De toutes les macroangiopathies, l'athérosclérose est la maladie la plus  répandue principalement dans les pays développés, où elle constitue, et de loin,  la cause majeure de mortalité. La maladie se développe de manière insidieuse  bien avant l'apparition des premiers symptômes et débute dès les premières  années de la vie chez l'homme. L'athérosclérose est une lésion commune des  parois artérielles. Sa définition anatomique se résume à un énoncé des  principales composantes de la plaque évoluée, au premier rang desquelles  figurent les lipides sous forme de cholestérol. La ou les causes de  l'athérosclérose restent cependant hypothétiques. De nombreuses études  épidémiologiques ont cherché à la (les) définir. Elles ont abouti à la notion de  facteurs de risque et conduisent aux actions thérapeutiques actuelles.  Cependant, ces études n'ont pu éclaircir les mécanismes pathogéniques de cette  maladie grave par les complications qu'elle entraîne, et entretiennent trop  souvent la confusion entre facteurs de risque des complications athéroscléreuses  et facteurs de risque de la maladie vasculaire elle-même. Cela explique sans  doute la multiplicité et parfois l'hétérogénéité des tentatives thérapeutiques.  La tendance, nette, à la diminution de la mortalité de cause cardiovasculaire  dans divers pays semble devoir renforcer les orientations actuelles de la  politique de prévention des maladies cardiovasculaires.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l'athérosclérose comme : "  une association variable de modifications de l'intima des artères consistant en  une accumulation focale de lipides, de glucides complexes, de sang et de  produits sanguins, un développement de tissu fibreux et des dépôts calcaires, le  tout associé à des modifications de la média ". Il s'agit là d'une description  morphologique de la lésion artérielle évoluée qui ne renseigne en rien sur sa  pathogénie et qui n'a pour seul mérite que d'être incontestée parce que  suffisamment générale. Définition consensus, elle met cependant en place la  caractéristique principale de l'athérosclérose maladie : à savoir une pathologie  de l'intima artérielle. L'athérosclérose est en effet une maladie de l'intima  des gros et moyens vaisseaux, à développement focalisé, d'évolution le plus  souvent lente et irrégulière, touchant de façon variable les territoires  artériels, parfois soumise à des poussées évolutives ou à des complications, et  donnant alors naissance à la plupart des pathologies artérielles humaines. Les  mécanismes conduisant à l'athérosclérose non compliquée sont inconnus. L'analyse  immunohistologique des plaques athéroscléreuses humaines permet cependant de  définir les constituants cellulaires et structuraux de la lésion et de  constituer un fil conducteur des événements cellulaires conduisant à  l'athérosclérose sans qu'il soit jamais évident de définir la hiérarchie de ces  événements et l'origine exacte du phénomène initial déclenchant l'ensemble des  processus pathologiques. Le développement de cet épaississement intimal va se  traduire par une altération des fonctions vasculaires normales, mais le  retentissement clinique va rester le plus souvent mineur et le diagnostic  difficile. L'évolution de cette athérosclérose non compliquée va se faire le  plus souvent vers une stabilisation, voire une sorte de cicatrisation de la  lésion artérielle, permettant le développement des systèmes d'adaptation des  débits régionaux. Mais l'évolution peut se faire aussi vers l'athérosclérose  compliquée dont la physiopathologie est dominée par la rupture de plaque. Cette  rupture de plaque va se traduire par l'apparition d'une part, des poussées  évolutives de l'athérosclérose mais surtout par la survenue des événements  cliniques souvent majeurs aux conséquences irréversibles. À ce stade, le  diagnostic de l'athérosclérose est facile mais le contrôle de l'évolution de la  maladie est beaucoup plus complexe.
Nous définirons dans un premier temps les caractéristiques d'une artère  normale puis nous analyserons dans un deuxième temps les caractéristiques de  l'artère athéroscléreuse avant de définir l'épidémiologie, les méthodes de  diagnostic et enfin les moyens thérapeutiques de la maladie  athéroscléreuse.
 
La paroi d'une artère est composée de trois tuniques concentriques nommées de  l'intérieur vers l'extérieur, intima, média et adventice. Chacune de ces  tuniques a une structure spécifique que nous rappellerons brièvement.

 Intima
L'intima est constituée de l'endothélium reposant sur une membrane basale, de  la couche sous-endothéliale, et est limitée dans la zone profonde par la  limitante élastique interne, d'autant mieux individualisée que le diamètre du  vaisseau est plus faible.

 Endothélium
 L'endothélium est constitué de cellules endothéliales, jointives, formant une  couche continue entre sang circulant et paroi artérielle dont l'épaisseur varie  entre 0,3 et 0,5 

m. Ces cellules, polygonales, dont  le grand axe est orienté dans la direction du flux sanguin, sont bien pourvues  de toute la machinerie de synthèse protéique et présentent des structures  contractiles et en particulier des filaments d'actine et de myosine. Des  structures spécifiques, les corps de Weibel-Palade sont également retrouvés ;  leur taille est sensiblement inférieure à celle d'une mitochondrie et ils  contiennent différents facteurs intervenant dans les propriétés adhésives du  vaisseau, le facteur von Willebrand et la P-sélectine. Un autre élément  caractéristique, mais non spécifique, est la présence de nombreuses vésicules  plasmalemmiques dont la distribution péri- et intracytoplasmique évoque des  fonctions dans le transport des macromolécules. Comme nous le verrons ces  cellules jouent par leur capacité métabolique un rôle fonctionnel important dans  l'homéostasie vasculaire.
Mais ces cellules jouent aussi un rôle structural majeur par leurs trois  surfaces distinctes : surface luminale antithrombogène, surface intercellulaire  cohésive, surface vasculaire adhésive.
Surface luminale antithrombogène
La cellule endothéliale est recouverte du côté de la lumière d'un manteau  riche en sucres complexes, le glycocalyx. Les sucres constitutifs incluent les  glycoprotéines, les glycolipides, les glycosaminoglycanes et les polysaccharides  libres. Ces constituants, fortement chargés négativement, constituent peut-être  un des facteurs clés de la thromborésistance 
.
Surface intercellulaire cohésive
Les contacts entre les cellules se présentent sous divers aspects :  juxtaposition, chevauchement ou imbrication. L'espace intercellulaire, allant de  la lumière vasculaire à la membrane basale, est de taille variable, généralement  de 10 à 20 nm de large. Dans les artères de gros et moyen calibres, au niveau de  l'espace intercellulaire, près de la lumière, les cellules sont souvent très  proches et forment des jonctions interendothéliales. Ces jonctions  intercellulaires sont essentiellement de trois types, les jonctions serrées  (tight junctions), imperméables dont le nombre et la disposition régulent en  partie la perméabilité endothéliale, les jonctions communicantes (gap junctions  ou nexus) assurant la coopérativité métabolique des cellules endothéliales entre  elles, et enfin les jonctions d'ancrage, essentiellement des jonctions  d'adhérence intercellulaire, constituant des sites d'attachement des filaments  d'actine. La nature des jonctions interendothéliales est caractéristique du  territoire. Au niveau des tissus artériels, l'endothélium est le plus souvent  continu.
Surface vasculaire adhésive
La surface vasculaire des cellules endothéliales repose sur une lame basale  de structure complexe et d'importance variable en fonction du niveau de l'arbre  artériel. Les cellules endothéliales sont directement attachées à la membrane  basale essentiellement par l'intermédiaire des jonctions d'adhérence entre  cellules et matrice, c'est-à-dire les contacts focaux. Les récepteurs  membranaires spécifiques des protéines matricielles, notamment de la lame  basale, c'est-à-dire essentiellement les intégrines, mais aussi les  protéoglycanes intermembranaires jouent un rôle déterminant dans ces  interactions.

 Lame basale
 La lame basale sous-endothéliale, comme la lame basale des feuillets  épithéliaux, est constituée de protéines matricielles spécialisées organisées en  minces treillis flexibles. Elle est synthétisée par les cellules endothéliales  elles-mêmes. Elle est composée essentiellement de collagène de type IV, de  glycoprotéines de structure, notamment de laminine, et de protéoglycanes tel le  perlecan. Un espace amorphe, d'environ 40 nm d'épaisseur, sépare la lame basale  de la membrane plasmique de la cellule endothéliale. La lame basale constitue un  guide pour la régénération endothéliale.

 Couche sous-endothéliale
 La couche sous-endothéliale est d'épaisseur variable avec l'âge et l'étage  artériel. Cette zone est composée originellement de protéoglycanes et de  collagène. Par la suite, des glycoprotéines de structure et de l'élastine  s'accumulent ainsi que quelques éléments cellulaires, macrophages et CML. À  l'état normal, l'épaisseur du sous-endothélium varie entre 1 et 250 

m chez l'homme. L'épaississement  progressif avec l'âge de la couche sous-endothéliale va le plus souvent aboutir  à un épaississement intimal, diffus, homogène, modéré, correspondant à ce que  certains groupes appellent l'artériosclérose, se différenciant de  l'épaississement majeur, focalisé de l'athérosclérose.

 Limitante élastique interne
 La limitante élastique interne est en général une couche fenêtrée de tissu  élastique, d'environ 70 à 100 nm d'épaisseur.

 Média

 Organisation structurale de la média
 La média est organisée autour d'une structure élémentaire, l'unité  lamellaire. La média des artères élastiques contient plusieurs lames élastiques  concentriques, d'environ 3 à 8 

m d'épaisseur. Ces lames élastiques  sont constituées de fibres élastiques. Entre chacune d'elles se trouvent des  cellules musculaires lisses (CML), des fibres de collagène, des microfibrilles  d'élastine et des protéoglycanes. L'ensemble constitue l'unité lamellaire  décrite par Wolinsky et Glagov 
. L'espace entre deux lames élastiques est quasiment  constant (12 à 17 

m). Le nombre d'unités lamellaires  est rapidement défini après la naissance (1 an). Au sein des différentes  espèces, le nombre d'unités lamellaires varie avec le diamètre du vaisseau,  augmente progressivement avec le poids et la taille des animaux afin de  maintenir une relation linéaire entre le nombre d'unités lamellaires,  l'épaisseur de la média et le diamètre aortique. Il apparaît ainsi une relation  directe entre la force développée par unité de surface vasculaire et le nombre  d'unités lamellaires afin de normaliser la tension pariétale moyenne par unité  lamellaire. Les vaisseaux comportant moins de 29 unités lamellaires sont  dépourvus de vasa vasorum. Les lames élastiques ont une orientation axiale  hélicoïdale, le pas de l'hélice alternant d'une lame à l'autre. Un réseau de  fibres d'élastine maintient les lames élastiques entre elles. L'organisation de  la média des artères élastiques (aorte, artères sous-clavières, carotides ou  iliaques) et des artères musculaires (fémorales, humérales, coronaires) est  différente, ces dernières ayant essentiellement une moindre abondance et une  moins nette individualisation des lames élastiques.

 Cellule musculaire lisse
 La CML est définie comme une cellule multipotente susceptible de présenter au  cours de l'ontogenèse, et lorsqu'elle est soumise à un processus pathogène, des  modulations structurales et fonctionnelles entre ses deux pôles d'expression  physiologique : contraction et sécrétion, c'est une des cellules clés de la  pathogénie athéroscléreuse 
. Au cours de l'organogenèse, les tubes endothéliaux  embryonnaires, d'origine commune, recrutent dans les différents somites les  cellules d'origine mésodermique qui vont former les CML des médias vasculaires.  Les origines sommitales différentes de ces cellules expliquent vraisemblablement  le comportement physiologique et pathologique différent des CML suivant  l'origine territoriale des cellules.
Cependant l'organisation structurale des CML au sein des différents types  d'unités lamellaires est globalement similaire. La CML, cellule allongée (25-50  

m de long) et fine (5  

m de diamètre),  uninucléée, est entourée d'une lame basale et est en étroite connexion avec  celle-ci et avec la matrice interstitielle par l'intermédiaire de protéines  membranaires assurant les jonctions cellule-matrice. Elles sont, de plus,  connectées entre elles par des jonctions cellules-cellules de type macula  adherens et desmosomes. Ces connexions permettent la transmission de la force  des tractions de cellule à cellule. Ces CML, dans une artère normale, sont des  cellules contractiles. Leur fonction est essentiellement tournée vers la  vasomotricité. Ces cellules sont dans un état différencié, mature, contractile.  L'état différencié de la cellule se caractérise ainsi par la présence au niveau  ultrastructural des filaments contractiles de formes identiques à celles  observées dans les myocytes cardiaques, mais moins nombreux et moins organisés  et par l'expression au niveau biochimique de protéines contractiles et du  cytosquelette, des protéines membranaires et matricielles qui lui permettent  d'assurer sa fonction de base qui est la contraction et font de ces protéines de  bons marqueurs du niveau de différenciation.
Au niveau ultrastructural, l'analyse de l'appareil contractile révèle que les  filaments de myosine présentent un diamètre de 15 à 19 nm et une longueur de 2,2  

m, se regroupant par  trois à cinq filaments pouvant être considérés comme des minisarcomères. Les  filaments d'actine filamentaire mesurent 6,8 nm de diamètre. Les filaments de  myosine sont entourés d'une collerette de filaments d'actine dans un rapport  actine/myosine de l'ordre de 15/1. Deux autres structures du sarcoplasme des CML  peuvent aussi être individualisées et rendent compte de l'activité contractile  de ces cellules : les filaments intermédiaires (10 nm) et les corps denses  disséminés disposés parallèlement au grand axe de la cellule et occupant une  large part de la surface cellulaire qui pourraient correspondre aux stries Z des  fibres striées, et les bandes denses associées à la membrane. De nombreuses  structures spécifiques de la transmission de la force contractile à la membrane  cellulaire ont été reconnues au niveau des sites d'insertion des filaments  d'actine à la membrane plasmique comme les bandes denses. Les structures  contractiles occupent la majorité du volume cytoplasmique dans la cellule  musculaire adulte saine. Cependant, en situation périnucléaire, il faut noter la  présence d'organelles directement liée à la régulation du Ca2+ cytoplasmique  nécessaire à la contraction : le réticulum sarcoplasmique qui occupe environ 5 %  du volume cytoplasmique total, et les mitochondries. Au-delà de ces structures  spécifiques de la contraction ou de la communication intracellulaire, les CML  disposent d'une machinerie synthétique dont l'expression est liée à l'état de  différenciation. Les CML élaborent en effet la matrice extracellulaire  vasculaire (collagènes, élastine, protéoglycanes) et assurent la synthèse de  très nombreuses molécules à fonction informative intra- et/ou intercellulaire  (messagers protéiques et ou lipidiques, cytokines...) au niveau d'un système  ergastoplasmique et golgien peu développé dans la cellule en phénotype  contractile mais très abondant dans la cellule à phénotype sécrétoire dont les  caractéristiques seront développées dans le chapitre consacré à la pathogénie  athéroscléreuse et dont l'apparition constitue un des témoins morphologiques de  la modulation phénotypique.
Sur le plan biochimique, l'état différencié, mature, de la CML se traduit par  l'expression spécifique d'un certain nombre de protéines contractiles et du  cytosquelette, de protéines matricielles et de protéines membranaires  interagissant spécifiquement avec ces protéines matricielles, les intégrines  membranaires 
.
En ce qui concerne les protéines contractiles et du cytosquelette, le système  des microfilaments de la CML comprend les protéines contractiles majeures,  actine et myosine, mais comprend également de nombreuses protéines jouant un  rôle dans la régulation de la contraction, caldesmone et calponine, lié à la  calmoduline et à la F-actine et régulant les interactions actine-myosine,  tropomyosine, gelsoline, filamine, 

-actinine et fimbrine, jouant un  rôle dans l'organisation des microfilaments, vinculine, taline, paxilline et  tensine, participant à l'attachement des microfilaments à la membrane plasmique.  Il existe également des filaments intermédiaires, desmine et vimentine.
Au cours du développement, il existe une maturation de ces protéines vers des  variants spécifiques de la CML différenciée : 

-actine, chaîne lourde de la  myosine spécifique du muscle lisse, metavinculin, caldesmone de haut poids  moléculaire, calponine... L'apparition de ces variants est liée soit à  l'induction de gènes spécifiques au sein de familles multigéniques (

-actine), soit à l'induction de  formes d'épissages spécifiques du muscle lisse (caldesmone de haut poids  moléculaire), soit aux deux, induction de gène et épissage spécifique (isoformes  SM-1 et SM-2 de la chaîne lourde de la myosine spécifique du muscle lisse).  Ainsi en ce qui concerne l'actine, six isoformes ont été différenciées, quatre  sont présentes dans le muscle lisse, les isoformes 

-et 

-cytoplasmiques et les isoformes  

- et 

-musculaires lisses. Ces isoformes  sont séparables en électrophorèse bidimensionnelle. Dans l'aorte adulte saine,  les CML présentent 75 % d'actine 

, moins de 20 % de 

 et moins de 10 % de 

. Dans l'aorte foetale, l'isoforme  

 prédomine. La présence d'actine  

 est bien corrélée à la  différenciation musculaire lisse et constitue un marqueur particulièrement  utile. De même, les protéines du cytosquelette des CML (filaments < 10 nm)  comportent deux structures principales vimentine et desmine. Dans le muscle  adulte d'aorte de rat, il y a prédominance de vimentine (50 % de cellules à  vimentine, 49 % des cellules à vimentine et desmine et 1 % de cellules à desmine  seule). Au cours du développement, il existe une diminution progressive des  cellules à vimentine et une augmentation des cellules contenant les deux types  de filament (pas de desmine seule chez le foetus). L'abondance de la vimentine  pourrait être liée aux propriétés non contractiles de la CML (migration,  prolifération) et en fait un élément discriminant de l'expression phénotypique  entre les deux pôles fonctionnels contractiles et sécrétoires.
Le profil biochimique des protéines matricielles est lui aussi le reflet de  l'état de différenciation des CML et sera abordé un peu plus loin.
En ce qui concerne les protéines membranaires, la CML est en étroite  connexion avec la matrice extracellulaire par l'intermédiaire de protéines  membranaires assurant les interactions cellule-matrice, les intégrines. Les  intégrines sont des hétérodimères constituées d'une chaîne 

 associée à différentes chaînes  

 qui confèrent la spécificité des  interactions. À la naissance, les récepteurs pour la laminine semblent  augmenter, essentiellement sous la forme d'

1

1, alors que les récepteurs pour la  fibronectine, surtout 

5

1, diminuent.
Les mécanismes régulant le phénotype mature des CML sont actuellement  inconnus. Un certain nombre d'argument laisse cependant penser qu'il existe à la  fois une induction et un maintien permanent de l'état différencié par les  interactions cellule-matrice, notamment par les interactions de la cellule avec  la laminine, mais aussi vraisemblablement par des facteurs continus de  régulation transcriptionnelle positifs ou négatifs. Il faut noter qu'aucun  facteur de transcription spécifique de la CML n'a pu être identifié. Les  cellules différenciées de la média, maintenues dans leur environnement matriciel  normal, restent insensibles aux facteurs de croissance tels que les  platelet-derived growth factor (PDGF), suggérant que l'induction des phénomènes  de prolifération et de migration des cellules passe par une première étape de  dédifférenciation. La relation inverse entre différenciation et réplication  cellulaires n'est cependant pas claire dans les modèles in vitro où l'expression  des marqueurs de différenciation ne signifie pas forcément une insensibilité aux  facteurs de croissance.

