Biométrologie de l’excrétion sébacée

Introduction
Les lipides présents à la surface de la peau ont pour origine
l’épithélium kératinisant et le sébum. Ils ont une composition
différente selon ces deux sources. Les lipides épidermiques
comportent 50 % de céramides, 20 % de cholestérol et 25 % d’acides
gras libres. Le sébum renferme environ 60 % de triglycérides
partiellement hydrolysés en acide gras libres, 25 % de cires, 13 % de
squalène et 2 % d’ester de cholestérol. Chez l’adulte, la contribution
relative des lipides épidermiques dans la fraction des lipides de
surface est mineure sur les zones cutanées riches en glandes
sébacées.
Sécrétion et excrétion du sébum
Le sébum, produit par la glande sébacée, transite et est modifié au
sein du réservoir que représente l’infundibulum. Diverses influences
peuvent s’exercer sur ce réservoir sans que la glande elle-même y
soit sensible. Dès lors, deux notions différentes peuvent être
considérées : la sécrétion et l’excrétion sébacées.
La sécrétion sébacée désigne le résultat de l’activité glandulaire, c’està-
dire le débit de sébum synthétisé et transitant par le canal sébacé.
L’excrétion sébacée désigne la quantité de sébum s’écoulant de
l’ostium folliculaire après stockage ou modification dans le réservoir
infundibulaire. Seul ce dernier paramètre peut être mesuré par des
méthodes non invasives in vivo [12, 37].
À la suite de son excrétion folliculaire, le sébum s’étale à la surface
de la peau et est en partie collecté dans la couche cornée pour être
ensuite partiellement résorbé [4]. Il en résulte que le sébum peut être
qualifié de libre à l’abouchement du réservoir folliculaire et à la
surface de la peau, alors qu’il est lié lorsqu’il pénètre la couche
cornée.

Méthodes d’évaluation de l’excrétion
sébacée
Cinq méthodes principales sont actuellement disponibles pour
évaluer la quantité de sébum excrétée à la surface de la peau.
L’analyse spectrale en infrarouge est une autre méthode évaluant la
nature des lipides, mais dont les résultats sont corrélés avec les
méthodes quantitatives conventionnelles [2].
EXTRACTION PAR SOLVANTS
La méthode par extraction consiste à appliquer sur la peau une
cupule contenant un solvant neutre des lipides, et à la maintenir en
place pendant un temps déterminé. La quantité de sébum récoltée
peut être alors mesurée. La même manoeuvre peut être recommencée
après une période déterminée. Cette technique enlève une grande
partie du sébum libre, c’est-à-dire le sébum de la surface de la peau,
ainsi qu’un volume variable de sébum contenu dans le réservoir
folliculaire. Les lipides recueillis sont pesés ou étudiés par
chromatographie [13].
MÉTHODE GRAVIMÉTRIQUE
Les variantes de la méthode gravimétrique [5, 9, 36] consistent à enlever
les lipides de la surface de la peau, puis à placer à ce niveau des
papiers à cigarette ou une plaque argileuse de bentonite [11, 14]
destinés à absorber le sébum sortant des orifices folliculaires. La
collecte initiale, portant souvent sur deux prélèvements successifs
de 15 minutes, par les papiers à cigarette, ou un seul de 12 à
14 heures par l’argile, n’est classiquement pas prise en compte. Le
dispositif final est maintenu en place pendant une période
déterminée qui est souvent fixée à 3 heures. On peut évaluer la
quantité de sébum par pesée après extraction chimique par éthyl
éther.
La méthode gravimétrique est peu utilisée aujourd’hui car elle est
remplacée avantageusement par d’autres évaluations plus fiables.
MÉTHODE COLORIMÉTRIQUE
Les lipides absorbés sur un papier et colorés par l’acide osmique
sont quantifiés par une technique photoélectrique. Une variante
consiste à colorer une biopsie de surface avec un colorant des lipides
et à en réaliser une mesure par colorimétrie.

