Actifs cosmétiques

Définition
Ce sont des substances isolées ou des mélanges de substances
d’origine naturelle ou synthétique qui confèrent une spécificité à un
produit fini. Leur présence autorise la revendication d’une activité
précise qui doit être confirmée par des tests d’efficacité.
Classification
Les « actifs » cosmétiques sont extrêmement nombreux. Leur durée
de vie est généralement courte et l’on voit apparaître de nouveaux
produits constamment, le marché des cosmétiques reposant, en
grande partie, sur la nouveauté. Beaucoup sont des supports
publicitaires de choix, soit par une activité réelle, soit par l’image
qu’ils peuvent évoquer dans l’esprit du consommateur.
Ils sont classés par activité : hydratants, antiâges, tenseurs,
raffermissants, antiseptiques, apaisants, régulateurs de la séborrhée,
amincissants, etc.
HYDRATANTS [9, 15, 22, 25, 30, 37, 39]
L’hydratation de la peau se résume à celle du stratum corneum. Il
est pratiquement impossible d’influer sur la teneur en eau du derme,
véritable réservoir d’eau de la peau. En revanche, on peut agir sur
l’équilibre qui s’instaure dans les couches superficielles de
l’épiderme entre la diffusion et l’évaporation de l’eau [13]. Les tout
premiers « hydratants » étaient, en fait, des antidéshydratants qui
tendaient à constituer une couche imperméable à la surface cutanée
afin de limiter ou de supprimer le départ de l’eau endogène. Les
hydratants de deuxième génération tentaient de fixer l’eau exogène
par leurs propriétés hygroscopiques ou par intervention sur les
composants du natural moisturizing factor (NMF). Les hydratants de
troisième génération interviennent sur la régulation du flux
hydrique par le biais de la protection ou de l’amélioration des
lipides cutanés. Enfin, les habitudes de formulation ont changé et
font place au mélange de tous types d’hydratants afin d’obtenir, par
tous les moyens, le meilleur résultat.
¦ Substances occlusives
Ce sont avant tout les hydrocarbures qui représentent le mieux cette
catégorie.
La vaseline ou petrolatum pour les Anglo-Saxons est connue pour
former des couches imperméables qui ne sont d’ailleurs pas sans
inconvénients en favorisant les macérations. Elle est assez peu
utilisée dans les formulations cosmétiques européennes, mais
demeure parfois indispensable dans des formulations
dermatologiques.
Les huiles de vaseline ou paraffine liquide sont aussi occlusives, de
même que les paraffines et l’ozokérite ou la cérésine que l’on trouve
préférentiellement dans les émulsions eau-huile (E/H).
Les cires végétales ont des propriétés analogues, de même que les
alcools gras tels que l’alcool cétylique (lanette) et l’alcool stéarylique
qui augmentent l’occlusivité des formulations qui en contiennent
(cf chapitre Excipients).
¦ Substances hygroscopiques
Ce sont avant tout les humectants classiques : glycérol et sorbitol.
L’un des produits les plus efficaces actuellement sur le marché
contient 36 % de glycérol. Toutefois, cette efficacité peut ne pas se
manifester dans des atmosphères très sèches (30 % HR [humidité
relative]). Le propylène glycol, lui aussi hygroscopique, est
malheureusement un trop bon solvant des lipides cutanés, ce qui
favorise la déshydratation et le dessèchement de la peau.
Les substituts du NMF sont toujours très employés. Le chef de file
en a été pendant longtemps le pyrrolidone carboxylate de sodium
(PCNa) (Nalidonet-[Solabia]). Son efficacité est réelle mais son
principal inconvénient est technologique ; en tant qu’électrolyte, il
liquéfie les gels et déstabilise les émulsions lorsque sa concentration
dépasse 3 %. Un dérivé de l’acide pyrrolidone carboxylique (PCA)
présente aussi des propriétés intéressantes ; il s’agit de l’ester
laurique (Laurydonet [Solabia]). L’urée (5 à 10 %) et le mélange
urée-acide lactique (7 %-4 %) sont, eux aussi, des plus classiques.
Les études de leur efficacité dans les ichtyoses sont pléthoriques. Le
lactate d’ammonium (10 à 17 %) fournit des résultats analogues.
Parmi les autres constituants du NMF, citons les acides aminés,
largement inclus dans les formulations modernes sous forme
d’hydrolysats divers de protéines végétales [18, 19], et la â-lactoglobuline.
Enfin, certains sucres ou dérivés de sucres revendiquent
la qualité d’hydratants (Glucamt ou dérivé de méthylglucoside).
¦ Polymères hydrophiles
Ils agissent à la fois comme les substances hygroscopiques par leur
pouvoir d’absorption de l’eau et comme les occlusifs par effet
filmogène. Mais, in vivo, leur efficacité réelle est difficile à mettre en
évidence. En revanche, in vitro, il est certain que, même en faible
quantité, leur présence en solution aqueuse ralentit la vitesse
d’évaporation de l’eau. Ce sont des macromolécules de poids
moléculaire souvent très élevé (300 000 à 1 200 000 D) qui n’ont pas
la possibilité de traverser la barrière cutanée. On trouve dans cette
catégorie le collagène, actuellement d’origine marine [20], l’acide
hyaluronique ou son sel de sodium (obtenus par biotechnologie)
[38, 43], le chitosane [21] ou chitine désacétylée, et d’autres gélifiants
hydrophiles de type polysaccharidique : gel d’aloès,
galactomannanes et xyloglucanes [32], obtenus à partir de graines de
légumineuses, produits de biotechnologie tels que le Fucogelt
(Solabia), mucopolysaccharides extraits des algues (porphyridium
cruentum) enrichis en zinc ou en cuivre (Algualanet). Le
Glucolysant (Seporga) est un polydextrose lié au sorbitol et à l’acide
citrique.