 Matrice extracellulaire
 La matrice extracellulaire entourant les CML et contenue dans l'espace entre  les lames élastiques joue également un rôle fondamental dans l'organisation de  la média. Deux types de matrice extracellulaire sont observés, d'une part une  lame basale entourant totalement les CML, et d'autre part une matrice  interstitielle occupant l'espace entre les cellules et leurs lames basales. La  constitution de ces deux zones matricielles est fondamentalement différente. La  lame basale est essentiellement formée de collagène de type IV, de laminine et  de nidogène, de protéoglycanes alors que la matrice interstitielle est  essentiellement formée des collagènes fibrillaires, de fibronectine, de  vitronectine et de thrombospondine. L'ensemble de ces protéines matricielles  associées aux protéines des lames élastiques essentiellement constituées de  fibres élastiques est synthétisé par les CML elles-mêmes et constitue la part la  plus importante du poids sec de la paroi.
L'étude de la structure de ces protéines matricielles permet de retenir  certaines caractéristiques fondamentales qui comme nous le verrons plus loin  sont perturbées au cours de l'athérosclérose. Quatre classes de macromolécules  synthétisées par les cellules artérielles constituent la matrice extracellulaire  de l'artère : les collagènes, l'élastine, les protéoglycanes et les  glycoprotéines. Il existe, à l'état normal, de grandes variations dans les taux  relatifs de ces constituants extracellulaires tout au long de l'arbre artériel  (exemples : artères élastiques/artères musculaires). Le point le plus important  est en fait dans l'association de ces macromolécules extracellulaires,  associations susceptibles de moduler à la fois les propriétés trophiques et  mécaniques de la paroi vasculaire.
Collagènes
Dix-neuf collagènes sont actuellement décrits, définissant ainsi une  superfamille de protéines matricielles. Ces collagènes se caractérisent par un  certain nombre de caractéristiques :
- - l'existence d'un domaine en triple-hélice ;  
- - la participation à une organisation supramoléculaire (fibrilles,  filaments, réseau), seule ou en conjonction avec d'autres protéines matricielles  ;  
- - la contribution à l'intégrité structurale de la matrice extracellulaire  . 
La structure en triple hélice se caractérise par l'existence de trois chaînes  appelées chaînes 

, caractérisées sur le plan  biochimique par une répétition du motif (Gly-Xaa-Yaa)n. Chaque chaîne 

 est enroulée à gauche et la triple  hélice correspond à une superhélice enroulée à droite avec le résidu glycine en  position centrale et la proline (Xaa) et l'hydroxyproline (Yaa) en position  externe, stabilisant la structure. L'analyse de la structure de ces collagènes a  amené à identifier plusieurs groupes de collagènes : les collagènes  fibrillaires, les collagènes associés aux fibrilles ou FACIT collagens, les  collagènes formant les réseaux ou collagènes des membranes basales, les  collagènes à petites chaînes, les multiplexines et les autres collagènes. Tous ces collagènes ne sont pas présents dans la paroi artérielle. Les  collagènes fibrillaires de types I et III constituent 80 % à 90 % du total des  collagènes vasculaires et sont essentiellement présents dans la média et dans  l'adventice. Les collagènes de types I et III semblent colocalisés au niveau de  la média. Le collagène fibrillaire de type V est également retrouvé au niveau  artériel, formant 5 % de la masse des collagènes. Le collagène de type IV est  présent essentiellement dans la membrane basale sous-endothéliale et autour des  CML. Les collagènes de types XII et XIV associés au collagène de type I sont  vraisemblablement associés à la fibrilloformation des collagènes vasculaires. Le  collagène de type VIII, appartenant à la famille des collagènes à petites  chaînes, a été aussi identifié dans le produit de synthèse des cellules  endothéliales. Le collagène de type VI appartenant au groupe des autres  collagènes a quant à lui, été essentiellement décrit au niveau de l'intima et  semble synthétisé essentiellement par les cellules endothéliales. Les rôles  respectifs et les interrelations entre ces types génétiquement différents  restent mal connus. Cependant, la fragilité artérielle observée dans la maladie  d'Ehlers-Danlos type IV caractérisée par une diminution des concentrations  tissulaires de collagène de type III, les anomalies du phénotype des CML dans le  cadre des syndromes d'Alport associées à des léiomyomes avec mutations sur les  chaînes 

 du collagène de type IV indiquent  bien l'importance de la relation entre les CML et sa matrice extracellulaire et  notamment ses collagènes dans le maintien du phénotype mature de la cellule et  de la structure du vaisseau.  
Élastine
L'élastine est le constituant majeur des structures orcéinophiles présentes  dans les artères sous forme de puissantes lames élastiques 
. Ces structures résultent, en fait, de l'association d'au  moins deux types de constituants discernables en microscopie électronique :  l'élastine et les microfibrilles associées. La composition de l'élastine est  voisine de celle du collagène. La structure moléculaire tient son originalité de  la présence de produits de condensation de dérivés de la lysine et plus  particulièrement de composés pyridiniques, la desmosine et l'isodesmosine,  résultant de la condensation de quatre résidus allysine. Ces composés réalisent  la liaison stable et résistante de quatre chaînes peptidiques conférant ainsi à  la molécule des propriétés totalement insolubles. Plusieurs glycoprotéines  participant à la formation des microfibrilles ont été décrites. Parmi celles-ci,  les fibrillines jouent un rôle essentiel comme en témoigne l'apparition des  anomalies structurales aortiques dans la maladie de Marfan caractérisée par une  mutation sur le gène de la fibrilline 
. Les  étapes de la synthèse de l'élastine paraissent assez comparables à celles du  collagène. Le taux de microfibrilles associées à l'élastine diminue au cours de  l'ontogenèse, dans le même temps, l'élastine devient plus insoluble par  augmentation du nombre des résidus desmosines. En revanche, au cours du  vieillissement, l'association de l'élastine avec les microfibrilles deviendrait  plus importante et l'élastine deviendrait plus soluble par suite de la  diminution des desmosines. La qualité de l'élastine évolue aussi avec l'âge et  les conditions pathologiques. La proportion relative des microfibrilles,  l'interférence avec les structures lipidiques, l'importance d'éventuelles  calcifications sont autant de caractères pouvant altérer la structure de  l'élastine.  
Glycoprotéines de structure
Plusieurs glycoprotéines de structure ont été identifiées au sein de la paroi  artérielle. Au niveau de la lame basale des CML, la laminine et le nidogène, qui  lui est associé, semblent jouer un rôle majeur dans le maintien du phénotype  normal, différencié, contractile des CML en position médiale. L'analyse  biochimique de ces deux glycoprotéines majeures de la lame basale révèle la  complexité de leur structure. Les laminines sont effectivement des protéines trimériques contenant deux  chaînes courtes, 

 et 

, et une chaîne longue, 

. Il existe actuellement huit  chaînes différentes et sept hétérotrimères clairement identifiées. Les trois  chaînes sont connectées par des ponts disulfures et forment une structure en  forme de croix avec un bras long et trois bras courts. L'expression de chacun  des types de chaîne est plus ou moins spécifique d'un tissu. Dans le tissu  artériel, la chaîne 

1 est présente dans les lames  basales des cellules endothéliales et des CML. La chaîne 

2, de large distribution, est  également retrouvée au niveau de la média aortique. En revanche, contrairement à  la plupart des tissus qui expriment la forme 

1 du complexe trimérique de la  laminine, l'aorte du sujet adulte exprime essentiellement la chaîne 

2 de la laminine. Cette expression  qui se retrouve également au niveau des plaques motrices est le témoin d'un état  de différenciation du muscle lisse. En effet au cours du développement  ontogénique, c'est essentiellement la chaîne 

1 du complexe trimérique qui est  exprimée. Le nidogène ou entactine joue un rôle important dans l'organisation  des lames basales des cellules endothéliales et musculaires lisses. Il est en  effet porteur de deux domaines d'interactions lui permettant de se lier d'une  part entre la laminine et d'autre part le collagène de type IV. Au niveau de la matrice interstitielle séparée de la CML par la lame basale,  d'autres protéines matricielles jouent un rôle majeur dans le maintien du  phénotype mature de la CML et de la structure pariétale. Au premier rang de ces  protéines se trouve la fibronectine. La fibronectine est une glycoprotéine de haut poids moléculaire, dimérique ou  multimérique, dont la sous-unité de base a une taille de l'ordre de 235 kDa  
. Il existe une grande variabilité de la structure de  la molécule par la survenue ou non d'épissages alternatifs de trois segments,  deux répétitions de type III, les extradomaines A et B, et un segment non  homologue dénommé V ou IIICS. Ces trois zones d'épissage permettent l'existence  de 20 combinaisons différentes de fibronectine. Les CML de la média de l'aorte  humaine adulte expriment essentiellement une fibronectine épissée des  extradomaines A et B. Au cours du développement, au stade foetal, les CML  aortiques expriment essentiellement une forme totale de fibronectine non épissée  des extradomaines A et B. Ces variations montrent, comme nous l'avons déjà  rapporté pour les protéines contractiles ou du cytosquelette comme la caldesmone  et la vinculine, la mise en place de systèmes d'épissages au cours de la  différenciation du muscle lisse vasculaire.  
Protéoglycanes
Les protéoglycanes, constituants majeurs de la substance fondamentale sont  des complexes protéine-polysaccharides. Les polysaccharides appelés  glycosaminoglycanes (GAG) sont des polymères de dimères monosaccharidiques dont  un des composants est un sucre aminé le plus souvent sulfaté. Les  glycosaminoglycanes ne peuvent exister libres dans l'espace intercellulaire et  sont toujours liés par covalence à une protéine porteuse. La caractérisation  protéique et moléculaire de la protéine porteuse a permis de mieux définir ces  protéoglycanes qui sont actuellement classés par l'identification de leur  protéine et non plus par l'identification des glycosaminoglycanes. Ces  structures sont très abondantes dans des tissus spécialisés tel le cartilage.  Cependant, elles apparaissent également importantes dans les tissus où elles ne  représentent qu'un constituant pondéralement mineur telles les parois  vasculaires, car la qualité de leurs interactions avec le constituant majeur  qu'est le collagène est fondamentale. Au sein de la paroi, plusieurs protéoglycanes ont pu être identifiés  
. Une  forte expression de biglycan, protéoglycane à deux chaînes latérales de dermatan  sulfate, localisée à la surface des cellules et en péricellulaire, est observée  dans la média. Les expressions au niveau de la média aortique normale du  perlecan, protéoglycane porteur d'un héparan-sulfate et du versican,  protéoglycane porteur d'un chondroïtine sulfate, sont plus faibles. De même, le niveau d'expression dans la média aortique normale des  protéoglycanes liés à des héparan-sulfates, le syndecan et le ryudocan, est  relativement bas.   

 Adventice 
L'adventice, couche protectrice externe, contient des CML, des fibroblastes  et des taux importants de fibres collagéniques, élastiques et des  protéoglycanes. Elle sert de support aux vaisseaux sanguins et lymphatiques et  aux nerfs artériels et joue un rôle trophique majeur. Les vasa vasorum n'existent que dans les vaisseaux de diamètre supérieur à  200 mm. Ils restent localisés à l'adventice, ne pénétrant la média que pour les  vaisseaux dont la média dépassent 29 unités lamellaires. Le réseau lymphatique  adventiel est également observé, assurant l'élimination des déchets  pariétaux. L'innervation adrénergique et non adrénergique pariétale, particulièrement  présente dans les artères de petit calibre, reste confinée dans l'adventice, à  la limite externe de la média. La stimulation nerveuse des CML se fait par  action directe des nerfs sur les CML de la couche externe de la média. La  transmission de l'excitation aux cellules adjacentes du reste de la média se  fait par couplage électrique entre les cellules.  

 Fonctions de l'endothélium 

 Perméabilité sélective
L'endothélium est une barrière qui régule sélectivement le transfert de  substances de taille variable entre le sang et les tissus environnants. Les  vésicules plasmalemmiques et les jonctions vasculaires sont les voies de  transfert des molécules. Un problème majeur reste l'importance relative des  transferts par les vésicules plasmalemmiques et les espaces interendothéliaux à  l'état normal et pathologique, et de savoir dans quelle mesure l'endothélium  normal constitue une barrière effective aux passages des macromolécules et  notamment des lipoprotéines dans la paroi vasculaire. Les cellules endothéliales ne constituent pas en effet une barrière  infranchissable pour les lipoprotéines mais elles en régulent le mouvement. Leur  perméabilité aux petites particules (HDL, high density lipoprotein) est  supérieure à celle des grosses particules (LDL, low density lipoprotein, VLDL,  very low density lipoprotein) mais celle-ci est accrue par  l'hypercholestérolémie, même en présence d'un endothélium intact. L'important  est que la captation des LDL par les cellules endothéliales n'est pas  dépendante, pour l'essentiel, de récepteurs spécifiques. En situation normale, les flux d'entrée et de sortie des macromolécules à  travers l'endothélium sont d'égale importance. En situation pathologique,  l'accumulation de cholestérol dans l'espace situé entre l'endothélium et la  première lame élastique (intima) peut résulter soit d'une augmentation du flux  d'entrée à travers l'endothélium (hypercholestérolémie), soit d'une diminution  de flux de sortie, soit une altération concomitante des deux mécanismes. La  concentration intimale des LDL est environ le double de la concentration  plasmatique alors que les LDL ne sont présentes qu'à l'état de traces dans la  média. Tout se passe comme si les LDL étaient piégées par la barrière que  constitue la limitante élastique interne. Cependant, la concentration vasculaire  de LDL ne dépend pas que de ces facteurs mécaniques, elle est aussi fonction de  la perméabilité endothéliale et de la capacité de dégradation intracellulaire.  L'hypercholestérolémie, si elle accroît la perméabilité endothéliale aux LDL,  réduit leur dégradation intravasculaire du fait de la diminution des récepteurs  membranaires. La perméabilité endothéliale aux lipides est un facteur essentiel 
. Elle est en partie régulée par l'état biologique des  cellules endothéliales. Plus de 80 % des cellules endothéliales en phase de  mitose représentaient des zones perméables aux lipides grâce à l'ouverture des  jonctions intracellulaires. Ces zones pourraient, dans certains cas, représenter  plus de la moitié des zones perméables d'une artère. En dehors de ce type  particulier de transport des lipoprotéines dans l'espace sous-endothélial, le  transport des lipoprotéines de faible densité se fait selon deux modes, l'un  appelé transcytose et l'autre appelé endocytose. L'avancée la plus significative  dans la compréhension de la perméabilité endothéliale aux lipoprotéines résulte  probablement des travaux qui démontrent que la majeure partie du transport des  lipides dans le vaisseau s'effectue par transcytose endothéliale via des  vésicules plasmalemmiques non saturées et non spécifiques qui délivrent  directement des lipoprotéines dans l'espace sous-endothélial sous une forme  native et/ou modifiée qui, dans ce dernier cas, pourraient modifier les  interactions des lipoprotéines avec les autres composantes de la paroi  artérielle. L'importance relative de cette voie s'accroît de manière  proportionnelle à la concentration des lipoprotéines dans le plasma,  contrairement au processus d'endocytose lié à la présence de récepteurs  spécifiques aux apolipoprotéines B, E, qui est saturable et régulé négativement  en retour entraînant une implication inversement proportionnelle à la  concentration des lipoprotéines LDL. Cette voie conduit par ailleurs à la  libération de cholestérol dans l'espace sous-endothélial et non pas de  lipoprotéines comme les deux mécanismes précédemment décrits. Il est intéressant  de noter que les cellules endothéliales peuvent se contracter sous l'effet  d'agents vasoactifs tels que les catécholamines, l'histamine, la sérotonine,  l'angiotensine II. La contraction des cellules endothéliales provoque un  élargissement des espaces intercellulaires, induisant une augmentation de la  perméabilité endothéliale.  

 Thromborésistance
Une des propriétés principales de l'endothélium est d'être inerte vis-à-vis  des plaquettes ou des leucocytes, de ne pas induire leur adhésion et d'empêcher  l'activation des facteurs extrinsèques et intrinsèques du système de  coagulation. La cellule endothéliale comporte plusieurs mécanismes susceptibles  de rendre compte de propriétés thromborésistantes. La thromborésistance passive est une propriété aspécifique. Elle est  essentiellement le fait de la présence du glycocalyx, celui-ci, présent à la  surface des cellules endothéliales aussi bien que des plaquettes constitue une  structure chargée négativement grâce à la présence d'acide sialique, dès lors,  des phénomènes de répulsion électrostatique entre charges de signes identiques  ont été évoqués. Ils sont peu probables, les structures sous-endothéliales  identiquement chargées s'avérant proagrégantes et la digestion enzymatique du  coat ne modifiant pas les propriétés agrégantes. La présence d'

2-macroglobuline, connue pour ses  propriétés antiprotéasiques, pourrait également interférer avec les protéases de  la coagulation. Les mécanismes de thromborésistance active pourraient dépendre de la présence  de récepteurs membranaires spécifiques pour l'adénosine diphosphate (ADP), la  sérotonine, etc, et d'un catabolisme cellulaire de ces substances proagrégantes.  L'ADP est ainsi très rapidement détruit par les cellules endothéliales.  Parallèlement l'endothélium synthétise des substances anticoagulantes. Un des  mécanismes fondamentaux rendant compte de la non-thrombogénéité endothéliale est  la synthèse de prostacycline (PGI2) et d'un facteur vasorelaxant d'origine  endothéliale (endothelium derived relaxing factor, EDRF) et l'existence d'une  fibrinolyse locale induite par la cellule endothéliale. Il ne s'agit pas là de  propriété véritablement spécifique des cellules endothéliales bien que celles-ci  aient une activité de synthèse particulièrement élevée. Concernant la PGI2, cette prostaglandine est remarquable par ses propriétés  vasodilatatrice et antithrombotique (antagoniste du thromboxane plaquettaire).  La synthèse de PGI2 s'effectue à partir d'acide arachidonique (AA) libéré des  phospholipides membranaires. Une participation de précurseurs circulants n'est  cependant pas à exclure. Des systèmes enzymatiques complexes (cyclooxygénases)  transforment l'AA en endoperoxydes cycliques qui constituent le substrat d'un  deuxième système enzymatique : la prostacycline synthétase. Comme pour la nitric  oxide synthetase (NOS), il existe deux formes de cyclooxygénases, une  constitutive constamment exprimée dans les cellules endothéliales, et une  inductible, induite par les cytokines. La PGI2 est immédiatement libérée dans la  circulation sur les lieux mêmes de sa production. Elle pourrait temporairement  transiter dans le flux sanguin, mais sa durée de vie à pH physiologique est très  courte (quelques minutes) et rend improbable une action à distance, et seule  doivent être considérées la production et l'action locale aux sites de sécrétion  de la PGI2 (autacoïde). Nous analyserons plus loin les propriétés de synthèse de  facteur EDRF ou radical NO (monoxyde d'azote) qui participe également aux  propriétés antithrombotiques de l'endothélium mais dont la fonction essentielle  est de réguler la vasomotricité. Parallèlement, la cellule endothéliale est capable d'induire à sa surface une  inhibition du système de la coagulation passant par l'activité de la  thrombomoduline, protéine membranaire de la cellule endothéliale, activant la  protéine S et la protéine C qui inhibe les fonctions de la coagulation  intrinsèque et la thrombine. Mais surtout, la cellule endothéliale est capable  d'induire la synthèse et la sécrétion à sa surface de l'activation tissulaire du  plasminogène (tPA), synthèse et sécrétion activées par la thrombine ainsi que  par de nombreux autres facteurs, et qui permettent la formation de plasmine.  Celle-ci joue vraisemblablement un rôle fondamental dans l'antithrombogénicité  de la cellule endothéliale. Cependant, la cellule endothéliale est aussi capable  de synthétiser et de sécréter les inhibiteurs du tPA qui sont les PAI-1 et les  PAI-2. Il est vraisemblable que la perte de la thrombogénicité vasculaire est en  partie liée dans bien des cas, à un déséquilibre entre tPA et PAI. Il est  important de noter l'identité de structure existante entre le plasminogène et  une fraction lipoprotéique très athérogène, la LP(a). Cette identité, explique  vraisemblablement une compétition des substrats au niveau de l'enzyme qu'est le  tPA membranaire endothélial et une diminution locale de la formation de  plasmine. Ainsi, en présence d'un excès de LP(a) il apparaît ainsi une  hypofibrinolyse locale induisant la thrombogénicité de la cellule endothéliale,  notamment dans le contexte d'une paroi athéroscléreuse.  

 Régulation de la vasomotricité
Actuellement le rôle majeur attribué à l'endothélium est son rôle dans le  contrôle de la vasomotricité artérielle. En 1980, Furchgott et ses collègues  
  démontraient la synthèse d'un facteur vasorelaxant d'origine endothéliale,  l'EDRF. Moncada a caractérisé ce facteur en 1987 comme étant du NO 
. Ce dérivé est synthétisé par les cellules endothéliales sous  l'action d'une enzyme la NOS, présente sous forme constitutive dans la cellule  endothéliale, à partir d'un substrat qui est la L-arginine. L'enzyme NOS  constitutive des cellules endothéliales est la Ca++-calmoduline-dépendante et  est rapidement activée. À côté de la forme constitutive de la NOS observée dans  les cellules endothéliales, il existe une forme inductible de l'enzyme dans  d'autres types cellulaires, notamment les macrophages et les CML. Sous l'action  de certains facteurs plasmatiques comme les médiateurs immunologiques et les  cytokines, l'expression de cet enzyme est induite et la production locale de NO  augmentée. Le NO formé va induire une activation de la guanylate cyclase  présente dans la CML ainsi qu'une forte augmentation du taux de GMP cyclique.  Celui-ci est à l'origine d'une série de réactions biochimiques qui aboutissent à  la diminution de la concentration cytoplasmique du Ca++ et la relaxation de la  CML. Les stimuli physiologiques capables d'induire la libération de NO sont  nombreux. L'acétylcholine, la sérotonine, la bradykinine, l'histamine,  l'adénosine triphosphate, la noradrénaline font partie des substances qui sont  capables d'induire la libération de NO par les cellules endothéliales. Mais le  stimulus physiologique le plus important de la libération de NO est le  frottement du sang sur l'endothélium. L'intensité de ces forces de cisaillement  est sous la dépendance du débit local et des conditions d'écoulement. L'endothélium synthétise également d'autres substances vasodilatatrices comme  la prostacycline (PGI2) que nous avons déjà vue, mais aussi un facteur  hyperpolarisant (Endothelium derived hyperpolarizing factor ou EDHF), qui  augmente le potentiel de membrane du muscle lisse et favorise la relaxation.  L'EDHF semble agir sur le muscle lisse en ouvrant les canaux potassiques. Ces  canaux potassiques seraient dépendants de l'ATP. L'EDHF pourrait stimuler  l'ATPase de l'échangeur Na+/K+, permettant au K+ de sortir de la cellule,  entraînant une hyperpolarisation de la membrane. Enfin dans l'analyse des propriétés vasodilatatrices de l'endothélium, il ne  faut pas oublier sa capacité à dégrader les peptides vasoconstricteurs par ses  ectopeptidases 
.  

