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Les différentes variétés d'hypoplasie du coeur gauche représentent un peu  plus de 1 % des cardiopathies congénitales. Elles sont surtout la principale  cause de défaillance cardiaque et de mort par asystolie chez le nouveau-né : 10  à 25 % des malformations qui s'expriment dans les premiers jours de vie sont des  hypoplasies du coeur gauche.
La prédominance masculine est connue depuis longtemps pour le syndrome  considéré comme un ensemble : 1 fille pour 2 à 3 garçons. Mais si on ne  considère que les formes majeures, cette prédominance disparaît et la fréquence  insolite de cas familiaux suggère que ce sont des affections à transmission  récessive autosomique ou, en tout cas, à risque de récurrence très élevé  
.
La pathogénie des lésions reste discutée. La fermeture précoce du foramen  ovale, excluant le coeur gauche de la circulation foetale puisque le débit  pulmonaire intra-utérin est très faible 
, n'est plus guère retenue. Il est plus probable que le  vice primitif soit une anomalie de développement d'une des valves du coeur  gauche et que l'exclusion des structures sus- et/ou sous-jacentes aboutit à leur  involution, comme le suggèrent de nombreuses observations documentées par des  échocardiographies foetales séquentielles 
.
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Nous décrirons successivement les anomalies élémentaires frappant les  structures du coeur gauche, les anomalies associées les plus communes et les  principaux groupements anatomiques.
- - Le ventricule gauche est toujours sous-développé, réduit au mieux à une  petite sphère fibroélastosique ; en général, c'est une fente vestigiale souvent  difficile à découvrir dans l'épaisseur de la paroi gauche d'une cavité  ventriculaire qui paraît unique au premier abord.  
 
- - L'orifice aortique est en règle atrésique et se reconnaît comme un  diaphragme parfois ombiliqué obturant totalement un anneau minuscule (1 à 2 mm).  Parfois, l'orifice est plus large, jusqu'à 6 mm, mais, bien que perméable, la  valve qui l'équipe est hypoplasique et sténosée.  
 
- - La valve mitrale est toujours sous-développée. L'anneau est très  hypoplasique et souvent complètement obstrué par un diaphragme ou un entonnoir  borgne (atrésie mitrale). Parfois, l'architecture de la valve est normale, mais  ses dimensions sont minuscules et il s'agit d'une hypoplasie très sténosante.  
 
- - L'aorte ascendante est généralement très hypoplasique. On la trouve en  arrière et à droite d'une volumineuse artère pulmonaire, sous forme d'une petite  " ficelle " dont le diamètre n'excède pas celui de l'anneau aortique auquel elle  fait suite. Seule son origine est renflée en un bulbe d'où émergent les  vaisseaux coronaires de dimension et distribution en règle normales. Elle  retrouve un calibre normal vers la première collatérale cervicale, mais une  coarctation préductale est assez souvent associée . 
 
Ce sont des conséquences d'aval ou d'amont des lésions principales, ou des  anomalies obligatoires, car indispensables à une hémodynamique minimale.
L'oreillette gauche est toujours petite et fortement musclée, cette  hypertrophie se poursuivant sur la paroi des veines pulmonaires.
Une communication interauriculaire, foramen ovale ou ostium secundum, est  presque constante mais jamais assez large pour empêcher le septum de bomber  largement vers l'oreillette droite. Ce bombement peut devenir anévrisme et  s'inverser 
 quand le  septum interauriculaire est intact 
. Dans ces  cas, les structures gauches doivent avoir un minimum de perméabilité à moins que  le sang des veines pulmonaires ne trouve des voies alternatives de drainage  
 : retours  veineux pulmonaires anormaux, une veine cave supérieure gauche ouverte dans  l'oreillette gauche, des fistules entre l'oreillette gauche et le sinus  coronaire, ou des sinusoïdes entre le myocarde ventriculaire gauche et les  artères coronaires 
, surtout  dans les variétés à valve mitrale perméable 
.
Les structures droites, veines caves, oreillette, valve tricuspide,  ventricule et artère pulmonaire, sont dilatées et/ou hypertrophiées 
. Les principales anomalies du lit vasculaire pulmonaire sont  une hypertrophie de la media des petites artères et de la paroi des veines  
. Le canal  artériel est naturellement perméable et se poursuit sans réduction apparente de  calibre par l'aorte descendante.
Dans la réalité anatomoclinique, les hypoplasies du coeur gauche  appartiennent à trois groupes de formes 
.