¦ Régulateurs du flux hydrique
Les plus performants sont les céramides, lipides plus ou moins
polaires, constitutifs du ciment intercellulaire du stratum corneum.
Les céramides d’origine animale, les plus proches de celles de
l’homme, ne sont pas utilisées. On donne la préférence à des
céramides d’origine végétale ou synthétique. Elles ne sont pas
parfaitement identiques aux substances physiologiques mais sont de
bons substituts et, utilisées à des concentrations relativement faibles
(inférieures à 1 %), elles améliorent considérablement la performance
des émulsions classiques (Céramide-2t, Céramide-HO3t). On utilise
également leurs substituts : palmitamido-sérinate de myristyle
(Dermacéridet) ou leurs précurseurs (Procéramide L2t [Sederma]).
Les glycocéramides sont utilisées en apportant parfois de meilleurs
résultats que les céramides [33, 36].
Les acides gras poly-insaturés (AGPI) sont associés avec profit à
d’autres types d’hydratants. Ils ont une affinité particulière pour les
lipides cutanés et contribuent à rétablir l’efficacité de la barrière. Une
association particulièrement recommandée réunit AGPI, céramides
et cholestérol dans des proportions bien définies [17, 39].
Le ö-3,6-complexe est un mélange d’AGPI sous forme polaire,
biomimétique des lipides cutanés, composé d’acide arachidonique
et d’acide docosahexaénoïque, permettant de corriger les déficiences
en ¢5- et ¢6- désaturases et de limiter la perte en eau
transépidermique.
Enfin, les liposomes, même vides de tout actif, par la constitution de
leur membrane faite de phospholipides et de cholestérol, peuvent
améliorer l’état de la barrière cutanée (Dermosomet [Sederma]).
¦ Véhicules émulsionnés par la présence simultanée
d’eau et de corps gras
Ils sont pratiquement tous hydratants par ralentissement de la
vitesse d’évaporation de l’eau. Les différences résident dans la durée
de cette hydratation, qui peut varier de 30 minutes à parfois plus de
8 heures.
¦ Tolérance
Toutes ces substances sont généralement très bien tolérées par la
peau.
¦ Efficacité [26]
La mesure du pouvoir hydratant d’un produit cosmétique fait appel
à de très nombreuses méthodes. La plus utilisée consiste à mesurer
la variation de la conductance électrique de la peau qui augmente
en fonction de l’hydratation. Pour ce faire, l’appareil le plus connu
est le « cornéomètre », dont le principal inconvénient est d’être
relativement sensible à la présence d’électrolytes et de fournir, pour
cette raison, des résultats faussement positifs. La technique la plus
précise est la résonance magnétique nucléaire (RMN) qui évalue
directement le contenu en eau du stratum corneum par mise en
évidence des protons de la molécule H2O. On cite aussi la
spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (IR-FT) et
réflexion multiple, la mesure du transfert thermique transitoire
(TTT), la mesure de la PIE (perte : insensible en eau) [10], les
techniques d’étude de la surface cutanée reproduite par empreintes
silicone, l’évaluation des propriétés mécaniques de la peau qui
peuvent être reliées à son état d’hydratation [34].
ANTIÂGE OU ANTIVIEILLISSEMENT
Le vieillissement cutané est dû, en premier lieu, au ralentissement
de tous les systèmes enzymatiques et de la vie cellulaire en général.
Il est génétiquement programmé, mais il est accéléré par les
radiations actiniques, le tabac, le stress, la pollution. Il se manifeste
par un amincissement progressif de l’épiderme, une desquamation
anormale, et un dessèchement de la surface de la couche cornée, un
aplatissement de la jonction dermoépidermique (JDE), une atteinte
de l’intégrité des molécules protéiques du derme conduisant à une
perte des propriétés mécaniques, élasticité en particulier.
Outre les pontages intermoléculaires entraînant des réticulations,
interviendrait également le phénomène de glycation du collagène
qui résulte de la mise en présence de protéines et de sucres capables
de se combiner, selon la réaction de Maillard, pour former dans un
premier temps des bases de Schiff, et dans un second temps des
mélanoïdines, polymères colorés [11].
Les actifs antivieillissement peuvent donc agir à différents niveaux.
On y trouve des hydratants, des émollients et surgraissants
(cf chapitre Excipients), des protecteurs solaires, des agents de
desquamation, des stimulants cellulaires ou activateurs du
métabolisme cellulaire et de la synthèse protéique, des antiélastases,
des antiradicaux libres (ARL), des nutriments cellulaires, des
glycoprotecteurs, etc.
¦ Agents de desquamation
Ce sont, en premier lieu, les á-hydroxyacides (AHA) [12, 46]. Les
premiers AHA ont été lancés en 1992 par Avon, mais aujourd’hui,
on ne compte plus les produits de soin cosmétique qui les
incorporent. Aucun ingrédient cosmétique n’a autant fait l’unanimité
en si peu de temps que les AHA.
Les AHA sont des acides organiques particulièrement présents dans
les fruits d’où leur nom d’acides de fruits. On distingue les acides
malique, citrique, tartrique, glycolique, mandélique, lactique,
ascorbique.
Ils agissent sur les liaisons ioniques des cornéocytes en affaiblissant
les forces de cohésion des couches inférieures du stratum corneum.