MÉTHODE PHOTOMÉTRIQUE
La méthode photométrique consiste à transférer le sébum de la
surface cutanée sur un verre dépoli ou un polymère liposensible. La
manipulation est unique ou itérative au même endroit, suivie ou
non de la même manoeuvre après un temps défini. La méthode
pionnière et standardisée du Lipomètret a été mise au point [26, 32] et
utilisée sur des sites différents du corps [28, 30, 31]. Le Sebumetert
(C + K Electronic, Cologne) est un appareil disponible commercialement
qui utilise le même principe de mesure [6, 16, 33]. Les lipides
collectés par un prélèvement ne représentent qu’une fraction de la
quantité totale présente à la surface de la peau [16, 32]. Le premier
échantillonnage collecte entre 35 et 45 % du sébum total.
MÉTHODE DU FILM LIPOSENSIBLE
La méthode du film liposensible consiste en l’application sur la peau
préalablement dégraissée d’une languette d’un film polymérique
hydrophobe microporeux absorbant les lipides [6, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,
24, 25, 33]. Trois présentations existent sur le marché : le Sebutapet
(Cuderm Corp, Dallas), le Sebufixt (C + K Electronic, Cologne) et
l’Instant Sebutapet. Le matériel reste en place pendant une période
prédéterminée, de l’ordre de 30 à 60 minutes pour le Sebutapet,
alors qu’il n’est que de quelques secondes pour le Sebufixt et
l’Instant Sebutapet. Les feuillets blancs et opaques à l’origine
deviennent transparents au contact du sébum libre contenu dans
l’acro-infundibulum. Les lipides peuvent être extraits et quantifiés
par chromatographie en couche mince [17]. Les techniques d’analyse
informatisée d’images [18, 21] ou de chromamétrie [23, 28] peuvent
également y être appliquées pour des évaluations quantitatives
objectives. Cela permet une étude précise du nombre et de l’activité
individuelle des follicules sébacés. Il est possible d’adapter les films
Sebufixt sur la tête d’une caméra vidéo équipée d’un éclairage en
lumière ultraviolette (C + K Electronic, Cologne) et reliée à un
analyseur d’images. L’interprétation des résultats est alors
instantanée.
Paramètres quantitatifs de l’excrétion
du sébum
Sept paramètres peuvent être considérés. Il s’agit :
– du niveau courant (casual level) ;
– du taux d’excrétion sébacée, encore appelé débit sébacé provoqué
(sebum excretion rate) ;
– du temps de reconstitution (replacement time) ;
– du flux sébacé initial folliculaire, synonyme du taux d’excrétion
folliculaire (follicular excretion rate) ;
– du débit de vidange du réservoir folliculaire ;
– du nombre de follicules sébacés actifs ;
– du débit continu de sécrétion sébacée (sustainable rate of sebum
secretion).
NIVEAU COURANT
Le niveau courant représente la quantité totale de lipides libres à la
surface cutanée à un instant donné. La méthode photométrique est
bien adaptée à sa mesure. Il est souvent bien corrélé avec l’aspect
clinique de la peau. Les quantités qui peuvent être recueillies sur le
front varient habituellement entre 100 et 600 μg/cm2. Elles sont
beaucoup plus faibles sur d’autres endroits du corps. Pour des
études précises, cette variable est relativement peu fiable. En effet,
elle est soumise au risque de multiples artefacts et, en particulier,
celui lié aux événements ayant précédé la mesure. Le fait d’avoir
essuyé machinalement la zone testée peut entraîner des variations
majeures. Les variables suivantes sont plus reproductibles.
TAUX D’EXCRÉTION SÉBACÉE
Le taux d’excrétion sébacée, également appelé débit sébacé
provoqué, représente la quantité de sébum sortant des réservoirs
folliculaires en une période de temps définie [8, 9, 10, 26]. Ce débit, chez
un individu normoséborrhéique, est de l’ordre de 0,8 à
1 μg/cm2/min sur le front, alors qu’il est souvent inférieur à
0,4 μg/cm2/min sur le cuir chevelu [3, 28, 31, 34]. Ce paramètre est
relativement stable dans le temps pour un même site chez un même
individu placé dans des conditions standardisées [19]. Il dépend du
débit de sécrétion des glandes sébacées et du volume du réservoir
infundibulaire. En cas de séborrhée, le débit sébacé peut atteindre
des valeurs supérieures à 2,5 μg/cm2/min.
