Introduction
L’utilisation des cosmétiques
a pour but de nettoyer, de mettre en
valeur l’apparence, de
parfumer, de protéger ou de nettoyer la peau
et les phanères. Il est donc
possible d’y inclure :
– les savons, les shampooings,
les dentifrices ;
– les produits de soins :
laits, crèmes, lotions ;
– les produits de maquillage ;
– les produits solaires ;
– les produits de soins
capillaires.
Nous utilisons tous des
produits cosmétiques. Il s’agit d’un énorme
marché. Il est difficile de
connaître l’incidence des réactions
d’intolérance cutanée, car il
existe peu de données dans la littérature
médicale. Il s’agit souvent de
réactions minimes. Peu d’informations
remontent jusqu’au fabricant.
Les utilisateurs se contentent, le plus
souvent, de changer de marque
lorsque survient une réaction à un
produit. Pour des réactions
minimes ou de moyenne importance,
l’utilisatrice ou l’utilisateur
se contente de se plaindre auprès du
fournisseur. Seules les
réactions importantes sont vues par les
dermatologues. Jusqu’à ces
dernières années, le manque
d’étiquetage des produits
cosmétiques rendait encore plus difficile,
et parfois impossible, l’enquête
étiologique lorsque survenait une
dermite supposée due à l’utilisation
d’un cosmétique.
Incidence des
intolérances
aux cosmétiques
Les études concernant les
réactions cutanées aux cosmétiques sont
souvent des études
rétrospectives. Cependant, quelques travaux
permettent d’évaluer l’incidence
de cette pathologie. En 1983,
Blondeel [5] rapporte les résultats d’une
étude portant sur 2 028 sujets
testés : 5,2 % se sont révélés
allergiques à un cosmétique. Cette
sensibilisation pouvait être
associée à une autre source d’exposition
à l’allergène (médicament ou
produit professionnel) qui aurait pu
favoriser l’allergie au
cosmétique.
Adams et al [1], du groupe nord-américain,
ont rapporté une étude
débutée en 1982. Les auteurs
(11 dermatologues) trouvent, en 5 ans,
5,4 % de dermites dues aux
cosmétiques sur 13 216 patients testés.
Parmi ceux-ci, 80 % sont
allergiques et 16 % ont des réactions
d’irritation. Si l’on rapporte
ces chiffres à la population examinée
par ces mêmes dermatologues
durant cette période (281 100
patients), l’incidence n’est
que de 0,3 %. La majorité des cas était
due aux produits de soins
cutanés, aux produits capillaires et de
maquillage. Par ordre de
fréquence, les auteurs ont trouvé des
réactions aux parfums, aux
conservateurs (quaternium 15,
formaldéhyde, imidazolidinyl
urée et parabens), à la
paraphénylendiamine et au
glycéryl monothioglycolate (GMTG).
Chez un patient sur deux, l’allergie
cosmétique n’était pas suspectée
ni par le patient ni par le
médecin traitant.
En 1983, Romaguera et al [51] font la même constatation :
460 patients
se révèlent allergiques à un
cosmétique, soit 8,3 % des 5 539 patients
testés, et 0,8 % des 58 128
sujets examinés pendant la même période ;
moins de la moitié des cas
étaient suspectés d’allergies aux
cosmétiques.
Dans une étude rétrospective
portant sur 5 ans, 1 609 sujets ont été
interrogés : 12,3 % ont déclaré
avoir eu des réactions cutanées dues
aux cosmétiques. La plupart
sont des femmes qui se plaignent de
réactions surtout de type
irritatif [13]. Les femmes (tableau I) accusent
le plus souvent les savons (41
%), les crèmes pour le visage (33 %),
les déodorants (25 %), les
shampooings (16 %) et les ombres à
paupières (11 %). Les hommes
mettent en cause les savons (49 %),
les après-rasages (22 %), les
déodorants (19 %) et les gels douche.
Dans les deux sexes, la
plupart des réactions sont localisées au
visage (60 % des femmes, 33 %
des hommes), suivi des mains (19 %
des femmes, 21 % des hommes)
et des creux axillaires (18 % des
femmes, 14 % des hommes) (tableau II). Pour la plupart des
patients,
la dermatose a disparu en
arrêtant l’utilisation du produit en cause
et en changeant de marque.
Néanmoins, plus de 30 % des sujets ont
consulté un médecin.
Les résultats de ces études ne
sont qu’une approche de la réelle
fréquence des intolérances
cutanées aux cosmétiques. Il est difficile
de quantifier la fréquence d’utilisation
des produits : des dizaines
de millions de pièces sont
achetées chaque année, destinées aux
adultes, aux enfants et aux
nourrissons. De nombreux cas d’allergie
échappent aux statistiques
médicales : le médecin traitant ou le
patient se contentent d’un
traitement symptomatique et d’un
changement de marque. Enfin,
la pertinence des résultats des tests
épicutanés est souvent mal
établie, car il peut s’agir d’une
sensibilisation ancienne ou d’une
polysensibilisation, faite de
réactions à des cosmétiques et
à des produits médicamenteux et/ou
professionnels.
Aspects cliniques des
réactions
d’intolérance aux
cosmétiques
Les aspects cliniques des
dermites dues aux cosmétiques varient en
fonction du mécanisme, de la
localisation et du produit incriminé.
ASPECTS SELON LE MÉCANISME
Le mécanisme de survenue peut
être de nature irritatif ou allergique.
Parfois, il s’agit d’une
photoréaction. La dermatose est aiguë ou
chronique. Le contact peut
être dû à l’application directe du produit,
à un transfert par les doigts,
ou encore à un transport aéroporté
d’un produit volatil. La
réaction immunologique peut être de type
retardé, comme dans l’eczéma
de contact, ou bien de type immédiat,
comme dans l’urticaire de
contact.
¦ Dermites irritatives
Dans une large étude
multicentrique, Eiermann et al [22] trouvent
16 % d’irritation sur les 487
cas de dermites de contact dues aux
cosmétiques, la majorité des
cas étant de nature allergique. Mais
selon les études, le
pourcentage d’irritations semble varier en
fonction de l’attention des
dermatologues qui pensent surtout à
l’allergie.
La fréquence des effets
irritatifs est souvent minimisée, car elle
entraîne surtout l’abandon du
produit que l’usager remplace par un
autre. L’application d’un
cosmétique au niveau du visage peut être
suivie d’une sensation de
cuisson, sans lésions apparentes. Certaines
peaux hypersensibles,
réagissant à tous les produits, sont qualifiées
de peaux réactives.
L’aspect clinique des
réactions irritatives est le plus souvent peu
spécifique. Il s’agit d’éruptions
érythémateuses, sèches ou
oedémateuses, discrètes ou
étendues, parfois pustuleuses ou
acnéiformes.