Ils augmentent ainsi la desquamation et, en conséquence, accélèrent
le renouvellement cellulaire.
Leur principal inconvénient est leur effet irritant pour la peau à forte
concentration, mais à un moindre degré que l’acide rétinoïque dont
l’emploi est réservé aux formulations dermatologiques (à titre de
comparaison, la vitamine A acide est irritante mais active à 0,025 %).
L’activité cosmétique des AHA dépend de leur dosage :
· à faibles doses (< 2 %) : effet hydratant ;
· à doses moyennes (2 à 5 %) : effet exfoliant doux ;
· à doses fortes (> 5 %) : effet kératolytique et dépigmentant.

Ne pouvant être utilisé en cosmétique, l’acide rétinoïque, ou
vitamine A acide, est remplacé par le rétinol ou vitamine A. Le
rétinol se métabolise lentement et parcimonieusement en acide
rétinoïque et de ce fait n’a pas la même activité que son homologue
acide. Les concentrations utiles doivent alors être multipliées par 10
ou 20 par rapport à celles de l’acide rétinoïque. Un avantage
cependant : le rétinol est beaucoup mieux supporté. Son activité est
toutefois conditionnée par sa conservation. En fonction de l’excipient
dans lequel il a été incorporé, sa dégradation peut être extrêmement
rapide. Il supporte mal les milieux aqueux et exige un mélange
d’antioxydants adéquat.
Une métalloprotéase (Zn) naturelle, obtenue par biotechnologie et
fixée par liaisons covalentes sur un support inerte (silice),
revendique un effet kératolytique modéré en renforçant le
phénomène naturel de desquamation (Corneosinet [Solabia]).
¦ Écrans et filtres solaires [35]
Ils sont à utiliser en prévention des dégâts causés par les
rayonnement ultaviolets (UV) A et UVB au niveau cutané. Ils sont
actuellement considérés comme nécessaires par les fabricants de
produits de soin d’usage quotidien. Les filtres UVA sont
particulièrement indispensables car ce sont les UVA qui sont
responsables du vieillissement prématuré de la peau. Ils sont
introduits dans les formulations à faible concentration (0,5-1 %),
mais leur présence est éventuellement contestable dans la mesure
où, même à faible dose, ils peuvent induire une sensibilisation [41].
Parmi les substances d’origine naturelle capables d’absorber une
partie des radiations UVA, il faut citer la propolis [28], l’extrait de
pongamia, l’extrait d’aloès, le beurre de karité.
¦ Antiradicaux libres
Les ARL sont très largement employés et, jusqu’ici, en toute sécurité.
Les radicaux libres altèrent les lipides cutanés en les peroxydant. Ils
altèrent également les protéines et autres composants des
membranes cellulaires ainsi que l’acide désoxyribonucléique (ADN)
au sein de la cellule. Les ARL sont tous des antioxydants qui
réalisent le piégeage des radicaux O2
ä et surtout -OHä, en stoppant
la propagation de la réaction.
Les ARL le plus couramment employés sont l’á-tocophérol et son
ester acétique, l’acide ascorbique et le palmitate d’ascorbyle, le
â-carotène, molécules classiques employées à des concentrations
voisines de 1 %, sous forme libre, sous forme de liposomes ou de
Lipomicronst (Sederma).
Les extraits végétaux sont particulièrement nombreux dans ce
domaine d’activité [24, 40]. Leur contenu en polyphénols en général,
en flavonoïdes en particulier, leur confère systématiquement des
propriétés antioxydantes. Les plus connus sont les extraits de
romarin et de ginkgo biloba, l’extrait de fleurs de tournesol
(Helioxinet [Silab]), l’extrait de thé vert (Optivégétolt [Gattefosse]).
La superoxyde dismutase (SOD) est une enzyme présente dans
toutes les cellules qui les protège contre le phénomène d’oxydation
naturel dû à la respiration cellulaire.
Elle se charge d’éliminer les radicaux superoxydes O2 selon la
réaction :
2O2+ 2H+ Ý O2
ä+ H2O2.
La SOD utilisée en cosmétique n’est pas d’origine animale mais
extraite des germes de blé (SOD végétale) [41]. Elle peut en outre être
combinée à la lactoperoxydase qui détruit le peroxyde d’hydrogène
en présence de thiocyanate (Enzyamit5 [AMI]).
La protection antiradicalaire peut d’ailleurs faire appel uniquement
à la détoxification du peroxyde d’hydrogène. Dans ce cas, on a
conçu des ARL présentant une activité catalase-like, bien que
dépourvus de cette enzyme. Il s’agit d’un mélange actif des
substances issues de la culture d’un micro-organisme, Lactobacillus,
et d’une microalgue, skeletonema (Antoxinet [Sederma]). Il faut
signaler que l’utilisation de la catalase est interdite en Europe (N° 74
Annexe II de la Directive cosmétique).
D’autres ARL sont basés sur un système enzymatique à
autorégulation de glutation. Il s’agit d’un extrait total de blé
(Défensinet [Silab]).
Les complexants tels que l’ethylenediamine tetracetic acid (EDTA),
sous forme di- ou tétrasodée, en complexant les métaux (Fe, Cu, Al,
Mg) initiateurs d’oxydation entrent également dans l’arsenal des
ARL.
Par ailleurs, les peptides d’origine végétale (blé, orge, avoine) sont
riches en résidus glutaminiques. Grâce aux groupements -CO-NH2
de la chaîne latérale, ils contribueraient à détoxifier le système
oxydatif en formant un complexe avec les ions métalliques, assurant
ainsi la protection des enzymes cutanées extracellulaires
(Intégrissymet [Sederma]).