 Formes  majeures
Elles associent atrésie mitrale, ventricule gauche virtuel, atrésie aortique  et hypoplasie majeure de l'aorte ascendante 
(fig. 1  A). On y trouve presque toujours un défaut septal auriculaire mais le septum  interventriculaire est intact et les artères coronaires sont normales 
. Ce sont les plus fréquentes.

 Formes  intermédiaires
Ce sont celles où la cavité ventriculaire gauche reste très hypoplasique mais  existe. Le septum interventriculaire est toujours intact mais, selon les cas, on  découvre : une atrésie aortique avec mitrale perméable 
(fig. 1  B) et c'est alors que la fibroélastose est la plus nette 
 et  que les artères coronaires sont les plus anormales, épaisses, tortueuses,  fistuleuses 
 ; ou,  plus rarement, une atrésie mitrale sans atrésie aortique complète. Dans tous les  cas, l'aorte ascendante reste très hypoplasique.

 Formes  mineures
Elles sont plus rares et à la limite nosologique du syndrome. Elles doivent y  être incluses car le coeur droit et le canal artériel participent très  largement, sinon exclusivement, au débit systémique. Elles ont en commun une  cavité ventriculaire gauche hypoplasique et, suivant les cas, on décrit : la  variété " poupée " où toutes les structures gauches sont perméables mais à une  échelle très réduite 
(fig. 1  C) ; l'atrésie mitrale avec orifice aortique normal et communication  interventriculaire 
 (fig. 1  D) ; l'atrésie aortique avec mitrale perméable et communication  interventriculaire 
 (fig. 1  E). Dans tous les cas, l'aorte ascendante est d'autant moins hypoplasique  que l'anneau aortique est plus fonctionnel.
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Toute hypoplasie du coeur gauche a deux conséquences majeures : un syndrome  d'obstruction veineuse pulmonaire en amont de l'obstacle et un syndrome de bas  débit systémique en aval de l'obstacle.
- - Le syndrome d'obstruction veineuse pulmonaire est d'autant plus sévère que  le défaut septal auriculaire est plus restrictif et que les voies accessoires  éventuelles de drainage sont moins développées. Il y a donc toujours un certain  degré d'oedème pulmonaire et de shunt droite-gauche intrapulmonaire. De plus, un  shunt gauche-droite auriculaire total amène obligatoirement tout le retour  veineux pulmonaire à la tricuspide et au ventricule droit dont la surcharge  diastolique est considérable. Une hypertension ventriculaire droite et une  hypertension artérielle pulmonaire sont constantes.  
 
- - Le syndrome de bas débit systémique est lié à la ductodépendance totale de  la cardiopathie. La perfusion systémique est en effet assurée par l'artère  pulmonaire et le canal artériel, d'où une désaturation systémique mais, surtout,  en raison d'un amortissement du débit dans un canal plus ou moins restrictif,  une situation de collapsus avec souffrance ischémique des reins, du foie, du  mésentère, mais aussi de la moitié supérieure du corps, et en particulier du  cerveau et des coronaires médiocrement perfusés par voie rétrograde. Il est  enfin clair que la fermeture du canal conduit à la mort immédiate de l'enfant.  
 
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Les enfants atteints d'hypoplasie du coeur gauche sont le plus souvent de  beaux nouveau-nés, à terme et sans autre malformation associée. Leur histoire  clinique s'écrit de façon assez monotone.
- - Les premiers symptômes apparaissent après un intervalle libre dont la  durée, liée à celle de la perméabilité ductale, va de quelques heures à quelques  jours, exceptionnellement quelques semaines. L'alarme est donnée par un accident  d'allure grave et brutale chez un nouveau-né qui allait bien jusque-là : à  l'occasion du premier repas ou de la première toilette, apparaît une gêne  respiratoire qui va de la tachypnée à la grande détresse, s'associe à une  cyanose, une hypothermie, une hypotonie, et réclame en urgence une mise en  ventilation artificielle. Ailleurs, ce sont l'apparition et l'accentuation  rapide d'une cyanose, qui attirent l'attention.  
 