 Synthèses endothéliales
La cellule endothéliale est susceptible de réaliser de nombreuses synthèses.  La synthèse du facteur von Willebrand et du facteur VIII antigénique a été  reconnue en particulier en culture de cellule endothéliale et mise en évidence  in vivo. Le facteur von Willebrand est associé dans le plasma au facteur VIII  coagulant. La synthèse du facteur VIII coagulant n'a pas été reconnue dans les  cellules endothéliales. Le facteur von Willebrand participe aux mécanismes  d'adhésion des plaquettes au collagène sous-endothélial. Il serait  particulièrement actif dans les zones à fort cisaillement et donc pour des  interactions temporellement courtes, liées aux glycoprotéines 1  plaquettaires. Un des autres rôles majeurs des cellules endothéliales est également le  contrôle trophique de la tunique musculaire sous-jacente. Il s'agit là d'un des  chapitres le plus fécond de la recherche vasculaire de ces dernières années. Il  est né de la possibilité d'obtenir en culture des cellules endothéliales et de  les entretenir. La première démonstration d'une activité endothéliale de  contrôle de la fonctionnalité musculaire est sans doute la mise en évidence du  rôle antiprolifératif des héparan-sulfates synthétisés par les cellules  endothéliales par le groupe de Karnowsky dès la fin des années 1970 
. De même, l'existence d'enzymes de conversion de  l'angiotensine dans les cellules endothéliales, la mise en évidence de  l'endothéline, peptide aux propriétés vasoconstrictives et peut-être  proprolifératives, la capacité de synthèse de facteurs de croissance du type  PDGF, EGF (epidermal growth factor) ou FGF (fibroblast growth factor) et autres  montrent le rôle majeur des cellules endothéliales dans le contrôle du phénotype  normal des CML et donc la fonctionnalité de l'artère normale.   

 Fonctions de la média 

 Contraction de la cellule musculaire lisse
Actine et myosine sont présentes dans le muscle lisse et sont responsables de  l'activité contractile de la cellule. La myosine du muscle lisse diffère de  celle du muscle strié par sa séquence qui est partiellement publiée mais surtout  par sa fonctionnalité. Elle diffère par le niveau de son activité ATPasique dix  fois inférieur à celui de la myosine squelettique, cette activité étant soumise  à une régulation Ca2+ dépendante, et par le fait qu'elle ne peut interagir avec  les filaments d'actine que si les chaînes légères sont phosphorylées. La  phosphorylation des chaînes légères de la myosine est sous le contrôle de kinase  régulée par la calmoduline. La lenteur de la contraction s'explique par la  vitesse réduite de la formation des ponts de myosine. Les cellules sont  cependant capables de maintenir une tension pendant des périodes longues pour  une consommation cinq à dix fois plus faible d'ATP que celle nécessaire à la  fibre squelettique. La transmission de la force de l'appareil contractile de la  cellule à la membrane plasmique se fait par l'insertion des filaments d'actine  aux bandes denses. Ces bandes denses, qui correspondent à des jonctions  d'adhérence, rassemblent du côté cytoplasmique plusieurs protéines comme  l'alpha-actinine, la vinculine, la taline, la filamine. Les CML, comme les  neurones, peuvent être mécaniquement, chimiquement et électriquement excitées  pour produire un potentiel d'action.  

 Contraction du muscle lisse
La coordination de la contraction des CML au sein de la paroi artérielle est  liée aux jonctions communicantes impliquées dans le transfert entre cellules des  ions et des petits métabolites. Le couplage excitation-contraction est cependant  lent dans le muscle lisse. La transmission de la force de traction de cellule à  cellule est liée à la fois aux jonctions entre les cellules et leurs membranes  basales associées à la matrice interstitielle, mais aussi à l'existence de  jonctions cellule-cellule observables en microscopie électronique sous la forme  de macula adherens assez dispersées et de quelques jonctions serrées.  
  
La définition des phénomènes pathologiques conduisant à l'athérosclérose  humaine ne peut se faire que par la caractérisation histologique et cytologique  des lésions athéroscléreuses. Deux types de travaux ont permis de caractériser  les lésions athéroscléreuses, les études anatomopathologiques classiques et les  études immunohistologiques 
(fig  1).    

 Caractérisation anatomopathologique 
Les analyses anatomopathologiques ont permis de révéler de nombreux types de  lésions intimales focalisées : accumulation de macrophages spumeux, stries  lipidiques et plaques gélatineuses, lésions préathéromateuses, lésions  athéromateuses et fibroathéromes ou plaques fibrolipidiques et plaques  fibreuses, fibroathéromes ulcérés ou lésions compliquées. La filiation de ces  lésions dans l'évolution naturelle de l'athérosclérose n'est pas claire. Il  existe de plus des variations considérables dans l'étendue et le degré de  développement des lésions entre des individus d'âge comparable et chez le même  sujet suivant les territoires artériels. Très schématiquement, et sans qu'il  existe de véritable consensus sur ce point, plusieurs types de lésions peuvent  être individualisés : la strie lipidique, la plaque athéromateuse, la plaque  fibreuse et la lésion compliquée 
.  

 Strie lipidique
Caractérisée par l'accumulation focalisée d'un petit nombre de cellules dans  l'intima artérielle, elle est communément rencontrée chez l'individu jeune. Les  cellules contiennent des inclusions lipidiques et il n'est pas rare de trouver  également des dépôts lipidiques extracellulaires. Les cellules spumeuses sont de  deux types reconnus grâce au développement récent de marqueurs immunologiques  spécifiques : pour l'essentiel, des macrophages et à un moindre degré, des CML.  Cette lésion jaunâtre et sessile reste cliniquement muette sur le plan  symptomatologique. Ces lésions sont distribuées dans tout l'arbre artériel avec  une prédominance dans les parties distales des jonctions et les bifurcations,  zones où les forces de cisaillement de l'endothélium par le flux sanguin sont  les plus perturbées. Leur prévalence semble maximale entre 12 et 14 ans ainsi  que le démontre les études de Stary portant sur la bifurcation des artères  coronaires gauches. Dans cette étude, 60 % des individus de la population  étudiée présentent ce type de lésion à cet âge. Le milieu de la deuxième  décennie apparaît comme une étape cruciale correspondant à un doublement de  l'incidence des lésions type strie lipidique et l'apparition des premières  lésions évolutives bien que toujours cliniquement muettes. L'incidence globale  des surfaces lésées ne semble plus évoluer par la suite. Ce résultat qui suggère  une filiation directe entre strie lipidique et lésion athéroscléreuse s'oppose  au concept généralement accepté d'une réversibilité potentielle des stries  lipidiques.  

 Lésion d'athérosclérose constituée non compliquée
Elle a été décrite sous plusieurs termes : lésion athéromateuse,  fibroathérome, plaque fibrolipidique, plaque fibreuse. Elle se caractérise par  une accumulation cellulaire intimale associée à une accumulation de tissu  conjonctif et de dépôts lipidiques. Deux zones distinctes la constituent, en  superficie, la chape fibreuse dominée par l'infiltration cellulaire et la  fibrose péricellulaire, et en profondeur, sous le dôme de la chape fibreuse, le  centre athéromateux, pratiquement acellulaire, rempli d'un matériel nécrotique  lipidique, de cristaux de cholestérol et d'éventuelles calcifications. À la  jonction de ces deux zones, les couches profondes de la chape fibreuse  s'enrichissent de cellules spumeuses, cellules gorgées de lipides, et de lipides  extracellulaires sous forme de fines particules disséminées. L'importance de  l'accumulation des lipides, des débris cellulaires, des processus dégénératifs  et des calcifications est extrêmement variable, dépendante à la fois de  l'individu et du territoire artériel. Certains auteurs distinguent ainsi la  plaque athéromateuse caractérisée par un dépôt lipidique extracellulaire  abondant groupé en un agrégat unique (bouillie lipidique) qui atteint les  couches les plus superficielles de la média. La partie centrale contient de  rares cellules, côté lumière elle est bordée par une couche de cellules  spumeuses ou non d'origines multiples. Le deuxième type de lésion  d'athérosclérose constituée, non compliquée est la plaque fibreuse. Elle a pour  caractère essentiel la richesse en fibres collagènes. D'apparence blanchâtre,  elle réalise une protrusion dans la lumière intimale. La plaque fibreuse  consiste en une accumulation de CML entourées de tissu conjonctif et réalisant  un véritable dôme qui recouvre l'aire profonde faite de lipides intra- et  surtout extracellulaires. Des macrophages, des débris cellulaires, et une  nécrose sont généralement associés à ces dépôts lipidiques. Ces plaques  fibreuses sont distribuées principalement dans les zones soumises à des  perturbations des forces de cisaillement.  

 Lésions compliquées
Les lésions compliquées ou avancées se différencient des plaques fibreuses  principalement par l'association, aux caractères précédemment décrits, de dépôts  calcaires. Ces zones apparaissent aussi comme des plaques fibreuses soumises à  des processus thrombotiques, hémorragiques et nécrotiques avancés.  

 Évolution et filiation des lésions
Un des points cruciaux de la compréhension de la pathogénie athéroscléreuse  réside dans l'établissement de la chronologie évolutive de ces différentes  entités anatomiques. Alors qu'il ne fait aucun doute que la lésion compliquée  n'est qu'une aggravation, par des processus thrombotiques et/ou nécrotiques, des  plaques fibreuses et que celles-ci ne sont probablement que la réponse  cicatricielle de processus inflammatoires conduisant à l'athérome, de très  nombreuses discussions animent depuis des années les pathologistes, de savoir si  la strie lipidique fait ou non le berceau de la lésion athéroscléreuse. Il est  impossible encore aujourd'hui de trancher entre les différentes interprétations  basées sur des études anatomopathologiques chez l'homme et soulignant les  profils de distribution en fonction de l'âge. Pour Stary, il semble que, dans  certains cas, la strie lipidique soit le véritable précurseur de la lésion  d'athérome. Pour d'autres au contraire, l'aspect potentiellement régressif et la  distribution anatomique plutôt spécifique des stries lipidiques ne permettent  pas d'émettre une telle hypothèse. Ce point est bien évidemment fondamental car  il gouverne véritablement toute la stratégie préventive de l'athérosclérose. En  effet, si on admet la présence de stries lipidiques dans les sites préférentiels  de développement des lésions athéroscléreuses dès l'âge de 12-15 ans, il est  bien évident que le caractère régressif ou non de telles lésions conditionnera  l'attitude thérapeutique et/ou préventive. Un autre point majeur est l'absence  d'une augmentation significative de l'incidence de ces lésions après 12-15 ans  mais aussi l'augmentation linéaire de leur aggravation.  

 Distribution anatomique des lésions
Les différents types lésionnels, indépendamment de leurs caractères  histologiques, sont distribués d'une manière assez caractéristique tout au long  des branches majeures de l'arbre artériel. Trois localisations préférentielles  peuvent être reconnues : 
- - la première, qui détermine, et de loin, les plus hauts risques potentiels  touche les branches principales de l'aorte ascendante et de la crosse aortique.  Une des plus communes et des plus graves concerne les artères coronaires (75 %  de la mortalité par maladie cardiovasculaire chez l'homme entre 25 et 65 ans).  La distribution la plus fréquente est dans la partie proximale des coronaires,  sans atteinte de la partie distale (tronc coronaire droit, tronc commun de  l'artère coronaire gauche et de l'interventriculaire antérieure). Lorsque  l'athérosclérose intéresse les artères innominées, carotides ou sous-clavières  et leurs branches principales, là encore, la distribution la plus fréquente  intéresse leurs segments proximaux dès leur départ de la crosse aortique et  généralement, plusieurs vaisseaux sont atteints, alors que les segments distaux  sont normaux. La bifurcation des artères carotides, l'origine des carotides  internes, l'origine des artères vertébrales constituent également les lieux de  prédilection, de même que le développement des lésions athéroscléreuses.  Beaucoup plus rarement, c'est la portion distale de ces artères, dans leur  trajet intracrânien, qui est touchée ;  
- - la deuxième localisation est celle qui concerne les branches viscérales de  l'aorte abdominale : coeliaques, mésentériques et rénales. Ici encore, le  processus athéroscléreux est préférentiellement localisé à la partie proximale  de ces branches, dès leur origine aortique ;  
- - la troisième localisation est celle qui affecte l'aorte abdominale dans sa  portion terminale et ses branches majeures. Les sites les plus fréquents  concernent l'origine des artères iliaques et la fémorale superficielle et, à un  moindre degré, principalement chez les diabétiques, l'artère poplitée et ses  branches. 
Ces trois localisations présentent une certaine sélectivité d'expression dans  différentes catégories de patients en fonction de l'âge, du sexe, etc. Chez un  certain nombre de patients, les lésions sont préférentiellement coronariennes  sans évidence marquée d'un développement athéroscléreux par ailleurs. Ces  lésions interviennent dans les deux sexes mais les patients sont généralement  plus jeunes que ceux présentant des lésions carotidiennes par exemple. De même,  les lésions aorto-iliaques s'observent chez des patients beaucoup plus jeunes  que ceux porteurs de lésions fémoropoplitées. Dans ce dernier cas, le sex-ratio  est de l'ordre de dix hommes pour une femme. Notons enfin que l'athérosclérose  est exceptionnelle pour les artères des membres supérieurs et qu'elle n'affecte  que très rarement les artères pulmonaires où elle n'est présente qu'en cas  d'hypertension artérielle pulmonaire.

 Caractérisation immunohistologique
Un des problèmes essentiels dans l'analyse des lésions athéroscléreuses est  la définition de la nature des cellules pariétales participant à la naissance et  à l'évolution du processus pathologique artériel.

 Endothélium et plaque d'athérosclérose
 Le développement intimal des lésions amène à poser d'emblée le problème de la  nature des lésions endothéliales. L'endothélium est anatomiquement présent au  cours du développement des plaques athéroscléreuses et au niveau des plaques  constituées 
. La  présence d'un endothélium anatomiquement intact à la surface des plaques  athéroscléreuses n'implique pas une fonctionnalité normale de celui-ci. Les  études de vasoréactivité, de potentialité thrombogène ou de proadhésivité ont  montré la profonde altération des propriétés physiologiques de l'endothélium  vasculaire. La destruction anatomique de l'endothélium en regard des plaques est  un phénomène tardif qui est un des points de départ des complications de la  plaque.

 Caractérisation cellulaire des lésions d'athérosclérose non  compliquées
 La définition des populations cellulaires de l'épaississement intimal  athéroscléreux, sous un endothélium anatomiquement présent, a pu être  partiellement abordée par les études en microscopie électronique, mais se sont  les études immunohistologiques à l'aide d'anticorps monoclonaux spécifiques de  différents types cellulaires qui ont permis de définir réellement les composants  cellulaires de la plaque athéroscléreuse 
. Ces études ont montré que la plaque fibreuse aussi  bien que le centre athéromateux étaient constitués de trois types cellulaires :  les CML, les macrophages et les lymphocytes T. Plusieurs études  immunohistologiques avaient pu montrer la présence de monocytes-macrophages au  niveau des plaques, mais c'est le groupe de Hansson à Göteborg (Suède) qui a le  premier montré non seulement la présence de macrophages mais également de  lymphocytes. Leurs résultats montrent que la chape fibrocellulaire est  constituée de 60 % de cellules desmine-positives, marqueurs spécifiques des CML,  de 25 % de cellules porteuses de l'antigène Leu-M3 spécifique de la lignée  monocytaire macrophagique et de 15 % de cellules marquées par un anticorps  antipanlymphocyte T (T4+T8). Le centre athéromateux ou nécrotique est constitué  de 60 % de cellules de la lignée monocytaire macrophagique, de 30 % de CML et de  10 % de lymphocytes T. Il est important de noter que 40 % des cellules de  l'épaulement de la plaque n'étaient marquées par aucun des anticorps, laissant  évoquer une forte proportion de CML desmine-négatives. De nombreuses études ont  confirmé ces données et permis d'affiner notamment les populations  lymphocytaires, révélant la prédominance de lymphocytes T8 notamment dans les  plaques jeunes, les lymphocytes T4 apparaissant plus dans les lésions anciennes.  Ces données confirment les approches expérimentales montrant le recrutement  précoce des monocytes circulants dans la paroi artérielle au cours de régimes  hypercholestérolés. L'athérosclérose se caractérise également par un autre type  cellulaire, les cellules spumeuses chargées de lipides. Elles s'accumulent  essentiellement autour et dans le centre nécrotique athéromateux. Les études  immunohistologiques ont permis de définir l'origine essentiellement  macrophagique de ces cellules. Cependant, une partie de ces cellules est  constituée de CML. Ces données permettent en fait de confirmer la double origine  des cellules spumeuses, macrophagiques et musculaires lisses 
.
La caractérisation des populations cellulaires et de la structure  histologique des plaques athéroscléreuses permet de définir les problèmes  fondamentaux contrôlant la naissance et l'évolution de l'athérosclérose :
- - le recrutement pariétal des monocytes et T-lymphocytes circulants ;  
- - l'accumulation néo-intimale des CML ;  
- - la présence d'une matrice extracellulaire, péricellulaire et  interstitielle en excès ;  
- - l'accumulation intracellulaire de lipides aboutissant à la formation de  cellules spumeuses. 
L'analyse des mécanismes cellulaires et moléculaires contrôlant ces  différentes étapes permet de mieux comprendre les mécanismes de l'athérogenèse.  Cependant cette analyse comme nous le verrons est forcément fragmentaire, non  intégrative, et ne permet pas de répondre à trois questions majeures : qui  instaure l'ensemble du processus ? comment l'ensemble des phénomènes se  stabilise ? quels sont les facteurs qui conduisent l'athérosclérose, processus  réactionnel pariétal, à l'athérosclérose maladie, source des maladies  vasculaires. Dans un premier temps, nous analyserons les mécanismes des étapes  clés qui caractérisent l'athérosclérose puis nous essayerons d'aborder ces trois  questions qui conditionnent l'évolution de l'athérosclérose.   