La mélanine d’origine marine est obtenue sous forme d’eumélanine
de l’espèce d’algue sépia. Elle se comporte comme photoprotecteur
et ARL.
¦ Stimulants cellulaires
Ils ont tous une activité antiâge, antirides, antivieillissement. Ils sont
représentés par les biopeptides d’hémisynthèse, les mélanges
d’oligoéléments, et se trouvent inclus dans les extraits d’origine
marine et les extraits végétaux.
Le Collagen potentiating peptidet (CPP) est un peptide synthétique,
biomimétique d’un facteur de croissance naturel. Il stimule la
production des collagènes I et III à partir des fibroblastes.
Le Biopeptide CLt est un palmitoyl glycine-histidine-lysine. Il
possède une activité retinoïc acid-like sans effet irritant ni desséchant,
ciblée sur la synthèse du collagène.
Le Biopeptide ELt [Sederma] est un palmitoyl valine-glycine-valinealanine-
proline-glycine, ciblé sur la synthèse d’élastine. On utilise
des peptides de lupin, de blé (Peptilinet, Cérélinet [Silab]), ou des
oligopeptides de synthèse riches en lysine.
Des glycoprotéines extraites de micro-organismes lactiques sont
assimilables par les cellules et servent de nutriment cellulaire au
même titre que pouvaient le faire les extraits placentaires (complexe
BLMX).
Les oligoamines constituent des traitements nutritifs de la cellule.
Ce sont des mélanges de minéraux sous forme de chélates de
lactopeptides. Diverses associations sont possibles : K + P, Ca + Zn,
Cu + Mn + Co.
Les principaux métaux actifs (Na + Mg + Zn + Mn) peuvent être
combinés à l’acide pyrrolidone carboxylique sous forme de sels
(Physiogénylt [Solabia]).
Les extraits d’origine marine sont obtenus à partir de cultures de
microalgues (porphyridium cruentum), enrichies en divers
oligoéléments (Zn, Cu). Ils stimulent le métabolisme des enzymes
métallodépendantes. Les extraits de plancton (artemia salina) sont
riches en composés phosphorylés énergétiques, en particulier en
diguanosine tétraphosphate (GP4G). Les complexes biologiques et
l’ADN extraits de la laitance de saumon contiennent des vitellines
et des nucléotides, nutriments cellulaires. Des associations de
microalgues (spirulina, chlorella, scenedesmus) et d’extraits de
moules et de poisson sont proposées dans le même but. Par ailleurs,
les hydrolysats enzymatiques de protéines de poisson sont
particulièrement riches en taurine, acide aminé essentiel (Vitellinet,
Biomarine complext, Nutrimarinet, Promarinet, ADN gelt
[Sederma, Seporga]). Le cytochrome C purifié, également d’origine
marine, est un facteur d’oxygénation cellulaire Il joue le rôle d’actif
antipollution et détoxifiant.
Les extraits végétaux sont aussi riches en substances utilisables par
la cellule pour son développement. On peut citer dans cette
catégorie, outre le classique extrait de ginseng, un extrait de
pommes, riches en phytostimulines (substances stéroïdiennes de
type isoflavone), en phytostérols, en vitamine E, en acides gras
essentiels (Ederlinet [Seporga]). L’extrait de centella asiatica
(hydrocotyle) en solution hydroglycolique, riche en asiaticosides est
bien connu pour augmenter la biosynthèse du collagène. L’extrait
de prèle favorise également la biosynthèse du collagène par son
contenu en silicium. L’extrait de chondrus crispus sert de nutriment
cellulaire par son contenu en polysaccharides et en vitamines B1, B2,
B5 et C, l’extrait de fucus vesiculosus par son contenu en vitamines
A, B, C, E et en oligoéléments minéraux, l’extrait de bourgeons de
hêtre par ses hétérosides.
Il est possible d’extraire de la pomme de terre (solanum tuberosum)
une glycoprotéine de masse moléculaire voisine de 20 000 D, douée
d’une activité lectine-like, de type facteur de croissance. Elle stimule
au maximum la prolifération et le métabolisme cellulaires
(Dermolectinet [Sederma]). Les extraits de lupin (Peptilinet), de blé
tendre (Cérélinet), d’avoine (Réductinet) (Silab) sont aussi utilisés
pour leurs propriétés régénérantes et nourrissantes. Un extrait
peptidique de noisette, un hydrolysat de protéine de maïs sont
obtenus par hydrolyse enzymatique. L’extrait de maïs est riche en
acides aminés, sucres, vitamines du groupe B et phytates. Il
dynamise la biosynthèse d’adénosine triphosphate (ATP) et
augmente ainsi le métabolisme cellulaire (Phytovitylt [Solabia]).
Des mélanges actifs sont obtenus par extraction de fleurs de
bananier et de feuilles d’hydrocotyle. On y trouve des mucilages,
des flavonoïdes, des phytostérols, des dérivés triterpéniques
pentacycliques. L’ensemble présente des propriétés oestrogène-like
(Maturinet [Solabia]).
¦ Antiélastases
Ils sont aussi présentés comme protecteurs de la destruction de
l’élastine. Ce sont soit des peptides d’origine synthétique,
biomimétiques de l’inhibiteur de l’élastase leucocytaire humaine,
soit des substances extraites de cartilage de poisson, soit encore des
mélanges d’extraits végétaux issus de fleurs de la passion, de mûres,
de feuilles de vigne.