Certains cosmétiques
provoquent l’apparition d’une discrète
occlusion des pores, et même
une folliculite acnéiforme due à la
présence d’ingrédients huileux
comédogènes. Il semble admis que
les produits cosmétiques
puissent aggraver ou provoquer une acné.
En fait, ces réactions
semblent rares avec la plupart des cosmétiques
disponibles, à l’exception des
produits capillaires (multiples
comédons et de papules
inflammatoires situés sur les zones frontales
après application de pommade
grasse sur les cheveux, le plus
souvent chez des sujets noirs)
.
¦ Dermites allergiques
Les formes aiguës sont
érythémateuses, érythémato-oedémateuses
ou vésiculeuses. La chronicité
fait évoluer l’éruption qui est alors
sèche, fissurée, desquamative,
lichénifiée. Dans certains cas, les
lésions peuvent être
pigmentées.
Mathias [40] signale le cas d’une réaction
pigmentée après l’emploi
d’un savon contenant du
chrome. Le même auteur décrit une
leucodermie périorale
provoquée par un dentifrice contenant de
l’aldéhyde cinnamique [41].
Une dermite pigmentée due aux
cosmétiques, affectant le visage des
femmes asiatiques (Japon,
Corée, Inde, Taïwan) a été décrite [47]. Il
s’agit d’une dermite brun
sombre, diffuse ou réticulée, ne pouvant
pas être réduite par les
corticoïdes. Il n’y a ni atteinte systémique, ni
aucun trouble de l’état
général. Dans quelques cas, le cou, le
décolleté et le dos peuvent
être touchés. La dermatose peut même
se généraliser. Les allergènes
en cause semblent être les dérivés de
l’alcool cinnamique : les
savons, les émollients et même les aliments
qui en contiennent sont
retrouvés comme responsables de la
dermatose. L’ingestion de 1 g
de sucre à base de cinnamome dans
un thé a provoqué une réaction
focale au niveau des zones
hyperpigmentées. Le traitement
consiste en la suppression de
l’allergène. Cette dermite
pigmentée due aux cosmétiques ne doit
pas être confondue avec la
mélanose de Riehl, décrite pendant les
deux guerres mondiales, et qui
était due à des carences alimentaires.
¦ Dermites par
photosensibilisation
L’application de cosmétiques
peut induire des réactions
phototoxiques ou
photoallergiques. La dermite affecte alors les
parties exposées à la lumière,
non protégées par les vêtements :
visage, cou, mains,
avant-bras. La réaction phototoxique est
strictement limitée aux
parties exposées (dermite en « breloque » ou
même réaction bulleuse), alors
que la réaction photoallergique est
une réaction d’eczéma. Il faut
différencier ces réactions de
photosensibilisation des
dermites aéroportées. Une dermite par
photosensibilisation épargne
les zones protégées telles que les
paupières, les zones
rétroauriculaires et sous-mentonnières.
ASPECTS CLINIQUES SELON LA
LOCALISATION
¦ Visage et cou
Au niveau du visage, l’intensité
des lésions est variable. Il peut s’agir
de lésions très minimes
localisées aux zones les plus sensibles :
paupières, joues. La dermatose
peut s’étendre à tout le visage.
Tableau I. – Réactions
aux cosmétiques : produits le plus souvent en
cause dans les deux sexes
[13].
Femmes Hommes
Cosmétiques % Cosmétiques %
Savons 41 % Savons 49 %
Crèmes visage 33 % Après-rasage
22 %
Déodorants 25 % Déodorants 19
%
Shampooings 16,1 % Gels douche
19 %
Ombre à paupières 11,3 %
Tableau II. – Réactions
aux cosmétiques : localisations les plus
habituelles [13].
Femmes Hommes
Visage 60 % 33 %
Mains 19 % 21 %
Aisselles 18 % 14 %
Au niveau des paupières, les
lésions peuvent se limiter au rebord
ciliaire ou bien s’étendre aux
quatre paupières et aux zones
périorbitaires. Une seule
paupière peut être touchée par le contact
du vernis à ongles transporté
par le doigt.
Les lèvres peuvent être
oedématiées ou sèches et fissurées, avec
atteinte périorale.
¦ Cuir chevelu
Les dermites de contact du
cuir chevelu sont rares. Les produits
capillaires (colorants,
produits de permanentes) sensibilisent plus
facilement les mains qui les
appliquent que le cuir chevelu luimême.
Les produits à rincer, comme
les shampooings, provoquent
des réactions sur la lisière
du cuir chevelu. Le plus souvent, les
lésions s’étendent au
voisinage : oreilles, nuque, et même à
l’ensemble du visage.
¦ Mains
Les lésions sont dues à l’utilisation
de cosmétiques sur les autres
parties du corps ou sur les mains
elles-mêmes. Il peut s’agir d’un
eczéma limité ou d’une
éruption étendue à toute la surface des
doigts et des mains. Parfois,
seule la main qui a manipulé le produit
est touchée, par exemple la
main qui applique le shampooing.
Dans le cas des vernis à ongles,
les doigts sont souvent épargnés. Il
peut exister des lésions
minimes sur le pourtour des ongles, mais le
plus souvent les lésions se
situent à distance par le transport du
vernis au niveau des zones de
contact : visage, cou, décolleté et
même la vulve. La pause d’ongles
artificiels provoque des
dystrophies des ongles
(hyperkératoses, décollements) et des
eczémas du pourtour de l’ongle.
¦ Tronc
Les savons, les gels douches
et les parfums provoquent des réactions
limitées ou étendues sur
toutes les parties du tronc. Il s’agit d’un
simple prurit, d’une xérose ou
d’un eczéma. Dans les plis axillaires
ou inguinaux, les déodorants
ou les parfums induisent des
sensibilisations ou des
lésions d’irritation souvent pigmentées. Sur
la vulve, les lésions sont souvent
discrètes. Le diagnostic peut être
rendu difficile par la
pigmentation de cette zone cutanéomuqueuse.
¦ Membres
Les lésions survenant sur les
membres n’ont rien de spécifique.
Toutefois, les produits d’épilation
peuvent induire des lésions
folliculaires ou
papulovésiculeuses.
Les lésions sont difficiles à
différencier des dermites dues à
l’application de topiques
médicamenteux.
Étiologie des
intolérances cutanées
dues aux cosmétiques,
ingrédients :
allergènes et
irritants
PARFUMS
Pour la plupart des auteurs,
les parfums sont responsables de 50 à
64 % des intolérances aux
cosmétiques et restent les allergènes les
plus importants contenus dans
les cosmétiques : parfums, eaux de
toilette, déodorants (fig 1), antiperspirants, crèmes à
raser, aprèsrasages,
produits de soins et même
produits de maquillage [18]. Les
formes cliniques et les
localisations des dermites dues aux parfums
contenus dans différents
cosmétiques ont été revues [44]. Malgré la
très large utilisation des
substances parfumées, le risque des effets
secondaires demeure
proportionnellement faible [12]. L’allergie aux
parfums affecte à peu près 1 %
de la population générale.