 Mécanismes cellulaires et moléculaires de l'épaississement intimal  athéroscléreux 

 Mécanismes du recrutement pariétal des monocytes et T-lymphocytes  circulants
Bien que souvent suspecté, le rôle du macrophage dans la formation des  cellules spumeuses a fait l'objet de bien des débats depuis les travaux initiaux  de Virchow 1872, puis d'Anistsckow. Aujourd'hui, ces discussions ne sont plus  d'actualité, l'utilisation des marqueurs spécifiques tels les anticorps  monoclonaux (HAM 35, Leu 3...) permet de signer sans ambiguïté la nature  macrophagique de certaines des cellules constitutives des plaques  athéroscléreuses. Les macrophages seraient de type cellulaire dominant dans les  lésions initiales et les stries lipidiques puis diminueraient en pourcentage  dans les lésions avancées de type fibrolipidique puis compliquées. Dans tous les  cas, macrophages et CML cohabitent dans les plaques athéroscléreuses,  indépendamment de leur degré de développement. Mais un point essentiel et  inattendu est venu quelque peu compliquer ce tableau, c'est la présence en  quantité importante (jusqu'à 30 %) de lymphocytes T tant dans les plaques jeunes  qu'âgées (antigène T3-CD3) sous une forme activée (HLA DR+) suggérant des  mécanismes liés à une réaction immune localisée dans l'athérogenèse. La présence de cellules circulantes mononucléées dans la paroi vasculaire et  principalement de monocytes/macrophages pose plusieurs problèmes qui constituent  actuellement l'enjeu de nombreuses recherches. Parmi ceux-ci, trois questions  essentielles se posent : quels sont les mécanismes qui gouvernent le recrutement  pariétal des monocytes et des lymphocytes ? quels sont les mécanismes de la  formation des cellules spumeuses ? quels sont les rôles des macrophages dans le  développement des lésions d'athérosclérose ? Nous aborderons, dans un premier  temps, les mécanismes cellulaires du recrutement macrophagique, les mécanismes  amenant à la formation des cellules spumeuses seront discutés ultérieurement  comme la place potentielle de l'infiltration mononucléée dans l'évolution de la  maladie. Le recrutement pariétal des monocytes et des lymphocytes dans la paroi  artérielle se fait à travers un endothélium anatomiquement présent. Ce  recrutement est en fait lié à une succession de deux processus cellulaires,  l'adhésion des cellules circulantes à l'endothélium et la migration de ces  cellules à travers l'endothélium.  
Adhésion des monocytes et des lymphocytes à la  surface de l'endothélium
L'adhésion des monocytes et des lymphocytes à la surface de l'endothélium est  liée à l'interaction de protéines d'adhésions membranaires leucocytaires avec  leurs ligands spécifiques endothéliaux 
. Les protéines d'adhésion leucocytaire responsables de  l'adhésion des monocytes et des lymphocytes à la surface de l'endothélium sont  actuellement partiellement connues. Les protéines les plus importantes  appartiennent à la famille des intégrines. Ce sont des protéines  hétérodimériques constituées d'une chaîne 

 commune et de chaînes 

 différentes et conférant la  spécificité à l'intégrine. Les intégrines de la famille des " leuCAM : leukocyte  adhesion molecule ", caractérisées par une chaîne 

2 ou CD18 et trois chaînes 

 différentes, 

L ou CD11a, 

M ou CD11b, 

X ou CD11c, sont retrouvées à la  surface des lymphocytes et des monocytes comme des polynucléaires. En revanche,  VLA-4, intégrine 

4

1 appartenant à la famille des VLA,  est une autre intégrine intervenant dans les interactions cellule-endothélium,  mais n'est retrouvée qu'à la surface des lymphocytes et des monocytes, et est  absente de la surface des polynucléaires. Les cellules mononucléées peuvent  subir, sous l'action de différentes substances (lipopolysaccharides,  leucotriènes, LDL, cytokines), un processus d'activation, augmentant leurs  propriétés adhésives pour l'endothélium. Cependant, il a pu être démontré que ce  processus d'activation des propriétés adhésives ne correspond pas à une  mobilisation membranaire de réserve intracellulaire des intégrines mais, en  fait, à une modification de l'affinité des intégrines. Cette activation induite  par l'interaction agoniste/récepteur semble médiée par la phosphorylation des  chaînes des intégrines. Les protéines d'adhésion leucocytaire vont reconnaître à la surface de  l'endothélium leurs ligands spécifiques, les protéines d'adhésion endothéliale.  Ces protéines d'adhésion appartiennent à deux familles différentes, la famille  des sélectines et la superfamille des immunoglobulines. Les sélectines sont  absentes de la surface endothéliale à l'état de repos. L'activation par des  substances plasmatiques telles que la thrombine, les leucotriènes, induit une  mobilisation très rapide mais transitoire de la P-sélectine, stockée dans les  corps de Weibel-Palade. L'activation de la cellule endothéliale par des  cytokines telles que l'interleukine 1 ou le TNF-

 induit par néosynthèse  l'apparition en quelques heures d'une deuxième sélectine, la E-sélectine. La  fonctionnalité et la demi-vie de cette sélectine restent relativement courtes.  Les ligands de ces sélectines endothéliales ont été récemment identifiés comme  étant des groupes sialyls hydrocarbonés proches du groupe Lewis et présents à la  surface des leucocytes, surtout polynucléaires. La deuxième grande famille de  protéines d'adhésion endothéliale est la superfamille des immunoglobulines.  Trois protéines différentes ont été identifiées à la surface des cellules  endothéliales : ICAM-1, ICAM-2 (ICAM : intercellular adhesion molecule) et  VCAM-1 (vascular cell adhesion molecule). ICAM-1 et -2 reconnaissent les  intégrines leucocytaires CD18-dépendantes, c'est-à-dire les trois intégrines  caractérisées par la chaîne 

2. VCAM-1 reconnaît l'intégrine  VLA-4. ICAM-2 est présente à la surface des cellules endothéliales de manière  constitutive et est non régulée par les cytokines. ICAM-1 est faiblement  exprimée à la surface des cellules endothéliales non activées, mais très  fortement induite par les cytokines IL 1 et TNF-

. Le pic d'expression est obtenu en  plusieurs heures et est stable sur une période de 24 heures. VCAM-1 n'est pas  exprimée par les cellules endothéliales à l'état de repos mais elle est en  revanche très fortement induite par les cytokines et sa durée d'expression à la  surface endothéliale est longue, proche de 3 jours. Ces données suggèrent que l'adhésion des monocytes et des lymphocytes à  l'endothélium est en fait la conséquence de la coopération de plusieurs  protéines exprimées de façon séquentielle à la surface endothéliale à la suite  d'une activation de ces cellules par des cytokines. Les cellules mononucléées  sont vraisemblablement immobilisées transitoirement à la surface endothéliale  par les sélectines, mais une adhésion stable et irréversible ne s'installe que  par la mise en jeu des protéines de la superfamille des immunoglobulines, ICAM-1  dans un premier temps puis VCAM-1. Cette adhésion stable est nécessaire au  phénomène de migration transendothéliale des monocytes et des lymphocytes. Les facteurs responsables de l'activation endothéliale sont multiples. De  nombreux facteurs physiologiques sont capables d'induire l'expression des  protéines d'adhésion endothéliale. La libération locale par les cellules  inflammatoires ou immunologiques de cytokine joue comme nous l'avons vu, un rôle  majeur dans l'induction de ces protéines. L'hyperlipidémie par les particules  LDL ou leurs formes oxydées est également capable d'activer l'adhésion des  cellules mononucléées aux cellules endothéliales, cette activation passant par  l'activation des intégrines leucocytaires ou l'induction de l'expression des  protéines d'adhésion endothéliale. Par ailleurs, l'hypercholestérolémie favorise  de manière focalisée la réplication des cellules endothéliales pouvant entraîner  une augmentation localisée de la perméabilité. De même, les altérations du flux,  au travers des modifications hémodynamiques qu'elles entraînent (altération des  forces de cisaillement), induisent des modifications morphologiques et  fonctionnelles (pinocytose, prolifération) mais surtout régulent l'expression de  nombreux gènes dont l'activité transcriptionnelle est régulée au niveau des  promoteurs par un élément de réponse sensible aux forces de cisaillement. C'est  ainsi que certaines des protéines qui vont jouer un rôle dans l'infiltration des  cellules monucléées comme la baisse de l'activité NO synthase endothéliale,  l'expression d'ICAM-1, la sécrétion par les cellules endothéliales de facteurs  chimioattractants ou proprolifératifs comme le PDGF ou le MCP-1 (monocyte  chemotactic protein-1), sont très fortement induits par une baisse des forces de  cisaillement.  
Migration transendothéliale
La migration transendothéliale des lymphocytes et des monocytes est  dépendante de l'expression endothéliale de l'ICAM-1 et du VCAM-1. Mais la  migration transendothéliale des cellules mononucléées est également dépendante  de l'existence de substances chimioattractantes attirant notamment les monocytes  dans l'intima artérielle 
. De nombreuses substances pariétales ont un effet  chimioattractant, les unes sont d'origine plasmatique comme les LDL oxydées par  les cellules endothéliales, les 

VLDL, les leucotriènes, d'autres  sont issues de la dégradation de la matrice extracellulaire comme les peptides  d'élastine, la fibronectine, d'autres sont synthétisées par les cellules de la  paroi elle-même, telle la protéine MCP-1 synthétisée par les CML et les cellules  endothéliales sous l'action de LDL oxydées ou des cytokines. Le recrutement localisé des monocytes et des lymphocytes dans les plaques  athéroscléreuses apparaît ainsi comme la conséquence d'une activation  locorégionale de l'endothélium et des CML sous-jacentes, cette activation  induisant l'apparition à la fois des protéines d'adhésion nécessaires à  l'adhésion et la migration mais aussi des facteurs chimioattractants. Les  mécanismes de déclenchement de cette activation sont vraisemblablement multiples  et variables suivant le stade de la maladie, le point de départ pouvant être  issu soit du sang circulant (LDL, monocytes circulants, hémodynamique  pariétale...), soit des cellules de la paroi elle-même (cellules endothéliales  et musculaires lisses, macrophages).  

 Mécanismes contrôlant l'accumulation néo-intimale des cellules  musculaires lisses
À la naissance, l'intima artérielle est constituée d'un endothélium reposant  sur sa lame basale et séparé de la média et de la limitante élastique interne  par une mince couche de matrice interstitielle où se trouvent quelques rares  CML. Au cours du vieillissement physiologique, l'intima s'épaissit avec  l'accumulation de glycosaminoglycanes, de quelques fibrilles d'élastine et de  petits faisceaux de collagène auxquels s'associent quelques CML et parfois des  macrophages. Au cours de l'athérosclérose, l'accumulation massive de CML dans  l'intima, sans atrophie de la média sous-jacente, n'est possible que par une  multiplication massive de ces cellules. Cependant l'accumulation et donc la  prolifération des CML intimales posent le problème de l'origine de ces cellules.  L'origine médiale de ces cellules est généralement admise bien que non évidente  chez l'homme ; mais ceci suggère d'emblée que la prolifération est sous la  dépendance de deux phénomènes majeurs, la dédifférenciation des CML et leur  migration vers l'intima. Nous aborderons ainsi les mécanismes conduisant à  l'accumulation intimale des CML dans l'athérosclérose en quatre points : 
- - les mécanismes de la dédifférenciation des CML ;  
- - l'origine des CML athéroscléreuses ;  
- - la régulation de la migration des CML ;  
- - la régulation de la prolifération des CML. 
Mécanismes de la dédifférenciation des cellules  musculaires lisses
Au cours de l'organogenèse, les tubes endothéliaux embryonnaires, d'origine  commune, recrutent dans les différents somites les cellules d'origine  mésodermique qui vont former les CML des médias vasculaires. Les origines  sommitales différentes de ces cellules expliquent vraisemblablement le  comportement physiologique et pathologique différent des CML suivant l'origine  territoriale des cellules. Après la naissance, les CML de la média des gros et  moyens calibres sont organisées en multicouches, en unités lamellaires. Les CML  de la média normale sont des cellules contractiles dont la fonction essentielle  est tournée vers la vasomotricité. Ces cellules sont dans un état différencié,  mature, contractile. L'état différencié de la cellule se caractérise comme nous  l'avons vu par l'expression de protéines contractiles et du cytosquelette, des  protéines membranaires et matricielles qui lui permettent d'assurer sa fonction  de base qui est la contraction et font de ces protéines de bons marqueurs du  niveau de différenciation. Les CML de la média aortique ne sont cependant pas  totalement homogènes.
La CML athéroscléreuse subit un phénomène de transformation phénotypique  correspondant en fait à un phénomène de dédifférenciation 
. La cellule évolue vers un statut fonctionnel différent avec  la perte ou la modification des protéines contractiles, une augmentation et une  modification de la synthèse matricielle et une modification de la répartition  des intégrines. Ces modifications rendent la cellule apte à répondre au stimulus  chimioattractant et prolifératif.
Protéines contractiles et du  cytosquelette
L'

-actine spécifique du muscle lisse,  les isoformes de la chaîne lourde de la myosine spécifique du muscle lisse,  SM-2, la métavinculine, la caldesmone de haut poids moléculaire, la calponine,  la desmine voient leur expression s'effondrer. Parallèlement l'expression des  autres isoformes de l'actine du muscle lisse, de la chaîne lourde de la myosine  non musculaire et des isoformes non épissés de la caldesmone et de la vinculine  augmentent. Ces modifications correspondent à une dédifférenciation de la  cellule qui retourne vers un phénotype proche du phénotype des CML observé au  cours des premières semaines de la vie foetale 
.
Matrice extracellulaire
La CML athéroscléreuse modifie sa matrice. La fibronectine est exprimée sous  un variant particulier caractérisé par l'expression de l'extradomaine A, absent  dans la média normale. La chaîne 

2 de la laminine tend à disparaître  pour laisser place à la chaîne 

1. Une forte induction des gènes de  tropoélastine, d'ostéopontine et d'

1 procollagène est également  observée. Ces protéines sont là aussi assez proches de celles observées au cours  de l'organogenèse, suggérant l'évolution de la cellule vers un niveau de  dédifférenciation 
.
Protéines d'interactions  cellule-matrice
Parallèlement à la modification des protéines matricielles, les protéines  d'interaction cellule-matrice se modifient avec notamment la diminution de  l'expression des intégrines 

1

1 et 

3

1, récepteurs de la laminine. Il  est intéressant de noter que le rôle des interactions CML/laminine dans le  maintien du phénotype différencié, mature, est vraisemblablement modifié  fondamentalement dans l'athérosclérose par la modification de la structure de la  laminine et de ses récepteurs 
.
Ainsi, la CML athéroscléreuse semble réexprimer de nombreuses protéines  normalement exprimées au cours du développement artériel et témoin d'un état  dédifférencié. La dédifférenciation des cellules semble être un phénomène clé de  l'athérosclérose. Les mécanismes conduisant la cellule à un état différencié  sont actuellement inconnus, mais peuvent être liés soit à la réinduction active  d'un ou de plusieurs programmes génétiques foetaux, soit à la répression ou au  défaut de maintien des programmes génétiques de la cellule mature  différenciée.
Cependant, si les cellules matures, différenciées, sont hétérogènes, les CML  intimales, " athéroscléreuses ", présentent une hétérogénéité encore plus  grande. L'étude de l'expression des protéines de différenciation révèle des  cellules 

-actine positive mais négative pour  la chaîne lourde de la myosine spécifique du muscle lisse, des cellules  positives pour la chaîne lourde de la myosine mais négatives pour la calponine  et la h-caldesmone, des cellules calponine positives mais h-caldesmone  négatives, etc. Ces cellules sont particulièrement présentes dans la région  subendothéliale de l'intima. L'étude d'autres marqueurs a permis de révéler la  présence de groupes cellulaires exprimant des marqueurs foetaux (cytokératines 8  et 18, chaîne lourde de la myosine non musculaire, tenascine, ICAM-1, VCAM-1).  Ces analyses semblent révéler que les protéines, les dernières acquises au cours  de la différenciation, sont les premières à disparaître, et ainsi que le  caractère asynchrone de la différenciation des CML.
Origine des cellules musculaires lisses dans la  plaque athéroscléreuse
L'origine exacte des CML athéroscléreuses est actuellement inconnue.  L'origine médiale des CML, secondaire à la migration des CML de la média  artérielle vers l'intima, est largement acceptée. Les études expérimentales sur  les modèles de désendothélialisation et de régime hypercholestérolé ont pu  démontrer la migration des CML de la média vers l'intima à travers les fenêtres  de la lame élastique interne. Chez l'homme, la démonstration de l'origine  médiale des CML de la plaque est impossible. Les arguments qui permettent  d'évoquer une telle origine sont l'absence de CML dans l'intima artérielle des  enfants, la présence de cellules activées, dédifférenciées ou en prolifération  dans la média juxta-intimale dans l'athérosclérose, la démonstration de  l'origine médiale des cellules dans les modèles expérimentaux, les analyses en  microscopie électronique des plaques humaines.
Cependant, l'hypothèse d'une origine intimale des CML a été émise. Benditt a  pu démontrer en 1973 la clonalité des CML athéroscléreuses, résultats jamais  réellement contredits, voire confirmés par les méthodes de biologie moléculaire  
. Le développement monoclonal pose le problème de  l'existence de cellules particulières, dédifférenciées, uniques ou en petit  nombre, de même origine et capables de répondre aux stimuli initiaux. Ces  cellules siègeraient en position intimale, soit piégées au cours de l'ontogenèse  par le développement de la limitante élastique interne, soit migrant à travers  la limitante élastique interne au cours du développement. La persistance de ces  cellules dédifférenciées dans l'intima permet d'expliquer le caractère focalisé  du développement de l'athérosclérose.
Régulation de la migration des cellules musculaires  lisses
Les mécanismes régulant la migration des cellules sont mal connus. Ils ont  été essentiellement étudiés dans les phénomènes d'angiogenèse, de métastases ou  d'embryogenèse. La migration des CML est cependant distincte de la  prolifération. Les études expérimentales par ballonnet sur la carotide de rat  ont montré que 24 à 72 heures après l'agression pariétale une sous-population de  cellules de la média subissait un processus de synthèse d'ADN. Ces cellules  migrent vers l'intima à travers la fracture de la limitante élastique interne.  Ces cellules vont continuer à proliférer dans l'intima. Cependant 50 % des  cellules qui ont migré ne prolifèrent pas 
.
Les mécanismes de migration sont sous la dépendance des modifications des  contacts normaux cellule-matrice et cellule-cellule. Comme nous l'avons vu, les  CML modifient leur lame basale et leur matrice interstitielle, la fibronectine  pourrait jouer ici un rôle important dans l'induction de la migration. Les  intégrines membranaires jouent également un rôle considérable, certaines de ces  intégrines pouvant inhiber la migration comme les intégrines 

1

1, 

V

1, d'autres étant nécessaires à la  migration des CML comme l'intégrine 

V

3 ou l'intégrine 

5

1 
. Parallèlement les cellules doivent se libérer de leurs  attaches matricielles vraisemblablement par l'apparition d'activités  protéasiques membranaires. Il a été ainsi démontré que les CML en cours de  migration expriment à leur surface du tPA contrairement aux cellules en  prolifération qui expriment essentiellement de l'uPA 
.  Les modifications des protéines contractiles et du cytosquelette sont des  éléments également nécessaires à la mise en place des phénomènes de migration.  Les phénomènes migratoires impliquent la mise en jeu de l'actine et de la  myosine non musculaire ainsi qu'une modification de la plasticité du  cytosquelette.
De multiples facteurs sont capables d'induire la migration des CML vers  l'intima 
. Ces facteurs sont issus de plasma, des plaquettes  sanguines, mais également, pour certains d'entre eux, des cellules pariétales,  cellules endothéliales macrophages et CML. Les études in vitro ont montré que la  norépinéphrine, la sérotonine, l'histamine, le PDGF, le TGF

 (transforming growth factor), la  fibronectine, le bFGF, l'IL 1, les LDL oxydées, la thrombospondine, la  vitronectine ou même des facteurs spécifiques synthétisés par la CML elle-même  comme le SMC-derived migration factor peuvent avoir suivant les conditions de  culture un effet inducteur de la migration des CML. Il est important de noter  que certains de ces facteurs, notamment les peptides d'origine plasmatique ou  plaquettaire, ont un effet inverse sur la migration des cellules endothéliales.  La plupart de ces facteurs sont également proprolifératifs pour les CML.  Cependant les effets de ces facteurs sur la migration et la prolifération des  CML doivent être dissociés. Ainsi, le PDGF induit une migration des CML à des  doses inférieures à celles nécessaires à la prolifération. Certains facteurs  peuvent induire la migration et inhiber la prolifération comme le TGF

. Cette complexité est évidente in  vivo. Les études expérimentales d'angioplastie ont pu montrer que l'induction  d'une thrombocytopénie, supprimant l'adhésion plaquettaire néo-intimale,  réduisait l'épaississement intimal secondaire sans diminuer la synthèse d'ADN  des CML. Ces résultats suggèrent que la migration et la production de matrice  extracellulaire par les CML sont plus dépendantes des plaquettes que la synthèse  d'ADN et la prolifération dans ce modèle d'hyperplasie intimale. L'origine  multiple de ces facteurs, notamment des facteurs de croissance, montre le rôle  déterminant des régulations paracrines et autocrines dans l'induction de la  migration des CML. Les macrophages sont capables de synthétiser du PDGF, du  bFGF, du TGF