- - L'examen met en présence un enfant qui va mal. Il est à la fois pâle et  cyanosé, c'est-à-dire gris, cendré, et souvent couvert de marbrures avec  allongement du temps de recoloration. Le foie est gros. Les artères  périphériques sont toutes peu battantes, voire abolies ou de pulsatilité  variable d'un moment à l'autre en fonction des " sautes " du tonus ductal. Le  precordium gauche bombe souvent et le ventricule droit est cliniquement  hyperdynamique. Les bruits sont éclatants, surtout le second qui paraît unique.  Un clic d'éjection au foyer pulmonaire, un souffle systolique éjectionnel  latérosternal gauche et un bruit de galop protodiastolique sont communs.  
 
- - Les données radiologiques  ne sont pas  très spécifiques. Le coeur est moyennement augmenté de volume et le rapport  cardiothoracique est entre 0,60 et 0,65, avec débord droit bas de grosse  oreillette droite et bord gauche saillant. D'où une silhouette circulaire,  piriforme, ou à pointe relevée en " ballon de rugby ". Les champs pulmonaires  sont chargés d'une pléthore artérielle (travées hilifuges et pastilles des  vaisseaux vus en coupe) et d'une stase veineuse au prorata du degré  d'obstruction veineuse pulmonaire (petits nodules disséminés, travées  horizontales, lignes de Kerley, " scissurite ", décollement pleural). Dans les  cas à septum interauriculaire intact ou presque, c'est un aspect de petit coeur  noyé dans un flou intense d'oedème pulmonaire qu'on découvre et qui ne se  distingue en rien de celui d'un retour veineux pulmonaire anormal total bloqué.  
 
- - Sur l'électrocardiogramme, on voit une tachycardie sinusale, une forte  surcharge auriculaire de type droit et une hypertrophie ventriculaire droite.  Des troubles diffus de repolarisation témoignent parfois d'une ischémie  sous-endocardique quand le canal est très restrictif .  
 
- - Enfin, de nombreuses perturbations biologiques signent le collapsus  cardiovasculaire : acidémie sévère par effondrement du taux des bicarbonates,  hypercréatininémie, hyperazotémie, hyperkaliémie, hypoglycémie, troubles de  l'hémostase, anémie. 
 