L’intolérance aux parfums peut
se manifester par un prurit localisé.
Un eczéma érythématovésiculeux
banal siège le plus souvent sur le
visage, le cou ou derrière les
oreilles. Les auteurs signalent la
fréquence des localisations
des mains, soit sous forme d’un eczéma
sec, soit sous forme de
dyshidrose. Les sujets porteurs d’un eczéma
des jambes sont souvent
sensibles aux produits parfumés. Au niveau
des avant-bras, l’aspect peut
simuler une dermatite atopique. Des
lésions nummulaires,
séborrhéiques, voire d’aspect psoriasique ou
pseudolupiques, ont décrites.
Certains constituants des
parfums sont à la fois sensibilisants et
photosensibilisants, rendant
possible l’apparition de lucites
rémanentes. Le plus souvent,
il s’agit de réactions phototoxiques
laissant des lésions
pigmentées (dermites en « breloque »).
L’urticaire de contact a été
décrite pour le baume du Pérou [28] et
pour les dérivés cinnamiques [39].
Enfin, il faut noter la
possibilité d’une sensibilisation par un
mécanisme aéroporté, soit par
émanations provenant de
l’environnement du patient,
soit à partir du parfum appliqué sur les
vêtements.
Le diagnostic d’une dermite
due aux parfums est rendu difficile par
le grand nombre de
constituants utilisés pour leur élaboration (il
existe plus de 100 essences
naturelles et des milliers de produits de
synthèse). Fisher [23], et surtout Larsen [37], ont préconisé l’utilisation
de « marqueurs » de parfums.
Le mélange de parfums (fragrancemix)
utilisé pour les tests
épicutanés est constitué de huit produits :
le géraniol, l’aldéhyde
cinnamique, l’alcool cinnamique, l’aldéhyde
alpha-a myl-cinnamique, l’eugénol
l’isoeugénol, l’hydroxycitronellal
et la mousse de chêne qui est
un mélange de plusieurs lichens.
Chacun des constituants est
dosé à 1 %. Le mélange de parfums a
été étudié par de nombreux
auteurs pour tester sa valeur dans la
détection des allergies aux
produits parfumés [30]. Dans une étude
multicentrique sur 11 centres
européens, 1 323 sujets ont été testés
au fragrance-mix, à ses huit constituants et à
48 substances retrouvées
dans les produits parfumés. Quatre-vingt
neuf patients (8, 3 %) ont
été positifs au Mix. En
détaillant les constituants du Mix, 24 patients
étaient positifs à l’oak moss (mousse de chêne), 20 à l’isoeugénol,
13
à l’eugénol, dix à l’aldéhyde
cinnamique et huit au géraniol. Sur les
48 autres substances testées,
très peu ont provoqué des réactions de
type allergique, mais en
revanche, les auteurs relèvent 28 réactions
d’irritation. Aussi imparfait
qu’il soit, le mélange de parfums
préconisé pour les tests
épicutanés permet une bonne approche pour
le diagnostic d’une allergie
aux parfums. Deux autres allergènes sont
considérés comme de bons
marqueurs de l’allergie aux parfums : le
baume du Pérou et la
colophane. Le baume du Pérou est un mélange
complexe qui contient en
particulier des dérivés cinnamiques et de
1 Dermite du pli axillaire
due au parfum d’un
déodorant.
l’eugénol. D’autres allergènes
sont disponibles et doivent être testés,
ainsi que les produits
apportés par le patient. Un autre allergène, le
musc ambrette, a été incriminé
dans les allergies aux parfums, et en
particulier aux après-rasages.
Le musc ambrette est responsable
d’allergie et de
photoallergie, avec possibilité de lucites
rémanentes [20].
La prévention des dermites
dues aux parfums est très difficile en
raison de leur très grande
variété d’utilisation en milieu
professionnel ou non
professionnel. Depuis janvier 1997, la loi sur
l’étiquetage des produits
cosmétiques exige de signaler la présence
d’un ingrédient connu comme
sensibilisant. Par exemple, si le
produit contient un ingrédient
du fragrance-mix, de la batterie
standard d’allergènes, l’étiquetage
comprend le mot « parfum ou
perfume (contient de l’eugénol) ». Le
diagnostic a été facilité par
l’utilisation de « marqueurs »
(fragrance-mix, baume du Pérou,
colophane), mais la
connaissance complète de tous les ingrédients
ne sera jamais possible car,
surtout pour les grands parfums dits
« haute couture », il n’est
pas souhaitable de dévoiler le secret de
leur composition due à l’art
du parfumeur. N’oublions pas qu’un
beau parfum est protégé par la
loi sur la propriété artistique.
CONSERVATEURS
Les conservateurs présents
dans les cosmétiques inhibent la
croissance des
micro-organismes qui pourraient dégrader le produit
ou présenter un risque pour le
consommateur. Seuls les
conservateurs les plus
courants sont détaillés (tableau III).
¦ Formaldéhyde ou formol
Le formol est un allergène
ubiquitaire utilisé dans de nombreux
domaines : industrie, produits
d’hygiène, médicaments, cirages, etc.
L’industrie cosmétologique l’utilise
de moins en moins en raison de
son pouvoir irritant et
sensibilisant. Il est présent dans les produits
d’hygiène rinçables :
shampooings, savons [7]. Le formol est présent
à faible concentration dans
ces produits. Il provoque peu de
réactions d’intolérance car la
durée de contact avec la peau est faible
en raison du rinçage.
Il est aussi utilisé dans les
durcisseurs d’ongles où il reste en place
et peut provoquer des
irritations et des allergies avec périonyxis et
parfois des onycholyses. L’incidence
de l’allergie au formol varie
selon les auteurs. Lynde et al
[38] testent 4 192 patients et
trouvent
5,2 % de réactions positives.
L’étude de Meynadier et al [43] ne porte
que sur 475 sujets : ils
décèlent 4,7 % de réactions allergiques. Dans
ces deux études, le formol
était testé à 2 % dans l’eau. Cette
concentration peut être
considérée comme trop élevée et pourrait
entraîner des réactions d’irritation.
Le formol est présent dans la liste
de la batterie standard
européenne et est testé à 1 % dans l’eau selon
les indications de l’International
Contact Dermatitis Research Group
(ICDRG).