1, du TGF

, de l'IL 1. Les mêmes facteurs  sont synthétisés par la CML. Le rôle de ces régulations autocrines et paracrines  dans l'induction de la migration des CML a été démontré in vivo sur les modèles  d'angioplastie. L'injection d'anticorps anti-PDGF inhibe la migration et  l'épaississement intimal. De même, les anticorps anti-bFGF inhibent la  prolifération et potentiellement la migration des CML après angioplastie chez le  rat.
La migration des CML apparaît ainsi soumise à une régulation différente de  celle de la prolifération et constitue un phénomène cellulaire important non  seulement dans les phases précoces de l'athérosclérose mais également dans la  resténose après angioplastie.
Régulation de la prolifération des cellules  musculaires lisses
Les CML de la paroi artérielle d'un sujet adulte ont un taux de prolifération  extrêmement faible, environ une cellule sur 1 000. Dans certaines conditions  expérimentales comme les dénudations artérielles ou les régimes  hypercholestérolés, la proportion des CML en prolifération augmente  considérablement. Chez l'homme, le rôle de la prolifération dans l'installation  de l'hyperplasie intimale est considéré comme très important 
. Plusieurs arguments sont là pour étayer une telle hypothèse  : le rapprochement avec les modèles animaux où le rôle de la prolifération et de  la migration des CML de la média vers l'intima est essentiel dans l'apparition  de l'épaississement intimal ; la présence d'une augmentation considérable de la  masse intimale des CML dans les artères athéroscléreuses humaines sans atrophie  majeure de la média sous-jacente et contrastant avec la quasi-absence des CML  dans l'intima normale. Cependant l'analyse du taux de réplication des CML dans  les plaques athéroscléreuses humaines, soit par thymidine tritiée sur des  artères ex-vivo, soit par des marqueurs de la phase S comme le PCNA  (proliferating cell nuclear antigen) sur des fragments artériels, montre un taux  très faible de cellules en cours de prolifération. Ainsi, Schwartz ne retrouve  aucun marquage par le PCNA dans 82 % de fragments d'athérectomie de sténose  primaire et dans 74 % de fragments de resténose postangioplastie. Le reste des  fragments montre un taux de marquage extrêmement faible 
. De plus, le même groupe avait pu montrer antérieurement que  les cellules en division peuvent être également des cellules leucocytaires. Ce  faible pourcentage n'exclut cependant pas l'hypothèse du rôle fondamental de la  prolifération. La présence d'un taux très faible de prolifération est compatible  avec une accumulation lente mais majeure des cellules, donnée compatible avec  l'évolution lente de la maladie. Il est de plus vraisemblable que l'évolution  des plaques soit épisodique, variable d'une plaque à l'autre, comme peut le  suggérer le faible pourcentage de plaques présentant des cellules en cours de  prolifération.
Les CML sont normalement à l'état quiescent dans la média. Ces cellules,  arrêtées en phase G0, ne peuvent sortir et progresser dans le cycle cellulaire  jusqu'à la mitose que sous l'action conjuguée de différentes substances telles  que les facteurs de croissance, des hormones, des lipoprotéines,... Les études  in vitro ont permis de montrer que de nombreux facteurs plasmatiques ou dérivés  des cellules sanguines, mais également synthétisés par les cellules pariétales,  cellules endothéliales et CML elles-mêmes, sont capables d'induire la  prolifération des CML. Individuellement, chacun de ces facteurs ne peut induire  qu'une prolifération limitée. Ils agissent la plupart du temps en association ou  en synergie.
Un des exemples les plus représentatifs est l'association du PDGF avec soit  les lipoprotéines, soit l'IGF1. Dans ce cas, le PDGF (facteur de compétence)  prépare la cellule à l'action des facteurs de progression (lipoprotéines, IGF1)  qui vont amener la cellule à se diviser. Cette association et cette synergie des  facteurs expliquent que beaucoup de facteurs ne peuvent potentialiser la  prolifération que dans des modèles de culture en présence de sérum. Un des  facteurs les plus étudiés est le PDGF 
. Deux types de molécules ont pu être clonés, le PDGF-A  et le PDGF-B. Le PDGF existe sous forme soit dimérique, soit homodimérique, soit  hétérodimérique. Le PDGF est relargué par les plaquettes, mais également par les  macrophages, les cellules endothéliales et les CML. L'action du PDGF nécessite  la reconnaissance d'un récepteur spécifique qui existe sous deux formes, les  formes 

 et 

. La sous-unité 

 est reconnue par les PDGF A et B,  alors que la sous-unité 

 n'est reconnue que par le PDGF-B.  Le taux et le type de récepteur sont fortement régulés à la surface des CML.  Dans la paroi normale, le taux d'expression de la forme 

 du récepteur est faible, alors que  dans les zones artérielles où l'on observe une prolifération des CML, il existe  une forte expression de la chaîne 

 du récepteur. Le TGF

, par exemple, régule l'expression  du seul récepteur 

 et pas du récepteur 

. L'angioplastie chez le rat induit  à 2 semaines une augmentation importante de l'expression de la forme 

 du récepteur au PDGF, précédé  d'une forte augmentation de l'expression du PDGF-A, effet partiellement  reproduit in vitro par la stimulation des cellules par la thrombine-

 ou les LDL natives ou oxydées. Il  est cependant intéressant de noter que les expérimentations in vivo n'ont jamais  réellement démontré une augmentation de l'expression de la forme BB du PDGF,  seule forme capable de reconnaître la forme 

 du récepteur et que la forme AA du  PDGF, seule forme synthétisée et sécrétée par les CML, a un effet prolifératif  nettement moindre que les formes AB et BB, alors que ces effets sur la migration  sur les CML sont majeurs. Ces récepteurs au PDGF sont des protéines  transmembranaires fonctionnant comme des tyrosine-protéine kinases. L'activation  du récepteur par son ligand conduit à de multiples signaux. L'activation de la  phospholipase C produit les inositol triphosphates, inducteur de l'accumulation  du Ca++ intracellulaire, et le diacylglycérol, activateur de la protéine kinase  C. Une stimulation de l'échange Na+/H+ induit une alcalinisation cytoplasmique,  une activation de la phospholipase A2 qui induit le métabolisme des  eicosanoïdes. L'activation de ces différents signaux induit l'induction de  nombreux gènes incluant les protooncogènes, les cytokines...
Mais le PDGF n'est pas le seul candidat mitogène. De nombreux facteurs ou  hormones plasmatiques, le plus souvent vasoconstricteurs sont capables  d'instaurer la prolifération (angiotensine II, adénosine, ATP, hormones  corticoïdes, catécholamines, eicosanoïdes, sérotonine, somatostatine,  thrombine). Cependant ces facteurs apparaissent souvent comme des facteurs  potentialisateurs. Les cellules pariétales sont en revanche capables d'induire  la synthèse de puissants facteurs de croissance. Les modèles d'angioplastie ont  pu montrer que le TGF

1 est fortement induit et ce très  précocement et de manière prolongée. L'éffet potentiel du TGF

 n'est pas évident dans la mesure  où cette cytokine est capable d'inhiber ou de stimuler la prolifération des  cellules suivant les conditions de culture. Infusé sur des artères dénudées, le  TGF

 induit une hyperplasie intimale et  une stimulation de la réplication des CML. Cependant, le TGF

 est sécrété sous une forme  inactive et doit être activé pour pouvoir agir. Or la plasmine, principal  activateur du TGF

, apparaît très rapidement après  une agression vasculaire par l'induction des activateurs du plasminogène. Il  apparaît ainsi possible que le TGF

1 soit un des facteurs déterminant  de la prolifération. De même, le bFGF comme l'aFGF, heparin binding growth  factors, sont capables d'induire la prolifération des CML in vitro. Normalement  sécrétés et séquestrés au niveau de la matrice extracellulaire, ces facteurs de  croissance ont peu de potentialité proliférative à l'état normal. Cependant,  dans certaines conditions d'agressions vasculaires associées à une mortalité  cellulaire, une forte libération de ces facteurs, notamment du bFGF, pourrait  jouer un rôle déterminant dans l'induction de la prolifération 
.
Mais la prolifération des CML est aussi contrôlée négativement à différents  niveaux par des molécules d'origine intra- ou extrapariétale. C'est ainsi que le  TGF

, l'interféron-

, le radical NO, l'héparine et les  héparan-sulfates produits par les cellules pariétales, la matrice  extracellulaire maintenant la cellule dans un état différencié au niveau de la  média, peuvent inhiber la prolifération des CML in vitro et probablement in  vivo.
Il est difficile de donner une hiérarchie de ces facteurs mitogènes et de  définir leur place réelle dans l'athérosclérose. Le rôle physiopathologique de  ces facteurs ne peut être démontré que par des études in vivo. Ces facteurs  doivent être capables d'induire la prolifération des CML sur des modèles  expérimentaux tels que les modèles de dénudation endothéliale douce sans  agression de la média. De même, le contrôle in vivo de ces facteurs, soit par  des anticorps monoclonaux, soit des inhibiteurs spécifiques de leurs récepteurs,  soit des antisens contrôlant l'expression des gènes induits par ces facteurs,  doit être capable d'inhiber la prolifération spontanée des CML dans des modèles  expérimentaux adaptés tels que les modèles d'angioplastie par ballonnet où la  prolifération des cellules est majeure. Ainsi, l'angiotensine II, hormone  circulante, est capable d'induire sur des modèles d'angioplastie par ballonnet  une forte stimulation de la prolifération des CML ; le PDGF ne multiplie que par  deux la prolifération des CML dans le modèle de dénudation douce alors que le  bFGF multiplie la prolifération par 40. L'utilisation d'anticorps monoclonaux  dans les modèles d'agression pariétale majeure par ballonnet a permis de montrer  que le PDGF est plus un facteur de migration que de prolifération alors que le  bFGF apparaît comme le facteur majeur d'induction de la prolifération. Ces  résultats laissent suspecter que l'attrition pariétale et la mort cellulaire  induites par le ballonnet aboutissent à un relargage massif de bFGF soit  intracellulaire, soit stocké par la matrice extracellulaire. Ces conclusions  peuvent éventuellement être étendues au modèle de resténose après angioplastie  chez l'homme, elles sont en revanche non applicables dans l'athérosclérose,  processus lent et survenant indépendamment de toute agression artérielle  brutale. Ainsi il a pu être démontré que le taux d'expression du bFGF dans les  plaques athéroscléreuses est plus bas que dans les artères normales, laissant  soupçonner un rôle mineur de cette cytokine dans le contrôle de la prolifération  des CML des plaques fibreuses. Ces résultats montrent combien il est difficile  de définir de manière réelle la place de chacun de ces facteurs dans l'induction  de la prolifération des CML dans les différentes phases de l'athérosclérose.

 Accumulation matricielle interstitielle et péricellulaire en position  intimale au cours de l'athérosclérose
 Les composants majeurs de la matrice extracellulaire entourant les CML dans  la paroi artérielle sont, comme nous l'avons vu, les collagènes, l'élastine, les  glycoprotéines non collagéniques et les protéoglycanes. Ces molécules, présentes  dans l'intima, la média et l'adventice, confèrent à la paroi artérielle à la  fois son intégrité et ses propriétés viscoélastiques. Elles jouent, de plus, un  rôle majeur par la nature des messages qu'elles sont capables de délivrer à  l'intérieur des CML par l'intermédiaire de leurs ligands membranaires, les  intégrines. Les composés de la matrice extracellulaire se répartissent en deux  compartiments majeurs, la membrane basale et la matrice interstitielle.
L'athérosclérose s'associe à de profondes perturbations de cette matrice  extracellulaire, à la fois sur le plan quantitatif et sur le plan qualitatif.  Une accumulation progressive des collagènes fibrillaires et notamment du  collagène de type I est observée dans les plaques athéroscléreuses. Une  augmentation de synthèse et une accumulation de collagène sont retrouvées dans  les modèles d'athérosclérose animale induite par les régimes hypercholestérolés.  Une augmentation de deux à trois fois de la masse des collagènes est observée  dans les plaques athéroscléreuses humaines. Normalement le tissu artériel  synthétise plus de collagène de type III que de type I. L'accumulation  préférentielle de collagène de type I par rapport au collagène de type III  laisse soupçonner le rôle du changement phénotypique dans cette expression. Une  augmentation du collagène de type V a été également rapportée. Parallèlement une  augmentation de l'élastine est observée dans les épaississements intimaux.  Cependant l'élastine néosynthétisée est souvent altérée dans sa structure avec  une diminution des ponts intercatenaires et apparition d'une fragmentation  anormale en microscopie électronique. De même, une très forte augmentation des  protéoglycanes est observée dans les plaques, correspondant à une augmentation  des différents types de glycosaminoglycanes, chondroïtine-sulfate et  dermatan-sulfate, alors que les héparan-sulfates, dont une des propriétés est de  diminuer la prolifération des CML, diminuent en quantité. Ces protéoglycanes ont  la propriété de fixer les lipoprotéines, facilitant la pénétration des lipides  dans les macrophages et participant ainsi à l'accumulation des lipides dans  l'intima.
Il est intéressant de noter que dans les modèles d'agression pariétale une  forte induction de l'expression de l'ARNm des gènes de l'élastine, du collagène  de type I, mais aussi des protéines de certains protéoglycanes comme le  ryudocan, le syndecan, le versican, le perlecan, le biglycan est observée.
Ces inductions sont relativement tardives par rapport à l'agression  pariétale, mais jouent vraisemblablement un rôle majeur dans l'induction de  l'épaississement intimal. Parallèlement, les protéines matricielles se modifient  également dans leur nature, augmentation des formes non épissées de la  fibronectine, apparition de formes trimériques de la laminine particulière par  l'expression de la chaîne 

1.
Les mécanismes qui conduisent à cette fibrose pariétale ne sont que  partiellement compris. La CML est la source essentielle de cette fibrose  pariétale. Il a été démontré que l'accumulation pariétale de collagène et  d'élastine est bien corrélée à l'induction de l'expression des ARNm des  collagènes I et III et d'élastine dans les CML. La CML, comme nous l'avons vu,  au cours de sa dédifférenciation, va en fait augmenter l'expression de protéines  matricielles déjà présentes (collagène de type I, élastine), et induire  l'apparition de nouvelles protéines soit par induction de l'expression de gènes  normalement non exprimés (chaîne 

1 de la laminine), soit par  l'induction de processus d'épissage (fibronectine). Les facteurs qui régulent  plus spécifiquement l'induction de l'expression de ces protéines matricielles ne  sont pas connus. Il est vraisemblable que le TGF

 joue un rôle majeur dans cette  induction. Il faut souligner cependant que l'activité du TGF

 nécessite son activation par la  plasmine qui permet le passage de la forme inactive à la forme active du TGF

.

 Influx des lipoprotéines dans la paroi vasculaire et formation des  cellules spumeuses
 
Rôle des cellules endothéliales
Les cellules endothéliales ne constituent pas une barrière infranchissable  pour les lipoprotéines mais elles en régulent le mouvement. Leur perméabilité  aux petites particules (HDL) est supérieure à celle des grosses particules (LDL,  VLDL) mais celle-ci est accrue par l'hypercholestérolémie, même en présence d'un  endothélium intact. De plus, la captation des LDL par les cellules endothéliales  n'est pas dépendante, pour l'essentiel, de récepteurs spécifiques 
.
En situation normale, les flux d'entrée et de sortie des macromolécules à  travers l'endothélium sont d'égale importance. En situation pathologique,  l'accumulation de cholestérol dans l'espace situé entre l'endothélium et la  première lame élastique (intima) peut résulter soit d'une augmentation du flux  d'entrée à travers l'endothélium (hypercholestérolémie), soit d'une diminution  du flux de sortie, soit d'une altération concomitante des deux mécanismes.
La concentration intimale des LDL est environ le double de la concentration  plasmatique alors que les LDL ne sont présentes qu'à l'état de traces dans la  média. Tout se passe comme si les LDL étaient piégées par la barrière que  constitue la limitante élastique interne. Cependant, la concentration de LDL  vasculaire ne dépend pas que de ces facteurs mécaniques, elle est aussi fonction  de la perméabilité endothéliale et de la capacité de dégradation  intracellulaire. L'hypercholestérolémie, si elle accroît la perméabilité  endothéliale aux LDL, réduit leur dégradation intravasculaire du fait de la  diminution des récepteurs membranaires.
La perméabilité endothéliale aux lipides est un facteur essentiel. Elle est  en partie régulée par l'état biologique des cellules endothéliales. Plus de 80 %  des cellules endothéliales en phase de mitose représenteraient des zones  perméables aux lipides grâce à l'ouverture des jonctions intracellulaires. Ces  zones pourraient, dans certains cas, représenter plus de la moitié des zones  perméables d'une artère.
L'avancée la plus significative dans la compréhension de la perméabilité  endothéliale aux lipoprotéines résulte probablement des travaux qui démontrent  que la majeure partie du transport des lipides dans le vaisseau s'effectue par  transcytose endothéliale via des vésicules plasmalemmiques non saturables et non  spécifiques qui délivrent directement des lipoprotéines dans l'espace  sous-endothélial sous une forme native et/ou modifiée qui, dans ces derniers  cas, pourraient modifier les interactions des lipoprotéines avec les autres  composantes de la paroi artérielle.
Transport pariétal : rôle des récepteurs  cellulaires
Le devenir des lipoprotéines libérées dans l'espace sous-endothélial est  fonction de la nature de la matrice extracellulaire qui constitue à la fois un  filtre et un piège des lipoprotéines, et des mécanismes de captation cellulaire  et donc de la nature et de la qualité des cellules et des lipoprotéines  pariétales. Le rôle des récepteurs cellulaires semble ici mieux marqué.
Trois types principaux de récepteurs pourraient entrer en jeu, le récepteur  Apo B/E, les récepteurs aux apolipoprotéines modifiées (et/ou les récepteurs aux  

VLDL) et les récepteurs aux HDL  
. Ces récepteurs sont inégalement répartis selon les  types cellulaires vasculaires (CML, macrophages), l'état fonctionnel et/ou  phénotypique d'un type cellulaire donné. Leurs mises en jeu dépendent de la  qualité des lipoprotéines présentes et de la qualité des interactions  cellulaires établies dans le tissu artériel (leur nombre peut être modulé par de  nombreux signaux membranaires).
Les travaux de Goldstein et Brown ont établi l'importance des récepteurs Apo  B/E aux LDL dans la captation des lipoprotéines 
. Plus des deux tiers de l'extraction tissulaire des LDL  plasmatiques sont médiés par le récepteur aux Apo B/E présent sur les cellules  hépatiques ; mais la captation des LDL au sein de la paroi artérielle semble  pour l'essentiel indépendante de ce récepteur. En effet, un dépôt interne de  cholestérol vasculaire est observé dans l'hypercholestérolémie familiale  essentielle et chez le lapin Watanabe homozygote, deux situations caractérisées  par une déficience des récepteurs fonctionnels aux LDL. La charge lipidique  résulte donc de voies alternatives. Un deuxième argument à l'encontre d'un rôle  significatif du récepteur Apo B/E est apporté par l'expérimentation in vitro.  Les monocytes-macrophages, de même que les CML en culture, ne peuvent être  transformés en cellules spumeuses par une simple incubation en présence de LDL  natives, même à forte concentration. Les récepteurs Apo B/E sont en effet  exprimés en quantités relativement faibles sur ces types cellulaires et sont de  plus régulés négativement en présence de fortes quantités de LDL.
Ces observations ont conduit à l'hypothèse que les lipoprotéines dans  l'espace sous-endothélial pourraient présenter des modifications structurales  et/ou fonctionnelles, se traduisant par une captation plus rapide et moins  régulée susceptible d'entraîner la formation des cellules spumeuses. Brown et  Goldstein ont les premiers décrit un récepteur aux lipoprotéines modifiées  (récepteur scavenger) impliqué dans le dépôt lipidique intracellulaire et la  formation de cellules spumeuses à partir de macrophages. Ils ont montré que des  modifications chimiques (acétylation, conjugaisons diverses...) des LDL  rendaient possible leur captation par le macrophage de manière spécifique mais  non régulée. Ces récepteurs ont été trouvés présents jusqu'ici dans les  macrophages, les cellules endothéliales et les CML. Leurs structures sont  identifiées, et leurs gènes clonés 
. Depuis  ces travaux, plusieurs types de modifications biologiques et non plus chimiques,  susceptibles d'intervenir in vivo et d'instaurer la mise en jeu de ces  récepteurs, ont été reconnus (oxydation, glycosylation...) 
.
Modifications intravasculaires des  lipoprotéines
Il apparaît de plus en plus évident que les lipoprotéines sont susceptibles  de subir un certain nombre de remaniements structuraux au cours de leur  transfert pariétal. Parmi ceux-ci, l'oxydation biologique a fait l'objet des  études les plus larges, en particulier par le groupe de Steinberg 
. Les auteurs ont démontré que les LDL incubées en présence de  cellules endothéliales, musculaires lisses ou de macrophages en culture  subissaient une série de modifications qui se traduisaient par une captation  macrophagique dix fois plus rapide que celle des LDL normales. Ainsi, trois  types cellulaires majeurs de la paroi artérielle sont susceptibles de  transformer les LDL natives en LDL modifiées reconnues par un récepteur  spécifique non régulé. Une des voies majeures de cette transformation pourrait  être due à des mécanismes d'oxydation débutant par la peroxydation des acides  gras polyinsaturés présents dans les LDL (la transformation est en effet inhibée  par les antioxydants tels que vitamine E ou probucol) et se propageant au sein  de la lipoprotéine, entraînant des modifications des structures protéiques  (masquage des groupes C aminés de la lysine) qui altèrent la reconnaissance du  récepteur spécifique Apo B/E. Il semble aujourd'hui acquis que de telles  modifications révélées in vitro puissent intervenir in vivo. Bien que la  présence de LDL oxydées circulantes n'ait pu être mise en évidence, des travaux  récents indiquent la présence de LDL oxydées dans la paroi artérielle de lapins  Watanabe et chez l'homme. De plus, les anticorps circulants, antilipoprotéines  oxydées ont été retrouvés dans le plasma humain.
L'oxydation ne constitue pas la seule modification postsécrétoire susceptible  d'affecter les lipoprotéines. La formation de complexes  (glycosaminoglycanes/lipoprotéines/fibronectine/lipoprotéine), le catabolisme  cellulaire, en particulier par les plaquettes, l'agrégation des  lipoprotéines...suffisent à permettre la reconnaissance et la captation par les  macrophages, soit par des mécanismes dépendants des récepteurs des lipoprotéines  modifiées et/ou de la protéine complexante, soit encore et plus généralement par  des mécanismes de phagocytose. La glycosylation représente sans aucun doute un  élément important de ces mécanismes. L'Apo B peut se conjuguer en effet de  manière non enzymatique avec le glucose. La glycosylation in vitro conduit à une  captation réduite des LDL par le récepteur Apo B/E dans les cellules  endothéliales, les fibroblastes et les hépatocytes mais ces formes  lipoprotéiniques glycosylées sont très rapidement captées par les macrophages et  les CML. De telles modifications pourraient être impliquées dans l'accélération  du processus athéroscléreux chez les diabétiques. Les LDL peuvent aussi se  combiner avec les immunoglobulines et être captées via le récepteur Fc. La  captation des 