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C'est le temps fort du diagnostic, et c'est souvent le seul nécessaire.
On ne s'intéresse plus guère à l'analyse unidimensionnelle en mode M dans la  mesure où l'imagerie bidimensionnelle apporte aujourd'hui les certitudes et les  précisions avec une fiabilité remarquable 
. La coupe  apicale des quatre cavités et l'approche sous-costale analysent parfaitement la  valve mitrale et les deux ventricules 
(fig. 2),  tandis que l'approche suprasternale et la coupe parasternale grand axe montrent  l'ensemble du coeur gauche jusqu'à la crosse aortique 
(fig. 3).  L'investigation Doppler est un complément utile car elle permet de quantifier  les flux " vitaux " à travers les structures gauche si elles sont perméables, à  travers le septum interauriculaire et le canal artériel dans tous les cas. On  reproduit ainsi in vivo les schémas anatomiques de la 
figure  1.
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L'investigation sanglante n'a plus beaucoup d'intérêt mais peut garder des  indications dans certaines formes atypiques ou si on opte pour un traitement  palliatif complexe. On doit alors la conduire de la façon suivante.
C'est la technique la plus simple et la moins agressive chez le nouveau-né et  c'est par elle qu'il faut commencer.
Le cathéter est poussé jusqu'à l'isthme aortique et on peut, soit s'en tenir  là, soit franchir le canal pour explorer l'artère pulmonaire, ce qui est très  aisé, soit enfin pénétrer dans l'aorte horizontale, ce qui est plus  difficile.
La saturation aortique en oxygène est constamment diminuée, entre 75 et 85 %,  ce qui traduit le shunt droite-gauche obligatoire dans le canal artériel, et est  en règle la même que dans l'artère pulmonaire où elle reflète le shunt  gauche-droite obligatoire dans l'oreillette droite.
La pression aortique sous-ductale est généralement écrasée, mal pulsée, et il  est habituel d'enregistrer un gradient net par rapport aux pressions artérielles  pulmonaires, plus élevées et mieux pulsées : la perméabilité ductale est  probablement imparfaite et on améliore nettement la situation par perfusion de  prostaglandines.
Une angiographie est filmée dans l'isthme en oblique antérieure-gauche pour  bien dérouler la crosse. En cas de forme majeure d'hypoplasie du coeur gauche,  deux anomalies donnent la certitude du diagnostic : l'opacification rétrograde  de toute la crosse aortique et des vaisseaux du cou sans le moindre lavage par  du sang non opacifié provenant du coeur, d'où des images " trop belles ", et  l'hypoplasie extrême de l'aorte ascendante vue comme un mince cordon qui  s'effile encore vers un renflement bulbaire terminal et borgne d'où émergent les  artères coronaires. L'angle entre les deux branches de division du tronc  coronaire gauche est d'autant plus aigu que la masse ventriculaire gauche est  plus réduite 
. Cette  image 
(fig. 4)  dispense d'aller plus loin dans l'investigation, surtout si on a opté pour  l'abstention thérapeutique.
Il n'est indiqué 
 que quand on envisage un programme agressif de  traitement dont le premier temps est une atrioseptostomie au ballonnet et une  dilatation du canal artériel pérennisée par la mise en place d'une endoprothèse  ductale (stent) 
.
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En théorie, toutes les situations d'insuffisance cardiaque ou d'oedème aigu  du poumon avec collapsus du nouveau-né posent un problème de diagnostic  différentiel avec l'hypoplasie du coeur gauche, qu'il s'agisse de pathologie non  malformative (infection sévère, ischémie myocardique transitoire, trouble du  rythme grave) ou de malformations complexes (tronc artériel commun, canal  atrioventriculaire à ventricule droit dominant, coeur univentriculaire avec  atrésie mitrale).
En réalité, l'échocardiographie a fait de cette discussion un morceau  académique car elle résoud dans l'instant l'ensemble des problèmes. De même,  elle rassure sur le pronostic quand elle reconnaît des malformations dont la  physiopathologie et l'expression clinique sont très voisines : coarctations de  l'aorte, interruptions de la crosse aortique, retours veineux pulmonaires  anormaux totaux bloqués. Ainsi, la suspicion clinique du diagnostic d'hypoplasie  du coeur gauche ne suffit pas pour freiner ou arrêter l'enquête diagnostique ;  elle doit au contraire conduire en urgence à l'institution d'un traitement  médical de sauvetage et à l'investigation ultrasonique.
La sténose valvulaire aortique critique du nouveau-né avec petit ventricule  gauche souvent fibroélastosique et valve mitrale perméable mais peu mobile en  raison de la réduction du débit cardiaque, est plus un problème de nosologie que  de diagnostic différentiel, car cette cardiopathie est à la limite des formes "  poupées " d'hypoplasie du coeur gauche.
En fait, les problèmes les plus aigus et les plus intéressants se posent, de  nos jours, avant la naissance. Reconnaître une forme majeure de la malformation  est chose facile dès la 20e semaine de gestation grâce à l'échocardiographie  dont la fiabilité est reconnue de tous 