¦ Libérateurs de formol
Certains conservateurs
peuvent, en présence d’eau, libérer des
quantités plus ou moins
importantes de formol : le Dowicil 200 ou
Quaternium 15, le Germall 115,
diazolidinyl urée (ou Germal II), le
Bronopol, diméthylol diméthyl
hydantoïne (DMDM hydantoïne ou
glydant). La libération de
formol est dépendante de la température
et du pH. Ces conservateurs
peuvent être allergisants en tant que
tels ou comme libérateurs de
formol. Ils peuvent être utilisés dans
les fards à paupière, les gels
pour les cheveux ou les lotions
hydratantes.
Le Dowicil 200 ou Quaternium
15 (ou 1-(3-chloroallyl)-3, 5, 7-triaza-
1-azonia-adamantane-chlorure)
est présent dans la batterie standard
européenne des tests
épicutanés. Dans l’étude de Ford et Beck [26], la
moitié des sujets positifs au
Dowicil 200 réagissaient aussi au formol.
À la concentration de 0,1 %,
le Dowicil 200 libère à peu près
100 ppm de formaldéhyde. Il
suffirait de 30 ppm pour induire une
réaction allergique.
Dans une étude testant 279
patients allergiques à un cosmétique,
trois ont réagit au Germall
115 imidiazolidinyl urée [16]. Ces auteurs
ont aussi testé un produit
chimiquement voisin, la diazolidinyl urée :
il existe des réactions croisées
mais non systématiques entre ces deux
produits. Le Germall testé est
à 2 % dans la vaseline.
Le Germall II, ou diazolidinyl
urée, n’est utilisé que depuis 1982. La
sensibilisation au Germall II
peut être due ou non à une
sensibilisation au formol [11]. Les sujets allergiques au
formol peuvent
réagir au contact des
cosmétiques contenant du Germall II. Il peut y
avoir des réactions croisées
entre le Germall 115 et le Germall II.
Enfin, le pouvoir
sensibilisant du Germall II semblerait plus
important que celui du Germall
115.
Les tests devraient être
effectués avec une solution aqueuse à 2 %
plutôt que dans la vaseline.
Le bronopol
(2-bromo-2-nitropropane-1, 3-diol) est utilisé, en général
à des concentrations
inférieures à 0,1 %. Il est actif contre les
bactéries à Gram négatif et à
Gram positif. Il est actif contre les
champignons. Il est
particulièrement actif contre Pseudomonas
aeruginosa. Il est inodore, incolore,
soluble dans l’eau, l’alcool, le
glycol, et même les corps
gras. Il est utilisé dans les produits de
maquillage, les produits
capillaires, les laits de toilette, les crayons
pour les cils et les sourcils,
à des concentrations inférieures à 0,1 %.
D’après Peters et al [49], pour les shampooings et d’autres
cosmétiques, la concentration
d’usage s’élève de 0,1 à 1 %. En
présence d’amines ou d’amides,
le bronopol peut induire la
formation de nitrosamines ou
de nitrosamides. À température
élevée, il se dégrade en
formaldéhyde.
Le DMDM hydantoïne est un
libérateur de formaldéhyde utilisé
dans les cosmétiques à la
concentration de 1 %. Les solutions
aqueuses de DMDM hydantoïne
contiennent assez de formaldéhyde
pour provoquer des réactions
positives sur les patch tests réalisés
chez des sujets allergiques au
formol. De Groot et al [15] rapportent
le cas de 12 patients qui ont
appliqué une crème contenant 1 % de
DMDM hydantoïne au niveau du
pli du coude, deux fois par jour
pendant 1 semaine. Quatre
patients sur 12 ont vu apparaître un
eczéma. Pour ces auteurs, une
augmentation de l’utilisation de
Tableau III. – Incidence
de la sensibilisation aux conservateurs de la consultation de
dermatoallergologie (service de dermatologie du professeur
Géniaux, Bordeaux).
Conservateurs 1992 1993 1994
1995 1996
Nombres de patients testés 413
427 456 433 431
Formaldéhyde 6 9 9 10 11
Parabens 2 1 3 0 0
Kathon CG 4 1 1 3 9
Germall 115 1 0 2 0 2
Germall II 0 0 2 0 1
Euxyl K 400 Non testé 2 3 4 1
Quaternium 15 0 0 0 0 2
DMDM hydantoïne dans les
cosmétiques pourrait accroître le risque
de dermites dues aux
cosmétiques chez les sujets allergiques au
formaldéhyde.
¦ Parabens
Les sels de parabens
(parahydroxybenzoates de méthyle, de propyle,
de butyle et d’éthyle) sont
les conservateurs les plus utilisés dans
l’industrie des cosmétiques.
Ils sont actifs contre les champignons et
les germes à Gram positif,
mais pas contre les germes à Gram négatif
comme les Pseudomonas. Compte tenu de leur large
utilisation, ils
sont bien tolérés. Hannuksella
et al [32] détectent 0,3 % de sujets
positifs aux parabens sur 4
097 patients testés, mais dans cette étude,
3,6 % des sujets porteurs d’ulcères
de jambes ou de dermites de stase
réagissent au test aux
parabens. Meynadier et al [43] ont testé les
parabens à 15 % dans la
vaseline et détectent 1,9 % de réactions
positives chez 475 sujets
eczémateux.
¦ Isothiazolinones
Au début des années 1980, un
nouveau conservateur a été introduit
dans l’industrie cosmétique.
Il s’agit d’un mélange de méthylisothiazolinone
et
méthyl-chloro-isothiazolinone. Les noms
commerciaux sont multiples. Le
Kathon CG (cosmetic grade) contient
1,5 % de matière active dans
un véhicule inerte. L’Euxyl K 100
contient aussi de l’alcool de
benzyle. Certains mélanges ont des
concentrations adaptées à un
usage particulier : agriculture,
traitement des eaux,
peintures, huiles de coupe, pâte à papier, etc.
Le Kathon CG a été utilisé
dans les cosmétiques : produits capillaires
(shampooings, gels et
lotions), produits pour le bain, crèmes et
lotions corporelles,
tensioactifs, crèmes barrières de protection
cutanée, serviettes
humidifiées.
Les lésions cliniques
provoquées par les isothiazolinones sont en
général spectaculaires : il s’agit
d’un eczéma situé sur le cuir
chevelu, le visage, le cou ou
les mains (fig 2). Il peut se limiter aux
paupières, ou s’étendre à tout
le visage avec un aspect oedémateux,
suintant. L’aspect clinique
peut être trompeur, simulant une maladie
systémique comme un lupus ou
une dermatomyosite. Au niveau
des mains, les lésions peuvent
être sèches, fissurées, squameuses.
En 1988, De Groot [10], dans une étude sur le
pouvoir allergisant des
ingrédients des cosmétiques,
signale l’importance de la
responsabilité des
isothiazolinones. La fréquence des réactions au
5-chloro-2
méthyl-4-isothiazoline-3-one et 2-méthyl-4-isothiazoline-
3-one a été étudiée par Menné
et al [42] dans 22 cliniques
européennes, pendant 1 an. Un
total de 4 713 patients a été testé.