TEMPS DE RECONSTITUTION
Le temps de reconstitution du film lipidique de surface correspond
à la période nécessaire à la reformation du niveau courant après
dégraissage de la peau. Il se situe aux environs de 4 heures pour un
sujet normoséborrhéique.
FLUX SÉBACÉ INITIAL FOLLICULAIRE
Le flux sébacé initial folliculaire, également appelé taux d’excrétion
folliculaire, est évalué par morphométrie sur les films liposensibles.
Aucune des autres techniques de prélèvement ne permet une telle
évaluation à l’échelle de chaque follicule. Il existe normalement une
hétérogénéité entre des follicules adjacents, le plus grand nombre
de ceux-ci ayant un flux sébacé faible [18, 19]. Ce paramètre dépend à
la fois de la production de sébum par la glande, du volume du
réservoir infundibulaire et de la taille de l’orifice du follicule.
DÉBIT DE VIDANGE DU RÉSERVOIR FOLLICULAIRE
Lorsque le flux sébacé folliculaire est mesuré de manière répétitive
et cumulative en remplaçant le film liposensible chaque heure sur le
même site cutané, il est possible d’établir une cinétique du débit de
vidange du réservoir folliculaire [22, 27]. Ce paramètre est défini
comme étant la pente de la corrélation linéaire entre le temps et la
valeur cumulative de la surface des taches de sébum (fig 1). Cette
valeur n’est pas toujours corrélée à celle du flux sébacé initial
folliculaire [22].
DENSITÉ DE FOLLICULES SÉBACÉS ACTIFS
Le nombre de follicules sébacés actifs par unité de surface peut être
évalué sur les films liposensibles. On en retrouve habituellement de
150 à 250/cm2 sur le front. Ce chiffre paraît inférieur au nombre de
glandes sébacées, ce qui implique que certaines d’entre elles sont, à
certains moments, en phase quiescente.
DÉBIT CONTINU DE SÉCRÉTION SÉBACÉE
Le débit continu de sécrétion sébacée peut être calculé par la
méthode du gel de bentonite et correspond à un plateau stable
d’excrétion de sébum, obtenu après une collecte préalable du sébum
entreposé dans le réservoir infundibulaire pendant une douzaine
d’heures [14, 35].
Surface
(valeurs cumulatives)
AS
ISD
0 1 2 3 4
Temps (h)
FER
1 Débit de vidange du réservoir folliculaire. La droite de régression est tracée selon
les valeurs cumulatives des surfaces des taches de sébum sur le film liposensible (AS).
Sa pente correspond au débit de vidange du réservoir folliculaire (FER).
Son extrapolation au temps T0 (R) reflète la quantité de sébum affleurant la peau aux
sites des folliculessébacés (ISD).

Régulation physicochimique
de l’excrétion sébacée
Le débit d’excrétion sébacée dépend des propriétés
physicochimiques du sébum. Les variations de ses composants
moléculaires et de la température cutanée influencent la viscosité et
l’écoulement des lipides à la surface de la peau [7, 9].
Le calibre de l’ostium folliculaire peut modifier le flux selon la loi
de Poiseuille. Celle-ci établit une relation inversement
proportionnelle entre le flux et la quatrième puissance du rayon
d’un tube. Des modifications de la kératinisation et de l’état
d’hydratation des cornéocytes [1], qui surviennent au cours du cycle
menstruel [29, 39], après occlusion ou photochimiothérapie [38], ainsi
qu’au cours de l’acné et de la dermite séborrhéique, influencent
vraisemblablement l’écoulement de sébum.