. Mais il  faut éviter deux groupes d'erreurs : dire que le coeur est normal ou simplement  atteint d'une sténose aortique à 28 semaines de gestation alors que l'évolution  peut se faire vers une hypoplasie du coeur gauche authentique 
 ; ou, à l'inverse, parler d'hypoplasie ventriculaire  gauche foetale et observer un retour à des dimensions normales peu après la  naissance à la faveur de l'établissement de la circulation pulmonaire néonatale,  facteur d'une meilleure précharge ventriculaire 
. C'est dire l'intérêt des examens séquentiels et, en dehors  des cas évidents qui comportent une atrésie complète d'une valve, de la prudence  qui doit entourer un diagnostic lésionnel ne reposant que sur des  dimensions.
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En l'absence de traitement, le pronostic de l'hypoplasie du coeur gauche est  mortel en quelques heures à quelques jours pour les formes majeures  ductodépendantes ; en quelques semaines à mois, pour les variétés les moins  sévères, et en particulier, celles qui comportent une communication  interventriculaire.
Le traitement médical ne se conçoit que comme un moyen permettant  l'organisation et l'exécution des explorations diagnostiques dans le maintien ou  la restauration d'un équilibre hémodynamique convenable. Son efficacité est  devenue brillante depuis qu'aux pauvres mesures symptomatiques d'il y a peu  (tampons alcalins, diurétiques, ventilation artificielle), est venue s'ajouter  la perfusion de prostaglandines qui assure la perméabilité du canal artériel et,  partant, un débit systémique de qualité. On peut alors établir un diagnostic  complet dans le calme et ne poursuivre le traitement que si on envisage un  programme chirurgical agressif.
Il est en effet possible de proposer un programme, développé par Norwood dès  1980 
, qui  consiste à utiliser le ventricule droit et le tronc de l'artère pulmonaire pour  assurer le débit systémique tandis que les branches pulmonaires sont incorporées  dans une circulation de type Fontan. L'hypertension artérielle pulmonaire et  l'obstruction veineuse pulmonaire, constantes chez le nouveau-né, obligent à  deux temps successifs. Le premier est réalisé dès les premiers jours de vie et  associe une septectomie auriculaire à une section de l'artère pulmonaire : sa  partie proximale est anastomosée à l'aorte ascendante incisée longitudinalement  aux fins d'élargissement ; sa partie distale est suturée, le canal lié et un  tube de 4 mm est interposé entre aorte et bifurcation pulmonaire. Le deuxième  temps est appliqué 15 à 18 mois plus tard aux survivants dont les résistances  pulmonaires sont basses : le shunt aortopulmonaire est remplacé par une  dérivation cavopulmonaire totale selon le principe de Fontan modifié. A court et  moyen termes, les résultats restent incertains : la survie à 18 mois du premier  temps n'est au mieux que de 44 % 
, et la  moitié seulement de ces enfants survivront au deuxième temps 
, d'où une survie actuarielle globale de 25 à 30 % 
. On  doit y ajouter de nombreuses interventions intermédiaires destinées à ajuster le  débit pulmonaire ou la perméabilité aortique.
La modicité de ces résultats explique que la transplantation cardiaque soit  devenue une nouvelle option thérapeutique pour ces nouveau-nés depuis les  travaux de Bailey 
. Mais la  pénurie des donneurs 
 oblige à  une organisation complexe et à des soins intensifs prolongés assortis de  techniques palliatives sophistiquées 
 pour permettre à ces nouveau-nés d'attendre " en liste  " pendant plusieurs semaines à plusieurs mois. Il n'est même pas rare qu'on  doive changer de stratégie en cours d'attente devant une détérioration rapide de  la situation malgré tous les efforts médicaux et qu'on entreprenne un programme  de type Norwood 
. A long terme, la survie des transplantés est de 70 à  80 %, mais au prix d'une surveillance étroite et d'un traitement  immunosuppresseur indéfini qui n'empêchent pas toujours la survenue de  nombreuses complications, dont une maladie coronaire accélérée bien  préoccupante.
En définitive, les progrès médicaux ont incontestablement compliqué le  problème de la décision thérapeutique, puisqu'on a le choix entre l'abstention  pure et simple, la séquence palliative lourde type Norwood et la transplantation  cardiaque avec ses aléas. Ce choix très difficile ne fait pas intervenir que des  arguments médicaux, mais procède d'une concertation approfondie avec les parents  du nouveau-né. Une telle concertation peut parfois avoir lieu avant la naissance  à l'occasion d'un dépistage échocardiographique foetal : ce dernier peut  déboucher sur une prise en charge active dès la naissance 
 mais conduit, le plus souvent, à une interruption de  grossesse 
. La concertation implique enfin le conseil génétique  après la naissance d'un enfant atteint d'hypoplasie du coeur gauche : un taux  élevé de récurrence 
 risque de  décourager beaucoup de mères à envisager de nouvelles grossesses si on ne leur  propose pas le dépistage anténatal par une surveillance échocardiographique  foetale spécialisée et séquentielle, éventuellement assortie du droit à  l'interruption de grossesse.