¦ Antiglycation
Ils commencent à apparaître. Ils sont composés de peptides de
L-lysine et de L-arginine, de degré de polymérisation compris entre
2 et 7 (Amadorinet [Solabia]). La nature chimique n’en est pas
nouvelle, la réaction chimique non plus. En revanche, le concept
marketing l’est. Quoiqu’il en soit, ils prétendent piéger les sucres en
excès afin d’éviter le pontage intempestif des molécules de collagène
et la rigidification qui s’ensuit.
¦ « Tenseurs »
Au cours du vieillissement, la peau perd une grande partie de son
élasticité par suite de la dégradation de l’élastine et de la réticulation
du collagène. L’amélioration profonde de cet état passe par la
stimulation de la synthèse protéique, nécessitant des applications de
longue durée avec obtention d’effet à long terme. Il est possible
d’obtenir une amélioration rapide, bien que superficielle, par
l’emploi de solutions aqueuses de substances dites « tenseurs »,
visant à retendre l’épiderme.
Les tenseurs ont été pendant longtemps représentés uniquement par
la sérum albumine bovine (SAB). Cette solution de protéine animale,
pour des raisons de sécurité, est remplacée par des hydrolysats de
protéines d’origine végétale : blé, maïs, légumineuses (Liftilinet,
Tensinet, Réductinet [Solabia]) ou d’origine marine : extraits de
laminaires ou de cartilages de poisson (élastine marine). Les
solutions de macromolécules telles que le collagène, le chitosane,
sont également employées. Les extraits végétaux riches en tanins
sont remis au goût du jour (Gatuline-liftingt [Gattefosse]).
¦ Raffermissants
Ils ne constituent pas une classe particulière d’actifs. On les trouve
en particulier parmi les stimulants cellulaires, le raffermissement
étant une conséquence de l’utilisation de plusieurs actifs antiâge.
¦ Tolérance
Tous ces actifs sont soumis de la part du fabricant à divers tests de
tolérance, soit in vitro sur culture cellulaire ou membrane
allantoïdienne de l’oeuf, soit in vivo sur l’homme ou plus rarement
sur l’animal. Pour que le produit puisse être commercialisé, il est
indispensable que les tests de tolérance soient bons. Toutefois, les
réactions de sensibilisation ne sont pas écartées, en particulier
lorsqu’il s’agit de dérivés de protéines, d’extraits de moules ou de
poissons divers. Elles ne se manifestent qu’après un temps
d’utilisation relativement long et lorsqu’un grand nombre de sujets
se sont trouvés en contact avec ces substances. Le risque est diminué
par le fait même que les « actifs » de ce type sont extrêmement
variés, que leur durée de vie est courte, et qu’ils sont remplacés très
rapidement par de nouveaux produits.
¦ Efficacité
Comme pour la tolérance, l’efficacité de tous ces actifs est garantie
par le fabricant à partir des résultats des tests réalisés par des
laboratoires spécialisés.
Pour mesurer l’activité antiradicalaire, il est possible de travailler
sur cultures de fibroblastes irradiés par évaluation de la
malonyldialdéhyde (MDA), ou par utilisation d’une sonde
fluorescente ou encore par utilisation de la technique de résonance
paramagnétique électronique (RPE). Dans le domaine des
stimulateurs cellulaires, les tests font appel à des cultures de
fibroblastes et de kératinocytes sur lesquelles on apprécie le niveau
de la prolifération cellulaire par comptage, et l’augmentation de la
biosynthèse des protéines par dosage. L’oxygraphie ou mesure de la
consommation d’oxygène à l’aide d’une électrode spécifique à
oxygène permet de se rendre compte de l’augmentation du
métabolisme cellulaire.
Les antiélastasiques sont testés in vitro sur gel d’agarose. Mais le
plus souvent, les fabricants choisissent des tests d’évaluation directs
in vivo portant sur l’atténuation ou la disparition des rides, soit par
analyse d’images d’empreintes silicone négatives, soit par
surfométrie, lecture mécanique ou optique d’empreintes positives.
L’évaluation de l’élasticité fait aussi partie de l’effet antiâge
revendiqué par ces produits. Les techniques utilisées sont très
variées, mais les deux plus connues mesurent la déformation de la
peau causée par une aspiration (cutomètre) ou par une torsion
(twistomètre). L’analyse des courbes contrainte-déformation
obtenues est identique dans les deux cas. L’interprétation en est
légèrement différente [26].
Anti-inflammatoires ou produits
« apaisants »
Le terme anti-inflammatoire est peu apprécié en cosmétique parce
que porteur d’une image à la limite du thérapeutique. Il est assez
souvent remplacé par le terme « apaisant » ou antirougeurs.
Les éléments qui conditionnent les phénomènes inflammatoires
sont la formation de radicaux libres, la libération de médiateurs de
l’inflammation (histamine, sérotonine, cytokines en général), la
libération d’enzymes protéolytiques (collagénase et élastase), la
transformation de l’acide arachidonique en prostaglandines.
Les substances revendiquant une activité anti-inflammatoire sont des
molécules classiques : l’azulène ou le gaïazulène synthétique, le
chamazulène végétal extrait de la camomille, l’acide
glycyrrhétinique, l’á-bisabolol. Les formulateurs ont à leur
disposition des actifs plus modernes qui agissent sur les cytokines
(á-tumor necrosis factor [á-TNF], interleukine [IL]1-á,
prostaglandines [PGE]-2). Ce sont des peptides de synthèse,
biomimétiques de la séquence active des mélanotropines
(Modulènet [Seporga]). Les extraits de segesbeckia orientalis et de
centaurium, en mélange, à base de darutoside pour le premier,
d’acide ursolique pour le second, développent des activités
anticollagénase et anti-cyclo-oxygénase à des concentrations variant
de 2 à 5%. L’extrait de ficaire, par son contenu en glucoside
d’hédéragénine, est un excellent régulateur de la microcirculation
(Gatuline At [Gattefosse]). Les polysaccharides et peptides de
l’amande douce ont plus classiquement une activité émolliente et
apaisante.