Trois pour cent de ces
patients ont réagi à une dilution de 100 ppm,
tandis que 2,6 % ont réagi au
formol et 1,1 % aux parabens. Il y a
une grande variation des
résultats suivant les centres (entre 1 et 11 %
de positifs). Les réactions
sont plus souvent positives chez les
femmes et les sujets porteurs
d’une dermite du visage, alors que les
patients atteints d’une
dermite du bas des jambes sont rarement
positifs. Ce type de
conservateur devrait être réservé aux produits
rinçables (shampooings,
savons) et à une dilution inférieure à
5 ppm. Cependant, même à ces
dilutions, des cas de sensibilisation
par les shampooings ont été
signalés chez les coiffeurs.
¦ Euxyl K 400
L’Euxyl K 400 est un
conservateur composé de 80 % de
phénoxyéthanol et de 20 % de
dibromoglutaronitrile. Les cas de
sensibilisation sont le plus
souvent dus à ce dernier ingrédient,
également connu sous le nom de
dibromocyanobutane. L’Euxyl K
400 a commencé à être utilisé
au milieu des années 1980. Il a été
introduit récemment en
Amérique du Nord. Le phénoxyéthanol était
déjà utilisé seul en
cosmétologie ; il est aussi associé à d’autres
conservateurs comme les
parabens. Le méthyl-dibromoglutaronitrile
était utilisé dans des
produits tels que les peintures, les colles et les
fluides de coupe. Le
phénoxyéthanol est actif contre les bactéries et
les champignons, à faibles
concentrations, entre 0,05 et 0,02 % selon
les cas. L’Euxyl K 400 tend à
remplacer les isothiazolinones, réputées
très sensibilisantes.
Différents auteurs ont insisté sur la fréquence de
la sensibilisation à l’Euxyl K
400 [8,
45, 53, 54]. La sensibilisation
prédomine chez les femmes. Les
lésions siègent sur le visage dans
54 % des cas, les mains dans
33 % des cas. Si le produit est appliqué
sur une peau déjà lésée, les
lésions sont plus importantes. Certains
savons à usage professionnel
sont responsables de dermites de
mains. Dans notre expérience,
l’allergène en cause est plus souvent
le dibromoglutaronitrile que
le phénoxyéthanol. L’Euxyl K est
commercialisé à 0,5 % dans la
vaseline pour testage cutané, mais il
devrait être testé à 1 %.
¦ Autres conservateurs
De nombreux autres
conservateurs sont utilisés dans l’industrie des
cosmétiques.
Le chloracétamide est soluble dans l’eau. Actif
contre les levures et
les champignons, la
concentration maximale autorisée est de 0,3 %.
L’incidence de sensibilisation
semble basse : De Groot et al [10]
rapportent trois cas sur 501
patients testés (0,6 %). Le produit est
testé à 0,2 % dans la
vaseline.
La chlorhexidine (et ses sels) est utilisée à
la concentration maximale
de 0,1 %. Le produit est
irritant. Les cas de sensibilisation semblent
peu nombreux. Cependant, des
réactions allergiques sont possibles
sous forme d’eczéma, d’urticaires,
et même de réactions
anaphylactoïdes. Les tests
peuvent être faits à 0,5 % dans l’eau.
Le chlorure de benzalkonium est irritant et peut être
sensibilisant. Il
doit être testé à une
concentration de 0,1 % dans l’eau.
L’alcool benzylique a des pouvoirs antiseptiques.
Il est utilisé en
parfumerie et dans les
colorants de la coiffure. Les sujets sensibilisés
à l’alcool benzylique peuvent
avoir une réaction croisée avec le
baume du Pérou. La molécule
est testée à 1 % dans la vaseline.
L’acide borique est utilisé à la concentration
maximale de 3 %. Son
utilisation est
contre-indiquée chez l’enfant, en raison de sa toxicité.
L’acide benzoïque a des propriétés
antibactériennes et antifongiques.
Dans les cosmétiques, la
concentration maximale autorisée est de
0,5 %. Il semble peu sensibilisant.
Il peut donner des réactions
croisées avec la vanilline.
L’acide sorbique a une bonne activité
antifongique et une activité
antibactérienne faible. C’est
un conservateur très utilisé dans
l’industrie alimentaire. Dans
les cosmétiques, la concentration
maximale autorisée est de 0,5
%. Il est irritant pour les yeux et pour
la peau.
2 Eczéma aigu du visage
et du cou provoqué
par l’utilisation d’un
shampooing
contenant du Kathon
CG (mélange de
méthyl-izothiazolinone et
de
méthyl-chloro-isothiazolinone).
Le pyrithione de zinc ou pyridine-2-thiol-1-oxyde a
des propriétés
bactéricides et fongicides. Il
est utilisé dans les produits
antipelliculaires. Il est peu
allergisant. Deux cas de sensibilisation
ont été rapportés par Mutson
et al [46].
Le triclosan ou 2, 4, 4’ trichloro-2’-hydroxyphényl
éther a une bonne
activité contre les bactéries
à Gram positif et à Gram négatif, une
activité modérée contre les
champignons et les levures. Il est utilisé
comme antiseptique dans les
déodorants, les savons et les produits
détergents. La concentration
maximale autorisée est de 0,3 %.
Le triclocarban ou trichlocarbanalide ne
semble pas très sensiblisant :
trois cas de sensibilisation à
un déodorant contenant cette molécule
ont été décrits.
ANTIOXYDANTS
Les antioxydants sont
introduits dans les cosmétiques et surtout
dans les aliments pour éviter
le rancissement des acides gras non
saturés. Les plus utilisés
sont le butylhydroxyanisole (BHA), le
butylhydroxytoluène (BHT), le
gallate de propyle, le métabisulfite
de sodium, l’acide éthylène
diaminotétracétique et les tocophérols.
¦ Butylhydroxyanisole
C’est un mélange d’isomères.
Il est utilisé dans l’alimentation. Il est
aussi présent dans les
cosmétiques, à la concentration de 0,01 à
0,1 %. Sept cas de
sensibilisation au BHA contenu dans les
cosmétiques ont été signalés [55]. Il peut être testé à 2 %
dans la
vaseline.
¦ Butylhydroxytoluène
Il a la même utilisation que
le BHA. Trois cas de sensibilisation ont
été décrits [50]. Il est testé à 2 % dans la
vaseline.
¦ Gallates
Ce sont des esters de l’acide
gallique. Trois esters de cet acide sont
utilisés : le gallate de
propyle, le gallate d’octyle et le gallate de
dodécyle. Les gallates sont
utilisés dans l’industrie alimentaire et les
produits cosmétiques. Les
gallates d’octyle et de dodécyle sont
liposolubles ; le gallate de
propyle est plus hydrosoluble que
liposoluble. Les tests cutanés
peuvent être effectués à une
concentration entre 1 et 0,25
% dans la vaseline. Pour le gallate de
propyle, l’eau est un meilleur
excipient de testage. Les gallates sont
souvent responsables des
chéilites dues aux cosmétiques.
