Lésions acquises de la valve tricuspide
O. Fondard
La pathologie acquise de la tricuspide se différencie des autres valvulopathies par des particularités
étiologiques et évolutives : l’incontinence valvulaire est, de très loin, l’anomalie la plus fréquente. Elle est
le plus souvent fonctionnelle, due à la dilatation des cavités cardiaques droites secondaire à
l’hypertension pulmonaire, quelle qu’en soit l’origine, en l’absence d’altération anatomique des
structures valvulaires. Son évolution dépend de la réversibilité, non seulement de l’hypertension
pulmonaire mais aussi de la dysfonction ventriculaire droite ; les causes organiques sont plus rares. Elles
déterminent plus souvent une régurgitation pure ou associée à une sténose modérée qu’un rétrécissement
pur et serré. L’endocardite infectieuse du coeur droit augmente de fréquence parallèlement à la
progression de la toxicomanie par voie veineuse, tandis que la tricuspidite rhumatismale est devenue très
rare ; l’échocardiographie est l’examen clé pour affirmer le diagnostic et apprécier la sévérité de l’atteinte
tricuspidienne tout en orientant vers son étiologie ; le traitement chirurgical de l’insuffisance
tricuspidienne (IT) fonctionnelle est conservateur et consiste en une annuloplastie tricuspide. La plupart
des atteintes organiques sont également accessibles à la chirurgie réparatrice et le remplacement
valvulaire est de plus en plus rarement utilisé.
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Mots clés : Valve tricuspide ; Insuffisance tricuspidienne fonctionnelle ;
Insuffisance tricuspidienne organique ; Rhumatisme articulaire aigu ; Endocardite infectieuse ;
Syndrome carcinoïde ; Dystrophie ; Rétrécissement tricuspidien ; Échocardiographie ;
Annuloplastie tricuspide
Plan
¶ Valve tricuspide normale 1
Anatomie 1
Physiologie 2
¶ Étiologie et anatomie pathologique des lésions acquises de la
tricuspide 2
Insuffisance tricuspidienne fonctionnelle 2
Lésions organiques de la tricuspide 2
¶ Insuffisance tricuspidienne 3
Physiopathologie 3
Signes cliniques 3
Examens complémentaires 4
¶ Rétrécissement tricuspidien 6
Physiopathologie 6
Signes cliniques 6
Examens complémentaires 7
¶ Principales formes étiologiques.
Particularités évolutives et pronostic 8
Insuffisance tricuspidienne fonctionnelle 8
Insuffisance tricuspidienne par endocardite infectieuse du coeur
droit 8
Tricuspidite rhumatismale 9
Atteinte tricuspidienne du syndrome carcinoïde 9
Insuffisance tricuspidienne traumatique 10
Lésions dystrophiques de la tricuspide 10
¶ Traitement 10
Traitement médical 10
Dilatation percutanée 10
Traitement chirurgical 10
■ Valve tricuspide normale
L’appareil tricuspidien est un ensemble assez complexe ; le
bon fonctionnement de chacun de ses éléments est nécessaire à
une fonction valvulaire normale.
Anatomie
L’orifice proprement dit, situé à la jonction auriculoventriculaire
droite, est de forme ovalaire et donne insertion à trois
valves : septale, antérieure et postérieure. Le pourtour de l’orifice
ou « anneau » tricuspidien est discontinu. Il n’est bordé par une
structure fibreuse collagène que dans sa partie septale, contiguë
à la valve mitrale, où il s’appuie sur le trigone fibreux droit du
coeur, et qui correspond à l’insertion de la valve septale tricuspide
et à la commissure entre valve septale et valve
antérieure [1].
La plus grande partie de l’anneau, sur laquelle s’insèrent les
valves antérieure et postérieure, est constituée de myocarde à la
jonction des parois auriculaire et ventriculaire droites et de tissu
conjonctif lâche [2]. Les trois valves sont amarrées par des
cordages à trois groupes de muscles papillaires.
Les variations anatomiques sont nombreuses. Pour certains
auteurs [3], la valve tricuspide doit être divisée, d’un point de
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Cardiologie 1