Explorations isotopiques chez le petit
enfant et l’enfant
C. Hossein-Foucher, F. Godart
Les examens scintigraphiques, très utilisés chez l’enfant dans les pathologies ostéoarticulaires, néphrourologiques
et infectieuses, sont moins connus en cardiologie pédiatrique ; ils permettent cependant
d’apprécier le retentissement fonctionnel de nombreuses cardiopathies congénitales ou acquises. La
scintigraphie myocardique peut mettre en évidence, même chez le tout-petit, des phénomènes d’ischémie
et/ou de nécrose et suivre leur évolution sous traitement. La ventriculographie isotopique reste l’examen
de référence pour la mesure de la fraction d’éjection globale des ventricules et peut apporter des
compléments d’information dans les shunts gauche-droite et les troubles du rythme graves. La
scintigraphie pulmonaire permet la quantification séparée de la perfusion droite et gauche, importante
dans les sténoses artérielles pulmonaires. Enfin, d’autres explorations utilisant des traceurs variés
constituent un apport indispensable au bilan étiologique de nombreuses pathologies.
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Mots clés : Cardiopathies congénitales ; Scintigraphie cardiaque ; Scintigraphie pulmonaire
Plan
¶ Introduction 1
¶ Description des explorations isotopiques 1
Scintigraphie myocardique de perfusion 1
Ventriculographie isotopique 2
Autres explorations isotopiques 2
¶ Grands cadres pathologiques 3
Pathologies des artères coronaires et autres étiologies de
l’ischémie myocardique 3
Altérations de la fonction ventriculaire systémique 4
Shunts gauche-droite 5
Anomalies de la perfusion pulmonaire 5
Autres pathologies pouvant bénéficier d’examens scintigraphiques 6
¶ Conclusion 6
■ Introduction
Si les explorations isotopiques en pathologie cardiovasculaire
ont fait leurs preuves chez l’adulte [1-3], en revanche, elles
restent bien souvent mal connues en pédiatrie. Or, la cardiologie
nucléaire fournit des renseignements fonctionnels essentiels,
complémentaires des données radiographiques et hémodynamiques.
Elle se définit par son caractère peu traumatisant (une
injection intraveineuse simple est bien souvent suffisante) et
peu irradiant (Tableau 1), ce qui est fondamental chez l’enfant,
comparativement aux explorations radiologiques [4]. On peut
schématiquement classer les explorations isotopiques en trois
grands groupes selon que l’on s’intéresse : à la recherche d’une
ischémie myocardique ; à la fonction contractile du ventricule
gauche (et droit) ; à d’autres paramètres tels que la perfusion
pulmonaire, la recherche de shunts, etc.
■ Description des explorations
isotopiques
On distingue schématiquement trois grands types
d’explorations.
Scintigraphie myocardique de perfusion
Réalisée au thallium 201 (201Tl) ou au 99mtechnétium sestamibi
(méthoxy-isobutyl-isonitrile [MIBI] -Tc), sensibilisée par
l’effort ou un test pharmacologique, elle permet de mettre en
évidence des zones d’hypoperfusion à l’effort réversibles au
repos (en cas d’ischémie) et/ou des zones hypoperfusées à
l’effort et au repos (en cas de nécrose).
Le thallium 201 est un analogue structural du potassium dont
la fixation myocardique dépend de la perméabilité coronaire et
de la pénétration cellulaire active par la Na-K adénosine
triphosphatase (ATPase) membranaire. Au cours de l’infarctus, le
défaut de fixation apparaît très précocement, dès la sixième
heure ; l’hypofixation est définitive dans les zones de nécrose
Tableau 1.
Dosimétrie (résumé des caractéristiques du produit) des examens
scintigraphiques usuels réalisés chez l’enfant âgé de 5 à 10 ans (équivalent
de dose efficace en millisievert par mégabecquerel [mSv/MBq]).
Type d’examen Équivalent de dose efficace
(mSv/MBq)
Scintigraphie myocardique
au thallium 201
1,5 à 2,0
Scintigraphie myocardique
au MIBI-99mTc
0,018 à 0,028
Ventriculographie isotopique 0,013 à 0,02
Scintigraphie pulmonaire de perfusion 0,025 à 0,038
Scanner thoracique (adulte) 3 à 6
Scanner cérébral (enfant) [4] 7,6 +/- 3,1
¶ 11-940-A-90
Cardiologie 1