Parmi les actifs anti-inflammatoires, on peut trouver des ARL,
l’inflammation étant due pour beaucoup à la présence de radicaux
libres.
Les antirougeurs sont en général des vasoconstricteurs. Les plus
classiques sont des extraits de marron d’Inde, de ratanhia, mais aussi
les extraits de ruscus, ainsi que tous les extraits de plantes riches en
tanins et les tanins eux-mêmes. L’extrait de lierre, de même que
l’extrait de ficaire, grâce à leurs hétérosides, en font aussi partie.
¦ Tolérance
Toutes ces substances ou ces mélanges sont en général très bien
tolérés.
¦ Efficacité
L’effet anti-inflammatoire ou vasoconstricteur est mis en évidence
par mesure de la microcirculation cutanée. Trois méthodes sont
classiquement utilisées [26] : la vélocimétrie laser-doppler dans
laquelle est mesurée la vitesse de déplacement des hématies, la
photopléthysmographie par réflexion qui mesure le nombre
d’hématies interceptées dans la zone concernée, la mesure de la
conductivité thermique cutanée qui augmente en même temps que
la perfusion du tissu cutané. L’utilisation d’une seule ou de
plusieurs de ces trois méthodes permet d’avoir une réponse sûre
concernant l’efficacité d’une matière première ou d’un produit fini.
Immunorégulateurs
Le domaine des « actifs » cosmétiques s’est récemment élargi à la
protection des défenses naturelles de la peau. La réponse
immunitaire est concentrée dans l’épiderme par l’intermédiaire des
cellules de Langerhans et des kératinocytes. Le fonctionnement de
ces cellules peut être perturbé, soit parce que, au cours du
vieillissement, elles perdent leurs capacités de réaction, soit parce
qu’elles sont confrontées à une pollution croissante ou soumises à
des états de stress permanents.
Les substances proposées sont généralement des peptides ou des
nucléotides issus de biotechnologies [45]. À partir de cultures de
Corynebacterium granulosum, germe résident de la peau mais non
pathogène, on récolte les parois cellulaires dont on extrait un gel
capable d’activer les macrophages et d’exercer une action
immunomodulatrice sur des explants de peau humaine en survie
(Langherinet [Sederma]). Le Modulènet [Seporga] revendique une
action sur l’hypersensibilité de contact. C’est un peptide similaire à
la molécule d’á-MSH (melanin stimuling hormone) de la peau que
l’on sait faire partie du système antiallergénique. Il inhibe les
réactions cutanées induites par le dinitrofluorobenzène et diminue
de 60 % l’IL1-á pour une concentration de 200 íg/mL. La même
action est observée avec le diméthylsilanediol (DSBC). La Biokine-6t
est un inducteur de l’IL6 qui, contrairement aux autres cytokines,
joue le rôle d’anti-inflammatoire. Elle agit directement sur la
prolifération des kératinocytes [2].
Un complexe marin extrait de la laitance de saumon est riche en
nucléotides et en immunoglobulines M.
Des polysaccharides [29] semblent également avoir une activité
immunorégulatrice.
La Driélinet (AMI) est une suspension dans l’eau et le sorbitol d’un
polymère de glucose, le â-1,3-glucopyranose [47]. Elle agirait en
stimulant les cellules immunocompétentes de la peau (macrophages,
cellules de Langerhans). Elle induirait, en outre, la synthèse de
collagène et d’élastine endogènes.
Le Fucogelt (Solabia) sol est un polysaccharide riche en L-fucose et
préparé par biotechnologie à partir de substrats végétaux de
fermentation.
¦ Tolérance
La tolérance de ces substances est généralement bonne.
¦ Efficacité
Leur efficacité est plus difficile à démontrer.
SUBSTANCES « ANTISTRESS »
Se trouvent sous ce vocable, apparu depuis peu, des actifs de type
lipophile qui sont des restructurants de la barrière cutanée ou de
simples matières premières de protection. C’est ainsi que sont
présentés comme tels : un mélange de beurre de karité et d’un
produit de fermentation de Lactobacillus casei, un insaponifiable de
karité, une association d’AGPI en ö-3 (EPA [Eicosapentenoic acid] et
DHA [docosahexanoic acid]), d’insaponifiables de karité et de maïs et
de vitamine E (Destressine 2000t), une association de ces mêmes
AGPI avec un extrait d’huiles de poissons et des fractions
liposolubles de microalgues (Vitacéanet [Sederma]).
Un autre type de molécule est représenté par l’aspartate de lysine,
en solution aqueuse à 50 % (Asparalynet [Solabia]), qui stimulerait
l’ATP intercellulaire et serait capable d’inhiber la MDA
(malonyldialdéhyde), produit terminal de la peroxydation et toxique
cellulaire responsable de la réticulation du collagène.
¦ Tolérance
La tolérance de ces matières premières est bonne dans l’ensemble.
¦ Efficacité
Elle est démontrée par voie indirecte : effet de protection vis-à-vis
de l’érythème solaire, test de protection vis-à-vis du stress chimique
obtenu par application de triéthanolamine à 30 % ou de sodium
dodécyl sulfate (SDS) à 10 %.