VLDL (IDL+VLDL) normales et/ou  oxydées peut également constituer une voie alternative à la charge cholestérolée  des cellules vasculaires.
Déterminisme du dépôt lipidique - Formation des  cellules spumeuses
Le mécanisme de la formation des cellules spumeuses a été très largement  étudié depuis les travaux princeps de Goldstein et Brown consacrés aux  récepteurs spécifiques de lipoprotéines. Pour les résumer très succinctement, il  faut aujourd'hui admettre que le récepteur de lipoprotéines normales (Apo B/E)  ne joue aucun rôle direct dans la genèse des cellules spumeuses. Ce récepteur en  effet, dont l'expression est régulée négativement par la concentration de LDL,  n'est plus exprimé dès que la concentration de cholestérol intracellulaire est  suffisante, empêchant ainsi tout effort superflu à la cellule. Il ne peut donc  expliquer l'accumulation intracellulaire de cholestérol. D'ailleurs, son absence  d'activité dans l'hypercholestérolémie familiale homozygote se traduit par une  accumulation précoce et explosive du cholestérol dans la paroi artérielle et par  le développement d'une athérosclérose juvénile intense. Il en est de même dans  le modèle expérimental que constitue le lapin Watanabe. Les récepteurs aux 

VLDL et le(s) récepteur(s) aux LDL  modifiées, isolés et caractérisés, mal ou pas régulés en retour paraissent en  revanche plus directement impliqués. Par exemple, les VLDL de patients  hypertriglycéridémiques se lient aux récepteurs des 

VLDL, sont internalisés et  hydrolysés, le cholestérol ainsi libéré est réestérifié et s'accumule sous forme  de gouttelettes lipidiques conduisant à la formation de macrophages spumeux.
N'oublions pas cependant qu'une partie importante du dépôt lipidique  intracellulaire résulte de mécanismes de macrophagie (agrégats lipidiques,  complexes lipides-protéoglycanes non saturables et/ou de mécanismes saturables  dépendant de récepteurs non directement liés aux apolipoprotéines mais à des  épitopes présents dans le complexe lipoprotéines-protéine) et que les  macrophages ne représentent pas la totalité des cellules à l'origine des  cellules spumeuses artérielles puisque les CML sont capables d'accumuler des  gouttelettes lipidiques et de prendre le caractère spumeux bien quelles soient,  semble-t-il, dépourvues de récepteurs aux LDL modifiées.
Lipoprotéines pariétales
L'épuration du cholestérol vasculaire est une étape essentielle. Cependant,  les capacités cataboliques du tissu vasculaire restent limitées. Des travaux  récents ont en effet démontré que 70 % des lipoprotéines à Apo B pénétrant le  tissu aortique in vivo le quittaient sans dégradation.
Plusieurs études chez l'homme et chez l'animal ont permis de préciser que la  quantité de stérol présente dans les couches moyennes ou profondes de la média  après exposition in vivo à du cholestérol radioactif restait très faible  lorsqu'on la comparait à celle observée dans les couches superficielles de  l'artère (intima). Ces résultats suggèrent une pénétration limitée des  lipoprotéines plasmatiques et une incidence faible des lymphatiques et des vasa  vasorum dans ces mécanismes d'épuration alors qu'un rôle des récepteurs  spécifiques dans le transfert pariétal a pu être proposé. Dans ces conditions,  le cholestérol pariétal devrait être essentiellement commandé par le transport  reverse lié aux HDL.
Rôle des HDL
L'hypothèse la plus attractive concernant le rôle protecteur des HDL  vis-à-vis de l'athérogénécité est très probablement celle du transport reverse,  très largement étayée in vitro. Cependant, aucune évidence qualitative et/ou  quantitative n'a pu jusqu'ici être fournie in vivo. Plusieurs hypothèses  alternatives demeurent. Par exemple, les HDL inhibent la liaison des LDL aux  composantes de la matrice extracellulaire ou encore inhibent l'oxydation des  LDL. De manière générale, il semble que le flux vasculaire des HDL qui surpasse  très largement le flux des LDL est donc susceptible d'assurer une épuration  optimale.
Le problème de l'implication d'un récepteur spécifique (des HDL) dans la  captation périphérique du cholestérol reste l'objet de discussion. Il a été  démontré, en effet, en culture de fibroblastes et de CML humaines que l'activité  du récepteur extrahépatique était régulée par le taux de cholestérol (régulation  positive). Plus récemment, il a été trouvé dépendant de l'état de croissance  cellulaire (régulation négative). Cependant, des résultats contradictoires  suggèrent une simple diffusion membranaire, dans la mesure où une modification  chimique des HDL, altérant leur affinité pour les récepteurs, ne semble pas  modifier le flux du cholestérol cellulaire bien qu'elle puisse en modifier  l'influx. Dans ce cas, le transport de cholestérol libre est bidirectionnel mais  sa direction préférentielle est influencée par plusieurs événements métaboliques  spécifiques. En particulier, la captation tissulaire du cholestérol par les HDL  ne peut se faire que sous forme libre et suppose donc un catabolisme actif des  lipoprotéines et des esters de cholestérol au sein du tissu vasculaire.
Métabolisme vasculaire des esters de cholestérol  Coopération cellulaire et régulation
Après endocytose dépendante des récepteurs, les lipoprotéines LDL sont  dégradées dans le compartiment lysosomial cellulaire. Les esters de cholestérol  sont hydrolysés par une hydrolase acide spécifique (ACEH) et le cholestérol  libre rejoint le pool cytoplasmique. Sous cette forme, il régule l'activité de  synthèse endogène du cholestérol (régulation négative de l'HMg CoA-réductase) et  limite la synthèse des récepteurs Apo B/E (réduction de la transcription).  Cependant, le cholestérol libre est métaboliquement actif et sa concentration  cellulaire est étroitement contrôlée. Le cholestérol libre en excès est stocké  sous forme d'ester via l'acyl-CoA acyltransférase (ACAT) et s'accumule sous  forme de gouttelettes lipidiques intracytoplasmiques à l'origine des cellules  spumeuses. Il peut être secondairement hydrolysé par une hydrolase neutre  cytoplasmique (NCEH). Le cholestérol libre transite alors vers la membrane  cellulaire où il peut être pris en charge par les HDL ou d'autres accepteurs,  par des mécanismes encore mal élucidés. L'ensemble réalise le cycle des esters  de cholestérol.
Les différents systèmes enzymatiques impliqués dans le métabolisme cellulaire  sont très étroitement régulés par des mécanismes autocrines et/ou paracrines  dans lesquels des médiateurs lipidiques (eicosanoïdes) semblent devoir jouer un  rôle tout particulièrement actif.
Le concept d'une modulation du métabolisme des lipoprotéines par les  eicosanoïdes est né d'observations démontrant que la PGE2 inhibait  l'estérification par l'ACAT du cholestérol dans des homogénats de peau de rat.  Ces résultats ont été rapidement confirmés en système cellulaire intact (CML et  macrophages). La PGE2 reste en revanche sans action sur les activités  hydrolasiques neutres ou acides. Hajjar a par la suite démontré, en système  cellulaire intact, que la PGI2 stimulait ces activités hydrolasiques neutres et  acides des esters de cholestérol 
. Cet  effet n'est d'ailleurs pas lié aux seules prostaglandines puisque les dérivés  monohydroxylés de type 12-et 15-HETE et dihydroxylés sont susceptibles de  stimuler les activités ACEH et NCHEH. Compte tenu de ces résultats, l'hypothèse  d'un contrôle du métabolisme du cholestérol dépendant des interactions  cellulaires par des mécanismes autocrines et/ou paracrines a pu être proposée et  démontrée en coculture de cellules endothéliales et musculaires lisses. Les  eicosanoïdes pourraient par ailleurs jouer un rôle plus direct dans le contrôle  de l'efflux de cholestérol par les HDL.
Bien d'autres facteurs (état phénotypique des cellules, cytokines, facteurs  de croissance...) sont susceptibles de moduler le dépôt de cholestérol  intracellulaire. Par exemple, les cellules endothéliales, particulièrement à  confluence, facilitent la fixation des 

VLDL aux CML et ainsi stimulent le  dépôt de cholestérol, en particulier dans les CML en phénotype sécrétoire via un  double effet sur les lipoprotéines (oxydation) et sur les CML. Les mitogènes  issus des cellules endothéliales peuvent stimuler l'entrée des CML en  prolifération avec pour conséquence des modifications du métabolisme des LDL.  D'autre part, un facteur de faible poids moléculaire, issu des cellules  endothéliales, stimule le métabolisme du cholestérol par les CML.
Ainsi, la paroi vasculaire dispose de tout un arsenal étroitement régulé pour  s'opposer à une surcharge en cholestérol. La surcharge, lorsqu'elle intervient  ne dépend pas seulement de l'accroissement du cholestérol circulant, elle est  aussi le fait de déséquilibres métaboliques divers des voies normales de  régulation de l'influx et de l'efflux des lipoprotéines pariétales.
L'analyse des mécanismes cellulaires et moléculaires contrôlant les  différentes étapes de l'épaississement intimal athéroscléreux permet de  comprendre les différentes phases de l'athérogenèse, mais n'apporte qu'une  vision fragmentaire, non intégrative de celle-ci. Quatre questions majeures  doivent être posées : qui instaure l'ensemble des processus cellulaires ? qui  détermine l'ampleur du processus réactionnel pariétal ? comment l'ensemble des  phénomènes se stabilise ? quels sont les facteurs qui conduisent  l'athérosclérose, processus réactionnel pariétal, à l'athérosclérose maladie,  source des maladies vasculaires ?

 Facteurs d'initiation de l'athérogenèse
Les facteurs responsables de l'initiation de l'athérosclérose sont  imparfaitement connus. La première difficulté vient dans la définition même de  la phase initiale de l'athérosclérose. Cependant, si l'on considère  l'athérosclérose comme un processus pariétal réactionnel caractérisé par un  double phénomène d'infiltration lipidique et de fibrose pariétale tel que nous  l'avons défini, nous pouvons définir la phase initiale de l'athérosclérose comme  l'étape qui permet aux trois acteurs cellulaires responsables de l'infiltration  lipidique et de la fibrose pariétale d'être présents, les macrophages, les  lymphocytes T, les CML.
Dès lors, deux hypothèses pathogéniques non exclusives dominent cette phase  initiale de l'athérosclérose, soit l'activation locorégionale de l'endothélium  permettant le recrutement des cellules macrophagiques et des lymphocytes T,  ceux-ci activant dans un deuxième temps le recrutement des CML, soit  l'activation locorégionale des cellules intimales normalement présentes au cours  du vieillissement physiologique, les cellules macrophagiques, les rares CML  intimales, voire des cellules souches d'origine musculaire lisse. Cette  activation induit dans un deuxième temps l'activation endothéliale et le  recrutement néo-intimal des CML.
Dans les deux cas, l'étape d'initiation est dominée par l'activation de  l'endothélium et/ou des cellules intimales. Le problème est dès lors de définir  les facteurs responsables de cette activation, les facteurs d'initiation. C'est  à ce niveau que s'intègrent certains facteurs de risque vasculaires tels qu'ils  ont été définis par les études épidémiologiques. Le rôle de certains facteurs  est évident comme les conditions de flux et le stress hémodynamique pariétal,  les facteurs plasmatiques au premier rang desquels sont les lipoprotéines, mais  également certains agents chimiques, toxiques, ou infectieux comme  l'homocystéine, les agents cancérigènes, les virus, certaines hormones ou  peptides.
Suivant la conception des phénomènes d'initiation, plusieurs théories  pathogéniques de l'athérosclérose ont été évoquées, chacune mettant en exergue  un point particulier, lipides, plaquettes, virus... Nous reprendrons  quelques-unes de ces théories, tout en sachant qu'elles sont souvent non  contradictoires.
Théorie de réponse à l'agression 
 : cette hypothèse, héritière des conceptions des  grands pathologistes de la fin du siècle dernier (Rokitansky), est basée sur des  observations expérimentales d'induction de la prolifération des CML dans  l'espace intimal sous l'effet d'une lésion (mécanique ou autre) de  l'endothélium, la lésion ainsi créée pouvant être accélérée et accentuée par une  hypercholestérolémie. La reconnaissance d'un facteur dérivé des plaquettes  susceptibles d'induire la réponse proliférative des CML, le PDGF, a stimulé les  recherches dans cette voie en particulier sur différents aspects de la biologie  des cellules endothéliales et des CML. Cependant, la théorie initiale reposant  sur une lésion morphologique de l'endothélium avec dénudation a dû être modifiée  pour répondre aux conditions d'initiation de l'athérosclérose en particulier  sous l'effet d'une hypercholestérolémie, dans laquelle incontestablement, la  lésion dénudante de l'endothélium ne peut être considérée comme un prérequis à  la formation des lésions. Aujourd'hui, il est considéré qu'une simple altération  fonctionnelle de l'endothélium, sans dénudation, est suffisante pour conduire au  développement d'une plaque. En conséquence, le rôle des plaquettes, agents  réactifs privilégiés par la sécrétion de facteurs de croissance (PDGF), de  cytokines, ou d'autacoïdes divers, a dû être revu puisque leur activation  nécessitait une adhésion et une agrégation dépendante des structures  fibrillaires sous-endothéliales. Le monocyte macrophage est alors revenu occuper  le devant de la scène, compte tenu de ses propriétés sélectives d'adhésion, de  migration et de sécrétion de facteurs activateurs des cellules vasculaires.
Ainsi, sous des termes nouveaux autour de concepts, issus de la biologie  cellulaire, sommes-nous revenus aujourd'hui à une théorie très proche de la  théorie initiale de Virchow et Rindfleisch (1872), théorie inflammatoire  supportant des origines multiples dont l'hypercholestérolémie même modérée, et  dont les principales composantes se caractérisent par une infiltration  monocytaire, un dépôt lipidique et une prolifération des CML.
Théorie monoclonale 
 : au-delà  des concepts inflammatoires liés à l'induction de facteurs interactifs humoraux  et cellulaires susceptibles d'être traduits par une réponse univoque  (prolifération) d'un type cellulaire mésenchymateux, la CML vasculaire, d'autres  hypothèses susceptibles d'expliquer la prolifération des CML méritent attention.  C'est le cas en particulier de l'hypothèse originale de Benditt (1973)  assimilant l'athérosclérose et la prolifération des CML qui est liée à un  phénomène néoplasique bénin, consécutif à une mutation induite par des agents  variés. La nature monoclonale des lésions athéroscléreuses observées dans le  travail original a été discutée sur des bases théoriques, en particulier sur le  fait qu'une composition monoclonale des cellules de plaque pourrait être la  conséquence d'une sélection d'une sous-population cellulaire au cours du  développement et donc n'exprimer qu'un monotypisme cellulaire.
Théorie virale 
 : de  nombreux travaux montrent la présence du virus de l'Herpès (HSV1) dans des  plaques athéroscléreuses et surtout, la réalisation de plaques fibrocellulaires  chez le poulet par un protocole d'initiation-promotion utilisant le  dimétyl-benzène anthracène et la méthoxamine, la création de plaque après  injection de virus de Harek, et enfin l'obtention de gènes transformants à  partir d'ADN extrait de plaques athéroscléreuses humaines sont autant  d'arguments positifs de la possibilité d'une prolifération autonome des CML  vasculaires.
En somme, de très nombreux mécanismes sont susceptibles d'expliquer  l'initiation d'un processus prolifératif des CML, mais leur mise en jeu in vivo  reste pour l'essentiel hypothétique. La réponse pariétale à ces facteurs  d'initiation est sûrement dépendante du terrain génétique de l'individu, mais la  constance de ces facteurs et la prévalence de l'athérosclérose, en tant  qu'entité anatomopathologique, dans les pays industrialisés, suggèrent que  l'athérosclérose n'est peut-être qu'un processus réactionnel pariétal normal et  quasi obligatoire et qu'il est peut-être illusoire d'espérer l'éviter. Le vrai  problème est peut-être non pas dans l'initiation du phénomène mais dans son  évolution.

 Mécanisme de progression de l'athérosclérose
Qui détermine l'ampleur du processus réactionnel pariétal ? L'ampleur de la  phase initiale conditionne évidemment l'ampleur du phénomène, mais il apparaît  de plus en plus vraisemblable que la présence des trois composants cellulaires  va permettre le développement d'une réaction inflammatoire et/ou immunologique  qui ne va qu'amplifier l'importance de la réaction pariétale. Les CML comme les  macrophages portent à leur surface des antigènes d'histocompatibilité qui vont  permettre l'amplification autocrine et paracrine de la réaction inflammatoire.  Les facteurs plasmatiques (LDL oxydés, thrombine, angiotensine, ADP) ou  relargués par les cellules pariétales (facteurs de croissance ou  chimioattractants, protéines matricielles) ne vont que majorer les phénomènes de  recrutement cellulaire, mononucléées ou musculaires lisses, en favorisant  l'activation endothéliale et macrophagique, la dédifférenciation, la migration  et la prolifération des CML. L'athérosclérose est un phénomène lent qui va  évoluer par poussées. Parmi les facteurs essentiels de ces poussées évolutives,  il faut mentionner les poussées inflammatoires et l'accumulation massive de  lipides. Un autre facteur important est la réendothélialisation de thrombi  pariétaux localisés et déclenchés par les lésions endothéliales.

 Stabilisation des plaques
Les mécanismes de stabilisation ou de cicatrisation ont été peu abordés dans  la littérature scientifique. Il est cependant évident que dans la très grande  majorité des cas, le processus réactionnel pariétal s'arrête. La resténose après  angioplastie donne un bon exemple de cette progression limitée dans le temps. Il  est possible que les phénomènes d'activation cellulaire s'épuisent. Cependant  certaines données laissent penser que l'arrêt pourrait être un phénomène actif  contrôlé par la CML, soit par des facteurs cytokiniques (TGF

), soit par la modification de  l'environnement matriciel (héparansulfates), soit par une redifférenciation des  cellules 
. D'autres  cellules comme les lymphocytes T pourraient jouer un rôle dans la stabilisation  de la réaction pariétale.

 Régression des plaques d'athérosclérose
La régression de l'athérosclérose est-elle possible ? La notion de régression  des lésions athéroscléreuses a été établie sur la base de données expérimentales  obtenues sur des modèles animaux. Chez l'homme, il n'y a pas d'évidence d'une  véritable régression. Les données obtenues suggèrent bien plus un retard  évolutif cliniquement apprécié par angiographies séquentielles, dont on connaît  toutes les limites, et les difficultés de mise en oeuvre. Une stabilisation du  processus évolutif devrait cependant être obtenue par un contrôle rigoureux des  principaux facteurs de risque et des actions thérapeutiques sur lesquels nous  reviendrons. En dehors d'une véritable prévention primaire de l'athérosclérose  (régime alimentaire, suppression du tabac, etc) du domaine de l'éducation, la  prévention secondaire, en fait le ralentissement de l'évolutivité, présente  plusieurs modalités d'approche dont les principales, en pratique, interfèrent  avec le contrôle du risque lipidique d'une part et du risque thrombotique  d'autre part.