¦ Métabisulfite de sodium
C’est un agent réducteur fort,
largement utilisé comme antioxydant
dans l’agroalimentaire, l’industrie
pharmaceutique, la photographie,
etc. Il est de plus en plus
utilisé dans l’industrie cosmétique. C’est
un antibactérien et un
antifongique. La concentration est de 0,01 à
1 %. L’incidence des cas de
sensibilisation au métabisulfite dans les
cosmétiques est probablement
sous-estimée. Cet allergène n’est pas
souvent testé. La pertinence
des tests positifs est difficile à établir en
raison de la large utilisation
de ce produit. Le test peut être fait à
1 % dans la vaseline.
¦ Éthylène diamine
Elle peut être utilisée dans
les crèmes comme stabilisant. Les cas de
sensibilisation sont rares en
Europe. L’acide éthylène-diaminotétracétique
(EDTA) est encore appelé acide
édétique, ou acide
tétracémique. L’EDTA et ses
dérivés ont une action antibactérienne
et antifongique et
potentialisent l’action de certains conservateurs,
en particulier les parabens, l’imidazolidinylurée,
le BHA et le BHT.
¦ Tocophérols
La vitamine E ou
alpha-tocophérol est une vitamine présente dans
de nombreux végétaux. La
vitamine E est utilisé comme antioxydant
dans les aliments. Le
tocophérol et ses dérivés sont aussi utilisés
dans les cosmétiques. Il s’agit
de l’acétate de tocophéryl (ester de
tocophérol et d’acide
acétique), du ninoléate de tocophéryl (ester de
tocophérol et d’acide
linoléique), et du nocotinate de tocophéryl
(ester de tocophérol et d’acide
nicotinique). De Groot et al ont
rapporté quatre cas de
sensibilisation au tocophérol contenus dans
des crèmes et des déodorants [9]. Nous avons vu cinq cas de
dermite
de contact provoqués par l’utilisation
d’une crème amincissante
contenant du nicotinate de
tocophérol : les lésions s’étendaient sur
les zones d’application (les
cuisses et les fesses), mais aussi à
distance, probablement par
transport du produit par les mains. Les
tests étaient positifs à 10 %
dans la vaseline. Pour les tests
épicutanés, des concentrations
plus faibles, à 2 ou 4% dans l’alcool,
ont été préconisées.
EXCIPIENTS. ÉMULSIFIANTS
¦ Lanoline (fig 3)
C’est un constituant du suint
de mouton. Sa composition chimique
la rapproche du sébum humain.
La lanoline purifiée est un excellent
excipient adapté à la peau.
Ses stérols donnent à la lanoline la
propriété d’absorber l’eau.
Dans ce complexe hydrique, des
molécules hydrophobes peuvent
être incorporées. L’absence
d’antioxygène naturel rend la
lanoline altérable et rancissable,
surtout en milieu très
hydraté. Les alcools de lanoline comprennent
des alcools aliphatiques et
des stérols comme le cholestérol, le
lanostérol... Ces alcools
seraient responsables de l’allergie à la
lanoline. La cosmétologie
utilise diverses lanolines (tableau IV) : la
lanoline hydratée à 30 % dans
l’eau, la lanoline hydrogénée très
hydrophile, les lanolines
hydrosolubles obtenues par fixation de
chaînes de polyéthylèneglycol
(PEG). La lanoline acétylée,
hydrophobe, est utilisée dans
les rouges à lèvres et les vernis à
ongles. La lanoline décirée
est soluble dans les huiles et silicones ;
elle est d’une grande pureté.
La lanoline éthoxylée est le résultat de
l’action de l’oxyde d’éthylène
sur les groupes hydroxyles libres des
esters, des acides et des
alcools de la lanoline. Cette lanoline
éthoxylée est très soluble
dans l’eau et l’alcool et est utilisée dans les
shampooings, les savons et les
lotions après-rasage.
La fréquence de la
sensibilisation à la lanoline et ses dérivés est
difficile à évaluer. Elle
survient entre 4,7 et 6 % des cas de
sensibilisation aux
cosmétiques. La lanoline ordinaire et la lanoline
hydrogénée seraient plus
sensibilisantes que la lanoline acétylée.
3 Eczéma du visage dû
à l’application d’une crème
contenant de la lanoline.
Test épicutané positif aux
alcools de lanoline.
L’incidence de la
sensibilisation à la lanoline dans la population
générale se situerait entre
1,5 et 8,9 par million d’individus. Les tests
épicutanés standards sont
effectués avec un mélange d’alcool de
lanoline à 30 % dans la
paraffine blanche. L’Amerchol L-101 peut
être aussi utilisé. Il s’agit
d’un mélange d’huile minérale et d’alcool
de lanoline. Des sujets connus
comme allergiques à la lanoline ont
été retestés 1 à 4 ans après
leurs premiers tests avec des allergènes
standard (alcools de lanoline
et Amerchol L-101) et avec une lanoline
purifiée contenue dans une
crème commercialisée [21]. Vingt sujets
sur les 33 patients connus
comme allergiques ont réagi aux
nouveaux tests pratiqués avec
les alcools de lanoline et l’Amerchol
L- 101. Un seul a réagi à la
lanoline purifiée. Aucun n’a réagi à la
crème contenant 6 % de
lanoline purifiée. Une grande partie des
réactions attribuées à la
lanoline pourrait être de nature irritative ou
bien dues à la présence d’impuretés.
¦ Propylèneglycol
(propanediol-1-2
ou dihydroxy-1, 2
propane ou méthylglycol)
C’est un liquide visqueux,
incolore, inodore, miscible à l’eau et à
l’alcool. Il a des propriétés
antiseptiques. Il est utilisé en pharmacie
et en cosmétologie. Il peut
être responsable de sensibilisation à des
topiques médicamenteux comme
ceux contenant des corticoïdes ou
de l’aciclovir. Le
propylèneglycol semble plus irritant qu’allergisant.
Chez 1 556 sujets testés avec
du propylèneglycol non dilué, 3,8 % de
cas de sensibilisation et 8,7
% d’irritation ont été observés [33]. Les 42
sujets positifs ont été
retestés avec trois dilutions différentes dans
l’eau (32, 10 et 3,2 %). Les
cas de sensibilisation diminueraient
lorsque la dilution du
propylèneglycol est abaissée. Pour les auteurs,
le diagnostic peut être fait
soit en faisant des tests épicutanés avec
de grandes dilutions, soit en
faisant une touche avec le produit pur.
