Rotavirus
A. de Rougemont, P. Pothier
Les rotavirus du groupe A appartiennent à la famille Reoviridae et sont les principaux agents infectieux à
l’origine de gastroentérites aiguës et de diarrhées sévères avec déshydratation chez le jeune enfant. Ce
sont des virus non enveloppés à acide ribonucléique (ARN) double brin segmenté, très résistants à
l’inactivation physique. Ils possèdent deux protéines de capside, VP7 et VP4, cibles d’anticorps
neutralisant, qui permettent la détermination des génotypes G et P, respectivement. Bien qu’il y ait une
diversité considérable de souches de rotavirus, cinq combinaisons génotypiques, dont la souche G1P[8]
est la plus commune, sont responsables à elles seules de près de 90 % des infections à rotavirus chez
l’homme. Dans les pays tempérés, les infections à rotavirus surviennent au cours d’épidémies hivernales
et provoquent, chaque année en France, près de 140 000 consultations et 18 000 hospitalisations. Les
rotavirus ont un fort tropisme pour les entérocytes matures de l’intestin grêle où ils induisent des lésions à
l’origine d’une diarrhée multifactorielle responsable d’une morbidité considérable tout particulièrement
chez le nourrisson. Le diagnostic virologique est rapide à l’aide de méthodes simples, sensibles et
spécifiques, et permettant de détecter les antigènes viraux directement dans les selles. Leur prise en
charge thérapeutique rapide et adaptée par réhydratation orale permet de réduire considérablement la
mortalité. La vaccination est recommandée avant l’âge de 2 mois et offre une bonne protection vis-à-vis
des formes sévères de la maladie.
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Mots clés : Rotavirus ; Gastroentérites ; Diarrhée ; Vaccin ; Épidémies ; Nourrisson ; Déshydratation
Plan
¶ Introduction 1
¶ Biologie des rotavirus 2
Classification 2
Structure 2
Réplication virale 3
¶ Épidémiologie des rotavirus 3
Systèmes de surveillance 3
Données épidémiologiques 3
Transmission virale 4
Variabilité génétique des rotavirus 5
¶ Pathogenèse et clinique 6
Physiopathologie 6
Rappels cliniques 7
¶ Diagnostic virologique 8
Prélèvements 9
Diagnostic direct 9
Diagnostic indirect 10
¶ Traitement et prévention 10
Traitement 10
Prévention et recommandations 11
Vaccination 11
¶ Conclusion 12
■ Introduction
Les maladies diarrhéiques constituent une des principales
causes de mortalité chez l’enfant de moins de 5 ans, toutes
étiologies confondues, et représentent chaque année près de
1,4 milliards d’épisodes et 1,6 à 2,5 millions de décès, majoritairement
dans les pays en de voie développement [1-3]. Les
rotavirus (RV), et plus particulièrement ceux du groupe A, sont
les agents étiologiques principaux des diarrhées aiguës sévères
du nourrisson et du jeune enfant à travers le monde, chez qui
ils sont responsables d’environ 30 % à 50 % des cas de diarrhées
infectieuses aussi bien dans les pays développés que dans les
pays en voie de développement [3, 4]. Si la prise en charge
thérapeutique rapide et adaptée a permis de considérablement
réduire la mortalité dans les pays développés, les gastroentérites
à rotavirus continuent à engendrer un surcoût annuel significatif
en termes de dépenses de soins [5, 6].
Bien que de nombreux virus entériques aient été découverts
dans les années 1950 et 1960, les rotavirus ne seront décrits
pour la première fois qu’en 1973 par Bishop et al. dans des
biopsies duodénales d’enfants diarrhéiques [7]. Les rotavirus sont
des virus ubiquitaires très répandus dans le règne animal où des
virus similaires ont été également décrits, notamment chez de
nombreuses espèces de mammifères telles que la souris (virus
EDIM, en 1963) [8], le singe (virus SA11, en 1963) [9], et le veau
(Nebraska calf diarrhea virus [NCDV], en 1969) [10], ou encore
chez certains oiseaux. En 1971, Mebus et al. obtinrent la
première culture du NCDV, virus bovin morphologiquement
¶ 90-55-0090
Biologie clinique 1