Artériopathies iatrogènes et toxiques
P. Cacoub, N. Limal, J.-C. Piette
Les artériopathies iatrogènes et toxiques, bien que non exceptionnelles, restent mal connues des
médecins. Les troubles vasomoteurs réalisés peuvent être très variables : phénomène de Raynaud,
acrorhigose, livedo réticulaire, ergotisme, syndrome amantadinique ou syndrome acrodynique. Les
explorations complémentaires n’aident pas à l’enquête étiologique. Les diagnostics positif et étiologique
reposent sur l’anamnèse. Les auteurs précisent les principales caractéristiques des artériopathies induites
par les dérivés de l’ergot de seigle, les bêtabloqueurs, les chimiothérapies antinéoplasiques, les inhibiteurs
calciques, les anorexigènes, le sumatriptan et d’autres molécules pour lesquelles les preuves
d’imputabilité sont moins bien établies. Sont également abordées les artériopathies iatrogènes non
médicamenteuses, toxiques professionnelles, et celles induites par la cocaïne ou les amphétamines.
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Mots clés : Phénomène de Raynaud ; Acrorhigose ; Livedo ; Ergotisme ; Érythermalgie ; Acrocyanose
Plan
¶ Introduction 1
¶ Sémiologie clinique 1
¶ Explorations complémentaires 2
¶ Artériopathies iatrogènes médicamenteuses 2
Dérivés de l’ergot de seigle 2
Bêtabloqueurs 3
Chimiothérapies antinéoplasiques 3
Inhibiteurs calciques 3
Anorexigènes 3
Sumatriptan 3
Autres molécules 4
¶ Artériopathies iatrogènes non médicamenteuses 4
¶ Artériopathies toxiques professionnelles 5
Amines aliphatiques 5
Métaux lourds 5
Dérivés nitrés aromatiques 5
Hydrocarbures polycycliques 5
Monoxyde de carbone 5
Disulfure de carbone 5
Nicotine 5
Acide hydrazinobenzoïque 5
¶ Artériopathies toxiques non professionnelles 5
Cocaïne 5
Amphétamines 6
¶ Conclusion 6
■ Introduction
Les artériopathies iatrogènes et toxiques, bien que décrites
pour la plupart d’entre elles depuis de nombreuses années, voire
décennies, restent volontiers méconnues ou mal connues des
médecins. Ceci est lié à la multiplicité des causes, des prises
médicamenteuses, des interactions non toujours connues, et aux
mécanismes parfois complexes des troubles vasomoteurs induits
par ces molécules. [7, 10]
■ Sémiologie clinique
La symptomatologie fonctionnelle, liée à une atteinte des gros
troncs artériels ou de la microcirculation, survient après une
période de latence de quelques heures à quelques semaines. Les
troubles peuvent survenir après plusieurs années de consommation
du médicament. Il peut s’agir d’un médicament potentiellement
toxique pour les artères mais dont la toxicité n’apparaîtra
que lors de la prise d’un autre médicament modifiant son
métabolisme hépatique (en particulier les molécules qui ont une
action inhibitrice enzymatique hépatique). Le phénomène de
Raynaud ne présente pas de particularité sémiologique par rapport
à un phénomène de Raynaud idiopathique, mais il ne comporte
souvent qu’une phase syncopale. S’il persiste, notamment lorsque
le diagnostic de toxicité médicamenteuse n’est pas fait, il peut
apparaître des troubles trophiques distaux des membres supérieurs
et/ou inférieurs. L’acrorhigose est un trouble vasomoteur banal, se
traduisant par une sensation permanente de froideur des extrémités,
sans rythme particulier. Le livedo réticulaire est parfois associé
à une acrocyanose distale (Fig. 1), et se traduit par des marbrures
Figure 1. Acrocyanose sévère induite par une chimiothérapie pour
lymphome malin non hodgkinien comportant l’association doxorubicine,
cyclophosphamide, vinblastine, bléomycine, prednisone.
¶ 11-690-B-10
Cardiologie 1