 Mécanismes de la rupture de plaque
Quels sont les facteurs qui conduisent l'athérosclérose, processus  réactionnel pariétal, à l'athérosclérose maladie, source des maladies  vasculaires ? La plaque athéroscléreuse peut entraîner un épaississement intimal  considérable, entraînant une réduction notable du calibre de vaisseaux de moyens  calibres et des retentissements fonctionnels en aval. Cependant, l'apparition  des événements cardiovasculaires aigus nécessite l'évolution de la plaque  athérosclérose vers la lésion athéroscléreuse compliquée 
.  Trois événements brutaux vont faire basculer l'évolution clinique : les  ulcérations, les ruptures de plaque et les hémorragies intraplaques.  L'ulcération de plaque se caractérise par une ulcération endothéliale permettant  l'interaction entre les plaquettes circulantes et le sous-endothélium vasculaire  et l'initiation d'un phénomène de thrombose. Le thrombus pariétal reste souvent  de volume limité et peut être secondairement incorporé à la paroi, induisant une  aggravation du degré de sténose artérielle. Cependant la plaque subit souvent  plus qu'une simple ulcération endothéliale, mais une véritable rupture intimale.  Les mécanismes conduisant à la rupture de plaque sont inconnus mais plusieurs  hypothèses sont actuellement évoquées. La plaque d'athérosclérose peut être  comparée à une structure géodique creuse. La fracture peut être liée soit à une  fragilisation du toit de la géode, c'est-à-dire de la plaque fibreuse, soit à  une augmentation de la pression interne à la géode, c'est-à-dire du centre  nécrotique. Dans le premier cas, l'infiltration de l'épaulement de la plaque par  les cellules inflammatoires associée à une augmentation de la dégradation  matricielle ou la mort cellulaire programmée, l'apoptose des CML, pourrait  entraîner la fragilisation de la plaque fibreuse. Dans le deuxième cas, une  simple augmentation du contenu en lipides extra ou intracellulaires au centre de  la plaque, ou la brusque contraction de la média, plancher de la géode, sous  l'effet d'un spasme, suffira pour induire la rupture de la plaque. Les  circonstances de survenue de rupture de plaque sont souvent similaires, mais  surviennent cependant de façon aléatoire. Dans 5 % des cas, l'infarctus survient  dans les heures qui suivent un effort intense. Il existe un pic matinal  d'incidence de l'infarctus. Plusieurs hypothèses physiopathologiques peuvent  expliquer ces circonstances : augmentation de la pression artérielle, de la  fréquence cardiaque, de la vasomotricité coronaire, de l'agrégabilité  plaquettaire ou du fibrinogène plasmatique. Quoi qu'il en soit, la rupture de  plaque est la complication majeure dans l'évolution de la plaque  athéroscléreuse, aboutissant à la formation d'un thrombus majeur artériel  induisant soit une occlusion totale du vaisseau, soit une embolie périphérique.  Les mécanismes d'initiation des phénomènes thrombotiques sont sous la dépendance  d'une part de l'interaction des plaquettes avec le sous-endothélium et  l'induction du processus d'agrégation plaquettaire et d'autre part de la  formation de thrombine et l'initiation de la coagulation proprement dite.  L'interaction des plaquettes avec le sous-endothélium et notamment le collagène  de type I se fait par l'intermédiaire de glycoprotéines membranaires notamment  la glycoprotéine Ib qui interagit avec les espaces sous-endothéliaux par  l'intermédiaire du facteur von Willebrand. La glycoprotéine IIb-IIIa, récepteur  plaquettaire du fibrinogène mais aussi de la fibronectine, du facteur von  Willebrand, participe aussi à la fixation des plaquettes au sous-endothélium,  mais surtout est à l'origine de l'agrégation plaquettaire indispensable à la  formation du thrombus artériel. Parallèlement la rupture de plaque va induire la  cascade de la coagulation, notamment par la libération du facteur tissulaire.  Cela va aboutir à la formation de thrombine amplifiant l'activation  plaquettaire, induisant la formation de fibrine. La formation du thrombus va  évidemment avoir des conséquences le plus souvent dramatiques, induisant soit un  arrêt circulatoire brutal, soit une embolie, le thrombus étant dans ce cas-là  rapidement fractionné et détaché par les conditions de flux. Les hémorragies  intraplaques sont moins fréquentes que les ulcérations et ruptures thrombogènes  de la plaque. Elles sont liées soit à une rupture de microvaisseaux nés d'une  néovascularisation s'étendant à partir de l'adventice vers la base de la plaque,  soit à une irruption du sang circulant dans la zone nécrotique centrale de la  plaque après fracture intimale. Les hémorragies intraplaques induisent une  augmentation brutale du volume de la plaque dont les conséquences peuvent être  comme précédemment l'aggravation brutale du degré de sténose ou l'occlusion  artérielle mais aussi le clivage de la paroi induisant une dissection artérielle  ou une embolie distale du contenu du centre nécrotique.
En conclusion, il est difficile de donner une théorie d'ensemble, d'unicité,  monofactorielle expliquant l'ensemble de ces phénomènes. La présence de  lymphocytes T et de macrophages donne à l'ensemble du processus artériel une  dimension inflammatoire et immunologique. La dédifférenciation et la régulation  autocrine et paracrine des CML, leur clonalité évoquent un phénomène proche d'un  processus néoplasique focalisé et contrôlé dans le temps. Il est également  difficile de définir le facteur initial de déclenchement (LDL, virus,  hémodynamique, cytokines...) ou l'étape initiale (modification de l'endothélium,  infiltration macrophagique, dédifférenciation et stimulation des CML,  infiltration lipidique). L'athérosclérose est en fait vraisemblablement un  processus réactionnel pariétal qui se met en place à la suite d'agressions  pariétales d'origines multiples.
L'épidémiologie de l'athérosclérose, lésion anatomopathologique de l'artère,  doit être distinguée de celle de l'athérosclérose-maladie. La différence est  liée au fait que l'athérosclérose artérielle peut rester cliniquement  silencieuse et ne jamais faire évoluer le patient vers les pathologies  cardiovasculaires.
Les études épidémiologiques autopsiques, basées sur les analyses  anatomopathologiques, ont permis de montrer l'extrême prévalence de  l'athérosclérose artérielle 
. L'accumulation de cellules spumeuses en région  intimale des artères coronaires est observée chez 65 % des enfants de 12 à 14  ans. Toutes ces lésions minimes n'évolueront pas vers des lésions  athéroscléreuses mais 8 % de ces enfants ont déjà des lésions plus avancées,  préathéromateuses. À 30 ans, un tiers des hommes présente des lésions  fibroathéromateuses des coronaires. La fréquence des lésions est supérieure chez  l'homme que chez la femme. Parallèlement à ces données, les études autopsiques  rétrospectives et prospectives ont permis de montrer l'existence de différences  géographiques dans le degré d'extension de l'athérosclérose, les pays  industrialisés étant plus atteints. Elles ont également permis de montrer la  prépondérance de l'atteinte aortique et coronarienne par rapport aux autres  localisations. Les rares études autopsiques réalisées sur des populations  suivies de manière prospectives ont de plus permis de confirmer la notion de  facteurs de risque de l'athérosclérose définis initialement par les études  épidémiologiques cliniques.
Les études épidémiologiques cliniques des maladies liées à l'athérosclérose,  plus faciles à réaliser car basées sur la survenue des maladies  cardiovasculaires au sein d'une population, ont montré que  l'athérosclérose-maladie est la première cause de mortalité dans les pays  industrialisés. Ces études sont évidemment difficiles à interpréter dans la  mesure où elles analysent, dans des populations suivies de manière prospective,  la survenue d'événements cliniques dont le diagnostic est parfois difficile. Une  des rares études menées en France a été l'étude prospective parisienne  
.
L'épidémiologie des maladies cardiovasculaires est caractérisée par le déclin  de la mortalité due à la cardiopathie ischémique au cours des 30 dernières  années. Les principales données sont issues de l'OMS, du Centre national des  États-Unis pour les statistiques de santé, les enquêtes canadiennes de santé  cardiaque, le projet MONICA et une série de publications nationales.
L'analyse de la mortalité globale montre qu'après ajustement à la pyramide  des âges, les taux de décès toutes causes confondues s'échelonnent entre 690  pour 100 000 habitants en France à 990 pour 100 000 au Mexique. En général, le  taux de mortalité est plus faible dans les pays du Sud que dans les pays du Nord  en Europe et inversement dans le continent américain 
.
Les variations suivant les pays des taux de décès pour toutes les maladies  cardiovasculaires et pour les cardiopathies ischémiques sont également  considérables 
. La prévalence des cardiopathies ischémiques est  extrêmement importante dans les pays industrialisés. Le profil de décès pour les  cardiopathies ischémiques met en évidence un gradient nord-sud en Europe avec  ainsi un taux de décès par maladie cardiovasculaire le plus faible en France (62  pour 100 000 habitants), contrastant avec un taux élevé dans le Nord de l'Europe  comme la Finlande (400/100 000) ou l'Écosse (427/100 000). En Amérique, les taux  de mortalité dus à la cardiopathie ischémique sont plus élevés en Amérique du  Nord et plus faibles en Amérique du Sud et en Amérique centrale, contrastant  avec la constatation inverse pour la mortalité globale. Ainsi, les maladies  cardiovasculaires représentent presque la moitié des décès en Europe mais  seulement un tiers en France. Le pourcentage de décès liés aux cardiopathies  ischémiques est également extrêmement variable d'un pays à l'autre, allant de 7  à 13 % en Europe du Sud à plus de 20 % en Europe du Nord et en Amérique du Nord.  Les taux de décès de la cardiopathie ischémique sont plus élevés pour les hommes  que pour les femmes dans tous les pays (4/1 en France). Il existe également une  augmentation considérable des taux de décès dus à la cardiopathie ischémique  avec l'âge.
L'incidence des pathologies coronariennes, c'est-à-dire le taux moyen de  nouveaux cas, est également élevée dans les pays du Nord de l'Europe et dans les  pays anglo-saxons, et est faible au Japon, dans les pays du tiers monde et dans  certains pays méditerrannéens. Ainsi par exemple, l'incidence moyenne annuelle  des cardiopathies ischémiques pour 1 000 sujets entre 55 et 64 ans était de 21  dans l'étude de Framingham et de 10,6 dans l'enquête prospective parisienne.  L'incidence des pathologies coronariennes est très faible chez la femme avant la  ménopause pour s'accroître très rapidement ensuite et rattraper l'incidence  moyenne des sujets de sexe masculin.
La prévalence des artériopathies des membres inférieurs dans la population  des pays occidentaux est plus faible, atteignant 1 % dans la cinquième décennie.  L'incidence moyenne est également plus faible que celle des cardiopathies  ischémiques. Dans l'étude prospective parisienne, l'incidence chez les hommes de  la cinquième et de la sixième décennie est de 1,2/1 000 par an.
Les données concernant les accidents vasculaires cérébraux sont plus  difficiles à analyser par la nature complexe des mécanismes pathogéniques des  accidents vasculaires cérébraux, regroupant notamment les accidents  hémorragiques et ischémiques, donc des mécanismes souvent indépendants d'une  atteinte athéroscléreuse des troncs supra-aortiques. Il existe là aussi une  grande disparité dans le pourcentage des accidents vasculaires cérébraux suivant  la répartition géographique. Les taux les plus élevés sont observés au Japon et  dans les pays en voie de développement. La mortalité par accident vasculaire  cérébral chez les hommes de 40 à 69 ans est estimée à 8,2 % en France contre  26,4 % au Japon.
Certaines de ces données sont anciennes. Elles permettent cependant de  montrer la place prépondérante des pathologies cardiovasculaires liées à  l'athérosclérose en termes de Santé publique et de définir la place relative des  trois grands pôles vasculaires de l'atteinte athéroscléreuse, les cardiopathies  ischémiques, les artériopathies des membres inférieurs et les accidents  vasculaires cérébraux par athérosclérose carotidienne. Elles ont également  permis de définir un certain nombre de facteurs de risque des pathologies  cardiovasculaires sur lesquels nous reviendrons.
La fréquence des maladies liées à l'athérosclérose varie avec le temps. Les  premières données épidémiologiques, remontant souvent à plusieurs décennies, ont  amené certains pays comme les États-Unis à développer une politique active de  prévention primaire vis-à-vis des facteurs de risque. Une baisse de la fréquence  et de la mortalité des pathologies cardiovasculaires liées à l'athérosclérose  est observée depuis 30 ans, aussi bien chez l'homme que chez la femme. Même si  ces résultats ne sont pas totalement imputables à la prise en charge des  facteurs de risque vasculaire, ils démontrent l'importance de la prise en compte  des données épidémiologiques et de la définition des facteurs de risque dans la  prise en charge de l'athérosclérose.
Les études épidémiologiques cliniques ou autopsiques ont permis de démontrer  que l'athérosclérose ou ses manifestations cliniques sont associées à des  facteurs de risque. La notion de facteurs de risque est liée à la démonstration  d'un lien statistique entre certains facteurs cliniques ou biologiques,  certaines habitudes de vie et la survenue de manifestations cliniques liées à  une pathologie cardiovasculaire (études épidémiologiques cliniques) ou la  présence d'une atteinte athéroscléreuse anatomique (études épidémiologiques  autopsiques). Les études épidémiologiques réalisées à partir d'une définition  angiographique ou par écho-doppler vasculaire sont également une approche, en  partie analogue aux études autopsiques, puisque définissant la présence ou non  d'une athérosclérose vasculaire indépendamment de ses manifestations cliniques.  La définition d'un facteur de risque nécessite des analyses multivariées afin de  démontrer l'indépendance de la liaison statistique de ce facteur avec  l'athérosclérose ou ses manifestations. L'individualisation d'un facteur de  risque nécessite ainsi la démonstration répétée dans plusieurs études  épidémiologiques d'une relation statistique entre la présence de ce facteur et  de la maladie. La puissance prédictive du facteur doit être comparable entre les  études. Il faut évidemment ne pas oublier que ce facteur de risque est relié  statistiquement à la survenue d'événements cliniques dans les études  épidémiologiques cliniques, et que la survenue de ces événements cliniques  (infarctus, angor, mort cardiaque, mort subite) correspond à des mécanismes  physiopathologiques complexes où se mêlent l'athérosclérose, la thrombose,  l'ischémie myocardique... La mise en évidence d'un facteur de risque des  cardiopathies ischémiques ne signifie donc pas obligatoirement facteur de risque  d'athérosclérose. Enfin facteur de risque ne signifie pas facteur causal.
Les études épidémiologiques ont ainsi pu clairement démontrer que quelques  facteurs biologiques et environnementaux ont des valeurs significativement plus  élevées chez les sujets qui présentent ou présenteront une atteinte  cardiovasculaire secondaire à une athérosclérose. L'ensemble de la communauté  scientifique reconnaît actuellement neuf facteurs de risque indépendants : le  sexe, l'âge, le taux de cholestérol, le diabète, les valeurs de pression  artérielle, la consommation de tabac, le type psychologique, la sédentarité, la  notion familiale d'une atteinte athéroscléreuse.

 Âge
L'âge est un facteur de risque évident, important en clinique ; les  manifestations cliniques de l'athérosclérose débutant généralement au cours de  la quatrième ou de la cinquième décennie chez l'homme et de la sixième ou de la  septième décennie chez la femme.

 Sexe
Le sexe est également un facteur de risque. L'athérosclérose touche  essentiellement l'homme. La femme est protégée jusqu'à la ménopause 
.  Les taux de décès dus à la cardiopathie ischémique sont 3,6 fois plus élevés  chez les hommes que chez les femmes dans la tranche d'âge 45-54 ans, mais  seulement 2,2 fois plus élevés dans la tranche d'âge 65-74 ans aux États-Unis.  En France, il y a 7,2 fois plus de décès dus à la cardiopathie ischémique parmi  les hommes d'âge moyen par rapport aux femmes. Au troisième âge le ratio tombe à  3. Une des explications est évidemment l'impact du climat oestroprogestatif sur  les facteurs de risque, notamment lipidique avec des taux de HDL cholestérol  plus élevés et des taux de LDL cholestérol plus bas chez la femme. La castration  chirurgicale apparaît ainsi comme un facteur de risque indiscutable, bien  qu'elle ne puisse être assimilée à une ménopause naturelle. Ces données posent  le problème de l'intérêt des traitements substitutifs oestroprogestatifs après  la ménopause dans la prévention de l'athérosclérose et de ses manifestations  cardiovasculaires. Chez la femme ménopausée, l'administration d'une  oestrogénothérapie substitutive est de plus en plus recommandée.  Malheureusement, l'interprétation des études en ce qui concerne l'efficacité  possible sur la prévention des accidents cardiovasculaires est difficile, le  doute sur un rôle prothrombogène persistant pour certains auteurs. L'impact réel  de la thérapeutique substitutive selon les habitudes françaises comprenant  notamment l'administration d'oestrogène percutané reste à définir.

 Cholestérol
Le taux de cholestérol plasmatique est le plus important des facteurs de  risque de l'athérosclérose 
. Il existe une relation continue entre le taux de  cholestérol plasmatique et la mortalité cardiovasculaire. En France, selon  l'étude prospective parisienne, l'incidence annuelle de cardiopathie ischémique  est de 2,9/1 000 pour les sujets ayant une cholestérolémie inférieure à 1,8 g/L  et de 12,9/1 000 si elle est supérieure à 2,8 g/L. Cette notion est retrouvée  sur l'ensemble des études épidémiologiques. Le caractère continue de la relation  entre le taux de cholestérol plasmatique et la mortalité cardiovasculaire montre  qu'il n'y a pas de zone seuil de la cholestérolémie à partir duquel le risque  apparaîtrait. Ces données ont amené progressivement l'ensemble des pays  occidentaux à définir un taux plasmatique idéal de la cholestérolémie en deçà  duquel le risque devient raisonnable. Ce taux est actuellement fixé à 2 g/L,  voire 1,8 g/L chez les sujets de moins de 30 ans. Le risque vasculaire lié au  cholestérol est en fait la résultante du risque lié à la répartition des  différentes fractions du cholestérol. Le cholestérol plasmatique est en effet  composé de plusieurs fractions lipoprotéiques comprenant des particules HDL  cholestérol, des LDL cholestérol et des VLDL. Les études épidémiologiques ont pu  montrer que le risque vasculaire est en relation continue avec le taux de LDL  cholestérol. Le taux pathologique à partir duquel le risque est considéré comme  trop important est fixé actuellement à 1,4 g/L. Inversement la fréquence des  cardiopathies ischémiques est liée de manière négative au taux de HDL  cholestérol. Un taux bas de HDL cholestérol apparaît de plus en plus comme un  facteur de risque indépendant, la limite pathologique apparaissant comme un taux  inférieur à 35 mg/dL. L'existence d'une légère remontée de la mortalité pour des  valeurs extrêmement basses de la cholestérolémie pose le problème de la relation  possible entre cancer et taux de cholestérol. Cependant, la relation semble être  dans le sens cancer cause de l'hypocholestérolémie. Quoi qu'il en soit, La  possibilité d'intervenir sur la cholestérolémie par des moyens thérapeutiques  efficaces pose évidemment le problème de l'intérêt d'abaisser le taux de  cholestérol. Le rapport bénéfice/risque de l'abaissement du cholestérol est  favorable en prévention secondaire chez les patients ayant une cholestérolémie  supérieure à 2,5 g/L. L'intérêt en prévention primaire est actuellement inconnu  sauf pour les valeurs extrêmement élevées de la cholestérolémie. Dans le cadre  du risque lipidique, il faut également mentionner les facteurs nutritionnels.  Les études épidémiologiques descriptives ont montré une relation directe entre  consommation d'acides gras saturés et de cholestérol et l'incidence des  cardiopathies ischémiques. En revanche, il existe une relation inverse entre  consommation d'acides gras insaturés et incidence de la maladie coronaire. Les  études d'intervention purement diététiques ont été menées et ont permis de  montrer qu'il est possible de diminuer la fréquence des récidives d'infarctus du  myocarde en prévention secondaire.
Le diabète non insulinodépendant, bien que ne touchant que 1 à 2 % de la  population générale, est un facteur de risque à part entière 
. Il  multiplie par deux la fréquence des cardiopathies ischémiques. Il est non  seulement un facteur de risque de l'athérosclérose mais est également un facteur  majeur des microangiopathies. Les mécanismes sont complexes et partiellement  inconnus, mais pourraient être liés à l'hyperinsulinisme ou à des facteurs  multiples intriqués, la surcharge pondérale, l'hypertension artérielle,  l'abaissement de l'HDL cholestérol ou l'hypertriglycéridémie.

 Hypertension artérielle
L'hypertension artérielle est un facteur de risque majeur des pathologies  cardiovasculaires liées à une athérosclérose 
. La  relation du risque de coronaropathie aux pressions systolique et diastolique est  pratiquement linéaire. Les pressions systolique et diastolique apparaissent  comme deux facteurs de risque indépendants. L'enquête prospective parisienne  montre que l'incidence annuelle d'infarctus du myocarde passe de 1,2/1 000 dans  le groupe ayant une pression artérielle systolique à 130 mmHg à 5,2 pour ceux  qui ont une pression artérielle égale ou supérieure à 169 mmHg. Pour la pression  diastolique, le risque de cardiopathie ischémique est divisé par deux, si la  pression diastolique passe de 91 mmHg à 76 mmHg et multiplié par deux si la  pression diastolique passe de 91 à 105 mmHg. Une élévation de 15 mmHg de la  pression artérielle diastolique multiplie par deux le risque de maladie  coronaire. La relation est plus forte avec les hémorragies cérébrales où le  risque est multiplié par quatre pour chaque élévation de pression de 15 mmHg de  la pression diastolique. La pression artérielle apparaît ainsi comme un facteur  accélérateur de l'athérosclérose et de ses complications. Les mécanismes sont  cependant complexes, mal définis. La dysfonction endothéliale joue  vraisemblablement un rôle important. Malgré la relation continue entre le risque  vasculaire et les valeurs de pression artérielle, seule la notion d'hypertension  artérielle, définie sur des valeurs de chiffres tensionnels supérieurs ou égaux  à 160 mmHg de systolique et 95 mmHg de diastolique, est considérée comme un  facteur de risque. L'effet de l'abaissement de la pression artérielle sur  l'athérosclérose et ses complications a été l'objet de nombreuses études. Les  études récentes semblent enfin montrer que la baisse de la pression artérielle  systémique entraîne non seulement une diminution de la mortalité liée aux  accidents vasculaires cérébraux mais aussi à celle liée aux cardiopathies  ischémiques.