La possibilité d’une régulation par rétrocontrôle a été évoquée et
reste controversée. Elle repose sur le fait que le niveau courant d’un
individu au cours de la journée révèle une valeur relativement
stable, mais très inférieure à ce que le débit sébacé provoqué
laisserait prévoir. L’atteinte d’un plateau de regraissage, reflet d’un
état d’équilibre, a parfois été interprétée comme une régulation du
débit sébacé par la quantité de sébum présente sur la peau, donc
par le niveau courant. Il a été postulé que les tensions de surface
des lipides exercent une contre-pression équilibrant la poussée et le
flux d’excrétion des lipides. Si ce phénomène de régulation existe
réellement, il est douteux qu’il puisse concerner l’activité de la
glande sébacée elle-même, eu égard aux grandes différences de
temps entre la formation des sébocytes, la sécrétion et l’excrétion.
Seul le réservoir folliculaire, siège de l’excrétion, devrait être
concerné par ce mécanisme de rétrocontrôle.
Références
[1] Aisen E, Shafran A, Gilhar A. Sebum and water content in
the skin of aged immobilized patients. Acta Derm Venereol
1997 ; 77 : 142-143
[2] Anderson AR, Fulton JE. Sebum: analysis by infrared spectroscopy.
J Invest Dermatol 1973 ; 60 : 115-120
[3] Black D, Lagarde JM, Auzoux C, Gall Y. An improved
method for the measurement of scalp sebum. Curr Probl
Dermatol 1998 ; 26 : 61-68
[4] Blanc D, Saint-Léger D, Brandt J, Constans S, Agache P. An
original procedure for quantification of cutaneous resorption
of sebum. Arch Dermatol Res 1989 ; 281 : 346-350
[5] Chivot M, Zeziola F, Saurat JH. The rate of sebum excretion
in man. A study on the reproductibility and the accuracy of
the gravimetricmethod.Br J Dermatol1981;105:701-705
[6] Clarys P, Barrel A. Quantitative evaluation of skin surface
lipids. Clin Dermatol 1995 ; 13 : 307-321
[7] Corner RW. Sebaceous gland activity of young men in the
Antarctic. Br J Dermatol 1966 ; 78 : 444-450
[8] Cotterill JA, Cunliffe WJ, Williamson B. Variations in skin
surface lipid composition and sebum excretion rate with
time. Acta Derm Venereol 1973 ; 53 : 271-274
[9] Cunliffe WJ, Burton JL, Shuster S. The effect of local temperature
variations on the sebaceous excretion rate. Br J
Dermatol 1970 ; 83 : 650-654
[10] Cunliffe WJ, Shuster S. The rate of sebum excretion in man.
Br J Dermatol 1969 ; 81 : 697-704
[11] Downing DT, Stranieri AM, Strauss JS. The effect of accumulated
lipids on measurements of sebum secretion in
human skin. J Invest Dermatol 1982 ; 79 : 226-228
[12] Goffin V, El Fekih N, Deleixhe-Mauhin F, Piérard-
Franchimont C, Piérard GE. Non-invasive evaluations of
sebum excretion. Gior Int Dermatol Pediatr 1992 ; 4 :
187-190
[13] Greene RS, Downing DT, Pochi PE, Strauss JS. Anatomical
variation in the amount and composition of human skin
surface lipid. J Invest Dermatol 1970 ; 54 : 240-247
[14] Harris HH, Downing DT, Stewart ME, Strauss JS. Sustainable
rates ofsebumexcretion inacnepatientsandmatched
normal control subjects. J Am Acad Dermatol 1983 ; 8 :
200-203
[15] Kligman AM, Miller DL, McGinley KJ. Sebutape: a device
for visualizing and measuringhumansebaceous secretion.
J Soc Cosmet Chem 1986 ; 37 : 369-374
[16] Knaggs H, Bajor J, Becker W. The Sebumetert and its use.
Retinoids 1999 ; 15 : 15-17
[17] Nordström KM, Schmus HG, McGinley KJ, Leyden JJ. Measurement
of sebum output using a lipid absorbent tape. J
Invest Dermatol 1986 ; 87 : 260-263
[18] Piérard GE. Follicule to follicule heterogeneity of sebum
excretion. Dermatologica 1986 ; 173 : 61-65
[19] Piérard GE. Rate and topography of follicular sebum excretion.