¦ Polyéthylèneglycols
Ils sont hydrosolubles,
lubrifiants, peu colorés. Ils ne rancissent pas
et sont de bons solvants pour
les parfums. L’auto-oxydation des PEG
peut provoquer la libération
de formol si la température est élevée.
Suivant leur poids
moléculaire, les PEG sont liquides, ont la
consistance d’une crème ou
celle d’une cire. Fisher [24] signale deux
cas d’urticaire et d’eczéma de
contact aux PEG. Il note la possibilité
d’allergie croisée aux PEG de
bas poids moléculaire.
¦ Vaseline
Elle est très utilisée mais
est très peu allergisante. L’allergène de la
vaseline pourrait être du dihydrobenzophénanthrène
ou un autre
dérivé du phénanthrène [17].
¦ Diméthyl
aminopropylamine
C’est un agent de synthèse de
la cocamidopropylbétaïne et il persiste
comme impureté dans le produit
fini. Le diméthyl
aminopropylamine (DMPA) qui
subsiste à l’état de trace est
responsable des cas de
réactions à la cocamidopropylbétaïne. Cette
dernière est toujours négative
si elle est testée très purifiée chez les
mêmes patients [3, 14] (fig 4).
¦ Tensioactifs
Un tensioactif abaisse la
tension superficielle. Il peut être détergent,
mouillant, moussant,
émulsionnant. Certains tensioactifs ont une
activité bactéricide ou
bactériostatique. Ils peuvent être responsables
d’eczéma de contact ou de
dermites d’irritation.
Le lauryl sulfate de sodium (SLS) a des propriétés
irritantes. La
fréquence de l’allergie au SLS
paraît surestimée (6,4 % de cas
d’allergie et 9,7 % d’irritation
en testant le SLS à 1 % dans l’eau sur
une population de 330
patients) [6].
L’éther sulfate de lauryle (LES) est un tensioactif
anionique utilisé
dans les shampooings, les
bains moussants. Il est responsable de cas
de sensibilisation. Les
réactions semblent dues à la présence de
sultones. Les tests peuvent
être faits à 1 ou 0,2%, dans l’eau ou la
vaseline.
PRODUITS CAPILLAIRES
L’art capillaire utilise des
colorants, des produits d’ondulation des
cheveux (permanentes), des
laques, des toniques, des produits de
décoloration.
¦ Teintures capillaires
Elles sont organiques,
végétales ou métalliques. Les teintures
végétales, comme le henné,
sont en général bien tolérées. Il faut se
méfier de certaines
présentations de henné qui sont mélangées à de
Tableau IV. – Propriétés
et utilisations des lanolines.
Type de lanoline Composition
Propriétés Emploi
Lanoline liquide Esters
liquides Hydrophobe Laits
Crèmes
Lanoline cireuse Esters
solides Rouges à lèvres
Alcools libres
Lanoline hydratée 75 % alcools
libres Adhérente Rouges à lèvres
Absorbante Émulsions eau/huile
Émolliente Crèmes
Lotions
Lanoline acétylée Groupes
acétylés Lipophile Émulsions eau/huile
Écrans solaires
Lanoline éthoxylée Alcools
poids moléculaire faible Solubilité dans l’eau et l’alcool Shampooings
Savons
Lotions après-rasages
4 Eczéma des paupières après
application d’une crème hydratante. Test épicutané
positif au phospholipide PTC
(cocamidopropyl dimonium phosphate).
la paraphénylènediamine (PPD).
Les teintures métalliques sont peu
employées. Les colorants
organiques sont composés d’un complexe
composé de :
– deux chromogènes primaires,
par exemple la paratoluène diamine
(PTD), ou l’ortho-nitro-paraphénylendiamine,
ou la
paradiphénylamine ;
– d’au moins un chromogène
secondaire qui modifie la couleur des
précédents (métadiamine,
aminophénol) ;
– d’un phénol qui retarde l’oxydation
et stabilise la couleur
(résorcine, hydroquinone) ;
– d’un nitro dérivé aromatique
qui apporte sa propre couleur pour
réaliser la nuance finale,
comme le nitro-ophényldiamine.
La coloration semi-permanente
recourt au mélange de deux ou
plusieurs colorants
(aromatique, nitré, dispersé, anthraquinonique...).
Tous ces produits sont des
sensibilisants potentiels. La PPD, très
sensibilisante par le groupe
amine en position para sur le noyau
benzoïque a, un temps, été
interdite en France, mais est à nouveau
utilisée. D’autres colorants
ont aussi une « amine en para » et sont
allergisants : la PTD,
para-aminophénol, para-aminodiphénylamine,
diamino-2, 4 anisole. Les
autres ingrédients, comme le résorcinol et
l’hydroquinone, sont
considérés comme irritants et sensibilisants.
Frosch et al [30] ont donné les résultats d’une
étude rétrospective
concernant neuf centres
européens sur la sensibilisation des produits
capillaires chez les
coiffeurs. Les allergènes principaux sont le
GMTG (18,66 %), la PPD (14,83
%), l’ammonium persulfate (8,15 %)
et la PTD (7,55 %). La même
étude concernant les clients de salons
de coiffure rapporte des
chiffres un peu différents (tableau V).
¦ Liquides de permanente
L’ingrédient le plus
sensibilisant des liquides de permanente est le
GMTG (fig 5). Ce mercaptan a été largement
utilisé dans de
nombreux pays et provoque des
réactions d’irritation et d’allergie
chez les professionnels de la
coiffure, mais aussi chez les clients et
les clientes. L’amnonium
thioglycolate semble moins sensibilisant.
¦ Procédés de décoloration
Ils utilisent des oxydants
comme l’eau oxygénée mélangée à
l’ammoniaque, aux persulfates.
Le persulfate d’ammonium est
histaminolibérateur et peut
provoquer des réactions d’urticaire de
contact, d’oedème du visage, d’asthme,
et même de choc
anaphylactique. Le mécanisme
de cette réaction semble dû à une
histaminolibération [25].
¦ Conditionneurs
Des cas de réactions d’urticaire
et de choc anaphylactoïde avec des
collagènes de bovins
constituants de produits capillaires ont été
décrits [25, 48]. Ces dernières années, des
hydrolysats de collagène de
bovins ont été utilisés pour
des conditionneurs de cheveux, des
bains moussants, des
shampooings et certaines permanentes. La
Crotéine Qt est un mélange de collagène
bovin et d’ammonium
quaternaire : il est difficile
de savoir quel est le véritable allergène.
Ces hydrolysats de collagène
doivent être testés avec une grande
prudence. Les pricks tests peuvent être faits avec des
dilutions
aqueuses : certains sujets
réagissent jusqu’à 0,01 % dans l’eau.