 Tabac
La consommation de tabac est un facteur de risque constant et indépendant  touchant les deux sexes, non modifié par l'utilisation de cigarettes légères ou  avec filtre et dépendant de la consommation totale estimée généralement en  années tabac 
. L'enquête parisienne ou l'étude de Framingham a  démontré que la consommation de tabac multiplie globalement, à facteurs de  risque constants, la probabilité de survenue d'un infarctus du myocarde par  quatre, de la mort subite par cinq. Le fait d'arrêter de fumer réduit rapidement  le facteur de risque de coronaropathie. Cependant si certaines études montrent  que le risque revient à la normale au bout de 2 ans, d'autres montrent qu'après  5 ans le risque n'est pas tout à fait revenu à la normale. Il est cependant  intéressant de noter que l'âge de début de l'infarctus du myocarde chez le  fumeur est 9 ans inférieur à celui du non-fumeur avec souvent une lyse du  thrombus artériel, spontanée ou induite par le traitement fibrinolytique, plus  complète. Ces données suggèrent que le tabac pourrait jouer un rôle plus  important dans l'induction des mécanismes de la rupture de plaque que dans  l'athérosclérose elle-même. Le tabac reste enfin le facteur de risque majeur des  artériopathies des membres inférieurs.

 Sédentarité
La sédentarité est également un facteur de risque indépendant. Le risque  d'infarctus du myocarde chez les sédentaires est 1,9 fois plus élevé que chez  les non-sédentaires après ajustement de tous les autres facteurs de risque  
. Le  profil psychologique est également considéré comme un facteur de risque  indépendant. Cette notion, bien que contredite par certaines études, est  généralement admise. Les sujets présentant un profil psychologique de type A,  souvent associé à un stress environnemental important, apparaissent plus exposés  au risque de pathologies ischémiques.

 Notion familiale
Le dernier facteur de risque prépondérant est la notion familiale de  pathologie cardiovasculaire liée à une athérosclérose. Cette notion est  difficile à évaluer dans la mesure où de nombreux facteurs de risque, notamment  l'hypercholestérolémie, le diabète, l'hypertension artérielle, sont liés à des  facteurs génétiques. Cependant, à facteur de risque constant, la probabilité de  survenue d'une cardiopathie ischémique est globalement multipliée par deux en  présence d'un antécédent familial de coronaropathie. Les analyses génétiques de  population ont permis de montrer que certains polymorphismes génétiques  pouvaient être considérés comme un facteur de risque de pathologie coronarienne.  Certains de ces polymorphismes sont liés aux facteurs de risque classiques,  d'autres sont indépendants et permettent de mettre en évidence une relation  potentiellement physiopathologique 
.
L'athérosclérose et ses complications restent cependant une maladie  multifactorielle et si des facteurs génétiques rentrent en jeu, ce sont  forcément des facteurs polygéniques.
L'analyse de l'ensemble de ces données montre que les facteurs de risque,  tels que nous les avons analysés, sont définis en fonction de la survenue  d'événements cliniques, le plus souvent une cardiopathie ischémique,  c'est-à-dire la survenue d'une angine de poitrine, d'un infarctus du myocarde,  d'une mort cardiaque ou mort subite. Deux problèmes doivent être posés : les  facteurs de risque sont-ils identiques pour les trois pôles vasculaires,  coronaires, carotides et artères des membres inférieurs ? Ces facteurs de risque  définis par les études cliniques et correspondant à des facteurs de risque d'une  atteinte clinique liée à une athérosclérose sont-ils identiques aux facteurs de  risque de l'athérosclérose considérée en tant que lésion anatomopathologique et  donc de façon indépendante de sa traduction clinique ? Les analyses  épidémiologiques cliniques montrent qu'en fait les facteurs de risque  indépendants ne sont pas parfaitement identiques suivant les localisations de  l'athérosclérose. Les valeurs de la pression artérielle et l'âge sont très  fortement liés au risque d'accident vasculaire cérébral. L'hypercholestérolémie  et le tabagisme présentent une liaison plus faible et pas toujours évidente avec  les accidents vasculaires cérébraux. Dans les artériopathies des membres  inférieurs, le tabac est le facteur de risque majeur, le rôle potentiel de  l'hypercholestérolémie apparaissant plus faible. Les autopsies prospectives  confirment en partie les données des études épidémiologiques cliniques. Les taux  de cholestérol plasmatique sont significativement associés à l'extension du  processus athéroscléreux. Certaines études ont également confirmé la relation  inverse entre l'extension de l'athérosclérose coronarienne et le taux d'HDL  cholestérol. Cette relation n'a pas été confirmée pour les artères cérébrales.  L'élévation de la pression artérielle a été également corrélée à l'extension de  l'athérosclérose coronarienne. Les résultats concernant les habitudes tabagiques  sont, en revanche, divergents. Une relation positive avec l'extension de  l'athérosclérose aortique apparaît indiscutable. En revanche, la relation avec  l'extension de l'athérosclérose coronarienne et cérébrale est moins  évidente.
La définition d'un facteur de risque ne signifie pas la définition d'un  facteur de causalité. La notion de causalité est complexe et nécessite que  l'association épidémiologique d'un facteur à l'athérosclérose réunisse plusieurs  critères : une corrélation très significative, une gradation de la corrélation,  une séquence dans le temps (le facteur étiologique doit précéder la maladie),  une constance dans l'association, étude après étude, une indépendance de chaque  association, une capacité prédictive basée sur des populations différentes, une  cohérence de l'association, c'est-à-dire cohérence avec les autres méthodes de  recherche (expérimentation animale, investigation clinique et pathologique) mais  aussi cohérence avec les mécanismes pathogéniques connus. Sur l'ensemble de ces  données, seule l'hypercholestérolémie présente tous les critères pour considérer  ce facteur de risque comme un facteur causal de l'athérosclérose. Cela ne  signifie évidemment pas que l'hyperlipémie est le seul facteur causal de  l'athérosclérose qui est par excellence une maladie multicausale. Cependant même  si la causalité d'un facteur de risque n'est pas démontrée, le contrôle des  facteurs de risque de l'athérosclérose ou de ses manifestations constitue un  objectif médical de prévention.
Pendant longtemps, les études cliniques, épidémiologiques et d'intervention  sur l'athérosclérose chez l'homme se sont souvent intéressées aux stades évolués  des complications cliniques et ont pris comme méthode d'évaluation  l'artériographie. Il est maintenant possible de quantifier l'athérosclérose à un  stade précoce, infraclinique et de suivre son évolution par des méthodes non  invasives. Parmi ces méthodes, l'ultrasonographie en mode B est celle qui, pour  le moment, a été le plus évaluée. Les raisons du choix de l'échographie sont les  suivantes :
- - l'échographie permet de mesurer l'épaisseur de la paroi et le diamètre de  l'artère, deux paramètres qui se modifient à un stade précoce de  l'athérosclérose. En effet, les lésions initiales se traduisent d'abord par un  épaississement pariétal, intimal ou médial (hypertension artérielle). Glagov en  1987  a  démontré sur les artères coronaires chez l'homme que cet épaississement pariétal  s'accompagnait d'une augmentation progressive du diamètre total de l'artère, par  phénomène de remodelage " adaptatif ", mis en route pour conserver une lumière  de calibre normal, voire augmentée. Ce n'est qu'au-delà d'un envahissement de 40  % de la surface de section de la limitante élastique interne que la lumière se  rétrécit. Ainsi, toute mesure étudiant la lumière vasculaire seule, telle  l'artériographie, n'est pas apte à détecter les modifications précoces de la  paroi et peut méconnaître ou sous-estimer l'évolutivité des lésions ;  
- - la validation de l'échographie pour la mesure de l'épaisseur intima-média  (EIM) a été réalisée en comparaison avec les pièces anatomiques par les travaux  de Pignoli et al . Le  complexe intima-média correspond en ultrasonographie à un double liseré de la  paroi profonde, soit deux lignes parallèles séparées par un espace hypoéchogène.  La première ligne correspond à l'interface lumière-intima, la deuxième à  l'interface média-adventice. La distance entre ces deux lignes est bien corrélée  à l'EIM (r=0,90) ;  
- - dans les études cliniques et épidémiologiques, l'augmentation de l'EIM  serait un marqueur précoce de l'athérosclérose et serait corrélé avec les  facteurs de risque, la présence plus fréquente de plaques, d'une artériopathie  cervicale ou des membres inférieurs ou encore d'une coronaropathie ;  
- - enfin, l'échographie permet de suivre l'évolution de l'athérosclérose  au-delà du stade d'épaississement pariétal, lorsque la plaque est constituée ou  qu'elle devient sténosante ; le volume de la plaque n'est pas encore  parfaitement accessible à la reconstruction en 3D et sa caractérisation  tissulaire peu validée. Quant à la quantification d'une sténose, elle peut être  maintenant obtenue de façon fiable par le couplage au doppler couleur et pulsé.  

 Échographie mode B - Méthodologie d'exploration
La méthodologie doit être rigoureuse. Différentes approches sont possibles  pour réaliser la mesure et représenter les résultats. Une standardisation est  souhaitable. Un appareil d'échographie de haute résolution spatiale muni d'une  sonde de haute fréquence de 7,5 à 10 mHz est utilisé. Le sujet est examiné en  décubitus dorsal. On réalise selon les différentes incidences possibles, une  coupe longitudinale perpendiculaire à la paroi postérieure de l'artère carotide  primitive (ou de l'artère fémorale) sur plusieurs centimètres. La mesure est  faite sur la paroi profonde de l'artère à distance de la bifurcation, en dehors  d'une plaque et d'une zone de tortuosité, en télédiastole. Cette mesure  automatisée, assistée par ordinateur et basée sur le profil des densités, est  obtenue avec une précision de 0,05 mm en plaçant un curseur de part et d'autre  de la paroi de telle sorte que l'on obtienne une ligne perpendiculaire à  celle-ci. Il est possible, en utilisant un masque et des repères de  positionnement du capteur, de suivre l'évolution des structures pariétales par  un repositionnement plus précis 
.
D'autres approches sont décrites et varient avec le site de mesure (partie  proximale, moyenne ou distale de la carotide primitive, bifurcation, origine de  la carotide interne), le nombre de sites de mesure, la longueur du segment  (mesure " ponctuelle " ou mesure " segmentaire "), le côté droit ou gauche, la  coupe longitudinale ou transversale. La mesure faite sur la paroi superficielle  est moins précise 
. La  mesure faite sur la carotide primitive est plus aisée : 99 % de résultats  interprétables contre 87 % sur la carotide interne, voire 75 % pour certaines  études. Lorsque la mesure de l'EIM est impossible, il a été proposé de faire une  mesure de l'épaisseur de la totalité de la paroi artérielle 
.
Les résultats sont exprimés chez l'individu par une valeur maximale ou par  une valeur moyenne. La valeur normale est de l'ordre de 0,6 +/- 0,1 mm, mais  varie avec la population étudiée. La variabilité intra- et interopérateur est  exprimée en différence absolue (totale ou relative) soit pour la valeur  maximale, soit pour la valeur moyenne. La variabilité de la mesure est  actuellement améliorée et inférieure à 0,10 mm ou 10 +/- 8,5 % pour Persson  
. Pour  Touboul 
, les  variations intra- et interobservateur sont respectivement de 0,06 +/- 0,06 et  0,07 +/- 0,07 mm dans les études de suivi. La précision est moins bonne pour les  valeurs maximales 
.  L'appréciation de l'erreur de mesure permet une interprétation adéquate des  résultats dans les études épidémiologiques. L'estimation de l'écart type de  l'erreur de mesure augmente significativement avec l'épaisseur de la paroi  
.
Les facteurs de variabilité sont, outre la variabilité propre à la mesure,  l'évolutivité de la lésion et l'effet du traitement. Les sources de variabilité  propres à la mesure sont dues à l'appareillage (d'échographie, de lecture ou de  mesure), à la structure artérielle (tortuosités, lésions athéroscléreuses  compliquées), à l'observateur (manipulation, lecture, mesure). Un protocole  rigoureux, une maîtrise de la technique et un contrôle de qualité sont  nécessaires.

 Facteurs de risque d'épaississement pariétal
La prévalence de l'augmentation de l'EIM est élevée : 27 % de la population  adulte dans l'étude de Prati 
, 30,4 %  de la population féminine de 45 à 54 ans dans l'étude de Bonithon-Kop 
 ; l'EIM augmente avec l'âge de 0,01 mm/an 
. Dans les études transversales, il existe une relation nette  entre l'augmentation de l'EIM de la carotide primitive et les différents  facteurs de risque de l'athérosclérose : âge, hypertension artérielle systolique  et parfois diastolique, tabagisme actif et passif, diabète, surcharge pondérale,  hypercholestérolémie. Il existe une corrélation positive avec le taux de LDL  cholestérol plasmatique et l'Apo A et une corrélation négative avec le taux de  HDL cholestérol et l'Apo B. L'augmentation de l'EIM est associée à la Lp (a)  lipoprotéine, le taux de fibrinogène plasmatique, la consommation de graisses,  
, l'inactivité physique, le faible niveau de revenu et  les antécédents familiaux d'atteinte coronaire. Ces données confirment la  validation de l'EIM comme marqueur d'athérosclérose, ce qui est important pour  l'interprétation de l'association avec de nouveaux facteurs de risque en  particulier biologiques : hypertriglycéridémie postprandiale 
, autoanticorps anti-LDL oxydés 
 homocystéinémie 
,  activateur tissulaire du plasminogène et son inhibiteur PAI1 
, enzyme de conversion de l'angiotensine 
 ou autres 
.
Les études cas-témoin s'adressant aux cas de l'hypertension artérielle  
, de  l'hypercholestérolémie 
 et de la  consommation de matières grasses 
 confirment ces données et permettent de déduire  certaines hypothèses pathogéniques. Dans l'hypercholestérolémie, il existe une  association entre plaque et EIM qui n'est pas retrouvée dans l'hypertension  artérielle 
 laissant  supposer que l'EIM, probablement liée à un épaississement isolé de la média que  ne permet pas de distinguer l'échographie, se développe en dehors d'un processus  athéromateux 
, mais  ceci nécessite d'être confirmé. En effet, dans l'étude transversale EVA  (European Vascular Aging) 
, la  présence de plaque est retrouvée dans l'hypercholestérolémie mais elle est  associée à l'EIM dans l'hypertension artérielle. Enfin, la présence de plaque  d'athérosclérose en échographie est corrélée aux facteurs de risque 
, à la présence de calcifications coronaires détectées par  scanner ultrarapide et cette relation augmente avec le nombre de sites  vasculaires atteints à l'échographie 
.

 Progression de l'athérosclérose
Dans une étude longitudinale (étude prospective de suivi), Salonen 
 montre un risque d'infarctus du myocarde trois fois plus  important en présence de plaque ou d'augmentation de l'EIM chez l'homme. Une  augmentation de 0,1 mm de l'EIM accroît le risque coronarien de 11 %. L'étude de  suivi chez la femme de 45 à 55 ans 
 montre une  augmentation significative de l'incidence de plaque à l'échographie lorsque  l'EIM était supérieure à 0,75 mm à l'inclusion. La diminution des LDL était  associée dans cette étude à une régression de l'EIM. Cette constatation va dans  le sens des études épidémiologiques d'intervention dans l'hypercholestérolémie  utilisant principalement des inhibiteurs de l'HMG CoA réductase et l'échographie  comme indice de " progression " de l'athérosclérose. Il existe une limitation  significative de la progression de l'EIM de la carotide primitive sous  traitement associant cholestipol et acide nicotinique 
 ou sous inhibiteur de l'HMG CoA réductase 
,  parallèlement à la diminution significative du cholestérol total et du LDL  cholestérol ou encore à la diminution significative des événements  cardiovasculaires.
Bien que l'EIM soit considérée comme marqueur de l'athérosclérose et qu'elle  soit corrélée avec le risque d'atteinte coronaire, sa signification clinique sur  le plan évolutif et de l'efficacité préventive du traitement reste à démontrer  par d'autres études. Elle reste encore du domaine de la recherche.
L'approche préventive et thérapeutique de l'athérosclérose se pose à deux  niveaux, celui de l'individu et celui de la population générale. Au niveau de  l'individu, l'athérosclérose se présente globalement sous trois formes  cliniques, soit par un premier accident cardiovasculaire (angor, infarctus du  myocarde, accident vasculaire cérébral, artériopathie des membres inférieurs,  anévrisme de l'aorte abdominale), soit par le dépistage d'une athérosclérose  infraclinique (plaques carotidiennes, fémorales ou aortiques dépistées au cours  d'un examen par écho-doppler vasculaire), soit par la mise en évidence d'un  terrain à haut risque chez un sujet sain. Au niveau de la population,  l'athérosclérose se pose en tant que problème de Santé publique pour les  populations des pays industrialisés.
La prévention primaire, c'est-à-dire avant l'installation de la maladie, doit  être réalisée non seulement chez l'individu à haut risque mais également sur  l'ensemble de la population. Cette approche préventive est basée sur le contrôle  des facteurs de risque. La recommandation de ne pas fumer et l'arrêt du  tabagisme sont des objectifs permanents. Le dépistage et le traitement des  hypercholestérolémies graves et des hypertensions artérielles sont des objectifs  également majeurs qui se posent non seulement au niveau de l'individu mais  également de la population générale. L'approche diététique de la prévention est  également nécessaire bien que non parfaitement définie actuellement. Sa  conception est actuellement basée sur une moindre consommation des graisses  animales, des acides gras saturés au profit des acides gras insaturés, des  fibres, de la consommation de poissons. La consommation de vin en quantité  modérée, de vitamines E sont d'autres mesures diététiques en cours de  validation.
Parallèlement, la recommandation d'une activité physique fait également  partie d'une approche préventive intuitivement nécessaire et recommandée. Le  rôle exact de ces différentes attitudes préventives avec le développement de  l'athérosclérose reste incertain, mais il est vraisemblable que c'est la prise  de conscience de ces facteurs associée à une amélioration du système de soins  qui ont amené à une baisse progressive de la mortalité cardiovasculaire au cours  des 30 dernières années.
En prévention secondaire, l'intérêt du contrôle des facteurs de risque est,  en revanche, à peu près évident. Le traitement des hypercholestérolémies  supérieures à 2,5 g/L après un premier accident coronarien entraîne une  diminution des événements cardiaques et améliore la survie des patients. De  même, la prise en charge de l'hypertension artérielle, l'arrêt du tabac, la  reprise d'une activité physique apparaissent comme des éléments thérapeutiques  importants dans la prévention des événements cliniques à la suite d'un premier  accident coronarien.
En fait, une attitude générale de prévention est parfois la résultante d'une  attitude plus pragmatique que scientifique, mais cependant justifiée par les  études épidémiologiques. En effet, la prise de conscience de l'ensemble des  facteurs de risque par la population entraîne souvent un changement de style de  vie, la meilleure prise en charge de facteurs de risque majeur comme  l'hypertension et l'hypercholestérolémie. Cette attitude préventive, qu'elle  s'inscrive dans une action individuelle des médecins ou dans une attitude  systématique d'un système de soin, a amené au cours des années une diminution de  la fréquence des cardiopathies ischémiques dans les pays industrialisés. Aussi  la lutte contre tous les facteurs de risque constitue un objectif majeur de soin  dans la prévention des pathologies cardiovasculaires même si le rôle exact de  cette prévention dans le contrôle de l'athérogenèse n'est parfois pas clairement  établi.
Parallèlement à la prise en charge des facteurs de risque, se pose le  problème des traitements de l'athérosclérose elle-même ou de ses complications.  Deux objectifs thérapeutiques doivent être discutés, le contrôle de la  progression et la prévention des complications thrombotiques de  l'athérosclérose. Les études angiographiques prospectives sur la progression de  l'athérosclérose ont permis de montrer qu'il était possible de diminuer la  fréquence de l'aggravation des lésions coronariennes par certaines approches  thérapeutiques. Certaines sont liées au contrôle des facteurs de risque  notamment l'hypercholestérolémie, d'autres sont indépendantes de ceux-ci. Il  faut ainsi noter que les inhibiteurs calciques apparaissent capables de limiter  l'apparition de nouvelles lésions athéroscléreuses sur l'arbre vasculaire. Les  thérapeutiques pouvant diminuer la fréquence des complications thrombotiques de  l'athérosclérose doivent être discutées. Les antiagrégants plaquettaires ont  ainsi montré leur rôle préventif certain dans la survenue d'accident vasculaire  cérébral par embolies sur plaques carotidiennes, sur la récidive d'infarctus du  myocarde, sur les épisodes d'ischémie des membres inférieurs. La recherche de  nouveaux axes thérapeutiques de l'athérosclérose est actuellement dominée par la  recherche sur le contrôle pharmacologique de la resténose après angioplastie,  processus réactionnel pariétal différent de l'athérosclérose mais dominé par la  réactivité des CML. Aucune thérapeutique chez l'homme n'a réussi pour l'instant  à contrôler ce phénomène.
 
L'athérosclérose apparaît ainsi comme une pathologie artérielle posant un  vrai problème de Santé publique par les complications cardiovasculaires qu'elle  génère. La prévention de son apparition ou de son aggravation par une prise en  charge des facteurs de risque, sa crainte et sa recherche systématique chez tous  les malades face à son développement lent et silencieux afin de définir le  risque cardiovasculaire sous-jacent, la prévention de ses complications doivent  constituer un objectif constant de tous les médecins.