Dermatologica 1987 ; 175 : 280-283
[20] Piérard GE. Relevance, comparison and validation of techniques.
In : Serup J, Jemec GB eds. Handbook of noninvasive
methods and the skin. Boca Raton : CRC Press,
1995 : 9-14
[21] Piérard GE, Piérard-Franchimont C. The Sebutapet technique
as an aid for monitoring androgen-dependent disorders.
Eur J Med 1992 ; 1 : 109-112
[22] Piérard GE, Piérard-Franchimont C. Effect of a topical
erythromycin-zinc formulation on sebum delivery. Evaluation
by a combined photometric-multi-step samplings
with Sebutapet. Clin Exp Dermatol 1993 ; 18 : 410-413
[23] Piérard GE, Piérard-Franchimont C, Kligman A. Kinetics of
sebum excretion evaluated by the Sebutapet-
Chromameter technique. Skin Pharmacol 1993 ; 6 : 38-40
[24] Piérard GE, Piérard-Franchimont C, Le T. Seborrhoea in
acne-prone and acne-free patients. Dermatologica 1987 ;
175 : 5-9
[25] Piérard GE, Piérard-Franchimont C, Le T, Lapière CM. Patterns
of follicularsebumexcretion rate during lifetime. Arch
Dermatol Res 1987 ; 279 (suppl) : S104-S107
[26] Piérard-Franchimont C, Arrese JE, Piérard GE. Sebum flow
dynamics and anti-dandruff shampoos. J Soc Cosmet Chem
1997 ; 48 : 117-121
[27] Piérard-Franchimont C, Martalo O, Richard A, Rougier A,
Piérard GE. Sebum rheology evaluated by two methods in
vivo. Split-face study of the effect of a cosmetic formulation.
Eur J Dermatol 1999 ; 9 : 455-457
[28] Piérard-Franchimont C, Piérard GE. Approche physiopathologique
de la séborrhée du cuir chevelu. Ann Dermatol
Vénéréol 1988 ; 115 : 451-453
[29] Piérard-Franchimont C, Piérard GE, Kligman A. Rhythm of
sebum excretion during the menstrual cycle. Dermatologica
1991 ; 182 : 211-213
[30] Saint-Léger D, Cohen E. Practical study of qualitative and
quantitative sebum excretion on the human forehead. Br J
Dermatol 1985 ; 113 : 551
[31] Saint-Léger D, Lévêque JJ. A comparative study of refatting
kinetics on the scalp and forehead. Br J Dermatol 1982 ;
106 : 669-675
[32] Saint-Léger D, Berrebi C, Duboz C, Agache P. The Lipometret:
aneasy tool for rapid quantitation of skin surface lipids
(SSL) in man. Arch Dermatol Res 1979 ; 265 : 79-85
[33] Serup J. Formation of oiliness and sebum outputcomparison
of a lipid-absorbant and occlusive tape
method with photometry. Clin Exp Dermatol 1991 ; 16 :
258-263
[34] Simpson NB, Martin AR.Amore reliable photometric technique
for the measurement of scalp sebum excretion. Br J
Dermatol 1983 ; 109 : 647-652
[35] Stewart ME, Downing DT. Measurement of sebum secretion
rates in young children. J Invest Dermatol 1985 ; 84 :
59-61
[36] Strauss JS, Pochi PE. The quantitative gravimetric determination
of sebum production. J Invest Dermatol 1961 ; 36 :
293-298
[37] Verschoore M, Schalla W. Mesure de l’excrétion sébacée
chezl’homme.AnnDermatolVénéréol1986;113:609-613
[38] Weissmann A, Noble WC. Photochemotherapy of psoriasis.
Effect on bacteria and surface lipids in uninvolved skin.
Br J Dermatol 1980 ; 102 : 185
[39] Williams M, Cunliffe WJ, Gould D. Pilo-sebaceous duct
physiology. I. Effect of hydration on pilosebaceous duct
orifice. Br J Dermatol 1974 ; 90 : 631-635

Bio-ingénierie cutanée : définition

Introduction
Il est aujourd’hui possible de mesurer tout ou presque tout sur la
peau. Ces méthodes, qui appartiennent au domaine de l’ingénierie,
ont connu un essor ces 30 dernières années. Elles font appel à des
dispositifs qui utilisent des principes de physique ou de
physicochimie, au sens large du terme (mécanique, optique...).
