG sont
normalement synthétisés à partir des
AGE (LA et ALA) bien que ce
point soit encore souvent débattu. On
peut cependant considérer qu’un
apport en EPA (et DHA) chez
l’adulte en bonne santé, s’il
n’est pas indispensable, est utile à
hauteur de 0,1 à 0,2 % de l’apport
énergétique total (AET), ou plus
si l’apport en ALA est
insuffisant. Les apports en AGE doivent
également être considérés
entre eux. En effet, un apport trop
important en AG ö6 (il ne doit pas dépasser 10
% des AET) inhibe
la désaturation de l’ALA et sa
conversion en EPA. Le rapport
optimal ö6/ö3 est de 4 à 8/1.
CHEZ LE NOUVEAU-NÉ ET L’ENFANT
[5,
6, 11, 13, 21, 48]
ET L’ENFANT
Les apports conseillés pour l’enfant
sont présentés sur le tableau III.
Pour le nouveau-né, les
apports sont fondés sur les teneurs en
20:4ö6 et en 22:6ö3 dans les phospholipides
circulants et sur la
composition du lait maternel
qui contient tous les AG indispensables
et conditionnellement
indispensables avec un rapport ö6/ö3 de 13.
Chez le prématuré, l’utilisation
d’un lait supplémenté en DHA
permet une meilleure fonction
visuelle et un meilleur
développement cognitif, car sa
production est insuffisante à partir
de l’ALA et l’incorporation du
DHA dans le cerveau en
développement est dix fois
plus rapide que la voie de biosynthèse à
partir de l’ALA. Une faible
proportion de DHA a été observée dans
le cerveau d’enfants nourris
au biberon, comparativement à des
enfants nourris au sein.
Compte tenu du rôle essentiel
pour la rétine et le cerveau du DHA
chez le nouveau-né, et de l’immaturité
enzymatique du nouveau-né
prématuré, cet AG est
considéré comme essentiel, avec la nécessité
probable d’apporter
simultanément de l’AA pour une croissance
optimale. Les laits infantiles
doivent contenir de l’ALA (1 % des AG
totaux et 0,5 % des calories
totales), avec un rapport ö6/ö3 compris
entre 5 et 15, et en
particulier pour le prématuré du DHA (0,3 % des
AG totaux), et de l’AA (0,3 -
0,7 % des calories totales). Plusieurs
laits infantiles sont aujourd’hui
supplémentés en DHA.
CHEZ LA FEMME ENCEINTE [6, 13, 23, 48]
Dans la mesure où le
pourcentage maximal de DHA dans la rétine
est atteint à 36-38 semaines,
et où un déficit en ALA avant cette
période entraîne chez l’animal
une altération de la fonction
rétinienne, il semble bien que
les enfants prématurés aient des
besoins en DHA supérieurs à
ceux des enfants à terme. Mais dans la
mesure où les enfants à terme
peuvent synthétiser le DHA et l’AA à
partir des précurseurs (bien
que ceci soit encore controversé), l’ALA
est bien sûr indispensable
pendant la grossesse mais un apport en
DHA peut être utile par
précaution (risque de prématurité),
notamment à partir de la 20e semaine, période de poussée
accrétionnelle et de mise en
place de la voie d’entrée dans la cellule
de l’AA et du DHA.
CHEZ LES SUJETS ÂGÉS
Chez le sujet âgé, un déficit
de la ¢6 désaturase peut survenir et
pourrait réduire la synthèse
des eicosanoïdes, notamment ceux
provenant du DHGLA et ceux
provenant de l’ALA en l’absence de
consommation de poisson. Mais
une modification des voies
d’oxydation de l’ALA
compenserait ce déficit. Autrement dit, il n’y
a pas d’apport nutritionnel
spécifique chez le sujet âgé mais il faut
veiller à apporter non
seulement des AGE en proportion adéquate,
mais aussi du poisson, source
d’EPA.
Tableau II. – Besoins et
apports conseillés chez l’adulte (en pourcentage
de l’apport énergétique
total).
Besoin minimal Besoin moyen
Apport conseillé
Acide
linoléique
Acide
alphalinolénique
Acide linoléique
Acide
alphalinolénique
Acide linoléique
Acide
alphalinolénique
0,5 0,1 1 à 2 0,2 à 0,5 3 à 6
0,5 à 1
Tableau III. – Apports
conseillés chez l’enfant.
Acide linoléique Acide
alphalinolénique
% de l’apport énergétique
total
Enfant 3-6 0,5-1
6-11 mois 4,5 0,5
1-3 ans 3 0,5
4-17 ans 2 0,5
g/j
6-11 mois 4 0,5
1-3 ans 4 0,7
4-6 ans 4 1
7-10 ans 4 1
11-14 ans M 5 1
15-17 ans M 6 1,5
11-14 ans F 4 1
15-17 ans F 5 1
M : masculin ; F : féminin.
SITUATIONS PARTICULIÈRES
¦ Végétariens [48]
Les études ont montré que la
proportion d’AA dans les lipides
plasmatiques et tissulaires
des végétariens et végétaliens était égale
ou supérieure à celle des
non-végétariens, mais que la proportion
de DHA était plus faible. Ce
dernier point est attribué à une
consommation excessive de LA
qui inhibe la conversion d’ALA en
EPA. On doit donc leur
conseiller d’accroître leurs apports en ALA
(et en DHA chez les femmes
allaitantes).
¦ Diabétiques
Les diabétiques déséquilibrés
pourraient bénéficier d’une
supplémentation en GLA
susceptible de réduire les signes
électrophysiologiques et
cliniques de la neuropathie diabétique (et
peut-être de la rétinopathie
diabétique) [24, 27].
¦ Coronariens et
artéritiques
Plusieurs études ont montré le
rôle d’apports insuffisants en LA
dans la pathogénie de l’artérite
des membres inférieurs, justifiant
des apports suffisants, mais
le rôle du tabagisme est intriqué à ce
facteur nutritionnel [53]. Chez le coronarien (après
infarctus), la
consommation d’ALA est
particulièrement importante pour la
prévention du risque de
thrombose et de troubles du rythme
responsables de mort subite,
ainsi que l’a montré l’étude de Lyon [16],
en veillant au rapport ö6/ö3.
¦ Syndrome de
malabsorption
En cas de malabsorption, les
besoins en AGE lors de la nutrition
parentérale sont plus
importants que ceux qui sont recommandés
chez les sujets ayant une
absorption intestinale préservée [28].
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