Séborégulateurs
Il n’est pas conseillé d’utiliser en cosmétique le terme d’antiacnéique,
réservé au médicament, ni même celui d’antiséborrhéique, la
séborrhée étant un dérèglement physiologique proche, dans certains
cas, de la pathologie. Le marché des régulateurs de la séborrhée
touche préférentiellement les adolescents mais aussi les hommes
jeunes atteints d’alopécie androgénétique et quelques femmes en
période préménopausique.
Les régulateurs de la séborrhée sont extrêmement nombreux [44]. Un
produit de synthèse, la S-carboxyméthylcystéine, est utilisé depuis
longtemps avec un succès certain, ainsi que, en général, tous les
dérivés de soufre organique, d’origine synthétique ou végétale - un
décylénamidopropyl trimoniumméthosulfate associé au cétylpidolate,
extraits de cresson -, mais aussi les acides aminés soufrés
cystine, cystéine, méthionine sous forme d’hydrolysats de kératine
(aviaire). Ils sont parfois remplacés par les sels de zinc et/ou de
cuivre sous forme de sels d’acide L-pyrolidone carboxylique
(Cuivridonet, Zincidonet [Solabia]), de substances issues de la
biologie marine (Algualanet zinc ou cuivre [Seporga]). Enfin, la
gelée royale [28] et des mélanges d’acide et d’alcools aliphatiques,
biomimétiques de certains de ses composants ont été préconisés, de
même que l’extrait de bardane pour son contenu en inuline.
Ces actifs sont à différencier des substances adsorbantes du sébum
qui agissent par simple fixation physique de surface (amidon, kaolin,
bentonite) et de molécules plus complexes, telles que les
cyclodextrines, capables de réaliser des inclusions physicochimiques
de substances lipophiles.
Amincissants
Il est préférable, en cosmétique, de ne pas évoquer les
anticellulitiques, la cellulite, bien que rarement reconnue comme une
maladie, l’étant réellement dans certains cas. Par ailleurs, en plus
des modifications plus ou moins prononcées du tissu conjonctif, elle
est presque toujours associée à une surcharge graisseuse.

L’accumulation des graisses s’effectue dans les adipocytes à partir
des triglycérides et des sucres. Leur destruction est liée à l’activité
de l’acide adénosine monophosphorique (AMP)-cyclique favorisée
par l’adénylcyclase mais inhibée par les phosphodiestérases.
L’équilibre est également régulé par la présence et l’activité des
récepteurs á et â-adrénergiques, les premiers activant la lipogenèse,
les seconds la lipolyse.
En conséquence, les actifs amincissants sont censés lutter contre la
lipogenèse et/ou favoriser la lipolyse en améliorant, en outre, l’état
du tissu conjonctif [4].
Action sur la lipogenèse. Les produits proposés sont de facture
récente. Il s’agit d’inhibiteurs de capture du glucose tels que le
dihydroxy-2-amino-4-octadécène (DHAO) qui diminue de 30 % la
pénétration du glucose dans la cellule, ou les sels de rutine,
antagonistes du glucose. L’extrait de gymnea sylvestre, plante
alimentaire du sud de l’Inde, possède une action modératrice sur le
métabolisme des sucres, propriété due à l’acide gymnénique. En
entrant en compétition avec le glucose au niveau de ses récepteurs,
il empêche son absorption.
La protamine ou son sulfate inhibent la protéine lipase qui coupe
les acides gras de leur transporteur protéique, les empêchant ainsi
de pénétrer dans la cellule.
Enfin, les triterpènes contenus dans certains extraits végétaux
(andiroba, garcinia cambogia) bloqueraient la transformation des
préadipocytes en adipocytes.
Action sur la lipolyse. Elle est plus classique. Elle peut s’exercer à
différents niveaux, tout d’abord par activation de la synthèse
d’AMP-cyclique. Dans ce cadre, l’activité de la caféine a été
amplement démontrée. Pour une présentation plus écologique, au
lieu du produit de synthèse, on incorpore aux préparations des
extraits de thé vert, de guarana, de cola, de plectanthrus, de cassava,
de gangzhu. L’activation de l’adénylcyclase passe par l’utilisation
d’oligoéléments minéraux tels que le manganèse, le silicium et
l’emploi des diphosphates ou triphosphates de guanosine.
Le blocage des récepteurs á-adrénergiques fait intervenir des extraits
de levures (Lipofactort), des extraits de chrisanthellum indicum,
l’escine, constituant principal des extraits de marron d’Inde, des
mélanges caféine, cola, ginkgo. Le blocage des récepteurs constitués
par le neuropeptide Y est réalisé par des extraits d’algues ou de
bactéries. L’activation des récepteurs â-adrénergiques est liée à
certains extraits d’algues rouges (gelidium) riches en rhodystérol.
Les protecteurs du tissu conjonctif sont systématiquement utilisés à
savoir le silicium et ses dérivés (Silanolst [Exsymol]), les
asiaticosides de centella asiatica, les saponosides du ginseng, le
plancton thermal.
Dans cette lutte, les adjuvants ne sont pas négligés : les
kératolytiques (AHA) qui favorisent la pénétration des actifs, les
stimulants de la microcirculation (nicotinate de vitamine E, extraits
de lierre, d’ulmaire, de ficaire, de ruscus), les antienzymes
(anticollagénases, antiélastases). Les enzymes, mucopolysaccharidases,
protéases diverses sont du domaine médical.
¦ Tolérance
La tolérance de l’ensemble de ces actifs est généralement bonne. Des
intolérances à la caféine peuvent, mais assez rarement, se manifester.