Le vaste domaine de la bio-ingénierie cutanée regroupe en effet des
secteurs aussi différents que la tribologie, la physicochimie,
l’électronique, la mécanique et l’optique. Toutes ces méthodes ont
été et sont appliquées à la peau pour en mieux connaître la fonction,
mais aussi la structure (surface, épiderme, derme, vaisseaux
dermiques...), avec toutes les variations physiologiques (liées au
sexe, à l’âge, à l’origine ethnique, à la région corporelle, au rôle de
l’environnement et des saisons...).
L’essor de l’industrie cosmétique a largement contribué au
développement de ces secteurs. Il fallait en effet mieux caractériser
la peau dans toutes ses composantes.
Définition de la bio-ingénierie cutanée
La bio-ingénierie cutanée peut aussi se définir d’autres façons : on
peut partir de l’aspect pour arriver à l’instrumentation ; par
exemple, de la peau sèche à la mesure de la teneur épidermique en
eau, de la peau grasse à l’évaluation du taux de l’excrétion sébacée,
de la rigidité ou de l’extensibilité à l’appréciation du module de
Young, de la douceur à la caractérisation du coefficient de friction
de la peau... Certains états comme le vieillissement cumulent des
anomalies structurales (mécaniques par exemple), de surface
(anisotropie du relief), de perméabilité, de couleur, de sécheresse...
et nécessitent la mise en oeuvre de techniques différentes.
On peut aussi partir des sciences fondamentales, par exemple de
l’optique, pour caractériser la couleur, de la mécanique pour mesurer
la souplesse, des propriétés électriques pour quantifier la teneur en
eau, de la tribologie pour caractériser le relief...
Bio-ingénierie et standardisation
La standardisation des méthodes est un des objectifs majeurs des
scientifiques travaillant dans ce domaine. Elle est nécessaire, tant la
créativité des ingénieurs est grande, pour mettre au point de
nouvelles techniques de mesures. Des consensus se mettent en place
et ont déjà permis l’élaboration de guidelines dans différents champs
d’investigation, comme par exemple la mesure de la perte en eau
transcutanée, la mesure du débit sanguin cutané...
Bio-ingénierie : une science
non invasive
Le caractère non invasif des techniques est essentiel à leur utilisation
dans le domaine cosmétologique. Ce qui ne signifie pas que la
connaissance de la peau dans ses aspects physiologiques ou
pathologiques ne doive pas passer par la réalisation de gestes
invasifs comme les biopsies. Mais, peu à peu, émergent des
technologies nouvelles qui « voient » à travers la peau, comme la
microscopie confocale [1] ou la résonance magnétique nucléaire [5], ou
plus simplement l’échographie cutanée.
Bio-ingénierie cutanée :
apport en médecine
Si la cosmétologie reste le support du développement des techniques
de bio-ingénierie, il faut voir tout l’intérêt que la dermatologie peut
y trouver. De quels moyens non invasifs autres que ceux issus de la
bio-ingénierie dispose-t-on aujourd’hui pour mesurer la rigidité
cutanée d’une plaque de sclérodermie, l’épaisseur d’une plaque de
psoriasis, pour quantifier le réseau capillaire d’un angiome plan ?
On peut aujourd’hui également mesurer le volume d’un mélanome,
avec fiabilité, au moyen de l’échographie cutanée.
N’attendons cependant pas de la bio-ingénierie qu’elle apporte
réponse à toutes les questions dans le domaine médical. L’histologie
n’est pas encore supplantée et sa place reste entière pour confirmer
un diagnostic ou établir des critères pronostiques.
Le professeur Kligman, pionnier dans le domaine des
biotechnologies à usage dermatologique, avait prédit, il y a plus de
30 ans, que le fait d’être aveugle ne serait pas un handicap pour un
futur dermatologue [2], tant il croyait aux capacités de la bioingénierie
pour voir mieux encore que ne peut voir l’humain.