PRODUITS SOLAIRES (fig 6)
Les filtres solaires les plus
utilisés sont l’acide para-aminobenzoïque
(PABA) et ses dérivés, les
anthralates, les salicylates, les cinnamates,
les benzophénones et les
dérivés du dibenzoylméthane. Beaucoup
de ces produits sont à la fois
sensibilisants et photosensibilisants.
Les ingrédients le plus
souvent en cause sont le PABA et ses dérivés,
l’isopropyl-méthoxy-dibenzoyl-méthane
(Euxyl 8020), l’oxybenzone,
les cinnamates, le
3-(4-méthyl-benzylidène) camphor (Euxyl
6300) [19].
Une étude réalisée de 1982 à
1992, concernant des photo-patchs tests
effectués chez 283 patients
supposés porteurs d’une
photodermatose, montre 16 % de
réactions positives [52]. Ces auteurs
ont observé 35 cas de
photosensibilisation à l’oxybenzone et 17 cas
au PABA et ses dérivés. Parmi
les 35 cas de photosensibilisation à
l’oxybenzone, plus d’un tiers
avaient une photoallergie à des
émollients contenant de l’oxybenzone.
Bilsland et al ont testé
214 patients avec une série de
neuf ingrédients de produits solaires :
16 patients ont réagi à un ou
plusieurs filtres solaires. Le groupe des
benzophénones s’est révélé
être le plus sensibilisant [4]. La fréquence
Tableau V. – Tests
épicutanés positifs chez des clients de salons de coiffure (PPD [paraphénylène
diamine] et batterie coiffure) d’après Frosch et
al [29].
Allergen Leuven n = 42 High
Wycombe n = 2 Barcelone n = 23 Oulu n = 37 Total n = 104 Pourcentage
1. ONPPD 2 0 4 1 7 7,7 %
2. Résorcinol 0 0 0 1 1 1,9 %
3. PTD 4 0 3 2 9 8,7 %
4. GMT 1 2 3 0 6 5,8 %
5. AMT 0 0 1 0 1 1,9 %
6. APS 0 0 0 0 0 0 %
7. PADH 3 0 4 0 4 3,8 %
8. Pyrogallol 0 0 0 0 0 0 %
9. PPD 4 0 20 1 20 19,2 %
ONPPD : onitroparaphénylène diamine ; PTD :
paratoluène diamine ; GMT : glycéryl monothioglyconate ; AMT : ammonium
thiglycolate ; APS : ammonium persulfate ; PADH : para-aminodiphénylamine
hydrochloride ; PPD :
paraphénylène diamine.
5 Eczéma des doigts
chez une jeune coiffeuse.
Test épicutané positif à un
produit de permanente,
le glycéryl
monothioglycolate.
des réactions d’allergie de
contact aux filtres solaires varie selon la
nature et la diffusion sur le
marché de la molécule filtrante [35]. Dans
une étude européenne
concernant l’allergie de contact aux
cosmétiques, parmi 475 sujets
allergiques aux ingrédients des
cosmétiques, 43 réagissent
aussi à des constituants de
photoprotecteurs : 14 à la
benzophénone -3, 7 à l’isopropyl
dibenzoïylméthane et quatre au
PABA [31].
La plupart des études
signalent que les patients porteurs de lucites
et de dermatites
photoallergiques, habitués à utiliser des
photoprotecteurs, se
sensibilisent facilement aux filtres solaires.
AUTRES INGRÉDIENTS
De nombreux autres ingrédients
sont responsables de dermites
d’irritation ou d’allergie aux
cosmétiques.
La colophane est présente dans de nombreux
cosmétiques : mascaras,
fards à paupières, savons,
crèmes dépilatoires. Un des ses
constituants, l’alcool
abiéthylique, commercialisé sous le nom
d’Abitolt, est présent dans les fards à
paupières.
L’huile de ricin (castor oil) est utilisée dans les fards
à paupières, les
rouges à lèvres, les vernis à
ongles.
L’huile de sésame est utilisée dans les
médicaments, les cosmétiques,
les savons, les aliments.
Cette huile est responsable de dermites de
contact, par mécanisme
immédiat ou retardé.
Les vernis à ongles
contiennent des résines formolées qui entraînent
des réactions locales, mais
surtout à distance, par transport de
l’allergène avec les doigts
(visage, décolleté, etc). L’allergène
principal des vernis est la
résine para-toluène-sulfonamideformaldéhyde
(PTSF) (fig 7). Les faux ongles, collés,
moulés ou
sculptés, sont responsables d’allergies
aux méthacrylates et aux
cyanoacrylates (fig 8, 9). Le phospholipide PTC ou
cocamido propyl
dimonium phosphate, ingrédient
utilisé dans une crème hydratante,
6 Eczéma aigu du visage
dû à l’utilisation d’un écran
solaire. Test épicutané
positif
à l’écran solaire.
7 Eczéma aigu labial,
périlabial et périnarinaire, dû au contact du vernis à ongles
transporté par les doigts de
la patiente. Test épicutané positif à la résine formaldéhyde
paratoluène sulfonamide.
8 Pulpite sèche des
doigts et décollement des
ongles d’une patiente
porteuse
d’ongles moulés.
9 Tests épicutanés positifs aux
différents acrylates présents dans la résine utilisée
pour les ongles artificiels.
10 « Repeated open application
test » (ROAT) ou
test ouvert répété sur la
zone du pli du coude. Le
shampooing a été appliqué
deux fois par jour pendant
15 jours.
s’est révélé très
sensibilisant. Nous avons pu rapporter 56 cas
d’eczéma dus à l’utilisation d’une
crème contenant cet ingrédient,
qui semble avoir été supprimé
depuis dans l’industrie cosmétique
(communication personnelle).
Enquête étiologique
L’enquête étiologique
concernant une dermite de contact supposée
être due à une intolérance aux
cosmétiques obéit à la démarche
habituelle en
dermatoallergologie de contact : prise en compte de
l’anamnèse et des habitudes du
patient ou de la patiente, liste des
cosmétiques utilisés
(actuellement la loi sur l’étiquetage permet de
connaître la liste des
principaux ingrédients contenus dans les
cosmétiques). Les tests
épicutanés sont effectués avec la batterie
standard européenne et les
listes des ingrédients disponibles :
conservateurs, émulsifiants,
excipients et constituants des parfums,
produits capillaires, résines
acryliques, etc. Les produits des patients
sont testés tels quels, sauf s’il
s’agit de savons, shampooings ou gels
de douche, qui sont testés en
tests ouverts ou semi-ouverts. Un
moyen très simple est de
pratiquer le ROAT : le produit est appliqué
à proximité du pli du coude,
matin et soir pendant 8 jours [34, 36]. Ce
simple test permet de déceler
le pouvoir irritant ou sensibilisant
d’un produit (fig 10). Le patient constate
rapidement la cause de son
eczéma.
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