Des réactions cutanées de type irritatif ou allergique peuvent être
liées à la présence d’extraits végétaux divers. Ces réactions sont
amplifiées par la présence simultanée de facteurs de pénétration tels
que l’éthanol, le propylène glycol et surtout les salicylate et
nicotinate de méthyle.
¦ Efficacité
L’efficacité des amincissants est mise en évidence le plus souvent
par échographie. C’est la technique la plus compatible avec les
exigences d’innocuité, de simplicité et de coût. Elle repose sur
l’envoi d’impulsions ultrasonores qui sont réfléchies chaque fois
qu’une structure anatomique différente est rencontrée. Il est ainsi
possible d’évaluer l’épaisseur respective des couches successives
rencontrées. D’autres techniques ont été mises en oeuvre, qui sont
soit trop simplistes et peu fiables (mesure centimétrique), soit trop
lourdes et non dénuées de risques (imagerie par résonance
magnétique [IRM], RMN, scanner) [42].
Dépigmentants
Ils agissent sur la synthèse de la mélanine en bloquant l’activité de
la tyrosinase ou la transformation oxydative de la 3-(3,4-
dihydroxyphényl-L-alanine ou DOPA). En conséquence, beaucoup
d’antioxydants ont des propriétés dépigmentantes.
Ce sont des actifs très recherchés et, de ce fait, de plus en plus
nombreux. Après l’interdiction des éthers d’hydroquinone pour
cause de toxicité, l’hydroquinone est seule demeurée sur le marché,
avec obligation de ne pas dépasser la concentration maximale de
2 %, à peine active. D’autres agents dépigmentants ont donc été
proposés et, principalement, l’acide kojique ou 5-hydroxy-2-
hydroxyméthyl-ç-pyrone. Il peut être associé pour plus d’efficacité à
de l’acide lactique (kératolytique), à l’acide glycyrrhétinique (antiinflammatoire),
et à un facteur de pénétration cutanée pour former
un complexe performant (Gatuline whiteningt [Gattefosse]).
Les extraits végétaux permettent, dans une certaine mesure, de
renforcer l’action de l’hydroquinone en apportant des arbutosides
(arbutine et méthylarbutine). Ce sont les extraits de busserole,
d’arbousier, d’airelle, d’éricacées en général, mais aussi de racine de
mûrier et d’épine vinette.
L’acide ascorbique, trop instable, est utilisé sous forme d’ascorbyle
phosphate de magnésium ou d’arachidonate d’ascorbyle.
¦ Tolérance
La tolérance de l’hydroquinone, même à une concentration aussi
faible que 2 %, est actuellement contestée. C’est pourquoi les
préparations à base de dérivés de la vitamine C ou d’acide kojique
se développent.
¦ Efficacité
L’efficacité de ces substances ou de ces mélanges est mise en
évidence sur culture de mélanocytes humains par évaluation de
l’activité de la tyrosinase.
Bronzants
Ils sont de moins en moins artificiels, puisque le but recherché
actuellement est de renforcer la pigmentation par action sur la
mélanogenèse ou apport de précurseurs de l’eumélanine.
Néanmoins, les autobronzants sont toujours utilisés.
La dihydroxyacétone (DHA) ou propane-2-diolone a pour formule :
OHCH2-CO-CH2OH.
Elle se combine aux acides aminés de la couche cornée pour former,
selon la réaction de Maillard, des mélanoïdines, polymères colorés
du jaune au brun fixés assez solidement à la surface des cornéocytes.
La coloration apparaît sans exposition solaire en environ 6 heures et
disparaît en fonction de la desquamation. À la différence de
l’eumélanine, les mélanoïdines ne sont que très peu protectrices visà-
vis des UVA et UVB. Les risques d’érythème solaire sont donc
maximaux en l’absence de photoprotecteurs. L’apparition de la
coloration est favorisée par la chaleur, la présence d’oxygène et les
pH alcalins [3], mais la dégradation de la substance aussi. Il est en
conséquence nécessaire de trouver un compromis pour les
préparations, gels ou émulsions, qui doivent avoir un pH voisin
de 5, ne pas contenir de substances aminées, être conservées à
température peu élevée et pendant une saison seulement.

La tyrosine et ses dérivés sont censés participer à la mélanogenèse.
Ils permettent d’obtenir une pigmentation plus rapidement qu’à
l’ordinaire à condition d’être suffisamment absorbés par l’épiderme.
Ils sont parfois associés à la DHA.
Les précurseurs de la mélanine sont obtenus généralement par
biotechnologie. Ils dérivent de l’indol-5-6-quinone.
Mélanine : une mélanine synthétique vient d’être obtenue par des
chercheurs de l’université de Yale. Il s’agit d’une substance
biomimétique de la mélanine soluble, formée par la dopachrome
tautomérase et obtenue par polymérisation de l’aloïne, alcaloïde de
l’aloès [7].
Conclusion
Il existe encore bien d’autres actifs utilisables et utilisés en cosmétique.
Ce sont des antiseptiques, des astringents, des actifs spécifiques de la
fibre capillaire, des vitamines [6, 24]… La recherche concernant les actifs
en général est extrêmement dynamique et l’évolution, tant dans la
nature des concepts que dans celle des molécules mises sur le marché,
est constante.
A.M.I. www. albanmuller. fr ; Coletica. www. coletica. com ; Ewsymol. www. exsymol. com ;
Gattefosse. www. gattefosse. com ; Sederma. www. croda. com ; Seporga. www. seporga. fr ;
SILAB. www. silab. fr ; Solabia. www. solabia. fr
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