Kligman cite aussi un certain nombre de maladies où des
modifications intracutanées peuvent déjà être observées avant même
que la maladie ne soit visible à l’oeil. C’est ce qu’il appela les
dermatoses invisibles [3].
Le génie, la créativité, l’audace des scientifiques les poussent à créer
de nouveaux appareils dont l’intérêt clinique n’est pas toujours
évident. En effet, à quoi bon disposer de trois appareils de mesure
de l’hydratation cutanée si aucun d’entre eux ne fournit de données
comparatives ou si les valeurs ne sont pas corrélées à l’appréciation
clinique ?
Lévêque, qui, tout comme Pierre Agache a apporté beaucoup à la
bio-ingénierie cutanée, l’a fort bien souligné [4]. Le « tout
instrumental » a ses limites et c’est au clinicien, médecin ou
cosmétologue, de les préciser.
Bio-ingénierie : place au sein
de la recherche dermatologique
La bio-ingénierie cutanée n’a jamais eu véritablement sa place dans
les congrès de recherche dermatologique et on peut le regretter. Elle
s’est, un temps, rapprochée de la pharmacologie cutanée, mais a dû
surtout faire preuve de son intérêt, de son caractère innovant, de sa
rigueur méthodologique et de sa teneur scientifique au sein de
sociétés propres. C’est ainsi que fut créée, il y a une vingtaine
d’années, l’International Society for Bio-Engineering and the Skin.
C’est une des rares sociétés savantes dans ce domaine à accueillir en
son sein les équipes de recherche universitaires et celles de
l’industrie.
Plus récemment, en 1999, a été créée en France la Société
francophone d’ingénierie cutanée, lieu d’expression des travaux des
pays francophones.
Bio-ingénierie : collaboration
entre scientifiques et cliniciens
Une des particularités de la bio-ingénierie cutanée est liée à l’étroite
collaboration nécessaire entre les cliniciens et les scientifiques. Il faut
en effet que, si sophistiquées soient-elles, les mesures fournies par
les différents dispositifs mis au point soient pertinentes, c’est-à-dire
qu’elles reflètent un état clinique sain ou pathologique bien
caractérisé.
Conclusion
Dans la pratique, le clinicien doit connaître un certain nombre de
techniques utilisées en routine et qui servent de base à l’évaluation de
traitements cosmétiques et/ou antivieillissement. Ces principales
méthodes portent sur l’analyse de la surface cutanée, et notamment de
son relief dans toutes ses composantes (tableau I), mais aussi sur la
caractérisation de la structure cutanée (tableau II), de la sécheresse ou
du taux d’excrétion du sébum, tout comme des propriétés mécaniques
de la peau (tableau III).
Références
[1] Corcuff P, Lévêque JL. In vivo vision of thehumanskin with the tandem scanning microscope.
Dermatology 1993 ; 186 : 50-4
[2] Kligman AM. Blind man dermatology. J Soc Cosmet Chem 1966 ; 17 : 505
[3] Kligman AM. The invisible dermatoses. Arch Dermatol 1991 ; 127 : 1375-1382
[4] Lévêque JL. Cutaneous investigations in health and diseases.NewYork : Marcel Dekker, 1989
[5] Richard S, Querleux B, Bittoun J, Jolivet O, Idy-Peretti I, De Lacharrière O. Characterization of
the skin in vivo by high resolution magnetic resonance imaging: water behavior and agerelated
effects. J Invest Dermatol 1993 ; 100 : 705-709
Tableau I. – Caractérisation du relief cutané.
- Microscopie électronique à balayage
- Profilométrie mécanique
- Profilométrie optique
- Méthode des ombrages
Tableau II. – Mesure de la structure cutanée.
- Ultrasons à haute résolution
- Résonance magnétique nucléaire
- Évaporimètre/Tewamètrey
Tableau III. – Mesure des propriétés mécaniques de la peau.
- Twistomètrey
- Cutomètrey
- Dermaflexy
- Lévarométrie
- Indentométrie
- Électrodynamométrie
- Ballistométrie